Chapitre 18

-Aleyna, ma belle, réveille-toi ! Il est l'heure.

Encore somnolente, je m'étire et me lève du lit pour m'empresser d'aller me préparer. Je me dirige vers le fond de ma petite chambre pour m'emparer d'une des robes posées sur ma chaise. Une fois habillée et coiffée, je quitte ma pièce de sommeil et me retrouve dans la modeste salle à manger de notre maison où je retrouve Hikétis qui m'attend pour commencer à déjeuner. 

Je lui fais un grand sourire quand nos regards se croisent et vais m'asseoir en face d'elle.

-Il nous faut nous dépêcher, le soleil est déjà levé depuis quelques temps.

Nous nous pressons d'avaler notre nourriture et sortons de notre logement pour nous rendre sur notre lieu de travail. Nous sommes serveuses dans la seule auberge du village. Il y a deux semaines, lors de notre arrivée, un membre de la famille de Hikétis a accepté de nous embaucher. 

Eusèbe, le propriétaire du restaurant, est le cousin de mon amie et sa seule famille. Leur antécédent familial est, il faut le dire, assez compliqué. L'oncle de Hikétis a quitté la maison familiale peu après la naissance de son fils pour s'installer ici et fonder son auberge. Il a eu énormément d'inspiration en faisant ça car, quelques années, le village qui l'a vu naître s'est fait attaquer par des brigands qui ont violé, vendu ou tué tous les habitants.

En apprenant cette nouvelle, le père de Eusèbe, déjà malade, s'est retrouvé très affaibli et est mort le soir-même. Sa femme, meurtrie par la perte de celui qu'elle aimait, a préféré le rejoindre en se donnant la mort. Voilà comment, à peine entré dans l'adolescence, ce petit brin d'homme s'est retrouvé orphelin et a du devenir totalement autonome. 

En entrant dans l'auberge, nous sommes accueillies joyeusement par les quelques membres de l'équipe. Ils sont tous  tellement gentils ici, personne ne nous a demandé d'où ont venait, ils ont comprit sans problèmes que nous étions en fuite mais ils ont accepté de nous aider.

Nous nous mettons rapidement au travail et, tandis que je suis occupée à passer le balais dans la salle, les premiers clients arrivent. Le service se déroule tranquillement, nous ne sommes pas complet et je peux prendre de courtes pauses pour me reposer. 

Je tente de ne pas le montrer mais Nicomède me manque tellement... Je ne pourrai pas le voir tant que le roi sera à ma recherche et je ne peux même pas prendre de ses nouvelles, savoir si il va bien, si il a refait sa vie. Et si, pendant ma captivité, il s'était trouvé une femme plus belle et plus intelligente que moi ? Ce ne serait pas étonnant mais rien que d'y penser, mon cœur se serre et une envie de pleurer apparaît.

-Hey, attention !!

Perdue dans mes pensées, je n'ai pas fait attention à mon environnement et je n'ai pas remarqué que j'étais sur le point de rentrer dans un client. En tentant de l'éviter au dernier moment, je trébuche et tombe au sol, détruisant au passage les deux assiettes que je tenais et renversant leur contenu par terre.

Je sens que tous le monde me regarde et je tente de contenir la rougeur qui s'installe sur mes joues. Quelle maladroite !! J'étais heureuse, cela faisait quelques jours que je n'avais rien cassé et voilà que ça arrive devant toutes ces personnes. 

J'entends des petits ricanements mais je vois aussi quelques personnes se presser à mes côtés dans le but de m'aider. Tandis que je suis sur le point de me lever pour nettoyer mes dégâts et que beaucoup m'ont oublié et sont retournés à leurs conversations, la porte du restaurant s'ouvre brusquement pour laisser entrer un homme paniqué.

-La garde royale est ici !! Ils réunissent tout le monde dans les bâtiments et interdisent à quiconque de sortir !

Je me crispe en l'entendant... Je sais très bien ce que signifie cette visite, il n'y a aucune chance pour qu'ils soient à la recherche de quelqu'un d'autre que moi dans un lieu si perdu. Paniquée, je cherche Hikétis du regard mais ne la trouve pas dans la foule affolée. 

