Les yeux rivés sur le cadavre de Cedric, je ne pouvais même pas pleurer. Je n'avais pas l'air de réaliser la gravité de l'instant malgré la douleur que je ressentais. La scène repassait devant mes yeux encore, et encore... Mes yeux, bien qu'humides, ne laissaient rien couler tant le choc ne passait pas. Soudain, je fus propulsée contre la pierre tombale la plus proche, se trouvant juste à côté de la statue, ce qui m'assomma et me fit détourner le regard. Je pus remarquer que Queudver éleva mon frère pour le bloquer au niveau de la statue. J'avais le sentiment d'être vidée de toute énergie. Alors que mon frère gémissait et se débattait, il tourna la tête vers moi et posa un regard si inquiet qu'il ne m'en fallu pas plus pour fondre en larmes en réalisant la triste vérité une nouvelle fois, ce qui m'empêcha de réagir, laissant la possibilité à Peter de me ligoter à la pierre.

"- Fais-le... Tout de suite !"

La voix de Voldemort pénétra dans ma tête et résonna si fort... Frappant contre chaque paroi de ma tête et me faisant souffrir le martyr. J'avais tellement mal au cœur et au moral. Pettigrew se tourna vers son maître à la taille d'enfant. Il le tenait dans ses bras et s'approcha de la marmite avant de l'y plonger alors que je sentais la colère monter en moi, doucement. La colère d'avoir perdu Cedric à jamais. La colère de savoir que l'homme face à moi n'avait pas seulement trahi mes parents il y a treize ans, mais qu'il avait aussi tué un garçon aussi important à mes yeux que Cedric Diggory. Soudain, cet élan de colère, trop puissant, m'avait poussée à hurler comme je ne l'avais jamais fait au point de sentir ma gorge me brûler. Cette douleur agonisante avait besoin de sortir, bien que je passais pour une folle à enfermer. Mais je n'eus le droit qu'à un regard moqueur et Pettigrew posa les yeux sur la tombe, pointant sa baguette.

"- L'os du père..." Dit-il en s'avançant. "Donné en toute ignorance..."

Il attrapa un os et le fit voler avant de le mettre dans la marmite après l'avoir enflammé. Il rangea sa baguette. Puis, fixa le vide en sortant un couteau.

"- La chair... Du serviteur... Volontairement, sacrifiée."

Il leva sa main au-dessus du chaudron avant de la couper d'un geste sec en criant. Je grimaçai et tournai la tête vers Harry qui en avait fait de même. Plus Peter parlait, plus je sentais ma cicatrice me brûler et me rappeler à l'ordre. Plus les secondes passaient, plus mon énergie s'évadait de mon corps. Peter se retourna alors vers nous.

"- Et... Le sang. De l'ennemi."

Je fus la première vers qui il s'approcha, le couteau sortit face à lui. Malgré mes regards noirs et le fait que je me débattais avec force, donnant de grands coups de pieds vers lui, je me mis à crier de douleur en sentant son couteau plonger dans mon bras. Il ramassa quelques gouttes de mon sang pour les jeter dans la marmite.

"- Prit pas la force..."

Il se tourna alors vers Harry pour en faire de même.

"- Le seigneur... Des Ténèbres... Renaîtra..."

     Lorsque les dernières gouttes tombèrent, mon front m'arracha un autre cri. Alors que celui d'Harry était déchirant, le mien était faible, provoquant une horrible cacophonie pour les oreilles. Après avoir rouvert les yeux, essayant de retenir mes hurlements de douleur du mieux que je le pouvais, j'observai la scène devant moi. L'eau dans laquelle était plongée la créature s'enflammait alors que le traître s'éloignait, et mes yeux se fermèrent sous la douleur, me rappelant à quel point je manquais de force, m'empêchant de voir quoi que ce soit. Je ne faisais qu'entendre le crépitement du feu s'arrêter, gémissant de douleur par moments. En rouvrant enfin les yeux, une créature à la silhouette et la taille humaine avait remplacé la marmite, vêtue d'une longue robe de sorcier noire. Dos à nous, je ne pouvais rien voir d'autres que son crâne, recouvert de veines, me provoquant un frisson. Il avança alors vers Pettigrew qui le regardait avec de grands yeux. Le serviteur et le maître. Réunis pour le pire. Un léger rire échappa à Voldemort.

