♦Chapitre 26.

     Lorsque j'étais sortie du bureau de McGonagall, je m'étais mise à errer dans les couloirs en repensant à ce que ma directrice de maison m'avait dit. Je n'avais pas eu de grosse dispute ou de remontage de bretelles comme je m'y attendais. Elle ne m'avait qu'avertie que je devais me faire petite après m'avoir offert un biscuit. Je savais que c'était ce que j'aurais dû faire, mais je n'en étais pas capable dans une situation pareille. Je n'étais pas une menteuse et encore moins une folle et j'en avais marre qu'on me fasse savoir que c'était ce que le monde entier pensait de moi. La mort de Cedric avait été la chose la plus difficile à vivre, car je n'avais rien pu faire pour l'empêcher de mourir. Ça avait été pire qu'un Doloris. Le retour de Voldemort et savoir que s'il était en vie de nouveau, c'était grâce à nous me rendait dingue. Ce plaisir sadique qu'il avait pris à nous voir souffrir, à nous torturer, à me voir impuissante face à ce qu'il faisait à mon frère, c'était trop à revivre chaque nuit quand je fermais les yeux. Cette nuit-là avait été pire que tout. Et même le Doloris qui m'avait fait convulser n'avait pas été aussi douloureux que ce qui m'avait tordu les boyaux à l'instant précis où mon frère se tordait de douleur sous le sol, devant les yeux sadiques de Lord Voldemort. Je détestais voir souffrir les gens que j'aimais. J'avais vu mourir mon père et j'avais mal. J'avais vu mourir ma mère et j'avais mal. J'avais vu mourir Cedric et j'avais mal. J'avais vu souffrir Alazéa et j'avais mal. J'avais vu souffrir Harry et j'avais mal.

J'avais tellement, tellement mal.

Et pourtant, j'avais envie de me frapper. Tellement fort. Tellement de fois. Si je m'avais en face de moi, la seule chose que je ferais serait de m'insulter et de me frapper. Me rabaisser. J'étais faible. J'étais bête. Ça ne servait à rien. Strictement à rien de continuer à m'apitoyer sur mon sort et pourtant, c'est ce que je faisais. Il fallait que j'arrête. Ça n'allait pas ramener Cedric. Ça n'allait pas ramener mes parents. Je devais être courageuse et je ne l'étais pas. J'étais tout, sauf digne de faire partie de cette maison. Je n'avais pas de courage. Je n'avais pas de bravoure. Je n'avais rien des lions. Tout ce que je savais faire, c'était pleurer. Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? J'étais toxique pour quiconque m'approchait. Il suffisait de voir ce qui arrivait à ceux que j'aimais. Mes parents étaient morts. Cedric aussi. Alazéa, détruite...

"- Putain..." Soupirai-je en m'adossant au mur qui se trouvait derrière la statue de la sorcière borgne.

Je me haïssais pour des raisons ridicules car j'étais ridicule. Je faisais tellement pitié. J'étais désolée de ne pas être Harry. De ne pas avoir son courage. De ne pas être la fille intrépide qu'aurait aimé avoir papa et d'être l'impulsive fragile que personne n'aurait aimé voir grandir. Personne au point qu'on ait décidé de me foutre dans un orphelinat. On savait que personne ne voudrait de moi au point de me laisser aux mains d'inconnus qui habitaient à des milliers de kilomètres. On m'avait abandonné. On m'a toujours abandonné. On a toujours préféré que je sois exclue. On a préféré me faire grandir loin de celui qui me restait. Le seul qui aurait pu être mon rayon de lumière dans les moments les plus horribles de ma vie. Mon petit frère qui lui, a été obligé d'être esclavagé par un oncle et une tante qui méprisaient les sorciers par-dessus tout. Pourquoi étions-nous détestés à ce point ? Pourquoi avions-nous été livrés entre les mains de deux diables différents et pourtant tout aussi horribles l'un que l'autre ? Pourquoi avais-je été libéré de cette prison alors qu'Harry avait été obligé de vivre dedans pendant presque toute sa vie ?

"- Alexis ?"

La voix de Patricia me fit soupirer alors que je relevai la tête de mes bras. Je n'avais pas besoin de pitié, là, maintenant.

"- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Laisse-moi tranquille, Patricia.

- Tu... Tu pleures à cause d'Ombrage ?

- Oh Merlin, non." Ris-je "Crois-moi que c'est pas cette tarée qui va me faire pleurer."

Je levai les yeux vers elle et essuyai mes joues en sentant un courant d'air me passer sur le visage.

"- Tout le monde te regarde, là...

- Qu'ils me regardent. C'est pas mes affaires de m'occuper d'hypocrites dont la vie est tellement ennuyante qu'ils s'arrêtent pour m'observer pleurer." Dis-je assez fort pour qu'on entende autour de nous.

Gênée par mon comportement, elle vint s'asseoir à côté de moi en se mordant la lèvre.

"- Au fait, je... Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire, mais je... Je suis désolée pour Cedric..."

Je ne répondis pas, soudain absorbée par mes pieds.

"- Je ne le connaissais pas, mais il avait vraiment l'air d'être un chic type.

- C'était plus qu'un chic type." Dis-je en relevant la tête vers elle avec un sourire triste. "Il... Il était l'une des rares personnes qui pouvaient me comprendre en un regard... Il savait quand parler lorsque j'étais mal et quand il fallait se taire et simplement me serrer dans ses bras... Il savait mettre à l'aise et tendait toujours la main à ceux qui en avaient besoin... Il était incroyable..."

Elle hésita un instant avant de poser une main sur mon épaule comme réconfort, me laissant continuer à parler.

"- Je me souviens qu'à chaque demande, il répondait présent quand il s'agissait d'aider... Et ce sera sa loyauté qui l'aura tué..."

Mes sanglots redoublèrent d'intensité. Sa loyauté n'aurait jamais dû exister. Pas pour moi.

"- Je n'en étais pas digne...

- Si, bien sûr que si !" S'exclama-t-elle soudainement. "Tu en étais plus digne que n'importe qui !"

Je lui souris doucement et soupirai.

"- Tu es l'une des personnes qui la méritait le plus, cette loyauté. Tu ne mérites pas ce qu'il t'arrive. Rien de tout ce que tu as vécu, d'ailleurs. Tu es juste... Beaucoup trop sous pression et... Il faut bien que ça explose d'une manière ou d'une autre."

Légèrement gênée d'entendre ce qu'elle venait de me dire, je la remerciai en souriant avant de lui dire.

"- Si tu dois réviser quelque chose, je te laisse y aller... Je vais m'en remettre. Merci.

- Je t'en prie."

Alors qu'elle se relevait, elle tourna la tête vers moi.

"- Et saches qu'Harry et toi n'êtes pas tout seuls. Ernie MacMillan, Luna Lovegood, les Weasley, Yasmin Nour, Gas Nelson, Tim Dehaan, Alazéa, Neville Londubat... Moi. Et pleins d'autres encore ! On est tous de votre côté. On vous croit.

- Et je vous en suis reconnaissante. Merci."

     Elle me lança un léger sourire avant de s'éloigner tandis que je me remettais des insultes intérieures que je me lançais. On avait beau être entourés, je ne m'étais jamais sentie aussi seule.

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