Pdv Alice :
Lorsque la lumière se dissipe, un océan de ténèbre m'accueille.

Mes yeux peinent à s'accoutumer à l'obscurité environnante et je n'ai plus aucun repère sensoriel.

Je ne sais où se trouve Hugo et je n'ose pas perturber le calme de ce lieu que je ne discerne même pas.

Mon esprit semble avoir quitter mon corps, mes sens restés avec mon enveloppe charnelle et mes pensées sont seules soutient dans ce néant.

Rien ne réagit à mes demandes que crie mon cerveau. Je ne peux humecter mes lèvres, je ne parvient pas le moins du monde à faire un pas, je ne comprends pas du tout où je suis ni ce que je fais dans ce vide qui m'entoure et m'oppresse.

Soudain, dans le lointain, une forme blanche et conquérante se dresse et apparait devant moi comme pour me guider. Fière et libérée de l'emprise d'un gros nuage noir porteur d'une longue période de pluie, je peux enfin comprendre l'environnement qui m'entoure.

Je perçois des arbres, une forte brise vient caresser mon visage et ma peau déjà plus que glacée par la tristesse, le bruissement des feuilles sèches et rêches d'automne, prêtes à s'échouer sur le sol recouvert de leurs sœurs, parvient jusqu'à mes oreilles aux facultés retrouvées, les odeurs douces des parfums de la saison embaument cette forêt et un goût amer de peur et d'inquiétude sert ma gorge.

Une sorte de tension plane dans l'air, sûrement en raison de l'orage qui se prépare et je suis submergé par le calme, la sérénité et l'appréhension que dégage cette immense forêt.

Une main se pose sur mon épaule.

Une poigne ferme et stricte qui ne peut appartenir qu'au rigide Hugo.

Je me retourne et découvre sa stature droite éclairée par les rayons clairs de la Lune. La lumière blanche presque argentées éclaire son visage et ses yeux gris orageux d'une façon presque irréelle. Ses cheveux bruns et courts et les traits de son visage m'apparaissent après ses prunelles si fermes et si fières.

Je m'en veux de penser ça mais le regard doux et rieur de Keefe me manque déjà.

Ses yeux bleus qui semblent comprendre tout ce que j'essaye de cacher revienne dans mon esprit et une peur m'étreint.

La peur de ne plus jamais revoir ce regard si honnête qui m'a tant aidé quand je suis arrivé dans les Cités Perdues.

Peut être que cette fois ci, je lui ai réellement fait mes adieux.

De vrais.

Pour toujours.

Une tristesse immense me submerge et le doute s'insinue en moi.

Mais je dois le faire.

Je dois mettre un terme à cette guerre, ce chaos que prépare les Invisibles.

Je vais réussir.

Peut être y laisserai-je ma vie mais ce sera pour une noble cause.

Je suis tellement désolé Sencen.

-"Es-tu sûre que c'est se que tu veux Alice ? Tu peux encore reculer tu sais."

Je hoche la tête, la gorge serrée et le visage fermé.

Hugo a prononcé ces phrases doucement ne voulant troublé l'instant.

Ses yeux plongés dans les miens, il tente de me persuader de repartir mais ma décision est prise.

Sa main toujours sur mon épaule et mon visage relevé vers le sien je réponds presqu'en murmurant :

-"Je le fais pour eux."

Une expression désolé nait sur son visage et ses lèvres forment un rictus de compassion que la Lune m'éclaire dans cette forêt à l'ambiance surréaliste.

-"Tu te trompes Alice. Tes amis ne seront à jamais plus protégés que quand tu seras avec eux."

Je ne sais si ce qu'il dit est juste ou non.

Mais une chose est sûre, je suis ici pour détruire ses malfaiteurs et leur plan machiavélique.

En plus, désormais j'ai un nouveau but.

Libérer Hugo de leur emprise démoniaque.

Il a passé un pacte avec le Diable, Fintan, mais je compte bien l'en délivrer.

Je m'accroche au bras de la seule personne qui me sera d'un soutient pendant mon épreuve au sein des Invisibles et je le laisse me guider à travers la forêt sombre aux chemins sinueux qui la jonchent.

La peur au ventre et le cœur battant la chamade, je prends conscience que moi aussi je vais devoir passer un pacte avec le Diable.

***
Pdv Keefe :
Linh, Tam et moi sommes arrivés devant une maison en ruine calcinée par des flammes.

Cela ne peut être que celle d'Alice.

Je n'imagine même pas le choc qu'elle a dû avoir en constatant les décombres de la demeure qui l'a vu grandir.

