♣Chapitre 40.

     Après avoir prévenu les jumeaux que j'allais rester avec mon frère et ses amis pour le trajet, nous nous étions tous les quatre installés. Hermione nous avait quittés un instant pour revenir avec un exemplaire de la Gazette du Sorcier, ce qui me fit lever les yeux au ciel. Je ne pus cependant pas m'empêcher de vérifier que mon frère et moi ne faisions pas la une. Je remarquai alors qu'Harry faisait la même chose et nous échangeâmes un regard. Quand Hermione vit ce que nous faisions, elle se tourna vers nous.

"- Il n'y a rien là-dedans. Rien du tout, vous pouvez regarder vous-même. Je l'ai lu tous les jours et je n'ai trouvé qu'un tout petit article le lendemain de la troisième tâche pour annoncer que c'était toi qui avais remporté le tournoi. Ils n'ont même pas cité Cedric. Pas la moindre information sur ce qui s'est passé. À mon avis, Fudge les oblige à garder le silence.

- Il n'arrivera jamais à faire taire Rita." Affirmai-je.

"- Encore moins sur une histoire comme ça." Assura Harry.

"- Oh, Rita n'a plus rien écrit depuis la troisième tâche. D'ailleurs, Rita Skeeter n'écrira plus rien du tout pendant un bon moment. Si elle ne veut pas que je raconte tout sur elle."

Mes sourcils se froncèrent en l'entendant prononcer cette phrase. Je croisai les bras sur ma poitrine en demandant.

"- Que veux-tu dire par-là, Hermione ?"

Ses lèvres s'étirèrent en un étrange sourire et elle ouvrit la bouche pour me répondre.

"- J'ai découvert comment elle s'y prenait pour écouter les conversations privées alors qu'elle n'avait pas le droit de remettre les pieds à l'école.

- Vraiment ?"

Je n'avais jamais vu Hermione dans un état aussi jubilatoire.

"- Alors, comment elle faisait ?" Demanda Ron, l'incitant à nous éclairer.

"- C'est toi, Harry, qui m'a donné l'idée.

- Moi ? Comment ?"

Elle expliqua qu'il avait parlé de "micros pas plus gros qu'un insecte" et de "cafarder dans le journal", ce qui l'avait mise sur la piste d'un insecte puisque la technologie moldue ne fonctionnait pas à Poudlard. Puis, triomphante, elle expliqua.

"- Figurez-vous que Rita Skeeter... Est un Animagus non déclaré ! Elle est capable de se transformer..."

Elle sortit un bocal dans lequel se trouvait ce qui ressemblait à un scarabée. En comprenant de quoi il s'agissait, mes lèvres formèrent un "oh" de surprise avant de s'étirer en un sourire. Ce qu'elles n'avaient plus l'habitude de faire depuis des jours.

"- ... En scarabée !

- Tu rigoles ?" S'exclama Ron, sous le choc.

"- C'est elle ?" Demandai-je, sur le point d'exploser de rire.

Elle hocha la tête en souriant pour affirmer qu'elle avait capturé la femme qu'elle cherchait à dénoncer depuis des mois, et je ne pus m'empêcher d'exploser de rire face à la situation. Cette espèce de garce insupportable et fouineuse était coincée, et c'était incroyablement satisfaisant !

"- Tu ne vas pas me faire croire...

- Hermione ! Je t'aime !" M'écriai-je.

Elle se mit à rire à ma réaction et approfondit son explication.

"- Je l'ai attrapée sur le rebord de la fenêtre de l'infirmerie. Regarde bien et tu verras que les marques autour de ses antennes sont exactement semblables à ses horribles lunettes.

- Merlin, c'est incroyable..." Chuchotai-je en observant bien la bestiole.

Elle expliqua tous les articles, comment elle récupérait ses informations... Maintenant que nous étions au courant, tout semblait si logique et je me demandai comment nous avions fait pour ne pas le comprendre plus tôt. Peut-être parce que nous pensions qu'elle n'avait pas les capacités pour être une Animagus. Les garçons se mirent à comprendre eux aussi, et je ne pus m'empêcher de sourire en observant l'insecte s'énerver alors que je tapais sur le bocal que 'Mione rangea.

"- Très intelligent, Granger."

