Chapitre 10

Je me réveille avec un mal de tête infernale. Je constate que je suis seule dans le lit et habillée. C'est un bon point de départ. Je ne me souviens de rien hormis le début de soirée. Les éléments me reviennent petit à petit. D'abords mon arrivée pas très classe, la remise en beauté dans la chambre suivi de l'arrivée de Maceo. Le besoin de boire et le garçon très mignon qui m'a accompagné dans ma beuverie. C'était quoi son nom déjà ? Antonin ? Anthony ?

Un petit papier est posé sur le lit, un numéro de téléphone est écrit dedans. J'imagine qu'il appartient au garçon mignon. Je le met dans mon soutien gorge avant de chercher mon téléphone. Il est 11h et quart. Inutile d'aller en cour pour aujourd'hui donc.

Je me décide à me lever et cherche la salle de bain. Par chance je la trouve rapidement. J'attrape le dentifrice et me lave rapidement les dents avec mon doigt. Il faut que j'enlève cette haleine alcoolisé rapidement.

Cette nuit j'ai vraiment foiré. Au lieu de prendre des renseignements je ne me souviens d'absolument rien. Le trou noir. Par moment des bribes me reviennent mais rien de très concret. Je descends en bas et trouve encore pas mal de personnes en train de dormir par terre, ou avachi sur des tables. Je vois une fille qui essaie de nettoyer mais je ne m'arrête pas. Je n'irai pas aider ce petit con de Maceo en nettoyant sa baraque.

Je rejoint le parking et j'ai la chance de découvrir que mes pneus ont été crevés. Je me retourne et constate que d'autres voitures ont subis le même sort. Ce n'était pas une attaque personnelle c'est déjà ça.

J'appelle donc la dépanneuse qui met 20 minutes à arriver. Le chauffeur m'assure que ça arrive tout les mercredis et les samedis à cet endroit. Lui adore ça, il remonte considérablement son chiffre d'affaires. S'en parler des vacances.

Il finit de changer ma roue et me conseille d'en acheter une de secours. J'écoute son conseil et me dirige vers un garage.

Il doit être midi et j'ai assez faim. Mais je préfère être prudente et m'y rendre sans plus attendre.

Je trouve un garage plutôt proche grâce à une application sur mon téléphone.
Le garage est lugubre, très isolé. Je m'avance dans la pénombre mais ne vois personne. Je me dis que c'est fermé et j'hésite à faire demi-tour quand j'aperçois une personne sortir de dessous une voiture. Je reconnais immédiatement les cheveux bruns en batailles, la barbe et les lunettes. Antoine. Nous sommes jeudi, on a pas cour le matin, mais j'ignorais qu'il travaillait dans un garage. Il me regarde, interloqué. Il s'interroge sur la raison de ma présence ici. Je me lance et lui explique.
- Salut, j'aimerais acheter des roues de secours pour ma voiture.
- Ok, c'est quoi le modèle ?
- Euh... j'en ai aucune idée.
- Montre moi.
- Ok.

Nous sortons du garage pour retourner vers ma voiture. Le soleil me pique les yeux au début. Je m'adapte vite à la lumière.

- Ah oui, très bonne voiture.
- Merci Antoine.
- Je vais te faire un devis, je n'ai pas les roues en stock il va falloir que je commande ça te va ?
- Oui oui super.
- Tu as un budget ?
- Euh non aucun. L'argent n'est pas un problème pour moi.
- Ok..

Il m'emmène au fond du garage vers un petit comptoir, où est posé un ordinateur.

- Tu travailles ici souvent ?
- Quelques fois.
- C'est à dire ?
- Quand mon père est malade.
- Bon, on ne va pas tourner autours du pot, c'est quoi ton problème ?
- Aucun.
- Vraiment ? Car lors de mon arrivée au bahut t'étais vraiment un gars cool et gentil et là depuis mon histoire avec Maceo on dirait bien que tu me fais la gueule. Mais je ne vois aucune raison apparente.
- Exactement.
- Comment ça exactement ?
- La raison n'est pas apparente te et je ne peux rien te dire, mais si tu ouvrais les yeux tu verrais.
- Mais c'est quoi votre problème ? Personne ne veut rien me dire dans cette ville. Comment je suis sensé ouvrir les yeux avec tout vos mensonges ?
- Si tu ne peux pas ouvrir les yeux par toi même, cesse au moins de faire confiance à tout le monde.
- Confiance à tout le monde ? Tu me crois peut-être naïve, pour je ne sais quelle raison, mais met toi à ma place. Je débarque dans un lycée ou tout le monde me dit de me méfier de tout le monde. Comment je suis sensé savoir en qui faire confiance ? Je ne lis pas dans les pensées je te rappelle.
- Ok.. voyons, combien de personnes t'ont dit de te méfier de Maceo ?
- Deux.
- Se connaissent elles ces deux personnes ?
- Pas d'apparence.
- Et Maceo, t'a t'il mit en garde contre ces deux personnes ?
- Plus ou moins.
- Alors réfléchis. Pourquoi continuer à le croire ?
- Je ne le crois plus. J'ai vu quelque chose hier qui m'a suffit.
- Super. Ta roue de secours coûte 200$ ça te va ?
- Oui.
- Parfait. Passe une bonne journée on se voit au lycée.
- T'es sérieux ? Tu continue à faire la gueule ?
- J'ai du travail.
- Mais bien sûr.

