chapitre 62
La porte s'ouvre dans un bruit contrastant avec le silence troublant de la pièce. Mes yeux embués de larmes croisent le regard inquiet d'Ethan qui fait son entré. À peine il est arrivé, il accoure vers moi. Je tente de m'approcher de lui, mais les deux gardes à mes côtés me retiennent par les bras. Ce n'est pas long que deux autres armoires-à-glace empoignent Ethan. Il tente de se débattre, furieux, mais c'est peine perdue : les hommes font au moins deux fois son poids et le dépasse de deux têtes chacun.
-Ils ne m'ont rien fait, Ethan. Calme-toi.
Refusant de se laisser maîtriser, il ne m'écoute pas et continue de se débattre. S'il continue, les gardes vont perdre patience et l'assommer.
Qu'est-ce qui a dérapé pour qu'on en arrive là?
Où sont nos gardes? Je croyais que nous étions préparés pour n'importe quelle situation!
Qu'est-ce qui va se passer maintenant? Vont-ils nous amené où sont nos pères pour les faire chanter?
-Nous sommes prêts, dit un des hommes en se tenant l'oreille.
Tout à coup, tout le monde se dirige vers la sortie, Ethan et moi compris.
J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune façon de me sortir d'ici. Ils sont trop nombreux! Pour l'instant, je me tiens bien sagement. Peut-être que je pourrai utiliser la même ruse qu'eux, agir quand on s'en attend le moins.
On sort de l'auditorium et je suis surprise par le silence. Tout le monde marche sur le même pas, dans une synchronisation parfaite. Même Ethan s'est calmé, il marche désormais juste devant moi.
Les gardes nous font monter jusqu'au toit. Pourquoi allons-nous en haut? Ne serait-il pas plus simple et plus rapide de descendre? Entre-temps, les gardes nous mettent des menottes.
On ouvre une porte et une lumière éblouissante nous accueille. Un bruit assourdissant nous vrille les oreilles et un vent étrangement fort nous fouette le visage. Je plisse les yeux tandis que les gardes nous pressent de plus en plus rapidement à l'extérieur.
Un hélicoptère. Je croyais que rien ne pouvait passer au-dessus de l'école par mesure de protection?
Soudainement, les gardes se mettent à courir, nous traînant avec eux. Leurs poignes se font plus fortes et je grimace sous la douleur. Mon cœur se met à battre à sang à l'heure. L'adrénaline courant dans mes veines, je me mets à réfléchir.
Je comprends que s'ils courent c'est parce qu'ils ont un problème. Je jette un regard partout autour de moi, mais je ne vois rien.
Où est Ethan? Je l'ai perdu de vue! On m'amène derrière un petit muret où nous nous accroupissons.
Tout à coup, des hommes en combinaison noir descendent du ciel.
Je ne comprends rien pendant une seconde, puis j'aperçois un deuxième hélicoptère au-dessus de nous.
Des alliés? L'espoir ressurgit en moi. On va peut-être s'en sortir!
À mes côtés, les hommes commencent à perdre de leur sang-froid. L'un cri des instructions dans son micro tandis que l'autre sort son arme et se met à charger.
Je sursaute quand un coup de feu retentit. La détonation est si forte que ça cille dans mes oreilles. Ce n'est rien comparé aux suivantes qui éclatent autour de nous. Je réfugie ma tête entre mes mains entre mes genoux, un homme se penche sur moi pour me protéger. Ils ont besoin de moi vivante, le voilà, mon avantage!
Mais le bruit n'est rien comparé à la peur que je ressens. Est-ce qu'Ethan s'est fait toucher? Aucun des deux clans ne veut le blesser, mais dans ce champ de tir et surtout sans protection, tout est possible. Je risque un coup d'œil dans l'espoir de l'apercevoir, mais je regrette aussitôt. Non seulement, je ne l'ai pas aperçut, mais une dizaine d'homme sont étendus par terre. Le sol recouvert de sang me lève le cœur. Combien d'homme sont morts à cause de nous? Le garde à ma droite tire tout ce qui bouge, atteignant sa cible à plusieurs reprises.
Merde, putain de bordel de merde.
Sans réfléchir, je me jette sur lui, son tir est dévié et l'homme qu'il visait à tout juste le temps de se mettre à l'abri. Je tente d'arracher son arme, mais c'est à peine si j'arrive à y toucher. D'un coup de pied, l'homme me fait renverser. Menottée, je tombe par terre me atterrissant sur mon poignet tout juste guérit.
Je lâche un juron et serre les dents.
