♣Chapitre 39.
Depuis la nuit où Cedric avait perdu la vie, pas un sourire n'avait étiré mes lèvres. Pas un rire ne m'avait échappé, et j'avais passé mes journées à rester dans mon lit. Alazéa avait disparu. Elle n'était plus à Poudlard, et ça ne rendait mes jours que plus douloureux. C'était comme si elle était morte avec lui. J'ai imaginé les pires choses jusqu'au moment où Dumbledore m'avait promis qu'elle allait bien.
"- Aujourd'hui, nous connaissons un épouvantable malheur..."
Tout le monde était réuni dans la Grande Salle pour écouter le discours de notre directeur. Mon cœur était toujours autant brisé. Toujours aussi douloureux.
"- Cedric Diggory était, comme vous le savez, particulièrement travailleur."
"Felix Laguêpe !
- Bon prénom, mais mauvais nom.
- Merde, j'étais persuadé..."
"- Infiniment honnête et droit."
"Épargne-moi quand même s'il te plaît ! Je veux retourner chez moi en un seul morceau !
- Pas de soucis, chéri, tu seras l'exception.
- Vous êtes si bonne, mon amie !"
"- Et plus important encore, un ami fidèle."
"Putain, tu nous as foutu une sacrée trouille avec tes amiricains ! On a eu tellement peur ! J'ai eu tellement peur ! Tu ferais mieux de faire gaffe mes prochaines fois ! En deux ans, t'as failli être tuée par un de nos professeurs et un serpent géant !
- Comme quoi, j'attire les problèmes. Promis, je ferai attention, et ce, dès l'année prochaine.
- Il y a intérêt ! Sinon, je vais finir par croire que t'as besoin de protection."
"- Fidèle et loyal."
"Alex... Je te promets que je serai prudent si je suis tiré au sort."
"- Je pense donc que vous avez le droit de savoir comment, il est mort."
"Qui êtes-vous et que voulez-vous ?"
"- Eh bien... Cedric Diggory a été tué par Lord Voldemort."
"Tue l'autre...
- Avada Kedavra !"
"- Le Ministère de la Magie ne souhaitait pas que je vous le dise. Mais ne pas le dire aurait été une insulte à sa mémoire."
Des larmes silencieuses tombèrent le long de mes joues, et je sentis la main de Fred serrer la mienne un peu plus fort. Je pouvais voir quelques regards se tourner vers moi, mais ils déviaient rapidement de trajectoire. George attrapa mon autre main pour la serrer lui aussi, et ce simple geste fit grimer de nouvelles larmes à mes yeux. Ce discours ramenait tous mes souvenirs. Tous.
"- Le chagrin... Que nous éprouvons devant ce drame affreux me rappelle... Nous rappelle... Que même si nous venons d'autres pays et parlons d'autres langues... Nos cœurs... Battent. À l'unisson."
Je relevai la tête vers notre directeur qui posa le regard sur moi au moment même. Nous échangeâmes un regard, et il baissa doucement la tête avant de reprendre.
"- A la lumière de ce qu'il s'est passé, les liens d'amitié que nous avons tissés cette année deviennent plus importants que jamais. Souvenez-vous-en."
Je faisais de mon mieux pour rester silencieuse, quitte à faire de l'apnée.
"- Et Cedric Diggory ne sera pas mort en vain. Souvenez-vous-en ! Et vous honorerez la mémoire d'un garçon qui fut généreux et sincère."
"Merci énormément pour ça. Il est vraiment magnifique.
- Avec grand plaisir. Mais tu sais, j'avais bien compris à tes lettres à quel point tu l'appréciais."
"- Courageux... Et fraternel.
"Promets-moi que tu seras prudent, je t'en prie...
- Je te le promets, Alexis. On ne se débarrasse pas de moi aussi facilement, t'inquiète."
"- Jusqu'à son dernier souffle..."
"Je ne vous laisse pas là."
C'en était trop. Je devais sortir. Je m'étais levée d'un seul coup, la poitrine serrée, et m'étais frayée un chemin dans la rangée pour sortir de la Grande Salle. Toutes les têtes se tournèrent vers moi. Je ne voulais pas paraître impolie. Cedric savait à quel point je tenais à lui. Mais je ne pouvais plus supporter la douleur que me procurait le discours de Dumbledore. Alors que j'arrivais dans la cour à l'entrée de l'école, je m'effondrai à genoux sur les pavés et laissai couler de chaudes larmes sans retenue. Des pas dans mon dos me firent comprendre qu'on m'avait suivi, et en sentant ses bras m'entourer, j'ouvris les yeux pour fixer les siens, bien que ma vue était troublée.
"- Alex...
- J'ai... J'ai tellement... Mal..." Articulai-je.
"- Je sais..." Me répondit-il, caressant ma joue avec un air triste.
"- Fred, j'ai l'impression que je ne vais jamais y arriver..." Pleurai-je.
Je collai ma tête sur son torse en me laissant aller.
"- Je suis là, Alex. Et je suis pas prêt de te lâcher."
Il laissa planer un léger blanc et je l'entendis renifler avant d'ajouter.
"- Tu n'es pas seule. George, ton frère, ses amis, tes amiricains... On est tous là pour toi. Tu ne seras jamais seule."
Nous étions restés de longues minutes dans les bras l'un de l'autre. Je n'étais peut-être pas seule, mais cette sensation de vide persistait comme une folle. Et je voulais simplement qu'elle parte.