Soudain, je me fais tirer en arrière par une main puissant et me fais emporter rapidement dans les cuisines. J'ai, durant un millième de secondes, une étrange impression de déjà-vu mais je préfère la mettre de côté pour me concentrer sur l'urgence de la situation. 

Dans la pièce remplie de chaleur et de plats en préparation m'attendent Hikétis et les autres employés. Derrière moi se trouve Eusèbe, qui m'a conduite jusqu'ici. Ils semblent tous inquiets pour moi et j'en vois même un se ronger les ongles d'anxiété.

-Nous allons accaparer leur attention et pendant ce temps vous sortirez par derrière, d'accord ? Des chevaux vous attendent près de la porte, nous sommes parés à cette situation depuis longtemps, déjà.

Je lui fais un signe de tête en guise de remerciement mais n'ai pas le temps de prononcer quoi que ce soit car, déjà, les gardes pénètrent dans l'établissement bruyamment. 

-Bon ben... Souhaitez-nous bonne chance, les filles, et à bientôt, je l'espère !

Après un dernier regard d'encouragement, il se retourne pour se rendre en salle, accompagné par tous ses employés. Je suis triste de me séparer d'eux de manière si brusque mais nous n'avons pas le temps pour être sentimentales et nous nous empressons de passer la porte pour nous retrouver à l'arrière du restaurant.

Nous nous mettons à chercher nos chevaux du regard mais nous ne les trouvons pas.

-Bizarre... Ils étaient bien là ce matin, pourtant ! Je suis même allée les nourrir...

-C'est ça que vous cherchez ?

Je frisonne d'horreur en entendant cette voix grave et me retourne avec appréhension, terrifiée rien que par l'idée de le revoir. Il n'a pas changé en deux semaines même si il semble, néanmoins, bien plus fatigué qu'avant. Le sourire qui plane sur ses lèvres me révulse et je n'ai qu'une envie, celle de m'enfuir en courant et de ne plus jamais le voir. 

Mais je n'ai le temps de songer à cette idée bien longtemps car des gardes s'approchent de nous, sous l'ordre de leur roi, et nous arrêtent.  Ils nous forcent à marcher à la suite de Rhigos et nous nous dirigeons vers la place maintenant remplie de monde.

Sur la grande scène utilisée pour les distractions en tout genre se trouvent quelques personnes qui me semblent familières de loin. En me rapprochant, je peux reconnaître tous mes collègues et amis et, quand les gardes décident d'emmener Hikétis à leurs côtés, je m'agite.

-Non, non !!! Laissez les tranquille ! Je vous en prie, laissez-les !

Je jette un regard suppliant à Rhigos qui se tient à mes côtés mais il n'en a cure. Il préfère approcher ses lèvres de mon oreille pour me murmurer des paroles remplies de haine.

-Voilà ta punition, ma chère... Voici ce qui arrive quand on me désobéit.

Je frissonne d'horreur en comprenant où il veut en venir et, quand un soldat vient se placer derrière chacun des condamnés et qu'un autre les retient agenouillés sur le sol, je me mets, à hurler, attirant l'attention sur moi.

-Tout mais pas ça !!!! Hikétis ! Tu ne peux pas me laisser !! Arrêtez ça, ne faites pas cette horreur, ils sont innocents !!

En m'entendant, mon amie lève les yeux sur moi et prononce une phrase que je n'oublierai jamais.

-Aleyna, sache  que je n'ai aucun regret ! Je t'aime et...

Elle n'a pas le temps de finir avant que le garde derrière elle n'abaisse son arme dans le but de lui trancher la tête. Je n'ose même plus gémir en voyant la tête de chacun de mes amis rouler sur le sol. Je me retrouve paralysée d'horreur et c'est dans cet état que je me fais reconduire au palais pour faire face à nouveau à l'enfer.

°°°°°°°°°°°°

Dur, dur, tout ça... Même moi je me trouve super cruelle quand même !!

Rhigos n'a aucun cœur et j'en viens moi-même à le détester alors que je l'ai créé XD

Bon, j'espère ne pas vous avoir tous traumatisés face à la mort de la gentille Hikétis et je vous dit à la prochaine pour une suite qui reste d'être compliquée pour notre chère héroïne.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top