-Rick, occupe-toi d'elle! ordonne celui qui vient de me pousser.
Avant qu'il n'ait le temps de m'attraper, je me relève du mieux que je peux, m'appuyant sur mon poignet blessé, je le sens à peine grâce à l'adrénaline. L'homme concentré à tirer nos alliés, ne me vois pas arriver une deuxième fois. Encore une fois, je le bouscule et réussis à dévier la trajectoire du tir.
Cette fois l'homme nommé Rick m'attrape et ne perd pas de temps. Avec son fusil, il m'assène un coup sur la tête. Je vois 36 chandelles et tombe par terre. Une douleur intense me prend à la tête et du sang me coule dans les yeux.
-Merde Rick t'es con ou quoi? Il nous avait dit sans une égratignure! s'énerve l'autre.
-Elle sera plus sage comme ça. Je ne l'ai pas frappé si fort de toute façon.
Le deuxième me jette un rapide regard :
-Tu lui as ouvert le front, crétin.
Tout tourne autour de moi. J'arrive à peine à fixer un point. Rick m'empoigne par les hanches et me déplace de façon à protéger mon corps avec le sien.
Super, maintenant je suis sonnée et en plus je ne vois plus rien de ce qui se passe!
Tout à coup, on se fait surprendre par derrière. Nos alliés se mettent à tirer dans notre direction. Mon pouls accélère encore plus, même si je ne pense pas que ça puisse être possible.
Rick m'empoigne par l'épaule et me soulève comme si je ne pesais rien. J'arrive à peine à me concentrer sur ce qu'il est en train de faire que je me retrouve devant lui, lui servant de bouclier.
-Cessez le feu, c'est la fille! ordonne l'un d'entre eux.
Je n'arrive même pas à contracter mes muscles pour me débattre. Ma tête pend sur le côté comme si je n'étais qu'une poupée inanimée. Soudainement, les coups de feux cessent, j'ignore ce qui se passe de l'autre côté.
-Ne bougez plus où je tire, les avertit Rick en appuyant le bout de son arme sur ma tempe.
Ils ne peuvent pas me tuer, je le sais, mais eux l'ignorent.
-Lâchez vos armes et mettez vos mains en l'air, ordonne le deuxième.
Les alliés font exactement ce qu'il leur dit. Je rassemble toute mes forces, même si un mal de crâne intense me prend et dit :
-Ils ont besoin de moi vivante.
Il y a un moment de parfait silence. Où personne ne bouge et puis, réalisant enfin ce que je viens de leur dire, ils se penchent pour ramasser leurs armes. Les hommes font feux sur eux.
Non!
Je me secoue un peu, essayant de créer un déséquilibre à Rick. Avec chance, certains des hommes devant nous arrivent à se protéger et à atteindre leurs armes. Ils sont plus nombreux que ceux qui me détiennent. Je ferme les yeux.
S'ils ratent leurs cibles, je meurs.
Ils tirent.
Soudainement, je me sens tomber. Je garde les yeux fermés, redoutant ce que je verrai sinon. Je m'écrase sur le sol dur... trempé de ce que je présume être du sang.
J'avale avec difficulté ma salive; ces hommes sont morts.
Je sens ensuite des mains m'empoignés par les aisselles. J'ouvre les yeux et constate avec soulagement que c'est les alliés. Je les referme et me laisse porter dans les bras d'un des hommes. Je serais probablement en mesure de marcher maintenant, mais tant pis. Ces bras me rassurent.
On m'apporte à l'intérieur de l'école.
-Où est Ethan? je m'enquis aussitôt.
-Qui?
-Anderson, Ethan Anderson, il va bien?
Il y a un silence.
J'ouvre les yeux paniqués : pourquoi ne répond-t-il pas?
-Anderson a reçu une balle.
Non.
Ma respiration s'accélère.
-Il va s'en sortir? Où est-il?
-Je ne peux rien affirmer, je ne l'ai pas vue. Il est encore sur le toit.
Sur le toit? Qu'est-ce qu'il fait là? Il doit aller à l'hopital!
-Je veux aller le voir!
Je le repousse pour marcher par moi-même. Après un pas, je perds mon équilibre et me rattrape à la rampe des escaliers.
-Doucement!
L'homme me passe un bras autour des épaules pour me tenir.
-Les instructions sont claires. Je dois vous amener à l'infirmerie, vaut mieux vous reposer.
J'en ai marre, je suis seulement sonnée! Je peux tenir debout encore quelques minutes seulement pour voir son état.
J'attrape l'homme par le bras et le force à se tourner vers moi.
-Je vous en pris, monsieur. Je dois absolument le voir.
