Chapitre 12 : Le Chat

-Mais comment veux-tu te rebeller face à un adversaire pareil ? commença Jefferson.

-Il doit bien avoir un point faible ! s'écria Gin.

-Il faudrait y réfléchir à tête reposée, répondit le chat. Nous établirons un plan demain.

-Demain ? criais-je. Nous avons assez attendu pour le tuer ! On ne peut plus rester assis à ne rien faire !

-Alice. Tout faire dans la précipitation ne nous réussira pas. Il faut élaborer un plan clair et détaillé pour qu'on soit sûrs de notre coup, répondit le chat en me fusillant du regard.

-Il a raison, s'exclama Jefferson, il faut attendre demain, la nuit est en train de tomber. Il nous faut du repos.

Habituellement, j'aurais protesté mais je ne le fis pas parce que je leur fais confiance, ils sont de mon côté. Je me contentai alors simplement de répondre pas un oui avant de me diriger vers ma maison qui m'avait tant manqué. Lorsque j'eus poussé la porte, ce fut comme si une chaleur extrême entra en moi : mon lit était encore défait et je vis sur le sol une assiette avec quelques biscuits.

-C'est si bien d'être chez soi, n'est-ce pas ?

Je me retournai pour voir Jefferson sur le chemin, tapi dans l'ombre. Je sortis de la cabane et le rejoint.

-Oui. Tu m'as manqué, tu ne peux pas savoir à quel point.

-Toi aussi, tellement. Ça m'a fait mal comme aller aux Enfers et ne plus pouvoir en revenir, plus jamais.

Je le pris dans mes bras en ajoutant :

-Je suis là, maintenant. Tous les chagrins qu'on a vus sont loin désormais. On va réussir à tuer Absolem, Jefferson.

-Je t'aime et je me souviendrai toujours.

-Je t'aime et je me souviens encore davantage.

Nous embrassâmes comme deux personnes normales alors que nous étions loin de tout ça : un chapelier fou et une fille qui habitent dans un pays complètement incroyable. Ce n'est pas un tableau que l'on rencontre tous les jours. Nous nous quittâmes après cette étreinte que je voulus voir durer pour le reste de mes jours.

Je rentrai dans ma maisonnette en bois puis me jetai dans le lit, épuisée par tout ce que j'endurais en ce moment. Tout allait bientôt être fini. Je m'endormis le sourire aux lèvres, plus confiante que jamais à propos de ce qui allait se passer le lendemain.

******

Je n'avais pas beaucoup dormi mais j'étais prête à affronter la bête. Je me levai et courus presque jusqu'au banquet en furie, bien décidée à en finir avec cette histoire. Tout le monde était là, excepté Jefferson.

-Où est-il ?

-C'est ce qu'on se demande tous, me dit le lièvre de Mars.

-Il doit être encore en train de dormir, le connaissant mais c'est étonnant qu'il nous fasse ça un jour pareil ! Il va m'entendre !

Je me dirigeai vers sa maison sans que personne m'en empêche. Il me reste un peu d'autorité, quand même. J'ouvris la porte d'un coup et ne vit personne à l'intérieur.

-Jefferson ! Chapelier fou !

Pas de réponse. Mais où est-ce qu'il pourrait bien être, cet idiot ? Je sortis énervée puis courus dans les bois, en hurlant son nom (et quelques jurons) espérant avoir une réponse de sa part. Soudain, le chat apparut devant moi, ce qui me mit particulièrement en rogne.

-Arrête d'apparaître comme ça, sans prévenir, abruti !

-Excuse-moi Alice.

-Ouais, ouais, c'est ça.

-Ce n'est pas pour ça que je m'excuse, ma jolie.

-Et pour quoi donc ? Pour exister ?

-Pour ce que je t'ai fait.

-Sois plus concret dans ta manière de parler, voyons ! Je comprends rien à ce que tu dis.

-Je t'ai menti, hier.

-Menti ? A propos de quoi ?

-Nous aurions pu l'attaquer hier. J'ai dit qu'il fallait élaborer un plan aujourd'hui pour avoir le temps de prévenir Absolem que vous planifiiez quelque chose contre lui. Je suis tellement désolé, tu ne peux pas t'imaginer mais il m'a menacé. J'ai dû lui livrer Jefferson.

Je perdais le contrôle de tous les membres de mon corps, je ne sentais plus mes jambes, je ne sentais plus ma tête. Comment avait-il pu me faire ça ? Moi qui l'ai toujours soutenu même si il me tapait sur les nerfs ?

-Comment as-tu pu ? dis-je en le regardant avec mes yeux mouillés.

-Je ne voulais pas être damné, je suis tellement désolé.

-Est-ce que tu connais l'impact du mot « désolé » à côté de tes actes ? Tu es un monstre ! Je ne veux plus jamais te voir ! Tu sais très bien ce qu'Absolem va faire à Jefferson si on reste les bras croisés ! Ce n'est plus qu'une question de temps ! Dégage !

Je tentai de le frapper mais il disparut en un nuage de fumée violette. Je courus vers le champignon d'Absolem, aussi vite que je pus. Comment a-t-il pu faire une chose pareille ? Je lui faisais confiance ! Je ne voulais pas le perdre, je ne voulais pas perdre Jefferson. Lorsque je fus arrivée, Absolem m'attendait, assis au même emplacement que d'habitude. Jefferson était dans une cage derrière lui.

-Libère-le !

Il se mit à rire avant d'ajouter :

-Donne-moi une seule bonne raison de le faire, dans ce cas.

-Sinon je te tue et je te promets que je vais le faire, cette fois !

-Tu te crois supérieure à moi, Alice ? Tu n'es rien d'autre qu'une fourmi dans la fourmilière du pays des Merveilles. Moi, je suis celui qui vous observe de haut et qui pourrait vous écraser d'un seul coup.

-C'est ce que tu crois !

Je m'avance vers lui et lui saute dessus en hurlant. Il me repoussa très aisément avec un de ses tours de magie. J'étais à terre.

-Tu vois ? J'ai peut-être l'air d'une "chenille baveuse" mais je suis bien plus puissant que tout le peuple du pays des Merveilles réuni.

-Alice ! Laisse-moi ! Il va te faire du mal si tu continues à me défendre ! Nous interrompa Jefferson.

J'étais ouverte au niveau de l'épaule parce que j'avais heurté une branche fendue en deux mais je ne ressentais pas la douleur.

-Non, Jefferson, je ne veux pas te perdre !

Absolem ouvrit la cage d'un coup de magie.

-Approche, mon cher Jefferson, commença-t-il, si tu vas vers elle, tu mourras sur-le-champ.

Il se dirigea vers le champignon et était juste à côté d'Absolem désormais. La chenille mis une main à l'intérieur du torse de Jefferson, ce qui fit le gémir de douleur.

-Non !

Je hurlais, je pleurais mais je ne pouvais rien faire. Le cœur rouge de Jefferson était à présent entre les mains d'Absolem. Je ne savais plus quoi faire, plus quoi dire. Il était agenouillé par terre.

-J'ai entre les mains le cœur de ton amant. Je lui remettrai à une seule condition : dis-moi qui détenait la poussière de fée qui t'a amenée ici.

-La fée Clochette ! C'était la fée Clochette !

Il pressa le cœur dans sa main, le transformant en poussière grise.

-Merci.

Le corps inerte et sans vie de Jefferson tomba à terre en un bruit sourd.

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