chapitre 1

Alice       

        Ce matin là, il faisait encore frais, je resserai ma veste contre moi, tentant vainement de me rechauffer. Je marchais, d'un pas rapide, sans même prêter attention aux rayons naissant du soleil qui jouaient avec les perles de rosée, accrochées aux brins d'herbe. D'ordinaire la beauté éphemère de cet instant, m'aurait enthousiasmée, ou même dans les heures les plus sombres de ma vie, j'aurai souri et savouré ce bref instant. J'en aurai profité pour sortir mon carnet usé, à force de le promener partout avec moi, j'aurai composé un poème m'attardant sur l'insaisisable perfection de la nature ou sur les émotions que cette simple vue évoquait en moi, et si j'étais d'une humeur excellente, j'aurai accompagné le tout d'un croquis pour ne pas perdre ce précieux moment.

        Mais, tout s'était effondré.

        Je n'étais plus qu'une ombre, l'ombre de moi même, l'ombre d'un corps. Je me sentais si vide, comme dépossédée. Abandonnée. Trahie. Seule. Voilà exactement, les sentiments destructeurs qui m'habitaient. Il était parti, m'avait laissé, humiliée malgré toutes ses promesses. Il s'en était allé emportant avec lui, le peu de confiance qu'il me restait. Mes larmes s'étaient taries, et pourtant la douleur était toujours présente, toujours plus opressante, m'écrasant sous son poids. Je ne ressentais plus rien, mise à part cette peine qui m'étreignait le coeur, si fort que chaque battement était une lutte sans-merci. Je voulais juste que tout ca s'arrête, que la douleur cesse ou au moins ressentir autre chose.

        Je m' approchai de la falaise, lasse. Je posai mon sac à mes pieds, puis m'assis les jambes dans le vide, oubliant toute prudence. De toute manière, peu m'importait à présent. Je me penchai en avant, scrutant le vide sous mes pieds. Vingt bons mètres me séparaient du sol rocailleux que j'apercevais en contre bas. Quelques herbes folles s'accrochaient désespérémment à la roche nue. Une telle chute ne laisserai pas de survivant, songeai-je, pragmatique. La brise mordante fit voleter mes cheveux, me sortant de mes sombres pensées.

        Je relevai la tête, à l'horizon, la ville s'étendait, grouillante de vie. Je jetai un regard en arrière, observant le parc qui s'étendait, la prairie parsemée de fleurs sauvages, les vieux chênes robustes dont les rameaux flirtaient avec les nuages, la vieille fontaine à demi cachée sous le lierre, la grande batisse au loin, immuable. J'inspirai profondément, l'odeur de l'humus mélée à celles de l'herbe fraichement coupée et des fleurs, emplit mes narines. Le ruissellement de l'eau sur les dalles fanées de la fontaine, le chant des oiseaux, le bruissement délicat des feuilles, le murmure lointain de la circulation sonnaient à mes oreilles comme une douce mélodie, rythmant mes pensées. Ce lieu m'offrait le calme, la sérénité dans sa forme la plus pure.  A cette pensée, je lachai prise...

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