♦Chapitre 10.

     La discussion de cette réunion commença à dévier pour prendre comme sujet Harry. Sirius était persuadé que mon frère avait le droit d'être au courant des plans de l'Ordre et de ce qui se passait. Il avait le droit d'être à ma place et il défendait son opinion avec ardeur.

"- Je suis du côté de Sirius." Finis-je par annoncer, ce qui fit tourner tout le monde vers moi. "Il est sincèrement en colère de n'avoir été mis au courant de rien, que ce soit l'Ordre, ou...

- Et ?" Me coupa la voix sifflante de Rogue, assis à deux sièges de moi. "Simplement parce que votre frère a piqué une petite crise, nous devons lui céder ? Vous avez entendu Dumbledore, Potter.

- Professeur..." Commençai-je, posant mes coudes sur la table et croisant mes doigts entre eux avant de relever les yeux sur lui. "Vous m'avez autorisée à faire partie de l'Ordre pour cette raison, je vous rappelle." Souris-je. "Et je n'ai même pas pu articuler un seul mot après les événements de la troisième tache... Harry est celui qui a pu vous aider ce soir-là. Sans lui, vous auriez dû attendre des semaines avant d'avoir des informations utiles. Alors oui, je pense que parce qu'il fait une petite crise, comme vous le dites, vous pouvez céder. De la même manière que vous avez céder avec moi. Il le mérite.

- Alexis, ne te compare pas à ton frère comme si vous aviez le même âge. Tu n'es bientôt plus une enfant, aussi étrange cela peut être pour moi." Affirma Remus, me faisant tourner la tête vers lui.

"- Il n'est qu'à deux ans de la majorité, Remus. On peut le considérer comme grand à quinze ans, tu ne crois pas ?

- Écoutez-la ! Elle a raison !" S'écria Sirius. "Vous refusez à Harry ce que nous avons accepté avec Alexis ! Pourtant, sans lui, nous n'aurions jamais su. Il a eu le courage de raconter tout ce qui s'était passé avec Diggory au cimetière.

- Ce que moi, je n'ai pas pu faire." Terminai-je. "J'ai fait beaucoup moins que lui dans cette histoire. Il mérite la vérité."

Mais l'assemblée entière râla dans un boucan inaudible qui me donna mal à la tête. Après avoir roulé des yeux, je soupirai avant de lever les mains et la voix.

"- Par pitié, taisez-vous !"

Tout le monde se retourna vers moi en se taisant, ce qui me fit beaucoup de bien.

"- Je continue de penser qu'il n'a pas besoin de ça.

- Combien de fois devrons-nous répéter qu'il n'est plus un enfant Molly ?" Ronchonna Sirius.

"- Et combien de fois devrais-je vous répéter à tous les deux qu'il n'est pas un adulte non plus ?" Nous sermonna-t-elle. "Il n'est pas James et tu le sais." Ajouta-t-elle en pointant Sirius du doigt.

"- Ce n'est pas ton fils." Répondit-il avec fermeté.

"- C'est tout comme ! Il n'a pas d'autre figure parentale lui, si ?

- Moi !

- Arrêtez aussi, vous deux !" Commençai-je à m'énerver. "Bien sûr qu'Harry n'est pas Papa, mais on ne peut pas nier non plus qu'il n'est plus vraiment un enfant ! Il a vécu des choses qu'un ado de quinze ans n'aurait jamais dû vivre. Ces choses-là font grandir plus vite. Trop vite. Et il nous a prouvés qu'il n'était pas en sucre, Molly. Alors je te remercie du plus profond de mon cœur de te soucier autant de nous. Sincèrement. Mais avec tout le respect que je te dois... Tu n'es pas notre mère."

L'expression sur son visage m'était désagréable à voir, mais je devais lui dire. J'aimais beaucoup Molly. Elle prenait soin de nous comme de ses propres enfants, mais ma mère est morte, et la seule personne qui occupait maintenant ce rôle pour moi était Lou. Molly n'était pas ma mère, malgré tout l'amour que je lui portais. Harry la voyait sûrement plus comme une mère de substitution que moi. Mais la réalité restait la même.

"- Touchant élan paternel. Potter finira peut-être criminel, comme son parrain." Ne put s'empêcher de provoquer Rogue.

"- Ne te mêle pas de ça, Servilus !

- Bon sang, mais vous êtes pires que des foutus gamins !" M'exclamai-je en me levant de ma chaise.

"- Alexis, rassieds-toi...

- Votre petite bagarre ridicule est pire que stupide ! Vous êtes adultes, à ce que je sache, non ? Vous avez grandi ! Tout ce que je vois devant moi, ce sont deux adolescents prépubères et débiles qui se chamaillent ! Vous, vous êtes professeur !" Dis-je en me tournant vers Rogue. "Alors prouvez-le au lieu de vous comporter comme un être détestable. Et toi, tu veux être une figure parentale pour Harry ?" Continuai-je en me tournant vers Sirius. "Alors comporte-toi comme un vrai adulte et agis comme tel. Donc maintenant, rangez votre rancœur aussi bien l'un comme l'autre, ou au moins pendant les réunions ! Parce que croyez-moi, je ne suis pas la seule que vous emmerdez."

