Chapitre 17
Silencieusement, nous parcourons les couloirs du palais tout en priant pour ne pas nous faire remarquer. Aucun de nous deux ne parle, nous nous contentons de suivre en silence notre guide, un des rares gardes me préférant à mon frère.
C'est grâce à son aide que nous avons ou pénétrer en ce lieu qui m'est devenu interdit depuis mon bannissement. Même une fois à l'intérieur, il m'aurait été impossible de retrouver Aleyna tout seul, je n'ai strictement aucune idée de l'endroit dans lequel elle pourrait se trouver.
Arrivés au bout d'un couloir, le garde s'arrête et se retourne pour s'adresser à nous.
-Sa chambre est la seconde de l'allée à droite. Je vais faire le guet pendant que vous allez la chercher.
Nous acquiesçons et nous dirigeons vers la dite pièce. Fort heureusement, elle n'est pas gardée et nous pouvons rentrer directement sans que notre présence soit remarquée. Une fois à l'intérieur, nous sommes surpris de constater que la chambre est vide.
-Nous sommes pourtant en pleine nuit, elle devrait se trouver ici en train de dormir. A moins que...
Des images ne tardent pas à envahir mon esprit, me glaçant le sang. Aleyna allongée dans le lit de mon frère, son roi au-dessus d'elle en train de la forcer et de lui prendre avec violence son dernier lien avec l'enfance.
Tandis que je m'imagine, avec horreur, le visage désespéré et rempli de larmes de mon aimée, je me fais interrompre dans mes pensées sombres par son oncle qui me demande de le rejoindre à la fenêtre. Je lui obéis et, quand je m'aperçois que des draps noués y sont accrochés, mon esprit se calme immédiatement. Je prends la parole avec un soulagement qu'il m'est impossible de masquer.
-Nous avons été idiots de venir la sauver, elle n'avait pas besoin de nous... Quel brin de femme !!
Notre présence entre ces murs étant désormais inutile, nous nous empressons de sortir pour retrouver un lieu sûr. Dans le couloir, le garde est toujours présent à nous attendre mais semble bien plus paniqué qu'avant.
-Le roi s'est réveillé, il a une insomnie et a décidé de sortir donc il y a bien plus de gardes que prévu. Où est la demoiselle Aleyna ?
-Elle a fui. Tu peux retourner à tes occupations mon brave, il est inutile que tu restes avec nous et que tu prennes le risque de te faire accuser de haute trahison.
Il n'hésite qu'une petite seconde avant d'accepter ma demande et de nous laisser après avoir effectué un salut respectueux. Nous nous retrouvons alors seuls et nous nous empressons de reprendre la route. Arrivés devant la grande cour, nous avons la mauvaise surprise de constater qu'elle est remplie de gardes. Nous avons, heureusement, le réflexe de nous cacher derrière un muret avant que mon compagnon ne prenne la parole.
-Il va nous être impossible de traverser tout ça sans nous faire remarquer, votre visage est bien trop connu dans le palais.
Je prends le temps de réfléchir avant de lui répondre.
-Je ne vois qu'une seule solution, je vais attirer leur attention afin que vous puissiez fuir et retrouver Aleyna.
Il conteste aussitôt ma décision.
-Vous ne pouvez être sérieux voyons ! Comment pourrais-je être assez lâche pour vous laisser derrière affronter la punition de votre frère tout seul ?
Je ne tarde pas à lui répondre sans perdre mon sang froid.
-Comme vous l'avez si bien dit, c'est mon frère ! Il a beau être très spécial et cruel, il ne me fera jamais de mal mais vous... Vous, il n'hésitera pas une seule seconde à vous condamner à mort ! Aleyna a besoin de vous, vous ne pouvez pas la laisser seule dans ce monde affreux.
Alors que, convaincu, il fait mine de se relever, des voix se font entendre derrière nous.
-Je ne crois pas que vous ayez le droit de vous trouver en ces lieux, mon prince...
Avec hésitation et appréhension, je me retourne pour faire face au commandant de la garde royale accompagné d'une dizaine de soldats. Je n'ai même pas le temps de tenter une fuite que nous nous sommes déjà fait arrêter.
