Cedric me lança son habituel sourire et répondit à ma salutation par une autre.

"- Qu'est-ce que tu fais là ?" Demandai-je en refermant mon livre.

"- Je t'ai aperçue alors que j'allais rentrer pour manger. Du coup, je me suis dit que j'allais venir te voir.

- Manger ? Il est déjà midi ?"

Je jetai un coup d'œil à la petite montre accrochée à mon poignet et constatai qu'il était déjà presque 12h15.

"- Ouais, déjà. On se lève pour aller manger ? En plus, juste après, on pourra passer un peu de temps à la bibliothèque. Si ça t'intéresse évidemment."

Je jetai un coup d'œil à Cedric avant de tourner les yeux vers le lac.

"- A l'intérieur avec un temps aussi agréable ? J'ai beau adorer les livres, j'ai plutôt envie de faire une cure de vitamine D.

- Comme tu veux !" Rit-il. "On peut revenir ici après si tu veux.

- J'ai cours de divination vers 13h30, donc ça risque d'être compliqué. En revanche, à la fin de mon cours d'histoire de la magie, on peut se retrouver à la bibliothèque et voir si on reste là-bas ou si on retourne ici. Ca te va ?

- Parfait pour moi. On va manger ?

- On va manger !"

     Après avoir rangé mes affaires dans mon sac, j'attrapai la main que Cedric me tendait pour m'aider à me relever. Puis, nous nous dirigeâmes jusqu'à la Grande Salle dans laquelle chacun d'entre nous rejoignit sa table et ses camarades. Cedric m'avait l'air d'être quelqu'un d'incroyablement gentil. J'étais ravie qu'on puisse enfin prendre le temps d'avoir une réelle conversation. Je n'allais pas lui rentrer dedans à chaque fois que je voulais entamer une discussion, après tout. Perdue dans mes pensées, je n'écoutais que d'une oreille les discussions agitées entre Angelina et Andrea alors que je mangeais mes pommes de terre sautées. Les cours qui suivirent furent d'un ennui pour moi, et je n'avais plus qu'une seule hâte, rejoindre la bibliothèque et y retrouver Cedric. Le pire fut histoire de la magie. Binns était le moins intéressant de tous les professeurs, et surtout, le plus soporifique. À côté de moi, George baillait la mâchoire grande ouverte, et le peu de phrases que nous échangions étaient des plaintes d'ennui. Alors quand le cours se termina, je n'avais pas caché ma joie et m'était exclamé "Enfin".

"- Tu viens avec nous, Potter ?

- On va jouer à la bataille explosive dans la salle commune avec Lee."

Je me retournai vers les jumeaux et secouai la tête de gauche à droite.

"- J'ai déjà quelqu'un qui m'attend." M'excusai-je. "Promis, je ferai une partie avec vous la prochaine fois !

- Déjà des rendez-vous, hein ?

- N'importe quoi !" Dis-je en levant les yeux au ciel, donnant un coup de coude à George. "Je vous dis à tout à l'heure !

- À tout à l'heure !"

     Arrivée devant la bibliothèque, je passai la porte de celle-ci et ouvris de grands yeux. Submergée par les étagères remplies de tous ces livres, la première pensée qui traversa mon esprit après mon émerveillement fut légèrement plus stupide, mais non pour le moins inutile... Qui donc a eu le courage de tous les ranger un jour ?

M'avançant doucement entre les larges bibliothèques, je jetai des coups d'œil entre chacun à la recherche de Cedric, que je retrouvai juste après. Je le rejoignis après avoir pioché un livre de potions, et m'installai en face de lui. Lorsqu'il me vit, il releva la tête et me demanda.

"- Pas trop longue, ton après-midi ?

- Un cauchemar. Surtout en histoire de la magie.

- Ah ! Tu as donc pu faire la rencontre de Binns." Rit-il.

"- Et de Trelawney juste avant." Soupirai-je. "Bon sang, divination, c'est quelque chose..."

Il hocha la tête en souriant, de ce sourire si sincère et charmant. Je ne doutais pas que deux ou trois personnes soit déjà tombés sous son charme dans cette bibliothèque, si ce n'est plus. Il fallait avouer que Cedric était beau garçon.

"- Dis-moi, où étais-tu avant d'arriver à Poudlard ? Ton accent britannique semble si éloigné.

- J'étais à Ilvermorny ! Je vivais à New-York avec des moldus.

- Sympa !

- Ouais, plutôt." Souris-je en hochant la tête avant d'ouvrir le livre que j'avais pris, le feuilletant sans le lire.

"- Mais comment se fait-il que tu ne sois pas restée en Angleterre ? J'ai entendu tellement de versions toutes aussi différentes sur ton frère et toi, j'aimerais connaître le point de vue d'une des protagonistes."

