Chapitre 13 : Chute Libre
Je ne pouvais plus rester sur mes jambes, je tombai à terre en un fracas. Jefferson est mort. Ce mot sonne si mal à côté de son prénom. Absolem a raison, nous ne sommes pas de taille à l'affronter, il nous tuerais tous un par un sans aucune pitié. Ce dictateur, nous ne pouvons le vaincre que par sa propre mort. Il se remit à fumer comme si de rien était, alors qu'il venait de prendre une vie.
-Emmène son corps, si tu veux. Si tu restes ici, je te tue.
Il n'a aucune pitié. Je ne parvins même pas à lui répondre, tant j'étais énervée et triste. Je levai mon visage rougi par les larmes ; plus personne ne pourrait me les essuyer, maintenant.
-Je vous hais, je vous tuerai.
-Essaye toujours, ma jolie.
-Ne m'appelle plus jamais comme ça ! C'est pas toi qui doit me le dire !
-Mais regarde autour de toi, Alice. Ce n'est pas le pays des Merveilles, ici. Constate à quel point tu es seule face à tout ça. Ton ami le chat t'as trahie, ne vois-tu pas ? Rien de ce pays n'est merveilleux !
-Je ne suis pas seule !
Je me levai avant de continuer.
-Vous aller me payer tout ce que vous m'avez fait endurer !
Je courus vers ma maison en pleurant. Je l'ai aimé, je l'ai aimé et je le perds. Les tourments m'emportaient, je ne savais plus quoi faire. Je ne voulaisplus me montrer, je veux que personne sache à quel point je t'ai aimé. Je rentrai en un fracas, m'assis, pleurant et contemplant l'étagère de chapeaux que tu faisais autrefois. Je pris du papier et écris des mots insignifiants. Je ne veux plus sortir, je vais commencer à devenir vraiment folle.
Les jours passent, sans que je ne mange, sans que personne ne vienne me rendre visite. Je me contente d'écrire en pleurant, m'abreuvant de mes propres larmes salées. Qu'est-ce que j'écris ? Moi-même je ne sais pas, mais j'aimerais le savoir. Les yeux grands ouverts je me mis à penser à ceux que j'avais perdus. Peter Pan. Le Chapelier Fou. Moi-même.
Un jour, Gin toqua à ma porte. Je ne voulus pas lui ouvrir, au départ mais je me dis qu'il fallait que je sorte de l'ombre. Je me levai de la chaise sur laquelle je reposais depuis des jours et entrouvrit la porte, ne laissant apparaître que la moitié de mon corps.
-Alice ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
-Je...je ne sais pas.
-Tu es pâle comme la neige, ma chérie. Il faut que tu manges !
-Gin, manger est la dernière chose que j'aie envie de faire à l'instant présent. Pourquoi est-ce que tu es là ?
-Nous organisons une cérémonie pour Jefferson. On pensait que tu avais envie de venir, peut-être.
-Je ne sais pas, répondis-je en pleurant.
-Il aurait aimé que tu sois là. Sèche tes larmes, ma petite et rejoins-nous. Arrange-moi ces cheveux et habille-toi. Nous t'attendrons.
-Merci Gin.
Elle partit avec un sourire renfrogné. Il fallait que je lui dise au revoir, une dernière fois. J'ouvris mon armoire et pris une tenue blanche. Il aimait quand je portais du blanc. Je mis un chapeau rose qu'il m'avait confectionné. Je déposai un baiser sur celui-ci et le mis sur ma tête en essuyant mes larmes. Je sortis de l'ombre et me dirigeai vers le banquet. Tout le monde était là, sauf le chat : il était la dernière personne que je voulais voir.
Nous nous dirigeâmes vers une clairière où une parcelle de terre sortait du sol. C'est ici, c'est ici que Jefferson est enterré. Une larme coula sur mon visage lorsque je vis le chapeau qu'il portait toujours sur sa stèle. Le lièvre de Mars vint à côté de moi et m'enlaça le plus haut qu'il pouvait ; c'était un lapin après tout.
-Il nous manquera à tous, Alice.
Tout le monde pleurait sauf moi. J'avais versé trop de larmes ces derniers jours pour en ajouter d'autres. Après plusieurs minutes de silence, tout le monde déposa quelque chose sur sa tombe : Gin un ruban qui appartenait sans doute à un de ses chapeaux, le lièvre de Mars son indémodable foulard, Ruth, un autre lièvre, un écrin de poils. Tout le monde partit au compte-goutte, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que moi. Ils déposèrent tous une main sur mon épaule avant de partir. Je m'agenouillai sur sa tombe. Je ne pouvais rien lui donner de matériel, je voulais lui donner uniquement mon être. Il fallait lui dire au revoir.
-Je ne peux plus réussir à vivre avec ça dans mon esprit, Jefferson. Tu es parti, je n'aurai plus mes chapeaux quotidiens, plus mes regards, plus tes yeux verts, plus ton sourire, plus tes rires, plus tes paroles contradictoires aux miennes, plus ta voix, je n'ai plus que de toi le souvenir de mort. C'est triste mais maintenant je ne pense qu'à la mort. Ça me fait mal comme l'enfer, à moi aussi, maintenant. Te savoir mort me détruit toujours de plus en plus. Je te promets que je vais te venger, je te promets d'aider tout le monde. Ces souvenirs passés avec toi m'accompagneront toujours, je le jure. Je t'aime et je me souviendrai toujours.
-Alice ?
Je me retournai en me levant et vis ce stupide chat. C'était la première fois que je le voyait sans son sourire. Et puis, un chat avec un sourire, si on y pense, c'est bien trop étrange pour être réalité. Qu'importe, il est dans ma propre réalité.
-Je ne veux plus jamais te voir !
-Ecoute-moi. Je sais que tu vas penser que je ne vaux rien.
-Je le pense même avant que tu ne parles.
-Je suis tellement désolé. Je ne pensais pas que cette histoire en arriverait jusqu'ici.
-Je pensais que Jefferson était ton ami ! Tu l'a trahi ! Tu l'as livré à Absolem ! Tu ne peux pas savoir à quel point je te hais. Et puis, mon affection pour toi est aussi présente qu'une once de joie sur mon visage. Va t'en, je ne veux plus jamais te voir !
-D'accord Alice, qu'il en soit ainsi.
Il disparut en un nuage violet. Qu'est-ce que j'allais faire pour mettre à bas Absolem ?
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