♦Chapitre 1.
Il se tenait devant moi, ses yeux gris rivés sur mon visage. Nous n'étions qu'à quelques mètres et pourtant, il semblait si loin. La peau blanchâtre, les yeux vides, il était là sans l'être. Je voulais courir pour le serrer dans mes bras, lui dire qu'il me manquait, que j'aurais voulu qu'il revienne. Mais ça m'était impossible. J'étais comme paralysée. Je ne pouvais rien faire, mais en essayant d'ouvrir la bouche, je me rendis compte que je ne pouvais rien dire non plus. J'en étais dans l'incapacité la plus totale. En revanche, mon interlocuteur ne l'était pas, et il me le faisait bien savoir. Autour de nous, le paysage n'existait pas. Tout était blanc. Il n'y avait que lui et moi.
"- C'est toi qui m'as fait ça."
Je voulais secouer la tête, lui dire que ce n'était pas vrai. Mais je ne le pouvais pas. Il répétait encore et toujours la même chose. "C'est toi qui m'as fait ça. C'est de ta faute". Le poids dans ma poitrine vint m'écraser, et j'eus l'impression de manquer d'air.
"- C'était à toi de mourir. Pas à moi. Je serais encore en vie si tu n'avais pas survécu."
Cette phrase résonna dans ma tête avec douleur. Il la répétait, haussant le ton à chaque phrase. Je ne supportais plus ses paroles. Je fermai les yeux, épuisée, et en les rouvrant, je pus enfin bouger. Je m'étais redressée, quelque peu déboussolée, avant de me rendre compte que je n'étais plus dans cet étrange lieu immaculé de blanc, et que j'étais de retour à être seule. Absolument toute seule. J'étais de retour dans ma maison londonienne de Copenhagen Street, dégoulinante de sueur. Je pouvais faire croire aussi longtemps que je le voulais que la raison de ces gouttes sur mon front était la chaleur, mais c'était en partie faux. En plus de la chaleur, mes rêves, hantés par la soirée du meurtre de mon meilleur ami, m'empêchaient de dormir et me provoquaient des nuits agitées depuis le début des vacances. Passant une main sur mon front, je décidai de me lever et de me poster devant ma fenêtre, grande ouverte. La rue, éclairée par la faible lumière des lampadaires, était calme. Seul un chat passait dans celle-ci, et je ne pus m'empêcher de repenser à Poudlard en voyant ce chat gris. Mes yeux furent alors attirés par l'un des lampadaires, clignotant. Lorsque l'ampoule rendit l'âme, Remus hulula, réclamant à manger, ce qui me fit me tourner vers la boîte dans laquelle je gardais sa nourriture. Je sortis deux musaraignes, ce qui commença à l'affoler, heureux d'avoir la panse bientôt remplie. Seulement, en entendant le bruit qu'il commençait à faire, je lui fis signe de se taire en ajoutant.
"- Tu vas finir par réveiller Victor et Lou ! Ils sont bien assez inquiets comme ça, alors chut !" Lui ordonnai-je avant d'ouvrir sa cage pour le laisser s'en extirper.
Il fit quelque pas pour atteindre le centre de mon bureau, et je jetai un coup d'œil autour de ma chambre pour trouver un endroit où disposer les rongeurs, histoire de donner un peu de challenge à mon hibou. La lumière toujours éteinte, je lui fis signe de se lancer à la recherche de sa nourriture et l'observai chercher, un léger sourire sur les lèvres. Puis, en retournant la tête vers la fenêtre, je poussai un léger soupir face aux lettres que j'adressais à ma meilleure amie sans jamais recevoir de réponses. D'après mes amiricains, ce n'était pas un traitement de faveur. Elle ne répondait à personne. J'étais inquiète. Sincèrement. Mais je ne pouvais rien y faire. Et c'était aussi l'une des raisons pour laquelle je me sentais coupable. Je n'avais rien pu faire pour empêcher Cedric de mourir, rien fait pour l'empêcher de s'inscrire au tournoi. J'avais accepté qu'il aille mettre son nom dans la coupe, et voilà où tout cela nous a emmené. La tristesse, le deuil, la colère, et la culpabilité. J'avais survécu, mais pas mon meilleur ami. Et cette injustice me rendait dingue. Pourquoi avais-je eu le droit de survivre à un sortilège impossible à éviter alors que mon meilleur ami n'avait eu aucune chance ?