Des cendres sont soulevés par un courant d'air frais et viennent atterrir dans nos yeux.

J'entends Tam pester derrière moi mais je n'ai pas l'envie de relever son mauvais caractère.

Je sens une main se poser délicatement sur mon épaule alors que j'observe ces ruines gardiennes de lourds secrets.

Je me retourne face à une Linh au visage compatissant qui m'offre un petit sourire encourageant.

-"On va la retrouver Keefe, je suis sûre qu'elle va bien."

Je hoche doucement la tête mille et une questions se bousculant, mille et une inquiétudes me rongeant.

-"On cherche quelque chose, n'importe quoi ayant de près ou de loin un rapport avec les Invisibles ou Alice."

Je m'avance vers la maison, déterminé à découvrir ne serait-ce qu'un petit indice qui pourrait m'aider à retrouver Alice.

Après quelques minutes je comprends qu'il n'y a rien qui puisse me venir en aide dans ces décombres.

-"Keefe ! J'ai quelque chose !"

Tam vient vers moi ne cessant de regarder à gauche ou à droite ne voulant pas se faire repérer.

Il me fait signe d'approcher une fois mes pieds revenu sur la terre ferme ayant quitter ce tapis de cendres, mes pas déjà balayer par une nouvelle bourrasque d'air froid.

Mes yeux doivent être rouges tellement ces fines particules rentrent en masse dedans.

Lorsque je m'approche de Tam je remarque aussitôt qu'il y a un point brillant sur le sol à ses pieds.

Le collier d'identification d'Alice est sur le trottoir, brisé.

-"Crois tu que c'est elle qui l'a écrasé ?"

La question de Tam résonne dans la rue déserte mais je ne me résous pas à lui répondre.

Si tel est le cas cela veut dire qu'elle l'a détruit de son plein gré.

Cela veut dire qu'elle souhaite réellement tirer un trait sur nous tous.

Et ça je ne peux l'accepter.

Elle a beau dire qu'elle fait tout ça pour nous mais...

Et si cela était faux ?

Si cet abandon, son exil, n'était que purement égoïste ?

Tout ce qu'elle veut depuis qu'elle est arrivée ici c'est venger la mémoire de son père.

Détruire les Invisibles est devenu sa raison de vivre.

Je passe après ce désir, ce besoin.

Il faut qu'elle ouvre les yeux.

Malgré toutes ces terribles suppositions, une chose persiste.

Mon amour pour elle.

Il faut que je la ramène même si je suis blessé, même si elle a été stupide de s'enfuir, même si elle a détruit d'elle même son collier, même si je ne compte pas autant que je pensais pour elle.

-"Nous sommes au point mort. Il n'y a rien d'autre ici qui peut nous aider à la retrouver."

Linh arrive bredouille réduisant encore plus nos chances.

Alors qu'on se regarde dans le blanc des yeux ne sachant que faire pour avancer dans notre recherche, mon transmetteur se met à vibrer dans ma poche.

Je le sors et découvre avec étonnement le visage de Dex. Lorsque j'accepte de lui parler je découvre un Dex beaucoup moins serein que quand on s'est laisser. Il mordille frénétiquement sa lèvres inférieure l'air d'avoir fait une bêtise.

-"Que se passe t-il Dex ?" je demande agacé.

-"Je... Je sais peut être où se trouve Alice..."

Je relève ma tête d'un seul coup étonné de sa remarque.

Il continu néanmoins toujours aussi nerveux :

-"Disons qu'il est possible qu'elle soit en France... Je ne sais pas où exactement..."

Je le stoppe énervé d'une réponse aussi vague et demande :

-"Comment peux-tu savoir quelle est en France Dex ?"

Il se ratatine sur lui même avant de déclarer en chuchotant presque :

-"J'ai peut être mis un traceur GPS dans son nexus sous ordre du cygne noir..."

Mon sang ne fait qu'un tour et j'explose en criant :

-"Et tu comptais nous le dire quand Diznee ? TU AS MIS UN TRACEUR DANS LE NEXUS DE MA COPINE, C'EST PUTAIN DE MALSAIN !"

Toute la colère que je contentais envers Alice se déverse sur Dex d'un seul coup.

Je ne contrôle pas ce qu'il se passe et je donne un coup de pied dans le collier resté sur le sol.

Il atterrit dans les cendres de la maison alors que ma tête tambourine à mille à l'heure et que mon coeur bat beaucoup trop vite.

-"Je suis désolé Keefe... C'est le cygne noir qui me l'a ordonné..."

-"J'EN AI RIEN À FOUTTRE DIZNNEE. T'AS UN SERIEUX PROBLÈME TOI !"

