VI : Chercher les embrouilles

Le professeur de métamorphose était vieux et chauve, s'aidait d'une canne pour marcher et regardait cruellement ses élèves. Les premières années Womatou avançaient rapidement vers la sortie, apeurés par la visite d'Ilvermorny, qu'ils avaient commencé dehors, dans le froid, et fini perdus dans les grands escaliers du collège. Alice n'avait pas hâte d'avoir cours avec ce professeur.

- Je suis le professeur Norman Cronos ! Déclara le vieillard, un rictus psychopathe sur le visage.

Il avait la voix grinçante, elle faisait l'effet à Alice du frottement d'un ongle sur un tableau noir.

  - Cette année, nous étudierons les transformations des animaux, ainsi que celles des objets, les informa-t-il lentement, en détachant chaque syllabe. Mais d'abord, prenez vos agendas ! Pour jeudi, vous aurez une rédaction à me faire sur la transformation de l'eau liquide en gaz ! Nous l'étudierons aujourd'hui, mais si nous n'avons pas fini, vous devrez le faire seul... Oui Miss ?

Alice avait timidement levé la main, et, avec le visage édenté de Cronos tourné vers elle, elle le regrettait presque.

  - Et bien, monsieur, je crois que la transformation de l'eau liquide en gaz s'étudie en primaire Moldue.

  - Jeune fille, avant de me couper, sachez que j'ai parfaitement le droit de vous apprendre ce que je veux. Si vous vous croyez supérieure à mon cours, vous pourrez aussi bien sortir. Enfin, pour votre manque de respect, j'enlève cinq points aux Puckwoodgenies.

  - Mais...

  - Silence, ou j'en enlève le double ! Maintenant, prenez vos livres page trois cent quatre vingt quatorze. Les besoins humains concernant l'eau...

                              XXX

  Évidemment, ils n'eurent pas à temps de terminer, et les Puckwoodgenies écopèrent d'un long devoir. Alice, Mary et Max étaient sûrs que Cronos avait fait exprès de ralentir le cours, par tous les motifs possibles et inimaginables.

Personne ne tint rigueur à Alice des points perdus lors du cours ; tous avaient eu envie de poser la question, mais personne n'en avait eut le courage.

À l'heure du repas, Holly, la préfète et grande soeur de Max, leur apprit que le professeur détestait tout, et prendrait un malin plaisir, au fil des années, à enfoncer ses élèves. Le mieux étant de l'ignorer et de travailler de son côté.

Alice n'en était pourtant pas soulagée. Elle culpabilisait toujours d'avoir fait perdre les premiers points de l'année à sa maison, et se jura de les récupérer dès le prochain cours. En attendant, il était l'heure de manger.

                               XXX

Alors qu'elle terminait son déjeuner, une fillette aux cheveux noirs corbeau s'approcha de la table, un sourire ironique sur le visage. Elle était grande et levait haut la tête, comme une aristocrate. Ses yeux étaient bleus glaçon et elle était accompagnée d'une fille et d'un garçon.

  - Salut, dit-elle. Je m'appelle Hope King. Tu es Max Applefield ?

  - Euh... Oui. Répondit ce dernier. Oui, c'est moi.

Elle s'assit à côté de lui, tout comme ceux qui l'accompagnait. Le garçon, une armoire à glace, poussa Mary avec un sourire sadique. Celle-ci fut obligée de se lever et se réinstalla près d'Alice. Elle souffla.

  - Imbécile.

  - Pardon ? Demanda-t-il.

  - J'ai dit, imbécile.

Il allait répliquer mais un coup d'œil d'Hope l'en dissuada. Elle semblait le mener par le bout du nez.

  - Lui, c'est Cale Bluelank. Dit-elle en désignant son acolyte. Et elle, Jane Ford. On est de Oiseau-Tonnerre.

  - Moi, c'est Mary Weason. Et voici Alice.

Hope lui lança un regard dédaigneux.

  - Toi, je ne crois pas t'avoir parlé. Et toi, dit-elle en se tournant vers Alice. Tu n'as pas de nom de famille ?

  - Non. Et je ne crois pas que cela te regarde. Répondit-elle froidement, courroucée par la manière dont Hope avait parlé à Mary. 