Je plonge mes yeux dans les siens et je vois qu'il a envie de me dire oui.
Il soupire :
-Seulement quelques minutes.
Il m'empoigne par le bras et nous rebroussons chemin. Je monte les marches le plus rapidement possible et nous retournons sur le toit.
-Sur le toit, mademoiselle Black, je préfère vous en avertir, ce n'est pas beau à voir.
Je déglutis. Je m'apprête à voir beaucoup de corps et beaucoup de sang.
Je hoche la tête et me montre forte par peur qu'il change d'idée pour ne pas me traumatiser.
Il ouvre la porte.
C'est comme dans les films.
Sauf que c'est bien réel.
Je retiens les larmes qui me montent aux yeux tandis qu'une boule se forme dans mon ventre. Des dizaines de corps sont étendus par terre. Nous marchons sur le sol couvert de sang à sa recherche.
-Par ici.
Il m'attire vers le côté droit du toit, à l'opposé d'où j'étais.
Je le vois soudain, couché par terre, une poignée de personne l'entourant. Je ne vois plus qu'Ethan, j'oublie presque les autres corps et accoure vers lui avec peine.
J'arrive à son niveau et me fraie un chemin.
Oh non.
Je plaque une main sur ma bouche. On lui a retiré son chandail, son torse est couvert de sang. Dans le ventre, la balle lui a probablement touché un rein. J'observe les dégâts ressentant pratiquement sa douleur. Il grimace tout en se remuant. Je m'accroupis à ces côtés.
-Elle est ici, lui dit un homme près de moi. Il n'a pas cessé de répéter votre nom , m'explique-t-il.
Je lui prends la main et lui chuchote :
-Je suis là Ethan, tiens bon.
Il ouvre les yeux faiblement, il semble me reconnaitre.
-Alex... Putain...Tu vas bien?
Il lève une main vers moi, mais je la repose. Mon visage et mes vêtements couverts de sang ne le rassure probablement pas.
-Je n'ai rien, ce n'est pas mon sang.
Il est transpercé d'une balle et il se soucie de ma petite coupure au front. Quelle ironie.
Couvert de sueur, il referme les yeux, se tordant de douleur.
-Qu'est-ce qu'il fait encore ici? Pourquoi n'est-il pas en route vers l'hôpital? je m'énerve.
-On ne peut pas sortir de l'établissement, pour l'instant, il faut attendre.
Mon estomac se tord et un mal de cœur me prend.
-Il va mourir si on ne le soigne pas!
Les hommes autour de moi ne disent rien, fixant le sol, comme s'ils le savaient déjà.
-L'infirmière va faire tout ce qu'elle peut.
L'infirmière de l'école? Celle qui prescrit les pilules de contraceptions aux filles va soigner un blessé par balle? Je sers les poings de frustration tant c'est ridicule.
Ethan sert plus fort ma main et je reporte mon attention sur lui.
-Tiens bon, Ethan.
-Alex... murmure-t-il.
Les yeux toujours fermé, les sourcils froncés, il tente de me dire quelque chose. Je m'approche de lui, pour ne rien manquer de ce qu'il va me dire.
-Oui?
-Je... Je ne veux pas que tu me voies mourir.
Quelque chose se brise dans mon cœur. Un sanglot m'échappe, je sers un peu plus fort sa main. Une larme lui tombe sur le torse.
-Ne dis pas ça.
-Prends soin d'Hayley... et de ma mère.
C'est atroce, il ne peut pas dire ça.
Il ne peut pas mourir.
Au fond de moi, je sais que c'est maintenant totalement possible, je me mets à pleurer en silence. Je regarde les corps inanimé autour de moi, pourquoi Ethan ne pourrait pas être un d'entres eux?
-Ethan...
Je passe une main sur sa joue.
Il se met à tousser et du sang lui sort de la bouche. Elle est où cette putain d'infirmière?
-J'aurais aimé te le dire... dans d'autres circonstances...
J'ignore qu'est-ce qu'il veut me dire, mais ça sonne étrangement comme des adieux.
-Ne me le dis pas. Tu pourras me le dire quand tu iras mieux, je tente de le rassurer entre deux sanglots.
-Je vais mourir... princesse.
Princesse, le surnom qu'il employait pour me taquiner autrefois.
-Arrête, tu es trop fort pour mourir... d'une simple balle.
-Je t'aime Alex... depuis le premier jour où je t'ai vue.
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Chapitre 62... Que pensez-vous qu'il va se passer? Il ne reste que très peu de chapitre... moins de cinq, je crois.
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