♦Chapitre 6.

     La première sortie à Pré-au-Lard était arrivée, et nous attendions tous dans la cour de l'école pour le départ au village. Je ne pus retenir un soupir en voyant Harry faire demi-tour après avoir essayé de négocier avec notre directrice de maison, sans succès.

"- Il ne sera pas tout seul." Tenta de me rassurer George.

"- C'est surtout que j'ai de la peine pour lui." Rectifiai-je. "Tout ça à cause de mon connard d'oncle et sa connasse de femme. Il voulait tellement venir à Pré-au-Lard et passer du temps avec Ron et Hermione..."

Il soupira et passa un bras autour de mes épaules en m'assurant qu'il pouvait toujours passer du temps avec Ginny s'il le voulait. Je ne pus m'empêcher de rire. Elle était encore gênée en sa présence, alors je doutais qu'elle reste bien longtemps avec lui. Et surtout, qu'elle trouve un sujet de discussion. Je tournai la tête vers George et lançai.

"- T'es pas obligé de rester avec moi, tu sais ? C'est ton idiot de jumeau qui va pas aimer."

Il tourna la tête vers le concerné qui traînait avec Lee. Je lui lançai un regard et remarquai sa mine contrariée. Je croisai les bras avec satisfaction. Qu'il le soit, contrarié. Parce que moi, j'en avais rien à foutre. Il continua à soutenir mon regard, ce qui me fit souffler. Je sentis ma mâchoire se serrer, et mes yeux auraient presque pu s'assombrir tant mon regard se fit assassin. C'est lui qui détourna le regard avec un haussement de sourcils.

"- Je te trouves un peu injuste avec lui, Alex..."

Je me tournai soudainement vers George qui mit ses mains dans ses poches.

"- Je te demande pardon ?" Répondis-je sèchement.

"- Il ne pensait pas à mal, tu sais. Je veux bien que tu sois contrariée, mais tu lui fais la tête depuis des jours. Vous avez jamais été aussi longtemps sans vous adresser la parole. Il l'avouera jamais, mais ça le peine.

- Qu'il me l'avoue. Peut-être que je reconsidérerai sa sentence.

- Il a essayé de s'excuser une quinzaine de fois déjà."

Je roulai des yeux.

"- Je comprends ce que tu veux faire. Je ferais sûrement la même chose à ta place. Mais je ne suis pas à ta place." Grimaçai-je. "Tu sais, ça te regarde pas vraiment. Si je lui fais la gueule, c'est parce que ça m'a vraiment touché, ok ? Qu'il lise quelque chose que j'ai écrit, c'est une chose. Qu'il lise quelque chose que j'ai écrit à voix haute, devant toute la salle commune, alors que je lui répétais encore et encore de me rendre mon carnet, c'en est une autre."

Il tenta de me couper, mais je l'en empêchai.

"- Je déteste qu'on lise ce que j'écris. Surtout quand je suis dans la pièce. Il a décidé de faire la tête de mule, alors moi aussi. Il sait ce que ça fait maintenant de me contrarier."

George hocha lentement la tête avant de soupirer et de me laisser seule. Je rejoignis Alazéa et Cedric et échangeai ma frustration pour un sourire. Mais je ne pus m'empêcher de lancer un dernier regard vers Fred. Il s'était à nouveau tourné vers moi. Même de loin, je pouvais remarquer sa mâchoire serrée. Je me retournai vers mes amis. Il avait l'air drôlement énervé. Je ne doute pas de ce qu'avait pu me dire George, mais ce n'était pas une partie de plaisir chez moi non plus. Bah alors, arrête de lui faire la tête, Alexis. J'aimerais bien. Mais à ce stade, je ne suis même plus en colère contre ce qu'il avait fait, mais contre ce qui avait suivi. J'avais passé deux ou trois nuits à pleurer à ce sujet et à y repenser encore et toujours. Et pendant cinq jours, il avait essayé de se faire pardonner. Il avait même essayé de me coincer à la bibliothèque, le dernier endroit où j'imaginais un jour le croiser, pour me supplier de le pardonner. Un autre jour, il s'était pointé avec des fleurs fraîchement arrachées d'un jardin pour me les offrir à la sortie de mon cours d'études des runes. Si ça avait été un peu plus tard, j'aurais sûrement craqué. Mais j'étais encore trop blessée par ce qu'il avait fait pour accepter son bouquet improvisé. Alors, il n'a plus rien essayé. Mais j'avais bien remarqué qu'il passait étonnamment plus de temps avec Angelina et Alicia et d'autres camarades féminines. Je bouillonnais. Mais visiblement, je n'étais pas la seule. Lui aussi semblait sur le point d'exploser dès que je passais un peu trop de temps avec Tim ou Gas. Des fois même avec Cedric. Je ne pouvais pas m'empêcher de rouler des yeux face aux regards qu'il pouvait lancer.