     J'eus un léger ricanement en commençant à parler de ce dont je me souvenais. Non pas qu'après la mort de mes parents, mes souvenirs étaient très clairs. Je ne me rappelais même plus la manière dont je m'étais rendue à New-York. Mais j'avais également omis les détails les plus douloureux de l'orphelinat. Les remarques, les menaces, les bagarres, les insultes... Et éventuellement, le fait que je me laisse dépérir malgré mes interventions de plus en plus rares lorsque l'on s'en prenait à moi ou à un autre pensionnaire de l'orphelinat. J'étais plus souvent considérée bourreau que victime, et ainsi, j'étais plus souvent punie, mais le jeu en valait la chandelle. Les expressions terrorisées de mes harceleurs avaient une saveur spéciale que j'appréciais.

"- Eh bien ! On peut dire que t'as déjà eu une sacrée vie. Malheureusement, pas dans le bon sens..."

J'hochai la tête lentement en soupirant, puis baissai les yeux sur mon livre.

"- Diggory, j'ai besoin de toi en histoire de la magie." Interpella une voix derrière moi. "Je ne pige rien à ce que nous a demandé Binns." Soupira l'élève de Poufsouffle.

"- J'arrive." Promit Cedric, avant de reposer ses yeux sur moi. "Tu m'excuses ? Le devoir m'appelle. Enfin, les..."

Je pouffai de rire.

"- Mais je t'en prie. Ça m'a fait plaisir de te parler. On se refait ça demain ? Je commence par métamorphose à dix heures. On aura peut-être l'occasion de se voir.

- J'ai à peu près les mêmes horaires. On peut se voir avant sans soucis. Je t'accompagnerai en classe." Sourit-il.

     J'hochai la tête tandis que Cedric se levait, son livre dans les mains. Alors que les garçons s'éloignaient, j'entendis l'autre Poufsouffle dire qu'il était désolé de le déranger en si bonne compagnie, chose à laquelle j'eus un rire. N'ayant plus rien à faire, je me levai à mon tour, rangeai mon livre, et rejoignis ma salle commune. J'allais probablement rejoindre les jumeaux et Lee s'ils étaient toujours en Bataille Explosive. Mais alors que j'allais monter jusqu'à la tour, Harry m'interpella.

"- Hey !

- Salut." Sourit-il.

"- Tu vas bien ? Je ne t'ai pas croisé de la journée. Comment s'est passé ta rentrée ?" Demandais-je.

"- Pas mal. Bien mieux que celle que j'aurais dû passer au pensionnat si j'étais resté avec les Dursley. Et toi ? Les jumeaux nous ont parler de ton mal de tête en Défense contre les Forces du Mal.

- Oui, un petit mal de tête, c'est rien. À vrai dire, ça s'est calmé très vite. Mais c'est la première fois que j'ai aussi mal, je t'avoue.

- C'était à ta cicatrice ?"

Je fronçai les sourcils lorsqu'il me posa cette question.

"- Oui... Comment tu sais ?

- Je me dis que ça t'as peut-être fait la même chose qu'à moi quand j'ai vu Rogue.

- C'est drôle que tu me dises ça... Au repas de rentrée, j'ai eu cette douleur pour la première fois en regardant Rogue.

- Il est assez bizarre ce professeur.

- Il me fait peur." Avoua Ron qui venait d'arriver dans notre conversation. "C'est vrai, qu'il est bizarre."

J'haussai les épaules. J'avais déjà vu pire qu'un professeur aux cheveux gras un peu mystérieux. Il n'avait pas l'air plus étrange que McGonagall, Dumbledore ou Quirrell. Certes, à côté de madame Chourave, il faisait plus peur. Mais ce n'est pas non plus Vous-Savez-Qui !

"- Vous montez ?

- Je pense, oui." Me répondit Harry.

     Je me retournai vers les escaliers pour continuer à les monter et nous arrivâmes enfin dans la salle commune. Comparé au soir, il n'y avait pas tant de monde que ça. La plupart des gens devaient avoir décidé d'aller se promener dehors comme j'avais pu en avoir l'idée plus tôt, ou attendaient probablement le dîner dans la Grande Salle ou autre part. Fred, George et Lee étaient toujours là, en pleine partie. Je m'empressai de les rejoindre en leur demandant si je pouvais jouer, et ils acceptèrent sans hésitation.

"- On commençait à croire que tu nous avais abandonnés ! T'as trouvé mieux que nous ?"

Je secouai la tête de gauche à droite en souriant.

