Chapitre 10 : Evasion

-Où est-ce que je peux la trouver, ta fée Clochette ? Et puis qui c'est, d'abord ?

-Elle habite seule au plus haut point de cette île. Clochette est une fée solitaire et qui déteste être dérangée. Nous avons eu quelques différends, il y a quelques années, c'est pourquoi je ne pourrai pas t'y amener.

-Je devrais escalader la montagne ? Et seule, en plus ?

-C'est à peu près ça. Je suis désolée, Alice, mais je ne peux même pas te faire voler jusque là-bas, ça dépasse mes pouvoirs. Tu y arriveras, j'en suis persuadé.

Et tout ça pour Jefferson... Je me levai du lit pour me diriger vers la porte jusqu'à ce qu'il me retint :

-Tu es encore trop faible pour y aller. Pars plutôt demain. Il fait nuit, maintenant, en plus. Tous les garçons vont aller se coucher. C'est trop mignon, un couvre-feu (note de l'autrice : je retombe sur cette phrase en 2021, je rigole beaucoup moins lol).

-Je veux y aller maintenant !

-Tu ne peux pas, ma chère, dit-il en se dirigeant vers moi.

-Je fais ce que je veux.

-C'est bien ça le problème : tu veux que tout soit comme tu veux mais ce ne sera pas toujours comme ça. C'est moi qui décide ici.

-Qu'est-ce qui te prend, Peter ?

-C'est mon pays, ici ! Et tu dois respecter mes lois !

J'avais ma petite idée de ce que j'allais faire et finis par céder à ces caprices de gosse :

-Très bien. Je partirai demain matin.

-Bien.

Il sortit sans même m'adresser un regard. 

-Au revoir, Peter.

J'allais partir cette nuit et personne ne m'en empêchera, ni lui, ni personne. J'attendrai jusqu'à ce que le silence le plus total règne sur le camp mais je partirai de ce pays ce soir. Jefferson ne venait même plus. Ce n'était pas une mauvaise chose. 

Les heures furent longues pour attendre le moment où les garçons la fermerait tous. Je tendis l'oreille et plus aucun bruit ne me parvint. Je pris un sac à dos vide qu'il me faudrait remplir. Je me dirigeai vers la grande tente puis dans la réserve qui se trouvait au fond de celle-ci. Je pris quelques fruits, une gourde pleine d'eau, une corde et des pioches que j'imaginai : elles apparurent dans mes mains comme par magie. Je pris aussi deux couteaux, on ne sait jamais.

-Alice ! 

Quelqu'un m'appelait en chuchotant. Je me retournai pour apercevoir Flint.

-Qu'est-ce que tu fais là, Flint ?

-Je...

-Tu es venu piquer à manger, n'est-ce pas ? le coupai-je en lui adressant un sourire moqueur.

-Euh...Oui, en effet. Et toi ? Je te poserais la même question ! Tu fais quoi ici en plein milieu de la nuit ?

-J'avais faim, comme toi.

-Et ce sac à dos ? Il va te servir à quoi ?

-C'est pour pouvoir rapatrier plus de provisions.

Il soupira puis alla vers la réserve où il fit son petit marché. Je le regardai une dernière avec nostalgie.

-Au revoir, Flint.

-Ouais, à demain ma poule, répondit-il, toujours préoccupé par la nourriture qu'il avait devant lui.

Je partis en direction de la montagne. Je m'enfonçai donc dans la forêt verte qui me fascinait tant puis parvint au flanc du pic immense. Je m'aperçus à présent à quel point elle était haute et raide. Je soufflai avant de m'agripper à une des pierres qui faisait partie de la paroi. 

Au début, ce fut assez simple mais, au fur et à mesure des mètres que je parcourais, l'escalade fut de plus en plus difficile. Je tombai par chance sur une plate-forme sur laquelle je me reposai pendant quelques minutes. Je pris une gorgée d'eau, sortit les deux pioches de mon sac et attacha la corde à ma ceinture. Et le reste de mon ascension se poursuivit. Je regardai en l'air et vit que le haut du pic était presque atteint. Soudain, une de mes pioches se décrocha de la montagne.