  - Peu importe. C'est Max qui m'intéresse. Tu es mignon, tu sais ? Roucoula-t-elle en se collant au jeune garçon, qui se dégagea prestement. Tu pourrai parler de moi à ton frère ? Tu sais, le capitaine de Quidditch... Dis lui qu'Hope King voudrait lui parler. Mon père est...

  - On s'en fiche. Retourne à ta table.

La brune se tourna vers la personne qui l'avait coupée. Alice.

  - Tu...

  - Elle a raison, profiteuse. Cracha Mary.

  - Max ! Quémanda-t-elle. Dis leur qu'elle n'ont pas le droit de me parler comme ça. Mon père...

  - Dégage King, trancha Max.

Vexée, vaincue, et avec mépris, Hope commença à s'éloigner. Mais elle se retourna brièvement et les défia :

  - Cette nuit, devant le grand chêne. Pour avoir osé me parler sur ce ton, je te lance un duel, Blondie. Fais tes prières.

  - Tu ne perds rien pour attendre, King.

XXX

  - Tu ne vas pas y aller, hein ?

Alice, Max et Mary avançaient vers la salle de botanique pour leur prochain cours. Ils avaient fini de manger en silence, mais Max semblait s'inquiéter du sort d'Alice.

  - Bien sûr que si. Il faut qu'elle arrête de se prendre pour quelqu'un.

- Mais tu ne sais pas qui est son père ? C'est le directeur du département de la justice magique, au MACUSA.

  - Et alors ? Demanda Mary en haussant les épaules. Elle n'avait pas à dire ça. Tu n'es pas un objet.

  - Mais... Tenta-t-il

  - Il n'y a pas de "mais", j'irai. Trancha Alice. Vous pouvez m'attendre dans la salle commune.

  - Hors de question, je viens avec toi. Rétorqua Mary.

  - Si tu veux, dit-elle avec un sourire.

- Vous risquez de vous faire prendre. Et de perdre des points. Comme ce matin...

Alice resta de marbre, du moins à l'extérieur. Mais la culpabilité lui tordit le ventre. Elle jeta un coup d'œil à Mary qui l'encouragea du regard. Elle pensa qu'elle adorerait rabattre le clapet de King. Alors elle répondit :

- Je prend le risque. J'irai quand même.

Max soupira et secoua la tête, et Mary applaudit.

- Bon... Mais, dépêchez vous. On va finir par être en retard.

Ils coururent dans les couloirs et arrivèrent à l'heure. Très essoufflés, mais à l'heure.

Alice avait pris une décision durant sa course. Ce matin, elle avait perdu cinq points. Ce soir, elle risquait d'en perdre cinquante. Alors, durant les deux cours de l'après midi, elle devra faire gagner cinquante cinq points à sa maison, pour rattraper.

  - Entrez les jeunes, entrez !

Une jeune femme longiligne au grands yeux bleus leur souriait d'un air distrait. Une grosse pince noire retenait ses longs cheveux blonds en arrière. Alice aurait pu la confondre avec une septième année.

Contrairement aux autres professeurs, elle ne portait pas de longue robe de sorcier, mais un jean et un sweat, par dessus duquel elle avait enfilé un tablier maculé de terre. Elle répondait parfaitement au qualificatif "cool".

Les élèves prirent place sur des tables en U, et le professeur, debout en leur centre, se présenta.

  - Mon nom est Tiana Weisslockren. Mais vous m'appellerai Tiana, comme ça aucun de vous n'écorchera mon nom de famille. C'est ma première année ici en temps que prof. Je viens de finir mes trois ans d'études après Ilvermorny. J'ai 21 ans ! Vous vous y habituerez. Bien, maintenant, est ce que quelqu'un peut me dire ce qu'est la botanique ? 

Alice, se souvenant de sa résolution, leva la main.

  - Oui Miss... ?

  - Alice. Miss Alice. La botanique est l'étude des plantes et autres végétaux qui peuplent notre terre. Il y a des végétaux qu'on partage avec les Moldus, comme... Les fleurs, et des végétaux qui nous sont propres, comme le Filet du Diable.

  - Exactement, dix points pour Puckwoodgenie ! Et qui peut me dire à quoi sert la botanique ?

Là encore, Alice fut la seule à lever la main.

  - Miss Alice ?

