♦Chapitre 12.

     Pour notre cours particulier ce jeudi, Remus avait emprunté la salle d'Histoire de la Magie. Il nous y rejoignit avec une malle.

"- Qu'est-ce que c'est ?

- Un épouvantard. Je ne pouvais pas me permettre de ramener un véritable Détraqueur dans l'enceinte de l'école.

- C'est trop dangereux de toute façon." Affirmai-je.

Il hocha la tête avant de déposer la malle devant nous et commença.

"- Bien. Harry, Alexis, ce soir et dans les prochains jours, nous apprendrons à utiliser un sortilège considéré comme un acte très avancé de magie. On l'appelle le sortilège du Patronus. Harry, sais-tu ce qu'est un Patronus ?

- Non..."

Mon frère se tourna vers moi, me questionnant du regard, et je lui expliquai très rapidement.

"- Disons que c'est comme un bouclier anti-Détraqueur. Il est ton gardien.

- Si le sortilège se déroule correctement, alors ce Patronus sortira de votre baguette." Continua Remus. "Le Patronus représente une force positive, une projection de tout ce qui sert de nourriture aux Détraqueurs. C'est-à-dire l'espoir, le bonheur, le désir de vivre. Mais, à l'inverse des humains, le Patronus ne peut pas ressentir de désespoir et le Détraqueur ne peut donc pas lui faire de mal. Je dois cependant vous avertir, jeunes gens, que ce sortilège est peut-être trop complexe pour vous. De nombreux sorciers hautement qualifiés ont des difficultés à le mettre en pratique." Termina-t-il.

"- Et à quoi ressemble ce Patronus ?

- Tout dépend du sorcier. Chacun a le sien.

- Et comment on le fait apparaître ?

- En prononçant la formule suivante : Expecto Patronum."

Je sortis ma baguette après les paroles de Lupin et associai le geste à la parole. Une légère fumée argentée s'échappa de celle-ci après plusieurs essais et je souris en voyant Harry galérer un peu plus que moi, se trompant dans la formule quelques fois. Il réussit enfin après quelques aides de notre part et je l'applaudis doucement.

"- Parfait. Prêts à essayer sur le Détraqueur ?"

Je me crispai à l'évocation des créatures, bien qu'Harry le soit beaucoup plus que moi.

"- Oui, allons-y."

Il s'approcha de la malle et je soufflai un bon coup. Remus avait tenu à vérifier que mon épouvantard avait changé pour un Détraqueur, ce qui est le cas.

"- Alors ? Qui se lance en premier ?"

Je tournai la tête vers Harry.

"- Tu veux que je commence ?

- Non. Je vais le faire. Ne t'en fais pas."

J'hochai la tête et me dirigeai au bout de la salle alors que Remus ouvrait la malle. Harry leva sa baguette et commença à s'essayer au sortilège.

"- Expecto Patronum ! Expecto Patronum ! Expecto..."

Soudain, il perdit connaissance et tomba au sol.

"- Harry !"

     Lupin et moi nous étions écriés en même temps, et notre professeur avait rentré le Détraqueur dans sa boîte. Lorsqu'Harry reprit connaissance, il se redressa et s'excusa.

"- Ce n'est rien. C'est normal. Tu te sens bien ?

- Oui..."

Lupin lui tendit un Chocogrenouille en lui demandant de le manger pour se sentir mieux.

"- C'est ton tour, Alexis."

J'hochai la tête et me mis face à la malle qu'il se mit à ouvrir. Je tendis ma baguette alors que le Détraqueur apparaissait, ce qui fit monter ma panique. Son apparence était toujours aussi horrible... Je tentai une première fois en me concentrant sur le souvenir que j'avais choisi.

"- Expecto Patronum !"

Rien ne se passa, ce qui me poussa à recommencer une fois, deux fois, trois fois... Mais la quatrième ne fonctionna pas non plus et je me sentis soudainement vulnérable. Le hurlement de ma mère et ses supplices m'attaquèrent. Le pire devait être son rire. Cet affreux rire sifflant. C'était fort. Beaucoup trop fort.

"- Alexis ! Alexis !"

     Je me redressai avec précipitation, comme si je me réveillai d'un cauchemar, en sueur et désorientée. Remus était auprès de moi, la main posée sur mon épaule, tandis qu'Harry se trouvait plus loin, paralysé.

"- Tu vas bien ? Tiens. Prends-en un toi aussi."

J'hochai la tête et attrapai le Chocogrenouille qu'il me tendait. Je l'enfilai d'une seule bouchée et il me frotta le dos. Je levai les yeux vers mon frère, confus.

"- J'entendais maman." Annonçai-je.

"- Toi aussi ?

- Oui. Je... C'était fort, abrutissant, le rire et... Et les cris... Et les pleurs.

- Calme..."

Je respirai rapidement et tournai la tête vers mon parrain qui se recula soudainement.

"- Vous voulez qu'on arrête ?" Demanda-t-il.

"- Non !" Avions-nous répondu d'une même voix.