     Lorsqu'enfin, nous commençâmes à nous diriger jusqu'au village, je laissais un peu tout le monde me passer devant, réfléchissant à ce que j'allais faire pendant la sortie. J'aurais mieux fait de rester à Poudlard, finalement. Au moins, j'aurais passé le temps avec mon frère. Au mieux, j'allais boire une Bièreaubeurre aux Trois Balais avec mes cours pour seule compagnie. Un peu de solitude ne pouvait pas faire de mal. J'en profiterai aussi pour écrire une petite lettre à Lou et Victor et la poster. Remus pourra se reposer, comme ça. Et ce fut en effet cette option qui l'emporta. J'avais fini par rejoindre le pub et m'étais posée sur l'une des rares tables libres cet après-midi, accompagnée de mes révisions et devoirs. Mais alors que je terminais ma Bièreaubeurre, quelqu'un s'installa face à moi, ce qui me fit relever la tête.

"- Qu'est-ce que tu fais toute seule ?"

Je reposai ma chope et sentis mes lèvres s'étirer en un sourire.

"- Parce que pour une fois, c'est pas une mauvaise chose.

- Tu sais, Alex... Des fois, je me demande si tu ne viens pas d'une autre planète."

Je fronçai les sourcils et Tim montra mes cours du menton.

"- Sérieusement ? Tu profites de Pré-au-Lard en t'enfermant aux Trois Balais avec tes cours ?"

J'éclatai de rire.

"- Eh, c'est les BUSE cette année ! C'est important ! Je profite de tout mon temps libre pour m'y mettre à fond. Le Quidditch est un voleur de temps."

     Alors qu'il levait les yeux au ciel, je me mis à fermer mes livres et les rangeai. Tim me tenait compagnie, je n'avais pas besoin de m'occuper l'esprit autrement qu'en lui parlant. De longues minutes passèrent et nous discutâmes de plusieurs sujets. En partant du Quidditch jusqu'aux cours d'Hagrid qui étaient plus qu'animés, sans oublier évidemment les rumeurs qui courraient les couloirs de l'école, ce qui nous mena à aborder le sujet qui me mettait tant en colère ces derniers jours.

"- D'ailleurs, t'es pas avec les Weasley, aujourd'hui ? Je sais très bien que tu serais restée avec ton frère sinon."

Je levai les yeux au ciel.

"- Je me suis embrouillée avec l'un des deux." Grommelai-je. "Ça fait des jours qu'on se parle plus."

Tim ouvrit de grands yeux.

"- A ce point ?"

J'hochai la tête pour toute réponse et attrapai ma chope.

"- Monsieur Fred Weasley a jugé intelligent de m'arracher mon carnet des mains et réciter un de mes textes devant toute la salle commune." Expliquai-je. "Et pas n'importe quel texte, puisque je venais de finir de l'écrire, qu'il était atroce, et qu'il était extrêmement personnel."

Tim grimaça et se pinça les lèvres.

"- Je comprends." Répondit-il. "Et il s'est excusé au moins ?

- Il a essayé. Mais bon, il a vite abandonné. Il est peut-être pas aussi persévérant qu'il aimerait l'admettre." Me moquai-je avant de boire la fin de ma boisson.

Tout en reposant ma chope maintenant vide, j'expliquai à Tim que j'allais sûrement passer à la poste avant d'aller jeter un œil à Honeydukes. Alors que je me levai, il me stoppa.

"- Attends une seconde."

Il s'avança devant moi et attrapa la serviette que je n'avais pas utilisée et la passa au-dessus de mes lèvres.

"- T'avais de la mousse. T'inquiètes, tonton Tim s'en est chargé."

Je me mis à rire avant de tourner la tête vers la porte du pub qui venait de se refermer violemment. Mais j'avais eu le temps de voir qui s'y tenait il y a encore quelques secondes, ce qui me fit souffler.

"- Merci." Répondis-je simplement avant d'ajouter que j'avais une légère urgence à régler.

     J'accourus à l'extérieur et pus voir Fred quelques pas plus loin, se dirigeant vers George en râlant. Mais en me voyant arriver derrière lui, il fit comprendre à celui contre qui j'étais remontée qu'il ferait mieux de se retourner, ce qu'il fit. Il ouvrit de grands yeux en me voyant arriver.

"- T'as un problème ?" Lâchai-je.

Il semblait réfléchir à ses mots. Il ouvrit la bouche après les avoir trouvés.

"- Alex, est-ce que tu veux bien m'écouter pour une fois au lieu de jouer les têtes de mules ?

- Parce que tu m'as écouté quand je te demandais d'arrêter de lire ?" Ris-je avec amertume.

"- Putain, mais pour la énième fois, je suis désolé !" S'exclama-t-il. "Quand est-ce que tu comptes me pardonner ? J'en peux plus de te voir m'esquiver dès que j'arrive dans ta direction !"

Je croisai les bras sur ma poitrine.

