Mes poings frappaient sur le punching-ball depuis maintenant deux heures. Mes cheveux, attachés en queue de cheval, me fouettaient le visage à chaque coup que je donnais. Je transpirais à grosses gouttes et une bonne douche après avoir fini ne me ferait pas de mal.
Je suis ici depuis la fermeture du club, le Beaje's. Je possède le double des clefs, alors c'est généralement à cette heure-là que je viens, quand plus personne n'a accès à la salle. Je pourrais utiliser celle du QG, mais il y a toujours du monde et je préfère être seule pour m'entraîner. En fait, ça m'aide à me concentrer, parce que d'habitude tout le monde me regarde étant donné que je suis la seule femme de l'agence, alors que pourtant j'aime être au centre de l'attention.
Je crois que je connais Jack McCartney depuis que je suis née, d'aussi loin que je me souvienne. Il a toujours été présent pour ma famille. C'est lui qui m'a donné mon premier cours de boxe à 6 ans. Je me souviens que ce jour-là, c'était lui qui me gardait, mes parents travaillant. On était sorti se promener et comme à chaque fois, je prenais Monsieur Toudou avec moi, c'était mon ours en peluche. Et avec Jack, on était en train de traverser la route, quand j'avais lâché Monsieur Toudou. Alors on avait fini de traverser et Jack s'apprêtait à aller le chercher, quand un camion roula directement sur mon ours avec ses grosses roues. J'avais poussé un grand cri et mettait mise à pleurer, pendant que Jack avait finalement été le chercher. Il me l'avait rapporté tout écrasé, des plumes volant un peu partout parce qu'il lui manquait une oreille et un bras. J'avais arrêté de pleurer en le voyant dans cet état et je m'étais mise très en colère. Je tapais du pied et criait pour toute la rue. J'avais envie de crier sur le conducteur, déjà loin depuis longtemps. Jack essayait tant bien que mal de me consoler et de me calmer. Il avait fini par se résigner, m'avait prise en sac à patates sur son épaule et était parti en direction de son club, pas très loin.
Une fois qu'on était rentré dans la salle, il m'avait demandé de frapper sur le sac en face de moi, comme si c'était le chauffeur de camion et d'évacuer toute ma colère. Mais je n'avais que 6 ans a l'époque et je ne savais pas du tout comment m'y prendre, alors je n'avais pas bougé. Jack était allé chercher les plus petits gants qu'il avait et me les avait enfilé. Il m'avait dit de frapper, alors j'avais donné un coup contre le sac. Au début ça avait été un peu dur, à cause du poids des gants, mais à force de frapper, ça devenait de plus en plus simple. A ce moment, je m'étais sentie libérée. Je ne me sentais plus comme la petite fille que j'étais, mais comme une jeune femme. A 6 ans, j'avais l'impression de déjà être grande.
Quand Jack me gardait, je lui demandais à chaque fois de retourner à la salle de boxe pour qu'on s'entraîne. Et à chaque fois, il cédait à ma demande. Mes parents n'ont jamais su ce qu'on faisait quand ils travaillaient. Mais Jack a toujours pensé qu'ils avaient quand même une petite idée.

Voilà un premier chapitre. J'espère que vous allez aimer ce chapitre. N'hésitez pas à mettre un commentaire bien ou "mauvais".