En sentant des serres se refermer sur ma cuisse droite, je baissai la tête vers mon hibou qui me regardait avec de grands yeux. Je portai ma main à son bec et caressai sa poitrine qu'il ressortait, faisant le fier pour me prouver qu'il avait réussi à débusquer et manger son repas nocturne. J'esquissai un nouveau sourire en le regardant et tendis mon bras pour qu'il monte dessus. Il s'exécuta et je le ramenai devant sa cage pour qu'il rentre dedans. Je l'avais agrandie avant de rentrer et il s'y plaisait beaucoup plus maintenant. Je refermai la grille et le regardai jouer, puis faire sa toilette avant de me lever. C'était à mon tour d'aller grignoter. Sortant de ma chambre avec un soupir, je descendis les escaliers jusqu'à la cuisine dans laquelle je trouvai le panier de fruits. J'attrapai une pomme, la lançai avant de la rattraper, et croquai dedans. Victor et Lou ne me voyaient plus manger. Je les avais mis au courant. J'avais décidé que cette année, ils pouvaient enfin connaître la vérité. Alors ils étaient au courant que Cedric était mort. Mais quand ils me demandèrent comment il avait perdu la vie... Je n'ai pas pu me résoudre à leur avouer le retour de Voldemort. C'était tout bonnement impossible. Je ne pouvais pas leur dire "Lou, Victor, Voldemort est de retour, il m'a torturée, et il a essayé de me tuer. Alors préparez-vous, car ces prochaines années vont être dangereuses !". Je ne le pouvais tout simplement pas. Alors ils savaient que j'étais en deuil. Et que c'était la raison de ma perte de poids si soudaine. J'avais perdu tout appétit pour une raison, et au moins, ils la connaissaient. Après avoir attrapé une brisque de lait et un verre que j'avais fini aussi vite que je l'avais rempli, je jetai un regard à l'extérieur et fronçai les sourcils en voyant une jeune femme aux cheveux rose bonbon arriver en balai devant ma maison. Elle le cacha dans le buisson le plus proche, et je remarquai qu'elle portait un haut des Bizzar'Sisters. Il n'y avait aucun doute, c'était une sorcière. Mais qu'est-ce qu'elle faisait devant chez moi ? En me rapprochant un peu plus de ma fenêtre, c'est une silhouette plus masculine que je pus apercevoir, et je reconnus immédiatement de qui il s'agissait. Ni une, ni deux, j'ouvris la fenêtre.
"- Remus ?" L'appelai-je.
Les deux silhouettes se retournèrent vers moi.
"- Alexis !"
Ils s'élancèrent vers l'allée de notre maison et je me dirigeai vers la porte d'entrée que je déverrouillai. Derrière la porte, Remus était là, et je ne pus m'empêcher de me jeter dans ses bras. Un peu en recul, la femme nous observait avec un grand sourire. Puis, je me détachai de mon parrain.
"- Qui est-ce ?" Demandai-je en montrant la femme de la tête.
"- Une amie. Il valait mieux que je vienne accompagner pour te chercher." Répondit-il.
"- Oh... Enchantée.
- De même ! Je suis Tonks.
- Alexis.
- Ne t'embête pas à faire les présentations." Sourit-elle. "Il n'y a pas une journée sans qu'on entende parler de toi."
En souriant, je levai la tête vers mon parrain et demandai.
"- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je venais te chercher.
- Pour quoi faire ?
- Je t'expliquerai quand nous serons arrivés. Mais c'est important."
Je regardai derrière moi, bras croisés sur ma poitrine, puis retournai ma tête vers Remus en soupirant.
"- Tu... Tu ne peux pas débarquer à presque trois heures du matin pour me dire de te suivre sans plus d'explications." Commençai-je. "J'adorerais te suivre, mais j'ai des affaires à préparer, et... Et je ne vis pas seule, il faut que j'en parle à Lou et Victor...
- Si ça n'avait tenu qu'à moi, je serais venu te chercher demain. Mais Fol'Oeil insistait pour qu'on vienne te chercher la nuit. C'est plus discret.
- Je ne peux pas vous suivre maintenant. Ils dorment encore et...
- Alexis ?"
Je sursautai en entendant la voix de Victor résonner dans mon dos et me retournai rapidement vers lui.
"- Qui sont ces gens et pourquoi sont-ils chez nous ?
- Euh..."
Lou arriva doucement derrière lui et posa une main sur son épaule en observant Tonks et Remus. Je ne pus retenir un soupir, comprenant que j'allais avoir le droit à un nouvel interrogatoire, à mon grand désespoir.
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