♣Chapitre 14.

     Une fois arrivés chez Hagrid, celui-ci avait donné une bassine à Ron pour qu'il y crache toutes ses limaces. Alazéa était assise à côté de lui avec Harry et le réconfortait en lui caressant le dos avec attention. Je voyais bien qu'elle était confuse quant à la situation. En tournant la tête vers Hermione, je pus voir qu'elle était dos à nous, les bras croisés sur la poitrine.

"- A qui voulait-il lancer ce sort ?" Demanda Hagrid.

"- Malefoy." Dis-je en serrant les dents.

"- Il a traité Hermione de... Je ne sais plus trop quoi." Continua Harry. "Tout le monde était injurié." Expliqua-t-il.

"- Il l'a traité de "Sang-de-Bourbe". C'est horrible !"

Je me dirigeai vers elle et déposai une main sur son épaule.

"- Il n'a pas osé !" S'horrifia Hagrid.

"- Si." Lâcha Hermione, un sanglot dans la voix.

"- Mais qu'est-ce que ça signifie ?"

     Harry n'avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait vouloir dire. J'étais comme lui, jusqu'au jour où, à Ilvermorny, j'étais passée près d'un groupe d'élèves avec Yasmin et nous les entendîmes parler d'Alazéa en utilisant ce terme. Mon amie s'était tellement emportée lorsqu'elle les avait entendus... Et moi, je ne comprenais pas. Mais lorsqu'elle m'expliqua ce que signifiait "Sang-de-Bourbe", j'avoue avoir vu rouge. Je ne sais plus combien d'heures de colle j'avais pu avoir, mais je sais que ça m'avait bien occupé mes soirées pour deux semaines. Mais ça, ma meilleure amie n'en savait rien. Nous nous étions mises d'accord avec Yasmin pour nous dire que nous ne lui en parlerions jamais. Elle n'avait pas besoin de savoir.

"- Sang-de-Bourbe est l'une des choses les plus insultantes." Commençai-je. "Un terme odieux utilisé pour décrire quelqu'un qui est né dans une famille moldu. Quelqu'un comme 'Mione..."

Je la vis se retourner et échanger un regard avec Alazéa avant de se renfrogner un peu plus, ce qui me fit serrer son épaule. Je jetai un coup d'œil à ma meilleure amie qui fronçait les sourcils. Je pense qu'elle et moi allions devoir parler un peu.

"- Certains sorciers, comme la famille Malefoy, pensent qu'ils sont au-dessus, car ils sont ce qu'on appelle des sang-purs. Mais ce n'est en aucun cas vrai. Certains ont beau être des sang-purs, ils ne valent pas mieux qu'un né-moldu ou un sang-mêlé. Et de loin.

- De plus, ils n'ont pas le quart des connaissances qu'a Hermione."

La flatterie d'Hagrid fit rougir mon amie et elle esquissa un sourire.

"- Viens là, Hermione." L'invita Hagrid.

Elle se retourna et je la lâchai en souriant pour qu'elle le rejoigne.

"- Tu n'as pas à y faire attention. Malefoy est stupide. Tu es brillante. Passe au-dessus de ça."

Elle hocha la tête et le garde-chasse sourit.

     Quand le sort se dissipa et que Ron avait arrêté de cracher des limaces, nous retournâmes à notre salle commune. Harry, Ron et Hermione étaient en tête de marche et en pleine discussion, tandis qu'Alazéa et moi étions derrière, plongées dans le silence que je coupai.

"- Tu veux en parler ?"

Elle releva la tête, comme sortie d'une rêverie, et m'observa.

"- Comment ?

- Est-ce que tu veux en parler ? De l'incident d'Hermione.

- Je ne sais pas vraiment quoi te dire..."

Je lui attrapai la main.

"- Tu peux sûrement commencer par ce qui te mets dans un tel état."

Elle échangea un regard avec moi et soupira.

"- Je sais pas vraiment, pour être honnête avec toi... Je pense que c'est le fait de ne pas être au courant qu'on pouvait utiliser mon origine comme insulte. Du moins qu'il existait un terme aussi offensant pour faire du mal aux nés-moldus. Comment tu l'as su, toi ?"

