Je m'ennuyais. Je ne pensais pas pouvoir ressentir cela dans de telles circonstances, et pourtant c'était le cas. J'étais en chute libre dans un trou qui semblait sans fond dans lequel il n'y avait aucun bruit, pas de télé, ni même un livre, rien, alors, je m'ennuyais. D'ailleurs, j'avais beau me tourner dans tous les sens, il n'y avait même pas un brin de lumière, hormis celle qui semblait émaner de moi. J'étais phosphorescente. C'était une sensation étrange dans la mesure où je ne le ressentais pas mais que je le voyais. Et de ce que je pouvais voir, mon cerveau me disait bien que la situation n'était pas nette. Et pourtant, elle était bien réelle.

Enfin, je semblai arriver quelque part. Un point lumineux se rapprochait, de plus en plus rapidement en dessous de moi. J'allais certainement m'écraser, mourir ainsi était une bien étrange fin. Me demandant qui du lapin blanc ou de la reine de coeur allait venir récupérer les lambeaux de mon corps désarticulé, une lumière aveuglante m'obligea à fermer les yeux.

Alors que je m'habituais petit à petit à la luminosité, j'entendis comme un tintement, tel le vent dans un carillon. J'étais dans un endroit étrange. Il n'y avait pas d'arbres, pas de ciel, pas de nuages, mais une brise légère me caressait la peau. J'avançais pas à pas dans cet endroit si blanc, si lumineux. Etais-je dans une ampoule ? On pouvait s'attendre à tout ici après tout. Devant moi se trouvait un clou qui semblait flotter dans les airs. A son bout, une fine chaine en or que j'effleurai du bout des doigts. Un pendentif y était accroché. En regardant de plus près, je pus me rendre compte qu'il s'agissait d'une montre.

-Appartient-elle au lapin blanc ? Il faudrait peut-être que je lui rende...

Voilà que je me m'étais à parler toute seule! Maintenant que j'étais ici, je commençai doucement à réaliser que je n'avais vraiment plus aucun moyen de repartir. Enfin, je n'aurai aucun moyen tant que je ne suivrai pas le chemin que ce monde avait façonné pour moi. Et je devais l'avouer, j'étais curieuse de voir comment ce dernier avait pu évoluer, à condition que se soit évidemment le cas.

-Hé ho ! Il y a quelqu'un ? Criai-je en regardant autour de moi.

-Quelqu'un ? Me répondit aussitôt une voix.

-Ha...Bonjour, heu, où êtes-vous ? Demandai-je, soulagée de ne plus être si seule que ça.

-Vous ? Me questionna l'inconnue.

-Heu ...je...je suis Alice, Alice Liddle. Je, je ne vous vois pas, pouvez-vous m'indiquer le chemin ? Insistai-je espérant enfin sortir de toute cette blancheur.

-Chemin, continua l'étrange voix, imperturbable à ma demande.

Cette personne se moquait de moi ou quoi ! Je sentais la colère monter en moi. Ce n'était pas le moment de jouer ! Furieuse, je retirai le pendentif de son crochet et le mis à mon cou.

-Ce n'est pas drôle du tout ! J'exige que vous arrêtiez de vous moquer de moi ! m'énèrvai-je en tapant du pied.

-Moi...me répondit-elle, impassible.

Plus cette personne se moquait de moi, plus j'haussais la voix en me dirigeant vers ce qui semblait être l'endroit où se trouvait ce chenapan. Plus j'avançais, plus la brume s'atténuait.

-Où êtes-vous ? Demandé-je, excédée par un tel comportement.

Plus de réponse. Avais-je parlé avec un fantôme ? Rien que d'y penser, j'en frissonnais. Mais cette discussion avait du bon. La brume était quasiment dissipée, et bien que je n'étais pas encore sortie de là, je commençais à me sentir plus détendue, moins claustrophobe. Malgré tout, le chemin était encore long, mais si cette inconnue avait réussi à partir d'ici, je devais bien pouvoir le faire moi aussi. Enfin, elle aurait pu m'attendre tout de même ! Ce n'était pas très sympa de s'enfuir de la sorte et me laisser me débrouiller seule.