Chapitre 15 : L'Oraculum

Je pris la lettre et l'analysai de mes yeux, bien assise dans mon fauteuil. "Il me faut savoir ce qu'Absolem veut à la fée Clochette". Voilà la solution. Comment lui soutirer ces informations ? Bonne question. Réfléchissons : Absolem veut de la poussière de fée mais Clochette n'en a plus. Fâcheux, très fâcheux. Il faut que je sache pourquoi il en aurait besoin, cet imbécile.

Je pris l'autre dessin de moi, souriante, un couteau à la main avec le cadavre sanglant d'Absolem derrière moi. Je n'avais aucun souvenir d'avoir dessiné une chose pareille. Quelle pulsion, quelle affreuse chose que de tuer quelqu'un. Au moment je revis ce dessin, je me disais que j'aurais sans doute à le faire, un jour ou l'autre si je ne parvenais pas à faire venir Peter ici. Il fallait bien que l'on puisse vivre sans oppression. 

-Alice !

Le lièvre de Mars venait d'entrer chez moi à l'improviste. Je me tournai en croisant les bras :

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Je veux t'aider. Gin ne t'aidera pas avec cette histoire. Il faut bien quelqu'un qui puisse t'épauler et t'aider dans cette affaire.

-Très bien. Approche. J'ai besoin que tu me donnes ton avis sur ce que je viens d'émettre comme hypothèse : lorsqu'Absolem m'a parlé l'autre jour avant de...

Je perdais mes mots.

-Oui, Alice, continue, dit-il en posant une main sur moi.

-Il m'a demandé qui m'avait fourni de la poussière de fée. Il doit en avoir besoin mais le problème c'est que cette personne, la fée Clochette du Pays Imaginaire, a utilisé ses dernières ressources pour moi.

-A quoi est-ce que ça sert ?

-La poussière permet de voyager entre les mondes en pensant à l'endroit où l'on veut se rendre.

-Pourquoi voudrait-il partir ?

-Je n'en sais rien. Il veut établir ses lois autre part, étendre "ses terres" comme le dirait un despote.

-Il faudrait lui forcer la main pour qu'il nous le dise.

-Je vais lui en faire voir de toutes les couleurs, tu vas voir. 

Je me dirigeai vers la porte de sortie, bien décidée à trouver un moyen de lui faire cracher le morceau. 

-Alice ! Tu te souviens de la dernière fois où tu es allée à son repère de ce qu'il s'est passé ?

-Oui mais cette fois, je sais quoi faire.

Je pris un poignard et le plaça dans mon fourreau. Tu n'iras pas bien loin avec ça, Alice. Tais-toi, je fais ce que je veux. Je ne courais plus, je pris ma dose de sang froid et mon courage avec moi puis allai vers son champignon. 

Lorsque je fus arrivée, il était en train de consulter un parchemin qui était usé. La vision de ce monstre me glaça le sang et paralysa toutes les parties de mon corps.

-Alice, commença-t-il, tu as tourné une nouvelle page dans l'histoire de ce pays.

-Que voulez-vous dire par là ?

-J'ai entre les mains l'Oraculum, récit de tout ce qui s'est passé lors de la venue de la Vraie Alice. Il s'est arrêté au moment où elle a tué le Jabberwocky.

Je connaissais à peine l'histoire de la Vraie Alice. Beaucoup de personnes ici l'ont déjà oubliée. Il continua :

-Et bien, il a recommencé à s'écrire mais il manque des parcelles.

-Des parcelles ?

-Oui, il manque des parties, des dessins, des textes qui illustrent ce qu'il va se passer dans le futur. 

-Pourquoi tenez vous tant à savoir le futur ?

-Je veux (et je vais) le changer. 

-Mais vous ne pouvez pas le changer.

-Tu te demandes pourquoi je t'ai demandé qui t'a fourni de la poussière de fée, n'est-ce pas ?

Je n'eus pas le temps de répondre quelque chose qu'il avait déjà donné la réponse.

-En ayant de la poussière de fée, je pourrai changer ce qu'il va se passer, je pourrai partir d'ici car je sais que je vais mourir dans ce dit futur. Même si c'est mon destin qui est inévitable, je tiens bien à tout faire pour sortir de cette histoire en vie.

-Cette poussière était la dernière poignée de poussière qui lui restait, mon bon Absolem.

-Et tu la crois en plus ? Je ne te croyais pas si crédule, Alice.

-De toute manière, qu'elle m'ait menti ou non, vous ne pourrez pas la ramener au pays des Merveilles. 

-Oh, si, je le peux.

-Comment ?

-Je ne peux pas voyager de monde en monde mais je peux faire voyager les gens. Je l'ai fait pour toi, d'ailleurs.

-Vous êtes un abruti ! Vous ne pouvez pas laisser les gens tranquilles et garder vos petites fesses gentiment posées sur ce maudit champignon ? criai-je en sortant le poignard de son fourreau.

-Pas trop d'emportement, ma chère. Tu sais très bien que tu ne pourras pas me tuer avec ton misérable couteau.

-Très bien, répondis-je en le jetant à terre

-Je pense que la mort de Jefferson à un rapport avec l'écriture de cet Oraculum. Est-ce que tu aurais fait quelque chose de spécial après que je l'aie tué ?

La première chose qui me vint à l'esprit fut bien sûr mon isolement et mon écriture de... choses. Pourquoi lui dire ? Je vais garder ça pour moi.

-Non. Je n'ai plus rien à vous dire. Au revoir, Absolem, dis-je avec détermination.

Je repartis en riant, fière de ma découverte. Et si j'avais écrit des choses qui allaient se passer ? J'allais tuer Absolem, peut-être. Si ça se trouve, je suis la réincarnation de la Vraie Alice ! Tu pars trop loin, là. Tu ferais mieux de la fermer, t'es la fausse de toute façon. La ferme.

Je rentrai dans ma maison et m'allongea sur le lit moelleux. Je regardai le plafond puis me mis à éclater en sanglots. J'avais trouvé une piste pour tuer Absolem grâce à ses maladroites informations mais j'avais un terrible problème. Quelqu'un me manquait, mais ce n'était pas Jefferson, c'était Peter Pan. Je me levai et regardait à travers la fenêtre ouverte qui révélait un crépuscule parfait et époustouflant. 

-Peter Pan, viens me chercher, je t'en prie ! Je suis désolée, je n'aurais jamais dû te quitter, j'ai besoin de toi !

Je me mis à pleurer encore plus intensément jusqu'à ce que quelqu'un frappa à ma porte.

                                                                                  

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