#3-A l'interieur de la cassette
Alice glissa la clef dans la serrure et tenta vainement de tourner mais n'y parvint point tant le mécanisme était grippé. Mary sortit en précipitation, pour revenir, quelques minutes plus tard, un pied de biche à la main.
Retroussant ses manches, Mary glissa le pied de biche dans la fente et, demandant à Alice de tenir la cassette, appuya de toutes ses forces, brisant le cadenas. Le couvercle se souleva d'un coup, faisant sursauter la blondinette; et dévoila son contenu à ces deux paires d'yeux curieux. Il y avait à l'intérieur diverses babioles: un flacon de potion, une montre à gousset, un petit papier, une carte et une grosse clé en étain. Il y avait, sur le flacon, une étiquette entièrement couverte d'une fine écriture. L'encre était comme diluée par le temps et tout ce que l'on pouvait encore lire, n'était qu'une pauvre ligne qui ne laissait pas comprendre grand chose:
"Potion pour décroître"
Interloquée, Alice le deposa sur le côté avant de se saisir de la lourde montre à gousset sur laquelle était gravé, finement calligraphié, "lapin blanc". Intriguée, elle voulut l'ouvrir mais ne pu point. Fronçant les sourcils, Alice passa la montre à Mary sur un mouvement d'humeur et celle ci lui fit remarquer judicieusement:
"C'est qu'il y a une serrure! Ne l'aviez-vous point vue?
- Certes non en effet!
- Allons bon! Voilà que vous êtes contrariée à présent! Détendez vous voyons, et soyez plus patiente...
- Vous avez bien raison Mary, après tout, rien ne presse!!
- Bon. Il nous faut dès à présent trouver une clef qui permette d'ouvrir cette montre... N'y a-t'il rien de ce genre dans la cassette?
- Non, rien qu'une énorme clef en étain, un papier, une carte, et ce que je viens d'en sortir.
- J'imagine que la clef ne correspond pas...
- Hélas non, je le craint...
- C'eût été trop facile... Mais qu'y a-t'il sur le papier?
- C'est une lettre de ma soeur, je la lirais plus tard. Nous n'avons plus qu'à nous rendre au lieu indiqué par la croix,
- De quoi parlez-vous?
- Eh bien sur la carte!
- En effet, celle-ci semble représenter le jardin...
- Qu'attendons nous?!"
Alice se leva et se dirigea vers la porte avant de se raviser et de marcher jusqu'à la fenêtre. Elle l'ouvrit et, regardant vers le bas, esquissa un sourire espiègle.
"Nous ne pouvons passer par l'entrée, mère nous reprendrait de suite, mais nous pouvons sortir par ici, après tout, nous ne sommes qu'au premier étage..."
Mary lui jeta un regard inquiet mais Alice s'était déjà mise en mouvement et avait ouvert la porte pour aller chercher la grosse corde rouge qui tenait de rambarde aux escaliers menant au grenier.
Elle rentra sa chambre, son lourd fardeau dans ses bras et l'accrocha avec difficulté à la barrière du balcon tandis que Mary, craignant que le bruit engendré n'alerte la mère, refermait la porte.
Mary s'approcha de l'installation précaire avec méfiance tandis qu'Alice accrochait la cassette refermée, un panier et un Opinel© à sa ceinture, ressemblant désormais à un vendeur ambulant. S'accrochant à la corde, elle commença à descendre, ne tenant que grâce à ses bras. Elle se laissa glisser et atterrit au sol, ses chaussons déjà trempés par la neige qui le couvrait. Mary, peu confiante, entama sa descente. Mary n'avait qu'un an de plus qu'Alice mais la responsabilité l'avait rendue plus mature pour son âge, et plus raisonnée. Elle atterrit finalement sans encombres dans la neige froide, ses pieds seulement couverts par de petites ballerines s'enfonçaient sous la fine couche gelée. Tout de suite, elles furent transies de froid et, se mettant à courir, elles frottèrent leurs mains en soufflant dessus. Elles coururent jusqu'à l'endroit indiqué sur la carte et Alice, dont les chausson rembourrés gorgés d'eau ralentissaient la course, les laissa en route, courant pieds nus dans la neige. Le froid la faisait se sentir vivante, et libre... Arrivée au lieu recherché, Alice dégagea de ses doigts gelés, une pelle enfouie sous la neige et Mary l'aida à remuer la terre jusqu'à trouver où creuser. Lorsqu'elles eurent terminé de creuser, Alice dégagea une seconde cassette dont la serrure semblait correspondre avec la clef trouvée auparavant. Un grand sourir étalé sur ses lèvres, elle s'était mise à courir dans l'autre sens, entraînant Mary qui portait la cassette dans sa course. Elle passa à l'endroit où elle avait largué ses chaussons et les ramassa sans difficulté, sans jamais cesser de courir. Elle arriva devant le majordome toute essoufflée, ses cheveux blonds ébouriffés, ses chaussons dégoulinants à la main et ses joues rouges dont la couleur faisait ressortir celle de ses yeux bleus. Mary arriva derrière et, riant de cette course folle, elle passèrent telles des duchesses sous le sourcil interrogateur du majordome qui leur tenait la porte. Elle passèrent dans l'entrée en pouffant et montèrent les escaliers en riant et courant pour éviter une sanction. Elle ne s'arrêtèrent qu'une fois arrivées dans la salle de bain et Alice se déshabilla en un rien de temps tandis que Mary préparait le bain, et , une fois dedans, Alice tira vivement Mary par le bras et celle-ci se retrouva dans le bain toute habillée. Ne râlant que pour la forme, elle se déshabilla aussi et elles se lavèrent mutuellement. Une fois propres et habillées, elles descendirent et mirent la table pour le déjeuner, jouant à chat au milieu de la vaisselle.
Le déjeuner passa vite et, bientôt, elles remontaient dans la chambre d'Alice pour y ouvrir la cassette. Cette fois ci, pas besoin de pied de biche, la clef tournait comme on coupe du beurre.
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