"- Ma baguette... Queudver..."

Ce chuchotement était mille fois plus bruyant dans ma tête qui commençait à tourner. Le traître à ma famille sortit une baguette de sa veste et la tendit en s'abaissant.

"- Tends ton bras..." Siffla Voldemort.

"- Maître... Merci..." Sanglotait ce faible.

"- L'autre bras, Queudver !"

Ils firent je ne sais quoi et je levai les yeux vers le ciel dans lequel se dessina alors sa marque.

"- Non..." Murmurai-je, voyant Voldemort se retourner et quatre silhouettes arriver, toutes masquées.

Ils arrivaient. Ils étaient plus.

"- Bienvenue ! Mes amis. Treize années ont passé, pourtant !"

Il se retourna vers ses fidèles. Je sentais mes jambes trembler. Indiquant que si j'étais debout, mes jambes ne m'auraient même pas tenue.

"- Vous voilà ici. Devant moi. Comme si... Nous nous étions quittés il y a une heure. Je dois dire que..." Commença-t-il en ricanant et glissant sur le sol comme un reptile. "Je suis très déçu."

Il marqua une pause.

"- Aucun de vous n'a tenté de me retrouver."

Il commença à enlever les masques de ses Mangemorts en énonçant des noms. Que je connaissais ou non. Dans tous les cas, il révélait l'identité des criminels qui le servait avant de s'arrêter devant l'un d'eux.

"- Même pas toi... Lucius..."

Il se mit à genoux devant lui. J'entrouvris la bouche. Malefoy père était ici. Bizarrement, cela ne m'étonnait même pas.

"- Maître... Si j'avais repéré le moindre signe... Ou des murmures sur les...

- Il y a eu des signes, mon cher ami fuyant. Et plus que des murmures.

- Je vous assure, Maître... Que je n'ai jamais renoncé aux anciennes pratiques."

Il enleva son capuchon.

"- Le visage que j'ai été obligé de présenter chaque jour depuis votre... Absence." Dit-il en se relevant. "Ça, c'est mon vrai masque.

- Moi, je suis revenu !" Intervint Queudver.

Voldemort s'approcha de Pettigrew qui se cambra en couinant.

"- Par crainte... Pas par loyauté."

Il y eut de nouveau un silence.

"- Cependant... Tu as su te rendre utile au cours de ces derniers moi, Queudver..."

Refusant de voir les Mangemorts, je n'avais toujours pas ouvert les yeux. Je ne voulais plus rien voir et rentrer chez moi pour m'enfermer dans ma chambre et ne plus jamais en sortir. Rester allongée sous ma couette et me rendre compte que tout ça n'était qu'un terrible rêve. Un affreux cauchemar dont j'allais me réveiller. Je n'arrivais pas à croire qu'un moment comme celui-ci était en train d'arriver.

"- Oh... Merci, Maître... Merci..."

J'essayais de réfléchir à un moyen de nous sortir de là, mais il m'était impossible de bouger pour attraper ma baguette et nous libérer. Le temps passait lentement. Beaucoup trop lentement. Et personne ne s'en rendrait compte à Poudlard, pensant que les garçons étaient simplement perdus dans le labyrinthe, à la recherche du trophée. S'ils savaient la tragédie qui était en train de se dérouler.

"- Oh... Un si beau garçon..."

     Je me sentis raidir soudainement et mes yeux se rouvrirent d'un coup, ce qui me fit tourner la tête vers Voldemort qui se trouvait au-dessus du cadavre de mon meilleur ami.

"- Ne le touchez pas !" Hurlai-je d'un seul coup.

Il releva la tête vers moi, son regard de reptile posé sur moi.

"- N'osez même pas..." Crachai-je, comme si ces paroles me dégoûtaient autant que l'être face à moi.

Il esquissa un sourire qui se faisait de plus en plus large. Il aimait ce qui était en train de se passer. Il appréciait le moment et il en jubilait.

"- Alexis ! C'est vrai, tu es là... Tu as encore grandi depuis la dernière fois. Quatre ans déjà...

- Ne lui adressez pas la parole !"

Ses yeux passèrent à mon frère qui venait d'ouvrir la bouche pour la première fois depuis que nous avions été faits prisonniers dans ce cimetière. Et ça avait été pour me défendre.