     Mon sourire s'effaça lentement en entendant la voix à ma droite. Je me tournai vers Malefoy. Il s'était permis d'ouvrir la porte de notre compartiment pour venir nous provoquer. Je n'étais pas d'humeur. Ses deux petits toutous, Crabbe et Goyle, étaient derrière lui, l'air toujours aussi abruti. Il fit un pas dans notre compartiment, et je pouvais déjà sentir mon sang bouillonner d'agacement.

"- Alors, tu as réussi à attraper une minable petite journaliste et les Potter sont de nouveau les chouchous de Dumbledore ? Pas de quoi en faire toute une histoire."

Harry et moi échangeâmes un regard. Il pouvait voir dans le mien que je n'avais qu'une seule envie, mais il tenta de me calmer et de me faire comprendre qu'il n'en valait pas la peine.

"- On essaye de ne pas trop y penser ? On fait comme si rien ne s'était passé ? Mais il y a quelqu'un ici qui a du mal à oublier ce qu'elle a vu."

Elle faisait mal, celle-là. Je sentis mes poings se serrer et mon pouls accélérer face à une colère grimpante.

"- Sors d'ici." Ordonna Harry.

Je me retournai vers Malefoy et son sourire vainqueur. Il ne venait que pour ça. Il ne venait que pour se moquer, piquer, provoquer. Il voyait que cela fonctionnait sur moi. Il savait que je n'allais pas résister à ses provocations stupides aujourd'hui.

"- Tu as choisi le camp des perdants, Potter ! Je t'avais prévenu ! Je t'avais dit que tu devrais faire attention aux gens que tu fréquentes, tu te souviens ? Dans le train, la première fois qu'on est allés à Poudlard ? Je t'avais dit de ne pas traîner avec ce genre de racaille !"

Il avait retourné son attention sur mon frère, montrant Hermione et Ron d'un signe de tête. Puis, il rejeta son dévolu sur moi, prenant un air répugné.

"- Et dire que tu sors avec l'un d'eux... Je n'ai jamais rien vu d'aussi écoeurant !"

J'attrapai ma baguette et la serrai en me levant.

"- Fais très attention aux prochains mots que tu vas prononcer." L'avertis-je.

"- Ils seront les premiers à partir, maintenant que le Seigneur des Ténèbres est de retour !" Sourit-il, continuant ses provocations. "Les Sang-de-Bourbe et les amoureux des Moldus en premier ! Enfin, en deuxième, c'est Diggory qui a été le prem..."

C'en était trop, je pointai ma baguette sur lui, et en un battement de cil, il se retrouva au sol, accompagné de ses amis. Je n'avais visé que le blondinet, mais en voyant le feu d'artifice de sortilèges qui avait eu lieu dans ce compartiment, je compris que je n'avais pas été la seule à en jeter. Nous nous en étions donné à cœur joie, tous les quatre.

"- C'est la dernière fois que tu oses parler de mon petit-ami de cette manière. Sinon, il t'arrivera bien pire, crois-moi." Crachai-je à celui que j'avais attaqué.

     En relevant la tête vers le couloir, je constatai la présence de deux personnes, baguettes en main. Finalement, nous n'avions pas été les seuls à nous en prendre aux Serpentard. On nous avait rejoints. Et l'un des deux rouquins qui se tenait dans ce couloir m'adressait un léger sourire en coin dans lequel il me semblait déceler une certaine fierté.

"- On s'est dit qu'on ferait bien de venir voir ce que mijotaient ces trois-là." Expliqua Fred.

Il s'avança dans le compartiment, piétinant Crabbe au passage, et passa une main autour de ma taille avant de déposer un baiser sur mon front. George suivit son jumeau, piétinant Malefoy au passage.

"- Intéressant, comme résultat. Qui est-ce qui a lancé le sortilège de Furonculose ?" Demanda-t-il en observant Crabbe dont des espèces de tentacules avaient poussé sur le visage.

"- Moi." Dit Harry.

"- Étrange, moi, j'ai utilisé un maléfice de Jambencoton. Apparemment, il vaut mieux ne pas les mélanger. On dirait qu'il lui est poussé des petits tentacules sur tout le visage. Il vaudrait mieux ne pas les laisser ici, ils n'arrangent pas le décor.

- Ça, c'est sûr." Souris-je en venant aider Ron, Harry et George à faire rouler les Serpentards inconscients hors de notre compartiment.

