#4-Un lapin plus si blanc

Il n'y avait à l'intérieur qu'une carte dont le verso était couvert de dessins et d'indications. La plus part des lettres étaient presque illisibles mais on pouvait lire quelques bribes de phrases telles:
"et n'oubliez pas, surtout, d'emporter avec vous les objets des cassettes précédentes, clés comprises car vous allez " "et vous retrouver dans un" "imprévisible où les heures vous paraîtront des jours" "n'oubliez SURTOUT PAS" "sans quoi il vous arrivera" "et de quoi manger et vivre pendant 3-4"
"Mary... Il n'y a que des morceaux de phrases sans queue ni tête...
-Cela a dû s'effacer en partie, mais cela semble prévoir une longue excursion.
-Alors préparons nous!"s'écria Alice, tirant Mary par la main.
Le soleil étant de retour, la mère d'Alice s'exerçait, non sans quelques résultats, à l'aquarelle hivernale tandis que son père, bon vivant, fumait la pipe, un verre de vin à la main, et cherchant un moyen de contacter, à moindre frais, quelqu'un capable de booster un peu cette chaudière dont le démarrage s'éternisait. Alice jeta un coup d'œil déçu à la neige fondante avant de descendre le grand escalier de marbre froid à toute berzingue, ses pieds nus claquant sur le sol à chaque marche sautée. Telle une candidate à un jeu de parcours, elle se jeta au sol pour passer la fenêtre de la cuisine qui donnait directement sur le banc d'où sa mère, assise, peignait alors que Mary passait très dignement, la tête haute et le dos droit, faisant fi des "risques et périls" entraînés par cette action qui, selon Alice, aurait pu les faire démasquer. Après une razzia dans le garde manger, Alice et Mary descendirent dans la cave, sous l'impulsion de Mary, afin de quérir une corde et une lanterne pour cette expédition de plusieurs jours en terre inconnue. Joyeuse comme pourrait l'être un jeune chiot, Alice fouilla la cave, qu'elle n'avait jamais exploré auparavant, de fond en combles. Elles ressortirent pleines de suie, au moment même où la mère s'apprêtait à y descendre. En deux temps trois mouvements, Alice était cachée sous les jupons de Mary (la moins sale des deux) avec ses multiples bagages, entraînant chez cette dernière un fou rire incontrôlable.
"Pffff
-Mary?! Que diable faisiez vous là?
-Pffff... Je, hum... Cherchais du charbon pour mademoiselle...Pffff ... Et comme je m'étais légèrement tachée je remontais m'habiller de façon... Pffff... Convenable...
-Eh bien faites! Et cessez donc de pouffer ainsi ce n'est point poli.
-Pff... Oui mère... Pffff... C'est que je... Souhaite éternuer!
-... Eh bien? Qu'attendez-vous?"
La mère la regarda partir, contemplant avec perplexité sa démarche de canard.
Une fois hors du champ de vision de sa mère, Alice sortir de sa cachette et courut (encore) pour s'étaler, suivie de peu par Mary, sur son grand lit, des larmes de rire plein les yeux.
"Comme c'était drôle! N'est-ce pas mademoiselle?!
-Certes oui mais, pour l'amour de Dieu, appelez moi Alice, et surtout, tutoyez moi!
-Je ferais ainsi si vous faites de même.
-Dans ce cas, faisons cela!" Répondit Alice, tout sourire.

Ayant enveloppé la nourriture, la corde et la lanterne dans un torchon, Mary décréta qu'il était temps de monter chercher un bâton au grenier afin de porter ce baluchon improvisé. Alice, farfouillant de-ci de-là, finit par découvrir une vielle boîte à chaussures emplie de babioles en tous genres. Se penchant au dessus de ce nouveau centre d'intérêt, Mary et Alice les contemplèrent avec un intérêt certain: ces bibelots en métal doré avaient de quoi attirer l'attention. Elles les sortirent avec précautions et ouvrirent une magnifique boussole dont les aiguilles ciselées semblaient appeler à l'aventure. D'un commun accord, elles l'ajoutèrent aux affaires qu'elles avaient décidé de prendre. Alice aperçut finalement un bâton de marche, posé en équilibre en haut d'une armoire imposante, qui semblait avoir traversé les époques. Se faisant cette remarque, Alice interpella Mary:
"Pouvez, pardon, peux-tu me faire la courte échelle pour que j'attrape ce bâton s'il te plait?
-Bien sur!" Elles s'approchèrent de l'armoire, la trouvant immense une fois à son pied. Une fois qu'Alice était montée, sur la pointe des pieds, en équilibre sur les épaules de Mary elle tendit les bras, s'allongeant plus encore. Mais quand, soulagée d'avoir enfin pu attraper ce bâton, elle se relâcha, leur précieux équilibre fut rompu et c'est de peu qu'Alice évita la fracture du coxis, retombant, par chance, sur un vieux matelas à ressorts éventré. Mary,quand à elle, était couverte de papiers qui semblaient tombés du haut de l'armoire entraînés dans la chute du bâton. Alice, riant franchement, tendit sa main à Mary qui la saisit avec reconnaissance:
"Il me semble que nous avons fait des folies...
-En effet, mais que sont ces dessins?
-Je ne le sais pas moi même: il sont tombés en même temps que nous... Tiens! Il y a une carte!
-Oh! Fais voir! Ah flûte! C'est écrit en anglais... Sais-tu lire l'anglais Mary?
-Cela ne faisait-il pas partir de tes leçons?" Répondit cette dernière avec un sourire malicieux.
"Ne m'en parle pas..." Répliqua Alice sur le même ton.