  - La botanique sert à plusieurs choses, mais on peut dire qu'en générale, elle sert à nous faire vivre. Certains végétaux sont indispensables pour respirer, tels que les arbres. D'autres servent à nous nourrir, comme la salade. Sinon, ils peuvent aussi nous guérir.

  - C'est ça, encore dix points pour Puckwoodgenie. Confirma Tiana. Maintenant, mettez vous par deux devant un pot de terre. Vous allez étudier la pousse de la tige de lune, une plante ayant des propriétés magiques. Trouvez sa manière de pousser !

Alice se tourna vers Max, mais celui-ci avait rejoint Augustin. Elle se mis donc avec Mary. Elles se penchèrent par dessus leur pot et virent un minuscule fleur bleue, close.

- Oh, elle est trop belle ! S'exclama Mary.

- Elle irait bien dans tes cheveux ; tes yeux sont de la même couleur. Acquiesça Alice. Mais commençons à réfléchir. Tige de lune, tige de lune, ça me dit quelque chose... J'ai l'impression d'en avoir déjà entendu parl... Teddy ! C'est ça, c'est Teddy !

- Teddy ? Demanda Mary.

- Oui, c'est mon parrain. Ted Lupin est Métamorphomage par sa mère et... Demi loup-garou par son père.

Mary s'étrangla à moitié.

- Métamorphomage et demi loup-garou, rien que ça !

- Hm, oui et non. Il a prit tous les gènes métamorphomage de sa mère, mais n'a hérité de son père que les yeux -allongés comme ceux d'un chat et argentés-, la mauvaise mine les jours de pleine lune et un goût très étrange pour la viande saignante.

- Mais où est le rapport avec la tige de lune ?

- Et bien, si mes souvenirs sont exacts, la tige de lune fait partie de la composition de la potion Tue-loup. Elle a des propriétés pour le moins étrange mais je ne m'en souviens plus...

- Allons voir au fond. Proposa Mary.

Le professeur Tiana avait fait installer, au fond de la classe, un large étagère remplie de livres de botanique. C'était ainsi beaucoup plus pratique pour ses cours.

Les deux fillettes s'approchèrent en chuchotant et sélectionnèrent quelques ouvrages, mais ce fut Mary qui trouva la bon ;

"La tige de lune est nommée ainsi car elle se rapporte aux loups-garous. Elle est utilisée dans la potion Tue-loup depuis 2003, et a augmenté son efficacité, la rendant ainsi plus performante et moins contraignante. Elle possède des pétales bleus et un coeur blanc et à une drôle de manière de pousser. Ses caractéristiques lui sont propres ; elle ne pousse que les soirs de pleine lune, sous un frêne. Il lui faut sept pleines lunes pour atteindre sa taille adulte, et c'est seulement à ce moment là qu'elle est utilisable dans la potion. Elle n'est connue que depuis quelques années mais s'est déjà rendue indispensable."

- C'est exactement ça ! S'exclama Alice. Teddy est obligé d'en prendre, mais d'une manière différente. Il lui suffit de l'écraser dans son assiette et d'en manger les soirs de pleine lune, ainsi il ne délirera pas dans son sommeil.

  - Super ! Acquiesça Mary. Il faut qu'on le note. Tu prends la plume ?

Alice hocha la tête et griffonna sur leur parchemin.

  - Très bien les enfants, je ramasse ! Informa Tiana en tapant dans ses mains. Vous pouvez y aller.

Max rejoignit les filles, tout excité.

  - Quidditch ! S'exclama-t-il. Là, tout de suite, maintenant, Quidditch !

  - Oui ! Je suis trop contente ! Répondit Alice sur le même ton.

  - Euh... Quidditch ? Demanda timidement Mary.

  - Ah oui, c'est vrai, tu ne connais pas notre sport. Le Quidditch, c'est un... Match, on peut dire ça comme ça, entre deux équipes. Il y a sept joueurs dans chaque équipe. Trois d'entre eux, les Poursuiveurs, se disputent le Souaffle, un balle qu'il faut envoyer dans les buts. Deux batteurs envoient des Cognards sur les joueurs adverses pour les déstabiliser. Et un attrapeur doit s'emparer d'une petite balle dorée, très rapide. Et enfin, le gardien garde les buts.

  - Mais il n'y a rien de magique là dedans !