"- Harry... J'avais presque oublié que tu étais là, toi aussi."

Il se rapprocha en quelques pas et je reculai ma tête dans un réflexe. Son rire résonna de nouveau dans ma tête avec douleur, faisant écho à celui qu'il avait pu lâcher le soir d'Halloween, il y a treize ans.

"- Je ne vous présente pas, car il paraît que vous êtes presque aussi célèbres que moi !"

Il nous regarda dans les yeux l'un après l'autre avant de reprendre.

"- Les enfants qui ont survécu !"

Il se retourna d'un seul coup et parla tout près du visage de mon frère.

"- Votre légende n'est basée que sur un tissu de mensonges, Potter... Dois-je rappeler, ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit-là, il y a treize ans ? Dois-je divulguer comment, en vérité, j'ai perdu mes pouvoirs ?"

Il s'éloigna de mon frère une nouvelle fois, ce qui me calma un instant. Je ne supporterais pas de le voir faire souffrir mon frère devant mes yeux, sachant que je ne serais rien d'autre qu'impuissante.

"- C'était l'amour. Car voyez-vous, quand la douce Lily Potter s'est sacrifiée pour sauver ses enfants, elle leur a assuré, la meilleure des protections... Je ne pouvais les toucher !"

Il lança un regard à ceux qui l'observait. L'évocation de ma mère me serra encore plus le cœur en sachant qu'une nouvelle fois, il m'avait arraché quelqu'un à qui je tenais, et que son cadavre se trouvait à seulement quelques mètres.

"- C'est de la vieille magie."

Il se rapprocha une nouvelle fois et je le suivis du regard.

"- J'aurais dû m'en douter... Mais ça ne fait rien ! Ça ne fait rien... Les choses... Ont changé."

Il m'observa un instant, sourit avec ce qui s'apparentait à un plaisir sadique, et annonça.

"- Je peux vous toucher !"

Il leva le doigt vers mon frère et je secouai la tête avec force.

"- Non...

- Oh que si, Alexis..."

Il éclata de rire et déposa son doigt sur le front d'Harry qui hurla presque instantanément de douleur. Je me débattais avec force en criant le même mot des dizaines de fois, voyant la douleur déchirer le visage de mon frère et provoquant la mienne. Voldemort enleva son doigt et tourna la tête vers moi avant de s'approcher, assurant qu'il n'y avait pas de raisons pour que je n'en profite pas non plus. Il appuya son doigt sur mon front avec force, et je ne pus tout simplement plus retenir mes cris. Même avec la plus grande des volontés, je ne pouvais pas m'empêcher de hurler de souffrance tant mon front me brûlait, me tiraillait, me coupait, me faisait souffrir le martyr. Et il n'avait besoin de rien d'autre que de nous toucher pour nous procurer une telle souffrance. Lorsqu'il l'enleva enfin, je sentis une larme rouler sur ma joue à cause de la douleur, soupirant en sentant le supplice s'évaporait lentement.

"- Incroyable ce que les quelques gouttes de votre sang ont eu comme effet, hein ?"

     Voldemort se dressa face à mon frère et ordonna à la statue de le libérer, ce qui eut pour effet de le faire tomber face à la créature qui voulait notre mort depuis toujours.

"- Prends ta baguette, Harry Potter ! Quant à toi, Alexis... Je te laisse admirer le spectacle.

- Non !"

Reprenant conscience, je fis de mon mieux pour me débattre en espérant me libérer alors qu'Harry était toujours au sol. Ma baguette n'était pas loin, je le savais. Et il fallait que je la récupère.

"- J'ai dis prends ta baguette ! Debout ! Debout !"

Et ce fut comme si c'était fait. Ma baguette frôla le bout de mes doigts et je fis de mon mieux pour l'attraper discrètement, retenant une grimace de douleur en sentant ma blessure au bras me piquer. Je ne supportais plus les douleurs que je pouvais ressentir. Qu'elle soit psychologique ou physique.

"- Je suppose qu'on t'a appris à te battre en duel ? Bien sûr, bien sûr !"

     Excité, il semblait persuadé d'enfin atteindre sa vengeance. D'enfin parvenir au moment qu'il avait tant attendu. Toutes ses années de faiblesse semblaient derrière lui. Il croyait en avoir bientôt fini avec les enfants Potter. À tort.