Je ne savais pas si je pouvais vraiment lui dire. Même si de l'eau avait coulé sous les ponts, je ne savais pas si ça valait le coup de lui en parler.

"- Yasmin m'avait expliqué ce que ça voulait dire... Disons que moi non plus, je ne savais pas ce que ça signifiait jusqu'à il y a deux ans.

- On l'a utilisé contre moi, c'est ça ?

- Quoi ?

- Elle te l'a expliquée parce qu'on l'avait utilisé contre moi. J'ai compris.

- Comment...

- Je te connais et je ne suis pas stupide. Quand tu es nerveuse, tu as ce nerf au sourcil qui saute. Subtil, mais quand on y prête attention, c'est flagrant." Répondit-elle. "Et puis tes deux semaines de colle pour avoir traumatisé la bande de Dale, c'était il y a deux ans. Et Dale était un sang-pur.

- T'es trop intelligente pour moi, Zézé.

- Arrête de m'appeler comme ça !" S'écria-t-elle. "Pourquoi vous ne m'en avez jamais parlé ?

- Parce qu'on ne voulait pas que ça te fasse du mal."

Elle leva les yeux au ciel.

"- Tu sais, c'est peut-être utilisé par certains comme une insulte, mais à mes yeux, c'est une preuve de débilité pure et dure." Commença-t-elle. "Alors oui, peut-être que je pense comme ça parce que je ne connaissais pas le terme jusqu'à il y a une heure et sur le coup j'aurais réagi différemment, mais ils ont raison."

J'ouvris de grands yeux.

"- Ne dis pas ça ! Lorsque quelqu'un dit d'une personne que c'est un Sang-de-bourbe, il ne fait pas que le rabaisser à son sang en insinuant qu'il est inférieur à tous les autres sorciers. Il insinue aussi que... Que ton sang est sale, impur et répugnant, et que... Et que toi aussi, tu es sale, impure et répugnante.

- Eh bien qu'ils le pensent. Je sais ce que moi, je suis. Et mes amis aussi savent qui je suis. Je suis née-moldue, et alors ? Désolée de ne pas avoir baigné dans la magie avant mes onze ans, jusqu'à présent, je doute avoir eu la possibilité de faire un choix à la naissance." Assura-t-elle. "Alors qu'ils m'appellent Sang-de-bourbe. Parce que c'est ce que je suis, et que ça plaise ou non, j'en suis fière. Au moins, ça me rend spéciale d'être la première dans ma famille à pouvoir utiliser une baguette magique comparé à d'autres."

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire fier.

"- C'est pour ça que je t'aime, Al'. Parce que t'es tellement inspirante."

Elle me rendit mon sourire.

"- Je ne vais pas laisser quelqu'un avoir le pouvoir de me faire du mal avec un mot." Conclut-elle.

J'hochai la tête et passai mon bras autour de ses épaules. Ma meilleure amie était une personne incroyable.

     L'après-midi arriva rapidement, et Alazéa et moi rejoignîmes la bibliothèque avant de chercher des yeux mon ami Poufsouffle parmi les rayons. L'apercevant enfin, il me lança un sourire et je le vis poser ses yeux sur mon amie dont j'attrapais la main pour l'entraîner avec moi. Il se leva pour m'enlacer et se tourna vers Alazéa.

"- Salut. On a pas eu le temps de proprement se présenter, je crois. Tu es Yasmin ou Alazéa ?" Lui demanda-t-il.

"- Alazéa..." Répondit-elle en me regardant comme une enfant qui attendait une autorisation.

"- C'est très joli... Moi, c'est Cedric." Dit-il en lui tendant la main.

Je la vis esquisser un sourire en attrapant timidement sa main.

"- Merci... J'aime beaucoup Cedric... Moi aussi..."

