Chapitre 13 : Tim (4)

Un tout petit chapitre, qui aurait du clore le chapitre 12 mais j'ai mis du temps à choisir la direction de l'histoire donc voilà. Un vrai chapitre devrait arriver dans les prochains jours.

Bonne lecture

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Tim


Je rompis à regret notre étreinte, m'arrachant à ce bonheur éphémère. Un sourire où se mêlaient la joie et l'appréhension flottait sur mes lèvres victorieuses. Je m'étais presque attendu à ce qu'elle me gratifie d'une gifle exceptionnelle mais il n'en était rien. En même temps, j'aurais pu au moins me douter qu'elle n'agirait pas ainsi. Quoi qu'il arrive, Alice restait Alice : toujours aussi imprévisible, me fis-je remarquer. Elle avait cette constance qui me rassurait, ce trait que nous partagions, toujours égaux à nous même, peu importait ce qu'il se passait autour de nous. Certaines choses restent immuables.

Elle me contemplait, le visage presque serein. Mais pour qui la connaissait vraiment, il trahissait tout autre chose. Elle pesait avec un soin tout particulier ces prochains mots, je le pressentais. Je me raidis en l'entendant soupirer moins de quelques secondes après la fin de notre baiser :

« Timothée... »

Dans le même instant, elle enveloppa mes mains toujours posées sur son visage des siennes et les retira délicatement sans les lâcher pour autant. Ce geste me peina autant qu'il me réchauffa le cœur. Elle ne semblait au moins pas m'en vouloir, je n'avais donc pas tout gâché avec mon coup d'éclat irréfléchi, me rassurai-je. Imperturbable, elle continua avec la franchise qui la caractérisait tant, ses grands yeux sombres plongés au fond des miens :

« Je t'aime, tu le sais. »

J'attendais la suite car je savais que tout cela n'était qu'un rêve, une utopie de croire qu'elle s'arrêterait là. Elle cherchait simplement à me rassurer, à ne rien casser en moi, à me protéger coûte que coûte, elle me ménageait comme elle l'avait toujours fait. Mais aujourd'hui elle sentait tout comme moi ô combien j'avais douloureusement besoin de ce rappel à l'ordre pour avancer, tellement que je l'avais provoqué. Elle reprit, torturée :

« Mais pas comme tu le voudrais ou plutôt comme tu crois le vouloir. Toi et moi, ce serait voué à l'échec. Dans une vie, où je ne serais pas cette version de moi, où tu serais différent de celui que tu es, où nos passés auraient été autre, sans aucun doute qu'il aurait pu se passer quelque chose. Mais ce n'est pas ainsi et nous n'y pouvons rien changer. »

Chacune de ces phrases enfonçait plus profondément la lame qui me brisait le cœur. Je les savais vraies, d'une vérité dure et cruelle. La fureur que m'inspirait cette évidence, cette fatalité que j'avais si longtemps perçue, sans vouloir l'admettre, faisait battre mon pouls à un rythme effréné. Mes poings se serraient et se desserraient à une telle vitesse qu'Alice, réprimant une grimace de douleur, fut contrainte de me lâcher. Ma colère enflait, naissant de cette petite part de moi, qui ne parvenait pas à tourner la page. Au lieu de l'enfermer tout au fond de moi, de tenter de la faire sombrer dans l'oubli, de l'étouffer comme une flammèche avant qu'elle ne devienne un gigantesque feu de forêt ravageant tout sur son passage, j'y laissai pour la première fois libre cours. Une fureur que je ne pouvais et ne voulais plus maitrisée, qui emporterait tout sur son chemin.

Dans un dernier sursaut de lucidité, je bondis sur mes pieds et partis, ignorant sciemment les appels d'un Thibault interloqué et d'une Alice au visage défait. J'avais besoin d'être seul, de faire le deuil de cette partie part de moi qui s'était faite si bruyante ce soir.



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