♦Chapitre 11.

     Après être retournés dans notre salle commune, Harry avait décidé de montrer le miroir à Ron. Mais de ce qu'il avait pu me dire, celui-ci voyait tout autre chose. Il s'y voyait seul, préfet-en-chef et capitaine de l'équipe de Quidditch. J'avais pourtant demandé à Harry de ne pas se torturer plus longtemps et de rester loin de ce miroir. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Voir nos parents lui était addictif. Même si leur présence était imaginaire. Dans la soirée, ne trouvant pas Harry, je me dirigeai jusqu'à la salle où se trouvait le miroir. J'avais visé juste, puisque mon frère était assis, le regard vissé sur son reflet et nos parents face à lui.

"- Harry..." Dis-je d'une voix douce.

Il leva simplement les yeux vers mon reflet, sans pour autant se retourner vers moi pour m'adresser la parole.

"- Je sais ce que tu vas me dire, Alex. Mais j'ai besoin de ça... J'ai envie de les voir.

- Ce miroir ne te montre pas la vérité... Autant que toi, j'aimerais que ce soit la vérité, mais Papa et Maman sont...

- Morts." Me coupa-t-il en fixant le visage souriant de ma mère. "Je sais. Sinon je n'aurais pas vécu dix ans avec les Dursley à jouer les esclaves. Seul."

Je baissai les yeux en croisant les bras sur ma poitrine. Il semblait m'en faire le reproche. Je pris sur moi et le rejoignis pour m'asseoir à côté de lui.

"- On ne m'a pas donné le choix, Harry. Si j'avais pu choisir, je serais restée avec toi." Répondis-je en fixant mes parents dans le miroir.

Harry haussa les épaules.

"- Ca n'a plus d'importance maintenant." Soupira-t-il.

Je passai mon bras autour d'Harry qui posa sa tête sur mon épaule, la mine triste. Nos parents nous observaient, attendris, en assurant que je ressemblais à ma mère pour tout, sauf le nez, et qu'Harry ressemblait à notre père pour tout, sauf les yeux.

"- Je demanderai à Lou et Victor de passer chez les Dursley cet été. Au moins une ou deux journées.

- Tu crois qu'ils vont accepter ?

- Ils n'auront pas le choix quand je serai devant leur porte." Souris-je.

     Harry eut un léger rire, puis nous restâmes à fixer le miroir pendant de longues minutes. Je sentis mes yeux se fermer un instant en repensant au ton de reproche que m'avait lancé Harry juste avant. Il semblait m'en vouloir au fond... Pourtant, si j'avais pu échanger, je l'aurais fait.

"- Alors ? Vous êtes encore là les enfants ?"

Je sursautai en entendant la voix dans notre dos s'élever. Mon sang ne fit qu'un tour et Harry releva la tête pour se tourner vers Dumbledore qui venait d'apparaître.

"- Pro... Professeur Dumbledore...

- Je ne vous avais pas vu, monsieur..." Dit Harry, penaud.

Aussi bien lui que moi savions que nous n'avions pas le droit d'être ici. Nous risquions des problèmes, et nous espérions que nous pourrions en avoir le moins possible.

"- Ce n'est rien."

Soulagée de voir qu'il souriait, je soufflai. Il vint s'asseoir aux côtés d'Harry et fixa lui aussi le miroir.

"- Comme des centaines de personnes avant vous, vous avez découvert le bonheur de contempler le miroir du Riséd.

- Le miroir du Riséd ? Je ne savais pas qu'il avait un nom spécial." Dis-je en retournant la tête vers celui-ci.

"- Mais j'imagine, Alexis, que tu as compris ce qu'il faisait."

J'eus un instant de réflexion. Harry et moi voyions notre famille au complet, mais Ron se voyait préfet-en-chef et capitaine de l'équipe de Quidditch. Et alors que je réfléchissais à ce que cela pouvait représenter, je me rendis compte que "Riséd" à l'envers formait le mot "Désir". Cela semblait clair.

"- Il nous montre nos désirs." Répondis-je en me retournant vers Dumbledore.