  - Oh, tout ça se passe à trente mètres du sol, sur des balais.

  - Quoi ? S'étouffa Mary.

Alice et Max se mirent à rire.

- Oh, ce n'est qu'un détail !

- Mais... Mais... Mais j'ai le vertige ! Bégaya Mary.

- T'inquiète pas, la rassura Alice.

- Et puis, ma soeur m'a dit que Mme Jenkins est cool. Ça ira. Informa Max.

Les jeunes Puckwoodgenies avancèrent vers le terrain de Quidditch, excités et anxieux. Le professeur, une femme de grande taille aux cheveux bruns coupés à la garçonne, les attendait le sourire aux lèvres.

- Bonjour à tous, je suis Mme Jenkins. Vous êtes ici pour faire du Quidditch, alors allez chercher un balai, pas la peine de perdre du temps en présentations. A gauche, ceux qui savent jouer et les autres à droite.

XXX

- Ok, parfait Denitsa ! Maintenant Mary.

Alice leva les pouces en direction de son amie, qui, stressée, enfournait son balai. Elle décolla de quelques centimètres, comme demandé par Jenkins, et avança de deux ou trois mètres.

- Bien joué Mary, tu peux redesc...

Jenkins n'eut pas le temps de finir sa phrase que, d'un coup, le balai de son élève monta vers le ciel. Mary lâcha un cri de terreur. Ses mains et ses jambes étaient crispées sur son balai, elle s'éleva plus haut que la plus haute tour d'Ilvermorny.

Ressentant soudainement la panique de son amie et en voyant que Jenkins je réagissait pas, Alice, n'écoutant que sa bonté, enfourcha son balai et rejoint Mary. Elle attrapa le bout de son balai et le tira vers elle, le calmant d'un seul geste. Il se stabilisa et elle ramena la jeune brune terrorisée au sol. Elle n'était pas prête de remonter sur ce genre d'engin.

Jenkins, revenant enfin au présent, se précipita vers les deux jeunes filles. Elle ordonna à Lex d'emmener une Mary sous le choc a l'infirmerie et félicita Alice.

- 40 points pour Puckwoodgenie.

Remise de ses émotions, Alice jubila. Elle avait atteint son objectif. Ce soir, elle rabattrait le clapet de King.

XXX

- Moins fort, on va réveiller les préfets ! Chuchota Alice.

Il était minuit, et les trois jeunes Puckwoodgenies tentaient de sortir discrètement de leur dortoir. Ils traversèrent le château sur la pointe des pieds et sortirent dans la douce nuit de septembre. L'air était encore chaud et le vent leur fouettait le visage.

Hope King était déjà là.

- Vous, les Puckwoodgenies, vous êtes trop lents. J'attend depuis des plombs.

Elle bailla et s'exclama :

- En garde, Blondie !

Alice se mis en place et tenta de jeter un sort à Alice. Celle-ci l'esquiva et riposta. S'en suivit un duel acharné, où toutes deux paraient les sorts de l'autre sans parvenir toucher. Soudain, Max posa sa main sur l'épaule d'Alice et lui prit sa baguette, la rangeant dans sa poche. Elle allait répliquer mais il lui intima le silence d'un signe de tête.

- Mais que faites vous là, à cette heure ci ?!

Une voix s'éleva dans le silence de la nuit. Celle du professeur Jenkins.

- Pourquoi six enfants sont-ils hors de leur dortoir en plein milieu de la nuit ? Miss King, pourquoi votre baguette est-elle pointée sur votre camarade ?!

- Euh... Je... C'est pas moi...

- Silence ! Je vous croyais tous plus malins que ça ! Vous allez me faire le plaisir de remonter en vitesse ! J'enlève 30 points à Puckwoodgenie et 40 à Oiseau-Tonnerre ! Je vous apprendrez à menacer les autres moi ! Filez !

Ils détalèrent en courant en direction du château. King leur lança un regard noir et cracha par terre avant de s'éloigner en direction de son dortoir.

- Quelle idiote ! Souffla Mary.

- Merci, merci beaucoup Max ! S'exclama Alice en prenant son ami dans ses bras. Heureusement que tu étais là !

- Je t'en prie... Répondit un Max rouge pivoine.

Ils se séparent dans la salle commune et, fatigués mais heureux, ils sombrèrent dans le sommeil.

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