Linh pose alors de nouveau sa main sur mon épaule mais je la chasse rapidement.

Elle tente de me calmer en déclarant :

-"Cela va nous être utile maintenant... Je suis d'accord pour dire que ce n'est pas très correct mais on va pouvoir s'en servir Keefe."

J'ouvre la bouche pour répliquer quand Tam nous attrape par le bras pour nous cacher dans un coin sombre à côté d'une sorte d'abris étrange et une maison.

Il joue alors avec les ombres pour que nous soyons invisibles à l'œil nu et nous invite à nous taire Linh et moi.

Je vois alors arriver devant les ruines de la maison d'Alice tout près de nous, deux silhouettes encapuchonnées revêtues d'un long manteau noir.

Je retiens difficilement mon souffle et mon envie de courir les frapper pour nous dire où se trouve Alice.

Une des silhouette déclare assez distinctement pour que j'arrive à comprendre tout ce qu'il se dise :

-"J'ai cru voir et entendre des personnes Alvar il ne faut pas qu'on traîne."

Mon sang se glace dans mes veines et une vague de tristesse et de haine m'envahit.

Alvar.

Je le déteste du plus profond de mon être, il m'a trahit comme il a trahit mon meilleur ami.

Il répond alors d'une voix nonchalante comme à son habitude :

-"Alors dépêchons nous. Cet imbécile d'Hugo n'a pas récupéré le collier détruit de la nouvelle."

Alice a rejoint les Invisibles.

Elle a réellement fait ce que je redoutais le plus.

Ils n'étaient pas des ordures avec moi, en oubliant que c'est leur principal nature, mais je ne sais pas comment ils seront avec elle et je ne veux pas qui lui arrive quelque chose.

Je la comprends mieux que personne et en même temps je ne peux m'empêcher de sentir comme une lame me transpercer le cœur.

-"D'ailleurs il faut faire attention à ce que ces deux là ne se rapproche pas trop cela pourrait devenir trop problématique."

Qui est ce Hugo ?

Pourquoi est ce que lui et MA copine aurait a se rapprocher ?

La jalousie mêler à la tristesse et la colère ne font qu'accroître en moi.

L'autre elfe répond alors en ricanant :

-"Ou on pourrait s'en servir contre eux. Réfléchis, deux adolescents qui tombent amoureux sont stupides..."

-"Oui et c'est bien pour ça que je pense que ce n'est pas une bonne chose." répond Alvar d'une voix mauvaise ou perce une pointe de regret.

Ils n'ont pas intérêt à pousser Alice dans les bras de quelqu'un d'autre.

Je ne m'en remettrai pas.

Ils arrivent à l'endroit où le collier était avant que je ne frappe dedans et l'interlocuteur du frère de Fitz déclare :

-"Il n'est pas là. C'est pourtant le souvenir qu'a transmit Hugo à notre télépathe non ?"

Quel imbécile je fais !

Si je pouvais voir les yeux de Tam je crois qu'il m'auraient déjà fusillés sur place.

Je sens Linh s'accrocher à mon bras le souffle irrégulier et le corps tremblant.

À son contact ses émotions me parviennent d'un seul coup comme un gigantesque ras de marée qui s'emparerait de tout mon être.

De la peur.

Linh est terrorisée devant ces elfes cruels et mesquins qui n'hésiteraient pas à nous tuer s'ils nous découvraient.

Tam trop concentré à gérer ses ombres pour maintenir notre cachette ne remarque pas la détresse de sa sœur.

J'attrape alors délicatement la main glacée de mon amie et la presse en signe de réconfort.

Je la sens se calmer un peu pendant qu'Alvar déclare après une rapide fouille des environs :

-"Il est là ! Dans les cendres... Ce n'est pas normal... Quelqu'un était ici..."

Il soupire avant de continuer la colère animant sa voix :

-"Sûrement mon frère et ma sœur et leurs amis... Ils la cherchent... Nous devons rentrer voir Fintan immédiatement."

Alors qu'il sort son cristal de saut, l'autre silhouette demande innocemment :

-"Qu'elle planque ?"

Nous tendons l'oreille scrutant la moindre parole.

La question est trop importante, trop précieuse.

-"Celle de la forêt. La France. Alice est la bas. Et par conséquent notre chef aussi."

Ils disparaissent alors, le collier à la main, nous laissant seuls dans les rues complètement désertes de San Diego.

Mon cœur est meurtri et rempli de tristesse, de haine, de rancœur et de jalousie.

D'un simple regard nous regagnons Everglen dans un éclat lumineux.

Il faut que nous nous organisons pour un petit voyage en France.