Le temps du départ arriva rapidement, et j'avais enfin terminé de faire mes bagages, toujours silencieuse, mais les pensées filantes. En réalité, ce n'était pas que la mort de Cedric qui me mettait dans cet état. C'était la mort de Cedric, le retour de Voldemort, cette haine que je lui vouais et le retour du vent violent qu'avait été la mort de mes parents en pleine face. Pourtant, je n'avais jamais éprouvé ça auparavant. Jamais à propos de cette nuit. Bien sûr que j'en pleurais. Des nuits entières à l'orphelinat, dans ma famille adoptive, ou à Poudlard. Mais réunies à celle de Cedric, leurs morts me semblaient encore plus horribles. Ils voulaient tous nous protéger. Papa voulait nous sauver, Harry, maman et moi. Maman voulait nous sauver, Harry et moi. Cedric voulait nous sauver, Harry et moi. Mais j'aurais préféré qu'ils n'essayent jamais de nous sauver. Impossible à imaginer, je le sais. Mais il n'empêche que j'aurais préféré que ça se passe comme ça. La cour était remplie et je me faisais bousculer involontairement par les élèves tous aussi excités les uns que les autres quand une voix m'appela.
"- Alexis !"
En me retournant, je tombais nez-à-nez avec Fleur.
"- Je venais te dire au revoir. En espérant nous revoir. Je vais sûrement rester pour améliorer mon anglais."
J'hochai la tête, lentement. Je ne souriais pas non plus, mais elle semblait comprendre.
"- Et saches que je suis sincèrement désolée... Toutes mes condoléances..."
Elle attrapa ma main.
"- Courage..."
Je voulais lui répondre quelque chose, mais rien ne sortait de ma bouche. Pas un son. Je me contentai d'enlacer Fleur en guise de remerciement. J'en fis de même avec Gabrielle et elles s'éloignèrent. Je vis Krum au loin qui parlait à Hermione, Fleur qui se dirigeait vers Ron, et Harry... Je ne voyais pas Harry. Mes valises et Remus en main, j'avançais doucement, tête baissée, quand on attrapa mon bras.
"- Je suis désolé."
Tim me regardait avec des yeux brillants.
"- Je... Je suis vraiment désolé. Je n'étais pas avec toi cette année et c'est probablement celle où j'aurais dû... J'ai agi comme un vrai connard..."
Je baissai les yeux et il continua.
"- Tu... Tu ne m'en veux pas ?"
J'hochai négativement la tête. Il me prit dans ses bras. En réalité, il m'avait pas mal manqué. Et apparemment moi aussi.
"- Tim... Tu... Tu m'étouffes..."
Il se recula d'un seul coup.
"- Oh, désolé...
- C'est rien..." Murmurai-je.
Il y eut un léger silence un peu gênant qu'il coupa en me demandant.
"- On se tient au jus pendant les vacances ?
- On verra..."
Il me sourit doucement en caressant ma joue et je le regardai s'éloigner. Mon frère arriva à côté de moi et je le serrai dans mes bras directement.
"- On se reverra avant la fin des vacances, Alex... Je te le promets."
Je m'écartai de lui et croisai les bras sur ma poitrine en me reculant avant d'hocher la tête.
"- J'espère bien..."
Plusieurs minutes passèrent et la cour dégonflait au fur et à mesure. Tout le monde applaudissait sur le passage des Français et des Bulgares. Moi, j'étais un peu plus loin de tout ça. Harry m'avait rejoint et, peu après, ce fut au tour de Ron et Hermione d'arriver.
"- Vous croyez qu'on connaîtra une année tranquille à Poudlard ?"
Je levai la tête vers le Weasley et ne pus m'empêcher de rire jaune.
"- Non...
- Non !
- Non."
Nous avions tous les trois répondu à Ron de la même manière.
"- Non, moi non plus... Mais... Que serait la vie sans quelques dragons ?" Demanda-t-il en déposant une main sur l'épaule d'Harry et descendant du muret.
Hermione attrapa ma main et je tournai la tête vers elle. Elle me souriait tellement franchement. Pas de pitié, pas de tristesse. Juste de la gentillesse et de l'amitié.
Les garçons avançaient doucement devant nous et se retournèrent quand je soupirais.
"- Tout sera différent maintenant."
Je relevai la tête vers ce trio en or qu'est Ron, Harry et Hermione.
"- Pas vrai ?" Dis-je, un sanglot dans la voix.
Harry s'approcha de moi et me prit dans ses bras.
"- Oui."
Quand il me lâcha pour serrer mon bras, je penchai la tête en arrière et fixai le ciel un instant. Puis, Hermione me fit avancer en me tirant par la main.
"- Promettez-moi d'écrire cet été. Tous les trois !
- Pas moi. Tu sais que je n'écris pas."
Elle se tourna vers mon frère.
"- Harry ! Toi, tu écriras ?
- Oui... Chaque semaine." Plaisantait-il.
Hermione leva les yeux au ciel en souriant doucement.
"- Et toi Alex ?"
Je tournai la tête vers elle.
"- Je ne promets rien."
Nous avançâmes toujours en ligne droite avant de nous arrêter pour regarder le carrosse de Beauxbatons s'envoler grâce aux chevaux qui le tiraient. Ça me rappelait le début de l'année. Lorsque nous ne savions rien de ce qui nous arriverait...
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