Le silence dans la pièce et la stupeur sur le visage des deux concernés sembla figer la pièce, comme mise sur pause. Toujours debout, regardant les ennemis de toujours avec des éclairs dans les yeux, c'est lorsque Rogue était sur le point de me répondre avec un air mauvais que Remus intervint, se levant à son tour.

"- Je pense que cela suffira pour ce soir." Annonça-t-il. "Bonne soirée, tout le monde."

     Il y eut alors un grand brouhaha avant qu'ils ne rejoignent l'entrée. Cependant, tout le monde se calma en sortant dans le hall afin d'éviter de réveiller le tableau de la mère Black qui ne s'était pas gêné à plusieurs reprises de nous rabâcher son agréable discours habituel. Tout le monde s'éclipsa alors que Molly retournait au bas des escaliers pour accueillir Harry comme il se devait. Restée en recul, je finis par suivre Remus et Tonks qui semblait tellement ailleurs qu'elle se prit les pieds dans le porte-parapluies sans faire attention. Je n'eus pas le temps de la rattraper, et elle tomba au sol, allongée à plat ventre dans un grand fracas.

"- Tonks !" M'écriai-je en même temps que Molly.

"- Je suis désolée ! C'est ce stupide porte-parapluies, ça fait deux fois que je me prends les pieds dedans..."

Un hurlement la stoppa et je sursautai. Les rideaux qui cachaient le tableau de la mère Black s'écartèrent d'un seul coup et je grimaçai. Tous les autres tableaux se réveillèrent et crièrent à leur tour. Une horrible cacophonie s'installa et je me précipitai vers le tableau pour aider Molly et Remus qui galéraient à fermer les rideaux pour la faire taire.

"- Vermine ! Saletés ! Résidus de pourriture et d'abjection ! Bâtards, mutants, monstres, quittez cette maison ! Comment osez-vous souiller la demeure de mes aïeux ?"

J'entendais avec difficultés Tonks s'excuser et forçai avec Remus pour réussir à fermer les rideaux, mais nous n'y arrivions pas.

"- Tais-toi, espèce d'horrible vieille harpie, tais-toi !"

Je reconnus Sirius et remarquai alors que Molly avait lâché le rideau sur lequel se précipitait maintenant le Black. Le tableau avait soudain pâli.

"- Ouh !" Hurla-t-elle en allongeant l'unique syllabe de son exclamation. "Traître, abomination, honte de ma chair et de mon sang !

- Je t'ai dit de te taire !"

Remus, Sirius et moi-même réussîmes enfin à fermer ces maudits rideaux et ses hurlements s'étouffèrent.

"- Je crois que j'ai perdu quelques points d'audition." Chuchotai-je en secouant la tête.

Sirius ricana doucement et Remus posa une main sur mon épaule en me souriant légèrement. Nous nous retournâmes tous les trois vers Harry.

"- Salut, Harry. Je vois que tu as déjà fait connaissance avec ma mère."

Je ricanai au ton lugubre qu'utilisait Sirius et commençai à me diriger vers la cuisine pour rejoindre le dîner. Je passai devant Tonks et lui lançai.

"- S'il te plaît, regardes où tu mets tes pieds la prochaine fois ou je vais finir sourde.

- Je suis vraiment, vraiment, désolée..."

Je lui souris en assurant que ça arrivait et nous rejoignîmes la table à manger. J'avais une faim de loup ! Arthur vit arriver mon frère et se leva immédiatement.

"- Harry ! Ça fait plaisir de te voir !" Dit-il en l'accueillant.

Je m'assis à côté de Bill qui leva les yeux de ses parchemins en essayant au mieux de les cacher de ma vue pour demander à Harry s'il avait fait un bon voyage, et, alors que Tonks s'approcha pour aider le roux, elle fit tomber une bougie sur les parchemins. Je me tapai la tête dans la paume de ma main alors qu'elle s'excusa une énième fois et Molly le répara d'un coup de baguette magique. Bill, qui avait les mains pleines, se vit obligé de fourrer le parchemin dans ses bras alors que Molly grondait en disant qu'il faudrait que cela soit rangé immédiatement après les réunions. Je n'avais même pas prêté attention à ces parchemins d'ailleurs... Tout le monde termina de s'installer et Fred apparut derrière moi.

"- La place est-elle libre ?

- Les deux le sont." Souris-je.

     Il sourit également avant de faire signe à son frère qui s'installa sur la chaise à côté de mon petit ami qui déposa une main sur ma cuisse. Molly arriva alors avec le ragoût qu'elle nous avait préparé et nous nous servîmes tandis que je constatais le retour de mon appétit grandissant jour après jour.

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