"- Moi, j'ai simplement compris qu'il me montrait ma famille..." Ajouta Harry d'une petite voix.

"- Je vais t'expliquer, Harry. Pour l'Homme le plus heureux de la Terre, ce miroir ne sera rien d'autre qu'un simple miroir qui ne lui montrera que son reflet. Tu comprends ?

- Il nous montre ce que nous voulons voir ?

- Oui et non. Il ne nous montre rien d'autre que notre désir le plus profond. Le plus cher. Celui que l'on garde au chaud dans notre cœur. Toi qui n'as jamais vu ta famille, tu l'as soudainement vue devant toi. Ron, qui a toujours vécu dans l'ombre de ses frères, s'est enfin vu seul et glorieux. Alors que toi, Alexis, qui n'a connu tes parents que peu de temps, tu les as revus heureux avec ton frère et toi. Tu as vu une famille unie. Mais malheureusement, ce miroir ne peut apporter ni la connaissance, ni la vérité."

Je baissai les yeux. Je l'avais compris dès que les reflets de mes parents étaient apparus auprès du mien. Il n'était pas là pour m'apprendre la super nouvelle de la survie de mes parents.

"- Des hommes ont dépéri ou sont devenus fous en contemplant ce qu'ils voyaient, car ils ne savaient pas que tout cela n'était pas la vérité et ne savait pas si cela allait un jour être possible. Demain sera déménagé le miroir, et je vous demande à vous deux de ne pas chercher à le retrouver. Mais si jamais vous retombez dessus, vous serez avertis désormais. Ça ne fait pas grand bien de s'installer dans les rêves en oubliant de vivre, souvenez-vous de ça. Et maintenant, retournez donc vous coucher. Si quelqu'un vous croise, vous n'aurez qu'à dire que je vous avais avec moi."

     Tout en hochant la tête, je me relevai, puis tendis la main à Harry pour l'aider à en faire de même. Mais alors qu'Harry sortait le premier, je me stoppai, posant ma main sur l'encadrement de la porte, puis me retournai vers Dumbledore.

"- Et qu'est-ce que vous voyez, vous ?

- Moi ?" Redemanda le barbu à qui je répondis en hochant la tête. "Je me vois avec une bonne paire de chaussettes de laine à la main." Sourit-il.

Étonnée, je ne pus me retenir de hausser les sourcils, accompagnant le tout d'un sourire en coin.

"- On manque toujours de chaussettes ! Noël arrive et je suis sûr que je n'en aurai pas une seule paire. Les gens s'obstinent à m'offrir des livres.

- Je tâcherai de me souvenir de vous en offrir, si vous y tenez."

À ma réponse, notre directeur se mit à rire, et je luis fis signe avant de rejoindre mon frère dans nos quartiers. Je restai un moment face à la cheminée à réfléchir sur ce miroir. Un miroir qui montre son désir le plus profond... Quelle drôle d'invention que de faire espérer des gens sur des sujets sensibles qui n'arriveront peut-être jamais...

     En me réveillant le jour de Noël, je descendis les escaliers en m'essuyant les yeux, encore fatiguée. Au pied du sapin monté près de la cheminée de notre salle commune, Harry et Ron s'échangeaient déjà leurs cadeaux. Quand ils s'aperçurent enfin de ma présence, Ron afficha un grand sourire et lança.

"- Joyeux Noël, Alexis !

- Joyeux Noël, Ron." Lui souris-je en retour.

Harry tourna lui aussi la tête vers moi et ce dialogue se répéta. Je les rejoignis et m'assis à côté des cadeaux vers lesquels je baissai les yeux. Certains étaient à mon nom et j'en attrapai un premier. Il y avait un papier dessus. "Pour Alexis, de la part de Hagrid". J'eus un sourire touché de savoir qu'il m'avait offert quelque chose. À la vue de l'emballage difforme, je ne réussis même pas à deviner ce qui pouvait se cacher à l'intérieur. Ma surprise fut totale lorsqu'en l'ouvrant, je pus voir ce qui ressemblait à une guitare taillée dans du bois. J'avais déjà dit que je jouais de temps en temps quand j'habitais encore à New-York et que j'allais chez mes voisins musiciens. Mais je n'en avais malheureusement pas une à moi. Maintenant, si ! En plus, elle avait été faite artisanalement, des mains d'Hagrid. C'était tellement gentil ! Je n'oublierai pas d'aller le remercier au plus vite. De son côté, Harry me montra la flûte qu'Hagrid lui avait faite.