Nous fermâmes la porte et nous réinstallâmes sur les banquettes. Fred m'invita à m'installer sur ses genoux, ce que je fis, fermant les yeux en sentant ses bras me serrer contre lui et ses lèvres se poser dans mon cou. Puis, il sortit un paquet de cartes de sa poche avant de proposer.

"- On joue à la bataille explosive ?"

Il obtint un oui à l'unanimité. Nous entamâmes plusieurs parties, et c'est après la cinquième qu'Harry demanda quelque chose à propos d'un chantage qu'avaient fait les jumeaux à quelqu'un. En apprenant qu'il s'agissait de Ludo Verpey, je fronçai les sourcils.

"- Quoi ?" Demandai-je, les faisant se tourner vers moi. "Vous avez fait du chantage à Verpey ?

- On avait nos raisons !" Assura Fred.

"- Il ne voulait pas nous rendre les économies qu'on lui avait donné à la coupe du Monde pour les paris ! Ce charlatan nous avait donné de l'or de farfadet au lieu de nous donner ce qu'il nous devait réellement !

- Alors excuse-nous d'être en colère !"

     Ils terminèrent leurs explications, et la fin du voyage se passa dans le plus grand des calmes, ce qui ne le rendit que plus agréable. Pour la première fois depuis des jours, je me sentais bien. Je me sentais si bien que j'en avais presque oublié les malheurs qui s'étaient abattus sur nous. En nous préparant à sortir pour rejoindre King's Cross, je stoppai mon frère, une idée en tête.

"- Harry... Tu as toujours l'argent du tournoi avec toi ?

- Oui, pourquoi ?

- Fred et George." Commençai-je. "C'est la seule chose qu'il leur manque pour mener à bien leur petit business."

Il me regarda, une lueur dans les yeux, et sortit la bourse de ses bagages avec un petit sourire.

"- Tu es un génie."

Je me redressai tandis qu'il interpellait les jumeaux.

"- Prenez-le." Dit-il, sans rien expliquer.

Il fourra le sac dans les mains de George et ne lui laissa pas le temps de dire non. Fred, en revanche, fut le premier à s'exclamer.

"- Quoi ?

- Prenez-le. Je n'en veux pas. Alexis a raison, il vous sera bien plus utile."

Ils tournèrent tous les deux la tête vers moi et je leur adressai un timide sourire.

"- Vous êtes cinglés."

George tenta de refuser en le rendant à Harry et je me mis devant lui, attrapant ses mains pour le forcer à garder l'argent.

"- George, non ! Vous le prenez et vous le gardez ! Fin de la discussion !

- Je n'en veux pas de toute façon." Affirma Harry. "Vous le prenez, continuez vos inventions et ouvrez votre magasin de farces et attrapes.

- Vous êtes vraiment cinglés..."

Je m'approchai de Fred et lui attrapai la main. Il secouait la tête de gauche à droite, me regardant comme si j'étais tout droit sortie d'un autre monde.

"- Écoutez-moi. Si vous ne le prenez pas, je le jette dans un égout. Je n'en veux pas et je n'en ai pas besoin. Les parents de Cedric n'en veulent pas non plus. En revanche, j'ai besoin de rire. On en a tous besoin. Et j'ai l'impression que, dans quelque temps, on en aura encore plus besoin que d'habitude.

- Il a raison." Affirmai-je.

"- Mais... Il y en a pour mille gallions là-dedans.

- Et alors ? C'est justement le but. Harry vous aide à vous lancer une bonne fois pour toutes. Tout ce qui vous manque, c'est ce petit coup de pouce. Alors acceptez simplement l'argent, trouvez un local dans lequel vous vous installerez, et faites fortune.

- Avec toi."

Je me stoppai un instant fixant Fred, le regard plein d'incompréhension.

"- Écoute, on voulait te le proposer depuis un petit moment, mais comme on n'était pas sûrs d'avoir les moyens de mener à bien ce projet, on n'a jamais osé..." Commença-t-il. "Tu es là depuis le début. Tu nous soutiens depuis que tu nous connais. Tu nous as aidés à trouver des idées très intéressantes. Tu es toujours là pour nous dans tout ce qu'on fait.