"- Idiot. J'étais juste à la bibliothèque avec un ami. Ensuite, j'ai croisé Harry dans les escaliers. C'est à croire que vous ne pouvez déjà plus vous passer de moi !"

Enfin, j'espérais qu'il me considérait lui aussi comme une amie. Sinon, ce serait simplement gênant.

"- Ne joues pas les stars, non plus, on n'a pas dit ça !" Ajouta Fred alors que j'éclatai de rire.

     Nous passâmes le reste de cette fin d'après-midi ensemble, jusqu'à ce qu'au-dehors, le ciel s'assombrisse, et que dans la salle, les gens disparaissent pour rejoindre la Grande Salle. C'est à la fin d'une énième partie, lorsque mon ventre s'exprima. Fred tourna la tête vers moi.

"- Je crois que certains ici commencent à avoir faim." Rit-il.

"- J'avoue que ça arrive, là." Ris-je à mon tour.

Nous nous mîmes d'accord pour arrêter de jouer et rejoignîmes la Grande Salle pour manger. À la fin de ce repas bien apprécié, nous remontâmes. En arrivant, je vis Hermione, installée sur le canapé rouge de la salle commune, en face de la cheminée allumée, un livre sur les genoux. Quand elle releva les yeux vers les nouveaux arrivants dans la salle commune, elle nous lança un petit sourire. Alors que je lui rendis son sourire, mon frère et celui des jumeaux débarquèrent. Je partis m'asseoir à côté de la jeune brune en soufflant.

"- Je suis exténuée !" Lâchai-je. " Cette après-midi m'a complètement cassée. Même à Ilvermorny, les professeurs n'étaient pas aussi fous et ennuyeux. Sauf peut-être Keystone. Et pourtant, j'adorais sa matière." Ris-je.

"- Et encore ! Attends de voir Trelawney te sortir une prophétie."

Je tournai les yeux vers George alors qu'Harry venait s'asseoir sur l'accoudoir à ma droite et j'arquai un sourcil.

"- Notre plus grand frère, Bill, nous a déjà parlé de cette folle." Continua Fred.

"- Dès lors que votre pire ennemi se retrouvera avec un cookie dans la main, vous mourrez dans d'atroces souffrances ! Prenez garde, la réunion de ces deux éléments est inévitable !" Dis-je en prenant une voix se voulant caricaturalement mystérieuse et sombre.

Fred éclata de rire, me félicitant pour cette incroyable interprétation, et me lança que je n'en étais pas loin avant de reprendre mon imitation par une autre me faisant éclater de rire. Ouais, je ne veux vraiment pas voir à quoi elle ressemble pendant une prophétie.

     Alors que les Weasley se mirent à discuter entre eux, je tournai la tête vers le livre que lisait Hermione, curieuse de connaître sa lecture. Quand elle le remarqua, elle leva la tête et déposa le livre entre nous, de sorte que ma lecture soit plus agréable.

"- Merci." Souris-je. "Quel est le livre ?" Demandais-je, intriguée.

"- Sorts et Contresorts ! Je viens de le recommencer.

- Intéressant. Je ne crois pas l'avoir déjà lu.

- Vous ne deviez pas le prendre pour vos cours là où tu étais ?

- Non, nous avions d'autres livres. Si tu veux, je pourrai t'en ramener quelques-uns un jour, après être rentrée chez mes parents." Proposai-je. "Je suis sûre qu'ils te plairaient.

- Oh, je veux bien ! Merci !

- Si ça peut te faire plaisir."

Souriante, elle se replongea dans sa lecture alors que je baissai la tête vers le livre. J'entendis cependant Ron murmurer quelque chose de peu discret à Harry.

"- Ta sœur a l'air de bien s'entendre avec mademoiselle je-sais-tout. J'espère qu'elle n'est pas aussi agaçante."

     L'ayant entendu, je relevai la tête vers lui en prenant un air blasé, ce qui amusa Fred et George et fit rougir Ron qui comprit que je l'avais entendu. C'est bien, je n'avais rien eu besoin de dire !

"- Dis, tu crois que tu pourras m'aider dans certaines matières si j'en ai besoin ?" Me demanda Hermione. "Étant donné que tu es plus grande et que tu as déjà appris certaines choses...

- Si tu en as besoin, bien sûr."

     Elle hocha la tête et avant de se replonger dans sa lecture. Je doutais qu'elle ait réellement besoin de moi. À moins qu'elle veuille réellement vérifier ses trouvailles et devoirs, la première année pour quelqu'un d'aussi impliqué qu'Hermione serait un jeu d'enfant. Je déplaçai son livre et me levai du canapé en m'étirant. J'allais très certainement partir me coucher. J'aurai bien d'autres moments pour discuter avec mes nouveaux camarades, mon frère et ses amis.