Tout en baissant les yeux sur le cadeau suivant, je sentis que le papier cadeau contenait quelque chose de mou. On dirait un vêtement. Je vis du coin de l'œil que mon frère en avait un semblable, ce qui me fit froncer les sourcils. J'avais d'abord pensé que c'était de Victor et Lou, mais si Harry avait quelque chose dans le même genre, ce ne devait pas être le cas.

"- Je crois que je sais d'où ça vient." Intervint Ron, voyant nos paquets. "J'ai parlé de vous à ma mère en lui disant qu'Harry n'attendrait probablement pas de cadeau et que sa sœur était avec nous, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle vous envoie un pull à la Weasley !"

Ouvrant le paquet, je sortis en effet un épais pull en laine tricoté de couleur bleu.

"- Tous les ans, elle nous tricote un pull et le mien ne change jamais de couleur. Encore et toujours violet !" Avoua Ron.

"- C'est très gentil de sa part, elle n'aurait pas dû..." Dis-je, légèrement gênée. "Il faudra que je la remercie." Souris-je avant de prendre un nouveau paquet.

Une nouvelle fois, mon paquet était signé. Un petit mot l'accompagnait et je ne retins plus mon sourire en voyant de qui il venait. "C'est pas grand-chose, mais au moins, tu nous auras toujours sur ta table de nuit, Alex ! Tu nous manques, vivement qu'on se revoit. Bons baisers d'Amérique. Tes amiricains". Dans le paquet se trouvait un joli cadre photo fait-main et décoré de quatre petits oiseaux-tonnerre et d'autres jolies choses. La photo dans le cadre était une photo que nous avions prise durant les vacances d'été entre notre première et deuxième année. Nous nous étions tous vu une petite semaine. C'était un super souvenir que j'étais contente d'avoir avec moi ici. Je leur enverrai une lettre pour les remercier à eux aussi. Tout en espérant qu'ils ont apprécié leurs cadeaux !

     Enfin, après avoir ouvert le cadeau de Cedric qui était caché dans une boîte de pansements (ce qui me fit bien rire vu qu'il avait accompagné le tout d'un mot disant que la boîte ne contenait pas réellement des pansements, mais que je devrais songer à en avoir une sur moi au cas où) et qui n'était autre qu'une petite broche à l'effigie d'un balai de Quidditch, et celui d'Hermione qui était une boîte de Fizwibiz, je m'attaquai au dernier cadeau que j'avais. Celui de Victor et Lou. Après avoir déchiré le papier cadeau, je découvris une petite boîte contenant un joli collier doré. Le pendentif était une simple fleur de lys. Il était très joli. Avec leur cadeau, ils avaient accompagné un petit mot pour me féliciter de mon entrée dans l'équipe de Quidditch, mais en me réprimandant sur le fait de ne pas les avoir prévenus plus tôt, car en recevant la lettre de mes professeurs les prévenant que j'étais à l'infirmerie après un match, ils s'étaient beaucoup inquiétés. Ils avaient conclu en me demandant de faire plus attention les prochaines fois, ce qui me fit sourire.

"- C'est une cape d'invisibilité !"

Perdue dans ma lecture et l'ouverture de mes cadeaux, ce fut l'exclamation de Ron qui m'en sortie. En tournant la tête, je vis que le corps d'Harry avait tout bonnement disparu et qu'il n'était qu'une tête volante. Cette scène m'arracha un cri de surprise avant de comprendre pourquoi Ron avait crié ça. Harry avait reçu une cape d'invisibilité ! Alors que je demandai de qui venait le paquet, Harry me tendit simplement le mot qui lui avait été donné et je le lus avant d'ouvrir de grands yeux. Le mot était anonyme, mais il informait tout de même la provenance de la cape. Et elle appartenait à notre père...

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