- Alors on aimerait que tu nous rejoignes dans la gestion du magasin." Conclut George.

Je tournai la tête vers lui, ne trouvant pas les mots. C'était si soudain comme proposition. Non pas que je ne le voulais pas, loin de là. J'avais déjà considéré l'idée. Depuis toujours, je voulais devenir Auror. Mais travailler pour quelqu'un comme Cornelius Fudge ne m'intéressait plus. L'idée était trop séduisante pour que je refuse. Si je pouvais travailler avec mon copain et l'un de mes meilleurs amis, mais aussi et surtout, lié l'utile à l'agréable... Ce serait le choix le plus stupide que de refuser leur proposition.

"- D'accord." Terminai-je par répondre. "D'accord, j'accepte." Souris-je.

Un large sourire sur leurs lèvres, ils me prirent tous les deux dans leurs bras, ce qui me réchauffa un peu le cœur. En me reculant, je me retournai vers mon frère qui s'exclama.

"- Parfait ! Juste une chose, achetez à Ron une nouvelle tenue de soirée et dites-lui que c'est vous qui lui en faites cadeau. D'accord ?"

Sur ces mots, Harry sortit du compartiment, enjambant les Serpentards, toujours inconscients.

"- Merlin, ce que vous pouvez être cinglés, vous, les Potter..." Annonça George, toujours sous le choc.

"- Comme vous me l'avez si bien fait remarqué, je vous suis depuis le début. Et je vois à quel point le projet vous passionne. C'est la seule chose qui vous motive le matin. J'ai toujours su de source sûre qu'avec l'argent nécessaire, vous irez jusqu'au bout."

Fred passa une main autour de mes épaules et leva l'autre face à nous.

"- Weasley, farces pour sorciers facétieux. Qu'est-ce que j'ai hâte de voir ça sur une façade." Soupira-t-il avec joie, provoquant nos rires à George et moi.

     Après avoir rangé l'argent, nous sortîmes du Poudlard Express pour rejoindre les quais moldus. Nous rejoignîmes mon frère et Molly qui étaient à côté de Dursley père. Puis, nous nous dîmes au revoir. Hermione vint embrasser Harry sur la joue et me prit dans ses bras tandis que Ron lui donnait une tape dans le dos et vint m'enlacer comme Hermione l'avait fait. George en fit de même et remercia Harry discrètement tandis que Fred acquiesçait de signes de tête frénétiques. Je pris Harry dans mes bras et soupirai avant de glisser dans son oreille.

"- On se revoit bientôt. Je te le promets." Affirmai-je. "Je t'aime, petit frère. Et je suis fière de toi...

- On y arrivera. On vengera Cedric, papa, maman... Et tous les autres."

J'hochai la tête.

"- On les vengera."

Je me redressai et regardai mon oncle avant de lui sourire hypocritement. Il détourna le regard et je lâchai Harry à contrecœur. Puis, Fred m'attrapa doucement la main avant de me sourire.

"- Quand est-ce qu'on se revoit ?

- Je t'appellerai quand je le peux."

Il déposa ses lèvres sur les miennes et je souris en le serrant contre moi.

"- N'arrête jamais de sourire, Alexis..."

Je levai les yeux vers lui et il posa une main sur ma joue.

"- C'est ce que je préfère chez toi."

Sans répondre, je posai ma tête sur son torse et le sentis m'embrasser le haut du crâne une nouvelle fois.

"- Je sais que de base, tu ne faisais pas tourner ton avenir autour d'un magasin de farces et attrapes." Dit-il en baissant le volume de sa voix.

- Pour être honnête, j'y pensais de plus en plus." Avouai-je. "Au moins, là, on arrivera à se voir plus que si je travaillais au ministère.

- Ça, c'est sûr."

     Il me lâcha avant de rejoindre sa mère et ses frères et sœur en me faisant un signe. Harry était déjà parti. Hermione aussi. Je rejoignis l'extérieur et soufflai un bon coup avant de voir la voiture de Lou et Victor. La bulle dans laquelle je m'étais retrouvée venait d'éclater, et toute la joie que j'avais pu ressentir ces dernières heures venait de retomber à plat. Je n'étais pas sûre de pouvoir leur cacher tout ça... À moins d'élaborer une histoire assez convaincante, il était temps de leur avouer la vérité au moins une fois.

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