Chapitre 4
Alice
Depuis des mois, je venais régulièrement ici, retouver mon petit coin niché dans la falaise. J' avais mis plusieurs jours avant de pouvoir y retourner sans risque, mais maintenant c'était devenu mon refuge, je m'y glissai sans plus de cérémonie.
Le soleil se couchait à l'horizon, mes larmes qui n'ont cessées de couler, depuis ce jour, se tarissent peu à peu. Je parlai de Paul encore, mais aussi de Lou, d'Amanda, de Charlie, de mes parents. Ils sont devenus mon noyau. Adossée contre la roche encore chaude, les jambes dans le vide, je contemplai à présent, ma ville, et tout ce que je vais laisser derrière moi. Je m'interroge encore, comment en si peu de temps , en un claquement de doigt, une vie peut elle voler en éclat. La douleur, la peine, le désespoir sont toujours là mais ils m'opressent moins, laissant la place à une sorte de calme et d'indifférence qui m'envelloppent toute entière.
Je m'apprêtai à sortir, mon carnet de ma sacoche, quand quelques notes résonnent. Je l'ignore, tout d'abord, puis face à cette sonnerie persistante, je décide d'y jeter un coup d'oeil. Une bonne vingtaine de message apparaissent alors sur l'écran. Je soupire, exaspérée, les fait défiler avant d 'en écouter un, le dernier qu'Amanda m'a laissé et il date déjà d'il y a 2 heures...
De: Amanda Thorini
A : Alice Maréchal
Mais tu es où!? Ca fait 3 bonnes heures que je te cherche sans succès! Et bien sûr, comme d'habitude tu ne réponds pas!
Je grimaçai à l'écoute de sa voix. Je sentais sans peine la colére qui l'animait, sous tendue par son angoisse.
Je sais bien que tu n' allais pas chercher les resultats en même temps que tout le monde mais là ca fait au moins 2h30 qu'il n'y a plus un chat au lycée! Alice, c'est ton bac! Tu ne vas pas le laisser gacher ca aussi. Réagis! Et après on va feter ca, rendez-vous au jokapi! et c'est non négociable! mais avant tout rappelle moi, je suis vraiment inquiéte...
Je soupirai à la fin de l'écoute et lui répondis, malgré tout, que je viendrai, ça ne m'enchante pas mais je dois lui annoncer mon départ, je n'ai que trop tardé...
J'ouvris alors le dernier message de lou et grimaçai. Je ne perdis pas de temps et me dirigeai à grand pas vers la ville et ma petite Lou.
Thibault
Je la vis alors s'éloigner, nonchalante, le regard lontain sans même s'attarder sur moi. Je la vis reprendre sa besace, posée négligemment sur l'herbe, la passer,d'un geste souple, sur son épaule et partir d'un pas vif. J'admirai sa démarche, le balancement de ses hanches, la danse folle de sa crinière sur ses épaules, jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'angle de la grande bâtisse.
Je pouvai partir, à présent, mais préférai rester. Je savais exactement quoi faire, la dernière esquisse de cette trilogie : le parc sans elle. Celle ci était criante de désepoir, la fontaine noyée sous le lierre, la grande batisse, les fleurs des champs, paraissaient vides et seuls à présent, sans sa chaleur. Même triste, elle investissait ses tableaux d'une certaine forme de beauté, d'humanité. Je regardai son oeuvre et émis un sourire de satisfaction avant de rassembler mes affaires pour partir. La nuit était déjà tombée, je me pressai.
Mais en passant près de la falaise, j' aperçu, une forme sombre que je me penchai pour ramasser : Un carnet de petite taille mais très épais, recouvert d'un tissu d'un violet sombre et rugueux au toucher. Ce contact m'était agréable et comme familier. Une odeur legére émanait du receuil, je ne parvenais à identifier que quelques notes : du pain d'épices, du thé, mais en tout cas cette senteur m'enivrait.
Je ne pu résister à la tentation de l'ouvrir, des textes, des poèmes, de petits croquis sur les premières pages puis plus que du texte des pages noires, troublées par des larmes tombées en abondance. Je lu quelque pages surtout la fin, ce qui l'avait amené à la falaise, les sensations qu'elle avait ressenties, comment de sa faiblesse, elle avait su faire une force, et son départ... Je ne pus en lire davantage frappé par l'intimité de ses mots, mais mes yeux furent happés malgré moi par cette phrase :
"Les heures passées sont sombres, mais celles à venir le sont tout autant, voir davantage encore... "
Je glissai mon croquis aux oiseaux à cette page, c'était tout simplement sa place.
Je reposai le carnet où je l'avais trouvé et parti. Je déambulai en ville , flanant sans but précis, laisant mes pensées deriver au gré de leurs envies, m'interrogeant sur la propriétaire de ce carnet quand, tout à coup, je réalisai que ce carnet ne pouvait être qu'à ELLE. Personne, à part elle et moi, ne s'était approché de la falaise aujourd'hui et quand je l'ai écouté, je suis sure qu'il n'y était pas. Je couru sans perdre un instant, vers le parc qui avait fermé ses portes. Je fulminais, pourquoi ne l'avais pas garder avec moi! J'avais besoin de ce carnet, de la connaitre, d'une preuve qu'elle existe, de quelque chose d'elle, j'en devenais fou.
Sans réfléchir davantage, j'escaladai la grille prestement, au risque d'avoir encore des démelés avec les autorités, mais à ce moment là, peu m'importe. Je m'élancai jusqu'à la falaise, et vis avec un soulagement certain, le carnet toujours à sa place. Je le pris délicatement dans mes mains, pour le glisser dans la poche de ma veste. Je fixai la falaise depuis quelques instants, toujours sans comprendre comment elle pouvait descendre là, quand un message de Tim me sortit de ma réflexion. Il m'attendait et s'impatientait. Je soupirai et fit avec milles précautions le chemin en sens inverse, m'arretant à plusieurs reprises pour éviter que le gardien ne s'aperçoive de ma présence. Je sautai enfin de la grille, pour me receptionner souplement sur le trottoir. J'allongeai alors le pas, me dirigeant vers le Jokapi.
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