Je lance en sortant. Je n'arrive pas à croire ce qu'il a osé dire. Oui Maceo n'est pas celui que j'imaginais. Oui plusieurs personnes m'ont mises en garde contre lui. Mais dans l'histoire je n'y suis pour rien. M'ignorer ne changera rien. Je démarre en trombe. J'en ai marre j'ai besoin de me changer d'air.

J'arrive au centre commercial, second lieu de résidence, et me dirige tout droit vers un restau. J'y commande un plat de magret de canard avec des frites. Je tente ensuite quelques boutiques mais je ne trouve rien d'intéressant. Mon après-midi ne fait que commencer et je m'ennuie déjà. Je décide d'aller me vider l'esprit. Mon mal de tête et mes nausées sont partis mais je rumine mes mauvais souvenirs. Je me rends donc sur la plage et fait le tour de la côte à pied. Une petite boutique longe le sable. C'est une assez grande cabane en bois. On y trouve principalement des planches de surf, des combis, ou des accessoires de kite surf. Je tombe sur un maillot de bain très mignon. Je paye la caissière. Quand elle me rends la monnaie j'aperçois une encre de marine tatoué à son doigt. Andrea a exactement le même au même endroit. Pourtant elles ne semblent pas avoir de liens de parenté. Andrea est très pâle de peau alors que la caissière est plutôt bronzé. Je lui demande si c'est une simple coïncidence où si elles se connaissent. Elle me dit que c'est la première option comme si elle se débarrassait de ma question. Il faudra que j'interroge mon amie à ce sujet.

Il est l'heure de rentrer pour mon entraînement quotidien. Heureusement je n'ai plus la gueule de bois. Frédéric me fait encore mal, me soulevant et me retournant à sa guise. Je me retrouve catapulté contre le mur une dernière fois avant qu'il ne se décide à me laisser partir.

Je monte directement me doucher. L'eau qui coule sur ma peau est chaude et apaisante. Elle brûle un peu sur mes blessures mais ça reste supportable. Je sais que je pourrais y mettre un terme mais j'ignore comment. Et personne ne semble déterminer à me donner le secret. En fait je pense même que Frédéric hésite à me considérer comme une cause perdu. Moi même je pense en être une.

J'attrape une serviette et me sèche les bras. Je regarde l'étendu de mes blessures et un souvenir ressurgit.
"- Qui t'a fait tout ces bleus Alia ?
- C'est.. hum... compliqué...
- Tu connais cette personne oui ou non ?
- Plutôt oui je dirais.
- T'a porté plainte j'espère ?
- Non je ne peux pas..."

Oh merde. Antonin, Anthony, ou peut importe pense que je me fait battre par un parent. Il est si proche de la vérité sans le savoir. Je ne peux pas le rappeler. Ça consisterait à détruire ma couverture. Je fonce dans ma chambre et supprime le soutien gorge dans lequel il était resté. Je déchire le papier et jette les morceaux dans la poubelle.

L'heure du dîner me force à descendre. Frédéric, déjà à table, m'attends. Je ne suis pas en retard et il semble satisfait.

- Frédéric ?
- Oui ?
- Tout d'abord, bon appétit.
- Merci toi aussi, et ensuite ?
- Pourquoi Brad a démissionné ?
- Il fouillait dans ta chambre, je l'ai, disons, remis à l'heure.
- Comment ça, il fouillait ?
- En réalité il essayait juste d'entrer en forçant la serrure. Mais je préfère prendre des précautions. D'autres questions ?
- Euh non aucune. Merci de veiller à ma sécurité.
- Je ne veille pas à ta sécurité. Je m'assure juste de ne pas rater la mission.
- C'est un domaine très important pour vous.
- Oui surtout quand on doit en plus s'occuper de quelqu'un d'inexpérimenté.
- Merci...
- Il faut que tu retravaille ta technique, sinon j'intensiefierai tes entraînements.
- En parlant de ça, pourquoi ne pas les rendre plus facile et plus ludiques ? Je suis sûre que ça marcherait aussi bien.
- Non. Un jour une personne m'a dit : "donne toujours le meilleur de toi même, et le reste te semblera toujours plus simple. " J'applique juste cette règle de base.
- C'est vrai ? Ma mère aussi disait ça. Selon elle, c'est la première règle à apprendre au sein de l'agence.
- Non pas la première règle. L'une d'entre elle mais pas la première.
- Oui, règle n°1 : Ne jamais tourner le dos à son adversaire. Retenue.
- Et la deuxième ?
- Ne faire confiance à personne.
- Finalement tu retient. On place donc la règle de ta mère en numéro trois. N'oublie jamais ces trois règles d'or. Ne débarrasse pas, j'ai contacté un nouvel homme de ménage. Il passera demain et s'occupera de tout ça. Bonne nuit.
- Merci vous aussi Frédéric.
- Merci. Oh, et pour dimanche, écrivez moi un rapport sur vos affinités et les informations que vous avez recueillis cette semaine. Il faut qu'on établisse une stratégie.
- C'est noté !

Je file dans ma chambre. Je démarre mon PC et je vois 15 messages.
Deux de Maceo qui tente de s'excuser. Je n'y réponds pas. Trois d'Andrea qui s'inquiétait de ne pas me voir en cours. Je la rassure et lui promet d'être présente le lendemain.
Plusieurs messages pour me rappeler le fête de la veille, et pour me dire que c'était génial. Le dernier message est d'Antoine.

"Je me suis peut-être un peu emporté tout à l'heure, sincèrement désolé. Amis ?"

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top