"- Tu voulais me dire quoi avant de partir des Trois Balais en furie ? Et pourquoi t'es parti en furie ?"

Il fronça les sourcils.

"- Rien. Et pour rien. J'ai juste vu que t'étais accompagnée, je voulais pas te déranger. Encore.

- Tout ce que j'attendais, c'était que t'avoues que cette situation te saoulait. Et pas dans les cinq jours qui suivent. Mais t'es moins déterminé que ce que tu veux faire croire. À la place, tu passais ton temps avec Angie chérie et Alicia."

Il haussa les sourcils.

"- Angie chérie ?

- Oh pitié, tu passais tes journées avec les filles à faire les yeux doux à Angelina et lui faire tes sourires d'idiots niais. Elle passait ses soirées à nous en parler dans le dortoir.

- Tu me fais une crise de jalousie, là ?"

La lueur d'amusement et le rictus taquin qui commençaient à faire leur entrée sur son visage m'énervèrent presque instantanément.

"- N'importe quoi."

Son rictus se transforma en large sourire.

"- Dis celui qui pète un câble à chaque fois que je traîne avec des amis masculins."

Ce fut mon tour d'avoir un large sourire en voyant le sien disparaître.

"- C'est pas le sujet.

- Je trouve qu'il a plutôt bien sa place dans la discussion, moi.

- Tu veux que j'admette que ça me fait chier de plus te parler ? Bah je vais l'admettre. Ça me fait chier. Ça me fait vraiment chier. Et ouais, peut-être que je suis jaloux de tes amis masculins comme tu dis. Parce qu'au moins, tu les évites pas. Au moins, tu leur parles. Au moins, tu leur souris. Même si des fois, ils m'emmerdent. Comme ton Tim, là.

- Comment ça "comme ton Tim" ? Parce qu'il a essuyé la mousse que j'avais au-dessus de la bouche et que tu trouvais ça déplacé ? C'est quoi ton problème ?

- Mon problème ? Mon problème, c'est que je t..."

Il se stoppa soudainement, ce qui me fit arquer un sourcil et avancer la tête pour l'inciter à continuer.

"- C'est que je tiens à toi." Conclut-il. "Et que tu le veuilles ou non, cette dispute m'a fait comprendre que je tiens plus à toi que ce que j'imaginais." Expliqua-t-il. "Et je veux juste qu'on arrête de se faire la gueule. Je suis désolé d'être un idiot, je pensais pas que ça allait autant t'énerver. Je veux juste que tu me pardonnes d'avoir été stupide."

Je baissai les yeux et il ajouta.

"- Plus que d'habitude en tout cas."

Je fis mine de réfléchir et humidifiai mes lèvres en relevant la tête vers lui.

"- Personne ne lit mes écrits.

- J'ai compris...

- Même Alazéa n'a jamais rien lu venant de moi. Personne."

Il baissa les yeux.

"- Je t'aies pardonné ta stupidité depuis le coup du bouquet..." Souris-je doucement.

Il releva soudainement la tête.

"- C'est vrai ?"

     Pour toute réponse, je me jetai dans ses bras pour le serrer contre moi et fermai les yeux contre lui. Son étreinte se referma sur moi avec force et je sentis mon corps se réchauffer. Il s'excusa une nouvelle fois, et je me reculai légèrement pour poser une main sur sa nuque. Je déposai un baiser sur sa joue et m'extirpai de ses bras. Peu après, nous retrouvâmes George, ravi de voir qu'il n'aurait plus à se couper en deux pour passer du temps avec nous séparément. 

"- Ca commençait à me saouler. Je voulais pas arrêter de parler à une de mes meilleures amies pour une embrouille avec Fred, quand même !"

     Lee nous avait rejoints pour aller faire quelques courses à Zonko après mon passage à la poste pour déposer ma lettre, et à Honeydukes où je n'avais rien trouvé. Ce genre de moment m'avait manqué. J'avais tellement besoin de rire avec eux. Il y avait une ambiance différente quand j'étais avec les jumeaux. Quelque chose d'indescriptible. Le temps que je passais avec eux était unique, et je l'appréciais toujours un peu plus. Mais il avait surtout l'air plus court, comme avait pu me le prouver cette nouvelle sortie à Pré-au-Lard qui touchait à sa fin. Triste de devoir rentrer, mais ravie de savoir que j'allais enfin me réchauffer, nous prîmes le chemin du retour. Hermione et Ron nous avaient rejoints.

"- Oh, mais c'est vrai !" S'exclama soudain George. "Ce soir, c'est le festin d'Halloween !

- Oui !" Souris-je. "Et j'ai vraiment hâte de passer à table, parce que je meurs de faim !

- Oh, ouais, moi aussi !" Lança Ron.

"- Bon sang, tu manges sans arrêt !" Soupira Hermione.

Je me mis à rire et levai les yeux au ciel. Hermione et Ron, c'était bien toute une histoire...

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