Je tente de me débattre du mieux que je peux, mais mon effort est vain car les deux gorilles qui me retiennent ne daignent pas relâcher ne serait-ce qu'un peu la pression sur mes épaules.
Du coin de l'œil, je constate que l'oncle de ma bien-aimée semble leur causer bien plus de soucis car il se sont vus obligés de le menacer avec leurs épées pour le forcer à rester calme. Je me sens faible comparé à lui... Je suis de sang royal, c'est le seul pouvoir que je suis censé avoir mais je ne peux même pas protéger celle que j'aime. Lui, de ses simples muscles, il accomplit bien plus que moi.
Nous nous faisons rapidement emmener dans la salle du trône dans laquelle nous retrouvons mon frère assit sur son trône, fier et noble même à cette heure tardive. Je n'en suis pas surpris, il a, depuis notre enfance, de lourds problèmes d'insomnie. J'ai pour souvenir un grand frère rempli d'angoisses qui le réveillent toutes les nuits et qu'il ne peut calmer qu'en s'asseyant sur son trône, le symbole de son pouvoir suprême et de sa supériorité.
Lui, par contre, semble étonné de voir nos deux visages dans son palais, mais un sourire narquois prend vite place sur sa face. Il prend la parole sans tarder.
-Je pensais pourtant avoir été très clair lors de notre dernière entrevue, mon très cher petit frère. Il me semble t'avoir ordonné de ne plus mettre les pieds en ces-lieux mais je suppose que j'aurais dû préciser qu'une lourde punition t'attendait si jamais tu venais à me désobéir.
Je préfère ne pas lui répondre, il est capable de retourner chacune de mes paroles contre moi et il me faut éviter de le mettre encore plus en colère.
-Bien ! Comment vais-je bien pouvoir vous faire payer cet affront ? Il me faudrait une idée originale...
Encore une fois, seul mon regard noir dirigé à son encontre me permet de démontrer l'ampleur de la haine que je ressens envers lui.
-Je pense que je vais demander à Aleyna de m'aider à trouver l'inspiration. Gardes ! Faites appeler ma maîtresse !!
En l'entendant, je me mets à paniquer tout en priant intérieurement qu'elle ait eu le temps de fuir assez loin d'ici pour se mettre en sécurité. Les minutes passent lentement dans un silence lourd et pesant. De la sueur due à ma nervosité coule le long de mon dos et me provoque des frissons, empirant ainsi mes tremblements. Je tente, du mieux que je le peux, de cacher mon affolement mais je sens bien que tous les nobles présents dans la pièce l'ont remarqué car leurs visages sont braqués sur moi et je peux entendre leurs ricanements d'ici.
Enfin, le moment que j'appréhendais arrive et les gardes accourent dans la salle, paniqués.
-Elle a disparu de sa chambre, elle a fui !!
Suite à ces mots, Rhigos se lève de son trône, furieux.
-Comment ça "elle a fuit" ??! Je peux savoir à quoi vous servez si vous ne pouvez même pas surveiller une pauvre gamine ?!
Je ressens l'inconfort chez les nobles et les gardes. Toute trace d'amusement a disparu de leur visage et ils semblent très concernés par la colère du roi qui pourrait leur être fatale. Mon frère est connu pour ses crises violentes et nombre de pauvres hommes en ont payé le prix de leur vie.
-Majesté, ne vous inquiétez pas, je vais envoyer des hommes la chercher, elle ne peut pas être loin.
Je me retourne vers le commandant de la garde royale qui a prononcé ces mots et murmure, pour moi-même, une prière pour que son âme ne finisse pas enfermée dans le Tartare. Je ne lui en veux pas de m'avoir arrêté, il ne faisait que son travail.
Comme attendu, Rhigos s'empare de son épée avant de s'approcher de l'homme qui a osé prendre la parole.
-Parce que tu crois que je vais encore vous faire confiance après que vous ayez prouvé votre inutilité d'une façon si flagrante ?
Tout le monde retient son souffle et, quand il abaisse son épée d'un geste brusque pour s'emparer de la vie de son soldat, plus personne n'ose parler. Malgré la tension présente dans la pièce, il éclate d'un rire gras avant de s'adresser à ses ministres.
-Je n'ai pas besoin de ces mouches, j'irai la chercher par moi-même.
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