#1-Départ et prise de responsabilités

Nous y voilà. Trois ans plus tard et ça y est, c'est le grand jour. Alice va voir partir sa grande sœur pour Londres car celle-ci, désormais âgée de dix-neuf ans, va y poursuivre ses études.
Leurs parents, les pressant de faire leurs adieux, semblent stressés, sans doute l'heure du train arrive-t-elle à grands pas, ne laissant point place à de plus longues embrassades.
Soudain, à grands coups de sifflements, le train entre en gare à toute vitesse, faisant voler les lourds vêtements de velours, ceux que l'on ne met que les dimanches hivernaux, lorsqu'il fait si froid que l'on peut voir les grenouilles prises dans la glace de la mare au fond du jardin et que l'herbe blanche de givre crisse sous les pas comme le feraient des graviers.
Alice laisse partir sa grande sœur dans le train, ce train qui a maintes fois traversé la campagne enneigée tandis que cette dernière, alors que le train part en crachant sa fumée noire, lui crie, comme une promesse de retour prochain, qu'elle lui écrira, et qu'elle lui en racontera encore, des histoires, que malgrès le temps qui passe trop vite et la distance, elle sera toujours là pour l'épauler et la pousser à voler de ses propres ailes.
Enfin, lorsque le train et sa fumée noire ont disparu à l'horizon, que les larmes, sur la jour d'Alice, ont séché et que ses cils perlé d'eau salée ont gelés, les parent, ayant plaqué sur leur visage une mimique triste, partent, rejoignant lentement leur voiture à cheval pour retourner au manoir. Une fois la voiture arrêtée sur le parvis du manoir, Alice sauta du véhicule pour s'apercevoir qu'il neigeait et s'exclama, heureuse:

"Il neige!!" et, courant sous la pluie de flocons par ce froid intense, elle riait, riait de la morsure du froid, de ses pieds gelés, de cette neige qui tombait sur son visage et dans sa bouche que son rire ouvrait et elle riait encore lorsque, à force toujours tourner sur elle même telle une toupie, elle tomba allongée dans l'immense étendue déjà immaculée malgrès le fait qu'il ne neigeait que depuis quelques quintaines de minutes, et , battant des pieds et des mains dans cette blanche plaine dont la surface, dénuée de traces de vie, n'était troublée que par ses propres traces, elle dessina soigneusement un ange. Lorsqu'elle se fut relevée, elle admira un instant la trace qu'elle avait fait avant de repartir, satisfaite de son ange et c'est ainsi que, toute de neige vêtue, elle se présenta à sa mère qui l'appelait de l'intérieur de la maison.

Arrivée dans l'entrée, elle s'ébroua afin de faire tomber de son manteau toute la neige qui y était restée, tapant ses bottines crottées l'une contre l'autre tandis que sa mère pestait contre ses mauvaises manières. Une fois en jupon, Alice courut jusqu'à la salle de bain où Mary, sa bonne, avait préparé un bain bien chaud comme elle les aimait, faisant même mousser l'eau avec un fouet de cuisine pour lui faire plaisir.

Une fois qu'Alice se fut glissée dans l'eau brûlante qui emplissait la baignoire, Mary, armée de son éponge se mît à frotter vigoureusement le dos d'Alice pour la nettoyer.

Alice sortit de son bain au son de la cloche qui annonçait le dîner et, séchée, dévala les grands escaliers de marbres pieds nus pour arriver, les joues encore rouges du bain qu'elle avait pris et les bras nus, ce qui laissait apparaître la chaire de poule qu'elle avait à cause de l'arrivée récente de l'hivers dans le grand manoir dans lequel le système de chauffage mettait un peu de temps à se mettre en route. À peine fut-elle arrivée à table qu'elle s'en fit renvoyer par sa mère qui lui ordonna de se couvrir plus, ce sans quoi elle aurait attrapé la crève.

Le souper terminé, elle fut envoyée au lit et s'étant couchée, la vérité lui retomba dessus: il n'y aurait pas d'histoire ce soir, ni demain, ni à aucun de ses couchers à partir de maintenant, et, désemparée, elle se mit à sangloter seule dans son grand lit, se rendant compte à quel point la grande chambre était vide désormais. Elle sentit soudainement une caresse sur sa tête, et vit apparaître, à la lumière d'une bougie, le visage de Mary. Celle-ci déclara:

"Ne pleurez plus, mademoiselle, votre sœur vous a laissé une lettre, une histoire y est contée...

-Oh Mary! Comme je vous apprécie, vous êtes un ange!!

-Je ne suis pas très douée mais... Voudriez-vous que je vous lise le récit?

-Oh oui comme ce serait plaisant!! Tenez, asseyez-vous à coté de moi et allumons la lumière pour que nous puissions voir le contenu de cette lettre... Mais, à propos, ou était elle rangée?

-Elle était simplement dans la poche de votre pardessus...

-Eh bien Mary, vraiment vous êtes parfaite: vous pensez à tout et êtes si bonne avec moi...

-Mhmm... Lisons cela..."

Une fois le récit lu, Alice s'endormit paisiblement dans les bras de Mary qui tenait désormais le rôle d'une amie, celui d'une sœur et celui qui aurait dû revenir à cette mère, trop occupée bien qu'aimante.

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