Ramassant les dessins, Alice consentit à lire le titre de la carte "wonderland"... Ce mot évoquait comme de lointains souvenirs, elle l'avait peut être déjà entendu dans les récits de sa sœur, ou dans la bouche d'un inconnu, elle ne savait plus... Et puis peu importait, elles avaient déjà une exploration à gérer.
La cloche du souper retentit alors qu'elles étaient dans l'escalier menant au grenier d'où elles venaient. Alice regarda Mary et lui tira la langue, un air de défis sur le visage avant de dégringoler les escalier, posant les affaires dans la grande chambre pour descendre, sans chaussons, à la salle à manger. Elle était à peine en bas qu'elle s'était fait doubler par Mary, qui ne comptait pas se laisser faire.
"Mary? Alice? Que faites vous ainsi accoutrées? Que sont ces fripes sur votre dos? Voulez vous bien changer cela immédiatement s'il vous plait?!
-Mais mère...
-Il n'y a pas de "mais" qui tienne! Remontez de suite vous baigner, vous dînerez ensuite toutes deux dans la cuisine, et vous, Mary, devriez être plus responsable...
-Oui mère, je m'excuse...
-Cela suffit maintenant. Pressez vous."

Une fois dans le couloir surperieur, Alice regarda Mary avec une moue boudeuse:
"Tu vas vraiment devenir plus sérieuse comme t'as promis?"
Mary répondit avec un sourire malicieux:
"La dernière à la salle de bain à perdu, tous les coups sont permis!" Et partit en courant après lui avoir fait un croche patte. Alice partit à sa suite, riant de bon cœur.
Après une course mouvementée qui se termina par un bain froid (elles avaient vidé le chauffe-eau à force de bains intempestifs), elles descendirent manger dans la cuisine, chahutant comme de jeunes chiots le feraient.
Suite à cela, elles remontèrent en trombe, prétendant partir se coucher. Cependant, elles avaient de l'énergie à revendre et ne semblaient pas envisager un sommeil immédiat. Se précipitant dans le dressing d'hiver qui n'était pas encore utilisé car on était encore à la fin de l'automne, et en sortirent des pelisses lourdes et soyeuses, et autres vêtements adaptes au froid dont elles se vêtirent, partant chacune avec un change comme stipulé dans les rares lignes qui apparaissaient lisiblement. Elles éteignirent la lumière, attendant le passage de la mère, puis descendirent dans le jardin avec leur baluchon, par la ou elles étaient descendues dans la journée. Les lampes du salon et de la cuisine éclairaient encore le jardin suffisamment pour s'y déplacer et regarder la carte. Elles trouvèrent, non sans un peu de mal, l'endroit indiqué par la carte et attendirent... Attendirent...
Pour se distraire, Alice et Mary admiraient l'écorce du tronc centenaire aux racines noueuses et crevassées par les intempéries. Parcourant du doigt ce qui lui semblait être un dessin, Mary déchiffra: "appelez le lapin blanc" interloquée, elle l'annonça à Alice qui fouilla dans le baluchon pour en sortir la montre à gousset. Tentant de l'ouvrir, elles récupérèrent la dernière clef qu'elles avaient trouvé pour l'insérer dans la petite serrure. Au moment même où la montre s'ouvrait, un lapin en costume, couvert de terre sortit en trombe d'un trou entre les racines. Attrapant sa montre dans la main des jeunes filles ébahies, il y jeta un œil avant de s'écrier:
"Je suis en retard!"
Et de repartir ventre à terre d'où il venait. Les deux filles le suivirent, passant étonnamment sans difficulté.



Voilà un chapitre un peu plus long que les précédents mais qui arrive très tard et je m'en excuse en vous remerciant de me lire^^

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