Ron et Hermione étaient partis avant moi, et je leur avais dit que je les rejoindrai. Je voulais poser une question à Harry avant de partir.

"- Harry, je dois te parler."

Il restait silencieux, allongé dans son lit d'infirmerie, fixant le plafond.

"- Il y a quelque chose. Quelque chose que tu nous caches à tous les trois et qui s'est passé quand tu étais avec les Détraqueurs, là-haut." Commençai-je, doucement.

Il ferma les yeux alors que je soupirai.

"- Je ne suis pas Hermione... Et je ne suis pas Ron... Je suis ta sœur. On a relativement vécu les mêmes épreuves. Et je te comprends. Tu dois me faire confiance. S'il te plaît."

Il se redressa et me regarda droit dans les yeux.

"- Si je ne t'en ai pas encore parlé, c'est parce que tu risques de paniquer.

- Je ne paniquerai pas." Assurai-je.

"- Jure-le moi.

- Je te le jure."

Il prit une profonde inspiration et releva les yeux vers moi.

"- Il est apparu une seconde fois.

- Qui ?

- Le Sinistros.

- Le Sinistros ? Ce chien noir ?"

Il hocha la tête et je fronçai les sourcils.

"- Je vois en quoi ça peut être mauvais signe, effectivement... Et comment ça, "une seconde fois" ?

- Après avoir fait gonfler tante Marge et fuguer de chez les Dursley, il a failli me faire passer sous les roues du Magicobus." Expliqua-t-il."Et là... Il est apparu pendant que j'étais dans le ciel, avant ma chute. Ça fait deux fois qu'il manque de me tuer."

Je baissai les yeux sur mon bracelet que je triturai avec angoisse.

"- Et puis... Les Détraqueurs...

- Quoi, les Détraqueurs ?

- Je ne comprends pas, Alex. Je ne comprends pas pourquoi on est les deux seuls à s'évanouir à leur contact ! Et encore moins pourquoi ce sont les mêmes choses qui me reviennent.

- C'est-à-dire ?

- Leurs cris."

Je tressaillis.

"- Leurs cris et... Les supplications de maman... Mais surtout... Son rire."

Je tournai la tête, comprenant en quoi il pouvait être perturbé. Chaque cauchemar me mettait dans un état pitoyable. Et cette situation était encore plus dérangeante. Je soupirai, et il attrapa ma main.

"- Je suis heureux que tu sois toujours là."

Je lui souris tristement et il caressa le dos de ma main avec son pouce.

"- Moi aussi... J'aurais aimé que Papa et Maman soient là..."

Harry n'avait pas eu besoin de me répondre que lui aussi de vive voix. C'était comme si je l'avais entendu tant il l'avait pensé.

     J'avais rejoint Ron et Hermione peu après, souhaitant une bonne nuit à mon frère. Les jours passèrent, et bientôt, la date de notre prochaine sortie à Pré-au-Lard fut donnée. Et alors que j'insistais pour rester à Poudlard avec Harry, les jumeaux m'avaient promis qu'il trouverait un moyen de s'amuser, voire même de venir.

"- J'en suis pas si sûre...

- Fais-nous confiance." M'assura George.

"- Et comment vous pouvez en être aussi sûrs, hein ?"

Ils échangèrent un regard et sourirent.

"- On le sait, c'est tout."

     En arrivant dans le village, Fred m'attira un peu plus loin, alors que George s'en allait en souriant.

"- On ne va pas à Zonko avec George ?" Demandai-je, intriguée.

"- Je voulais te proposer un truc juste tous les deux." M'annonça-t-il.

Je fronçai les sourcils et j'eus un sourire en coin.

"- Comment ça ?"

Il tourna la tête vers le village.

"- Un café chez Madame Pieddodu, ça te dit ?"

Je ne pus m'empêcher de rire.

"- Sérieusement ? Pieddodu ? Ça te ressemble très peu, ça.

- Pourquoi pas essayer ?"

Il me tendit sa main que j'observai avant de relever les yeux vers lui, un sourire en coin. Je l'attrapai finalement et il m'entraîna avec lui jusqu'au salon de thé, tout sourire. Lorsque nous entrâmes, je constatai que la décoration était très fleur bleue. Je parcourus la salle des yeux et remarquai qu'il ne restait pas beaucoup de place, mais Fred semblait en avoir trouvé puisqu'il m'attira jusqu'à une table libre. Nous nous installâmes, alors que je restais obnubilée par la décoration et les clients. Il y avait beaucoup de couples ou d'élèves en plein rencard que j'avais déjà pu voir dans les couloirs.

Nous commandâmes enfin et attendîmes que nos cafés arrivent.

"- J'étais jamais venu ici, je t'avoue.

- Oh, moi non plus." Souris-je. "J'en avais entendu parler seulement.

- Par Alazéa ?"

Je secouai la tête.

"- Même pas. Apparemment, c'est le cas pour toi."

Il hocha la tête et tourna les yeux vers la table à côté de nous. La jeune fille venait d'éclater d'un rire aigu et niais. Fred cacha son large sourire de sa main, et je retins un rire moi aussi. L'ambiance du salon était chaleureuse et légère. Et avec Fred, ça n'était qu'encore plus léger. Plus les minutes passèrent et plus nos discussions se firent longues et drôles. J'en oubliais presque de boire ma tasse.