     Quelques secondes passèrent durant lesquelles ils étaient plongés dans le regard de l'autre et ce fut à moi de les détacher en leur proposant de s'asseoir plutôt que de rester debout. Lorsque nous nous assîmes enfin, Cedric commença à poser des questions à la blonde qui y répondit et qui expliqua un peu son histoire. La manière dont ses parents avaient cru à une blague en recevant la lettre avait fait rire Cedric aux éclats. Alazéa, elle, se détendait de plus en plus, et ils ne remarquèrent même pas le moment où je m'étais éclipsée. J'avais envie de traîner un peu dans les couloirs, pensant un peu à tout et rien. C'est vrai que la retenue d'Harry et Ron est ce soir... Je me demande ce qu'ils vont devoir faire. Mais, ennuyée par ma balade, je remontai dans la salle commune et partis chercher un livre dans ma chambre, avant de revenir m'installer sur le canapé de la salle commune, attendant mon frère et Ron.

     Le temps passa, et Hermione m'avait rejoint pour lire Voyages avec les vampires, tandis que je continuais ma lecture de Rencontre enchantées. Alazéa n'était toujours pas de retour... Les choses devaient bien se passer et ils devaient sûrement être dans la Grande Salle, maintenant.

"- 'Mione ?

- Oui ?

- La retenue des garçons est à quelle heure ?

- Elle a commencé à huit heures."

En jetant un coup d'œil à l'horloge, je constatai que ça faisait déjà une heure.

"- Harry doit être avec Lockhart et Ron nettoie les trophées à la main avec Rusard."

Je grimaçai en entendant leurs punitions.

"- J'ai à la fois envie de les plaindre, et à la fois, j'ai envie de leur dire qu'ils le méritent."

Elle esquissa un sourire avant de se replonger dans son livre après avoir ricané. Alors, le tableau s'ouvrit sur Alazéa, les mains contre son cœur. Je souris en la voyant et elle baissa les yeux vers moi avant de me pointer d'un doigt accusateur.

"- Toi !"

J'éclatai de rire en voyant sa tête à la fois euphorique et énervée.

"- Tu m'as abandonnée ! T'abuses !

- Ca a l'air de s'être très bien passé sans moi ! Regarde l'heure !"

Elle me sauta dessus et me prit dans ses bras en rigolant.

"- Ca va, ça va ! D'accord, t'avais raison, on s'entend plutôt bien.

- J'ai bien remarqué, miss je-regarde-les-gens-dans-leurs-yeux-pendant-cinq-minutes-non-stop ! Alors, qu'est-ce que tu penses de lui ?

- Il est cultivé, gentil, attentionné...

- Et beau gosse ?

- Et beau gosse..."

Elle s'assit à côté de moi alors que je ris à son expression.

"- Je suis vraiment trop excitée, ça y est... Je ne vais pas réussir à dormir !

- Que c'est beau l'amour naissant !"

Elleme donna un coup de coude dans les côtes.

"- Tais-toi, toi, t'es pas mieux !

- Comment ça ?"Souris-je.

"- Tu crois que je vois pascomment vous vous comportez Fred et toi ? Faudrait êtreaveugle pour ne pas voir que vous êtes dingues l'un de l'autre."

J'éclatai de rire.

"- N'importe quoi !"

     Elle tira son cerne et me tira la langue, et cefut à mon tour de lui mettre un coup de coude avant qu'elle ne parte, melaissant seule avec Hermione. Quatre heures passèrent et je commençaià m'inquiéter pour le retour des garçons. Alazéa et Hermione étaientdéjà parties dormir, mais j'étais restée à lire. Fred m'avait rejoint et m'avait dit qu'il me tenait compagnie si ça ne me dérangeait pas. Je ne pus m'empêcher de repenser à ce qu'Alazéa m'avaitdit en lui lançant quelques regards en coin. N'importe quoi... Quand il s'endormit, je sentis sa tête tombersur mon épaule, et je remarquai qu'il s'était tourné vers ma lecture, comme poursuivre avec moi. Finalement, peu de temps après, mes yeux fatiguèrent, et ce futcontre mon gré que ma tête tomba sur la sienne.

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