"- Très bien...

- Imaginez si les Détraqueurs reviennent au match contre Serdaigle. Je dois être prêt." Assura Harry. "On doit être prêts."

J'hochai la tête et Remus reprit.

"- Bien... Changez de souvenir. Celui-ci n'est pas assez heureux."

     J'avais pensé à la surprise que m'avait faite Molly en accueillant mes amis d'Amérique et ce n'était, en effet, pas assez fort. Harry réfléchissait. Moi aussi. Je repensais à mes vacances au Terrier avec les idioties de Fred et George il y a deux ans. Ça, c'était heureux ! Si je combinais le tout, ce devait être assez puissant, non ?

"- C'est bon.

- Moi aussi.

- Bien. Harry, commence."

Il hocha la tête et s'avança de nouveau au centre de la pièce, baguette en main. Lupin ouvrit de nouveau la malle et Harry recommença. Il réessaya et tomba au même moment. Je me précipitai vers lui et mon parrain renferma de nouveau le Détraqueur dans sa malle.

"- Harry, réveille-toi !"

Il ouvrit les yeux d'un coup et je sursautai.

"- J'ai entendu papa.

- Papa ?" M'étonnai-je, la gorger serrée.

Je tournai la tête vers Remus qui devint livide.

"- Vous avez entendu James ?"

Je m'assis par terre et passai une main dans mes cheveux, déconcertée.

"- Oui. Pourquoi ? Vous... Vous connaissiez notre père ?"

Je préférais me taire. Remus me lança un regard alors qu'Harry fronçait les sourcils. J'avais comme l'impression qu'il allait me poser pas mal de questions.

"- Oui... Oui, en effet... Nous étions amis quand nous étions élèves à Poudlard. Écoutez, je crois que nous ferions bien d'en rester là pour ce soir. Ce sortilège est beaucoup trop complexe... Je n'aurais jamais dû essayer de vous l'apprendre...

- Non. On ne laissera pas tomber." Affirmai-je. "J'ai confiance en nous, je sais que nous en sommes capables."

Il tourna la tête vers moi et soupira.

"- On ne se concentre simplement pas sur des souvenirs assez heureux." Affirma Harry. "C'est ton tour, Alex. Essaye avec le souvenir que tu penses le plus heureux, toi." Me demanda-t-il. 

J'hochai la tête et regardai ses yeux verts me fixer. Mes lèvres esquissèrent un sourire. J'avais trouvé bien plus heureux que mes vacances chez mes amis... Bien plus.

"- Je sais."

Je me levai en souriant et tendis ma main à Harry. Il se dirigea vers le fond de la salle et je fis signe à Lupin de laisser sortir le Détraqueur, ce qu'il fit.

"- Expecto Patronum !" Hurlai-je.

     Les cris et les paroles de mes parents disparurent doucement de ma tête, ce qui m'aida encore plus à me concentrer sur ce souvenir que j'avais choisi, jusqu'au moment où je pus voir sortir cette fumée argentée difforme qui paralysa le Détraqueur. Je rassemblais toutes mes forces pour ne pas me déconcentrer jusqu'à ce que le Détraqueur disparaisse dans sa malle. La fumée argentée disparut elle aussi aussitôt que ma baguette était baissée. Je fondis sur une chaise, épuisée, et penchai la tête en arrière en soupirant.

"- C'est très bien, Alexis ! Incroyable ! Parfait même !

- À mon tour."

Je tournai la tête vers mon frère qui se leva et Lupin s'approcha de moi pour me donner une barre chocolatée.

"- Manges. Tu iras mieux après. Tu m'as beaucoup étonné !

- Merci, Remus." Chuchotai-je, un sourire en coin.

Il sourit et repartit vers la malle qu'il ouvrit face à mon frère qui réussit lui aussi le sort avec brio, ce qui fit naître une vague de fierté en moi. Il s'assit à mes côtés et je le serrai dans mes bras après avoir fini ma barre chocolatée, le félicitant.

"- Vous êtes incroyables !

- On peut le refaire une dernière fois ?" Demanda Harry.

"- Non. Ça suffit pour ce soir. C'est un très bon début les enfants. Très très bon !

- Merci."

     Remus lui tendit la même barre qu'à moi et lui demandait de tout manger s'il ne voulait pas que le professeur s'attire les foudres de notre infirmière. Je ricanai et nous sortîmes enfin de notre cours anti-Détraqueurs. Plusieurs minutes après être restés dans un silence religieux, Harry tourna la tête vers moi et me demanda.

"- Dis, Alex... C'était quoi ton souvenir ?"

Je ne pus m'empêcher de sourire en y repensant et tournai la tête vers lui.

"- Le jour où j'ai appris que j'allais enfin retrouver mon petit frère."

     Il me sourit avec sincérité, ce qui me poussa à passer mon bras autour de ses épaules alors que nous remontions dans notre salle commune. Harry me rendait heureuse, mais surtout fière. Oui, Harry me rendait fière d'être sa sœur.

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