     Deux nouvelles personnes rentrèrent dans le salon de thé, et lorsque je remarquai qui elles étaient, je ne pus m'empêcher de rire et plonger ma tête entre mes mains.

"- Qu'est-ce qui t'arrives ?"

Ils n'avaient pas encore remarqué que nous étions là, mais je savais que ce n'était qu'une question de temps.

"- Regardes qui vient de se ramener. Je vais en entendre parler jusqu'à la fin de ma vie, de ça !" Ris-je.

Il se retourna et constata qui se trouvait là. Cedric et Alazéa avaient apparemment décidé de passer leur temps ensemble chez madame Pieddodu, et mon amie nous remarqua. Son sourire se fit large et elle se tourna vers Cedric avant de nous pointer du doigt. En nous voyant, il incita la blonde à prendre une direction opposée pour nous laisser tranquille. Cedric, je t'aime !

"- Je vois." Rit-il.

     Alors que je tournai la tête en ricanant, je vis un jeune couple en train de s'embrasser, ce qui me fit détourner les yeux. Fred les vit également et nous échangeâmes un long regard et quelques sourires. Il posa une main sur la mienne, ce qui me fit baisser les yeux. Je me mordis la lèvre en sentant mon rythme cardiaque s'accélérer et retournai ma main pour entrelacer mes doigts aux siens. En relevant les yeux vers lui, je pus voir les siens s'illuminer.

"- Je continue de dire que ça ne te vas pas, cet endroit." Ricanai-je, nerveusement.

Il releva la tête vers moi et éclata de rire.

"- Ah ouais ?"

J'hochai la tête.

"- Et moi, je pensais pas que t'accepterais." Avoua-t-il.

"- Ca m'a permis de me changer les idées. Et de passer du temps avec toi au passage." Assurai-je. "C'était à essayer."

Il leva nos mains en les observant. Je lançai.

"- Je pense qu'il est temps de partir. On a assez traîné ici..." Assurai-je.

     Je détachai nos mains et sentis mon cœur décélérer pour reprendre un rythme normal et nous nous levâmes pour payer nos boissons. Alors que nous étions sortis du salon de thé, nous partîmes en direction des Trois Balais. Apparemment, c'était là qu'étaient George et Lee. Mais en arrivant devant, je constatai qu'Hermione et Ron s'y trouvaient, assis là, à attendre quelque chose en silence. Je fronçai les sourcils.

"- Fred ?"

Il se retourna vers moi alors qu'il était sur le point d'ouvrir la porte.

"- Je vais voir si je vous rejoins ou non, mais je vais d'abord avec Hermione et Ron. Ça te dérange pas ?

- Non, bien sûr. Tu fais ce que tu veux."

Il approcha sa main de mon visage et replaça une mèche derrière mon oreille, ce qui sembla me réchauffer les joues. Je détournai les yeux en souriant, et il me glissa qu'ils iraient sûrement à Zonko, si jamais je les cherchais. Il s'engouffra alors dans le pub et je semblai reprendre mes esprits. Je me tournai vers Hermione et Ron et leur demanda ce qui se passait. D'abord hésitants, ils acceptèrent finalement de me dire qu'Harry était là, sous sa cape, et qu'il était entré dans les Trois Balais pour aller espionner nos professeurs qui étaient accompagnés du ministre. Merlin, Harry aimait vraiment mettre son nez dans les affaires de tout le monde !

     Soudain, la porte du pub s'ouvrit avec violence, et je sentis qu'on me bousculait. En tournant la tête, je ne vis personne, mais c'est en baissant les yeux dans la neige que je constatai des traces de pas. Je compris alors ce qui se passait.

"- Harry !" L'appelai-je.

Je me mis à le suivre. Il s'était mis à courir pour nous semer plus vite. J'essayai de le rattraper en me mettant à courir sous les appels de ses meilleurs amis qui me demandaient de les attendre sans que je ne les écoute. Les traces de pas m'avaient amenée vers une souche d'où j'entendais des sanglots étouffés. Inquiète, je m'agenouillai à sa hauteur et tendis la main pour lui ôter la cape. Ron et Hermione étaient arrivés derrière, mais restaient en recul.

"- Tu étais au courant..."

Je n'eus pas le temps de lui parler qu'il m'avait coupé l'herbe sous le pied pour me lancer cette phrase. Je fronçai les sourcils, perdue. J'avais l'impression que cela ressemblait à une accusation... Mais je n'avais aucune idée de ce dont il parlait, et je le lui fis savoir.

"- De quoi est-ce que tu parles ?" Demandai-je, calmement.

"- Arrêtes de jouer les ignorantes !" S'exclama-t-il soudainement, tout en tournant la tête vers moi. "Tu étais au courant de ce qu'avait fait Black !"

Je sentis mon cœur accélérer. Quoi ?

"- Tu étais au courant et tu ne m'as rien dit !" Reprit-il, toujours aussi énervé. "Tu ne m'as pas dit qu'il était le traître et tu ne m'as pas dit qu'il était mon parrain !"

Ma poitrine se serra avec force. Et merde.