-Merde ! 

J'avais les pieds dans le vide et mon corps n'était retenu que par une de mes pioches. Je gémis puis souleva mon bras pour enfin planter le pic dans la montagne. Je continuai ma montée, non sans difficulté. Je n'en pouvais plus mais la proximité avec le sommet m'encourageais. Lorsque je parvins enfin à me hisser en haut, je fus traversée par une vague de soulagement. J'étais à terre, hors d'haleine.

-Je peux vous aider ?

Je levai ma tête - ou plutôt ce qu'il en restait - puis vit une blonde habillée en robe verte. Les fées ne sont pas censées avoir des ailes ? 

-Je crois oui.

Elle me tendit sa main et je m'aidai de celle-ci pour me lever du sol. Elle m'invita à rentrer dans une petite hutte dans laquelle il y avait une feu ardent qui brûlait dans un foyer en pierre. 

-Qu'est-ce qui vous amène dans une contrée si éloignée de la mienne, ma chère ? Oh ! J'en oublie mes bonnes manières, désirez-vous un thé ?

-Je veux bien, merci. 

Elle se leva de son fauteuil puis me prépara un thé. Tout en continuant sa préparation, elle me demanda à nouveau :

-Pourquoi êtes-vous venue me voir ?

-Je veux m'en aller de cet endroit. Peter Pan m'a dit que c'était en allant ici que je pourrai partir.

-Peter Pan ? Il t'a dit comment partir ? 

-Pourquoi cela vous étonne-t-il ?

-Jamais il ne laisserai un de ses garçons partir. Il tient à les garder au plus près de lui. Je trouve ça curieux qu'il t'ait dit de venir ici. 

-Je ne sais pas pourquoi il a fait ça. Je suis peut-être trop insupportable pour lui.

Elle se mit à rire avant d'ajouter :

-Je pense que c'est plutôt le contraire. Il laisse les gens s'en aller parce qu'il veut les voir heureux, je le connais mieux que personne. Oh ! Je ne vous ai pas demandé votre nom.

-Alice, je viens du pays des Merveilles.

-Parfait ! Je te promets de t'y renvoyer avec ma poussière de fée. La magie a normalement toujours un prix mais étant donné que Pan te répugne au point que tu veuilles partir, je veux bien faire l'impasse. Il m'en reste juste assez pour un aller mais pas pour un retour. C'est un aller simple, sache-le.

Un aller simple. Je ne pourrai plus revenir. Je ne serai plus une fille perdue. Je redeviens "Alice du Pays des Merveilles". Tant pis, rien ne me manquera.

-J'accepte.

-Bien. Viens par ici.

Elle saisit un petit sachet de soie qu'elle renversa sur moi. Une poudre se déversa sur tout mon corps. 

-Tu n'auras qu'à penser très fort à ton pays et tu y seras en un rien de temps. Au revoir, Alice.

-Attends ! Avant de partir, j'aimerais savoir ce que Peter t'as fait.

-Il m'a retiré mes ailes. 

Je demeurai muette devant cette affirmation. J'ai été naïve de croire qu'il avait une part d'humanité en lui, il n'était qu'un monstre, une bête noire qui faisait le mal. Un égoïste. Un ver. Il était impossible de ne pas faire le lien avec Absolem. Bon débarras. Je regardai Clochette avec pitié et reconnaissance.

-Merci Clochette.

Je me mis à penser très fort à mon bien-aimé pays des Merveilles en fermant les yeux. Je me sentis me transporter. Je rouvris les yeux puis me trouva dans ma contrée. Devant moi, le banquet avec tout le monde m'attendait. L'assemblée était calme et maussade.




Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top