chapitre 57
-Vous avez alors deux choix, annonce M. Pavel, le dirigeant de la mission, en croisant les doigts.
Il se lève du fauteuil nous faisant face à Ethan et moi et se dirige vers la fenêtre. Il a l'air inquiet, un pli d'angoisse barre son front.
Je jette un regard à Ethan qui a les yeux rivés vers l'homme qui a la responsabilité de la survie de nos pères sur les épaules. Il n'a pas dit un mot depuis que Pavel nous a expliqué leurs suppositions sur leur enlèvement.
Nos hommes ont des raisons de croire qu'ils ont été enlevés par une compagnie faisant concurrence à la leur. Le souci, c'est qu'il est pratiquement impossible de le prouver.
-Sois vous resterez encadrés ici par les gardes pour votre protection, surveillés jour et nuit. Vous n'irez plus au lycée, vous n'aurez pas ou très peu de contact avec le monde extérieur, encore une fois, pour maximiser votre sécurité. Il n'y a absolument rien qui nous démontre que leurs ravisseurs ne vous en veulent pas à vous.
J'avale de travers ma salive. Je n'aime pas cette option du tout. Couper tout contact avec tout le monde est bien la dernière chose qui me tente. En plus, qui sait combien de temps ça pourrait durer? Des semaines? Des mois? C'est beaucoup trop.
Ethan reste immobile dans un silence perturbant tandis que nous attendons la suite des explications.
-La deuxième option est beaucoup plus risquée. Vous pourrez aller au lycée, reprendre un semblant de vie normal. Bien entendue, vous serez autant encadrés et surveillés par les gardes, sinon plus. Le désavantage de cette option c'est qu'elle n'est pas assez sécuritaire. Le périmètre aérien de l'établissement de l'école n'est pas sécurisé comme il l'est ici. Nous ne sommes pas sur notre territoire alors il est plus difficile et complexe d'intervenir. Nous prendrions les mesures nécessaires pour perfectionner votre sécurité, bien sûr.
Le commandant prend une grande inspiration en croisant ses mains derrière son dos.
-Je vous avouerais que je préfère la première option et je suis convaincu que vos pères auraient le même avis, mais le choix vous revient.
Je me tourne vers Ethan qui sort enfin de son immobilité. Il me regarde pendant un instant, puis se retourne vers Pavel et demande :
-Peut-on prendre des décisions différentes?
Quoi?
-Bien sûre.
-Elle restera ici et je retournerai à l'école.
Je n'en crois pas mes oreilles! Je le fusille du regard en me levant précipitamment du fauteuil.
-Tu n'as pas à prendre la décision pour moi!
Il se lève à son tour.
-C'est trop dangereux, surtout pour toi. Ton père est l'un des hommes politiques les plus importants au monde, un des plus influents!
-Si je peux me permettre, M. Anderson, le vôtre l'est tout autant.
Si un regard pouvait tuer, je jure sur la tête de Charles Black que Pavel serait mort. Intimidé par Ethan, le commandant baisse la tête.
Mais putain qui est son père? Je me jure de découvrir la vérité dès que je suis sortie de ce fichu bureau.
-M. Pavel, je souhaite également retourner au lycée.
Il relève la tête vers moi et la hoche poliment.
-Comme je vous l'ai dit, la décision vous appartient Mademoiselle Black.
Ethan soupire et se laisse tomber dans son fauteuil. Il se frotte les yeux comme s'il souhaitait se réveiller de ce cauchemar. Il a l'air épuisé.
-Je souhaite faire pareille dans ce cas.
***
-Il est tard, vous pouvez aller vous reposer et manger un truc. Laura vous a préparer quelque chose, nous annonce Pavel.
Il nous quitte, en parlant à voix basse, la main sur l'oreille, surement en s'adressant aux vigiles qui ont envahi ma propriété.
C'est à peine si le commandant à tourner le coin qu'Ethan m'attrape le bras brusquement. Il me fait pivoter dans sa direction et me je me retrouve face à lui. Ses beaux yeux noirs fatigués plongent dans les miens.
Pendant une seconde, j'oublie qu'il me maintient, tout ce que je vois ce sont ses yeux infiniment profonds. Puis, sa main exerce une pression plus forte et je me rappelle l'horrible situation dans laquelle nous nous trouvons. J'essaie de me dégager, mais il tient bon.
-Qu'est-ce qui t'as pris? T'es folle ou quoi?
Je grimace en serrant les dents.
-Pourquoi tu ne voulais pas que je retourne au lycée comme toi?
Je réussis à retirer ma main de sa poigne, mais Ethan se rapproche davantage.
-Je te l'ai dit, c'est dangereux. Même Pavel l'a dit, c'est risqué.
-Il a aussi dit que c'était aussi risqué pour toi que pour moi! je réplique. Dis-moi la vraie raison.
Il regarde derrière lui comme s'il craignait d'être entendu. Pendant une seconde, une seule putain de seconde, je suis certaine qu'il va me le dire.
Ces trois petits mots qui régleraient bien des choses, en commençant par mes doutes.
Il tourne sa tête vers moi.
-S'il te plaît, Alex. Fais-le pour ton père.
Je ne le lâche pas des yeux. Je le fixe, je ne cligne même pas des yeux. Je le défi du regard. Je veux qu'il me le dise.
Les secondes s'éternisent. Le silence persiste.
Je secoue la tête sans entrouvrir les lèvres. À la fois pour refuser, mais aussi parce que je m'avoue vaincue. Il ne veut pas le dire. Peut-être aussi que je me suis trompée et qu'il n'a pas vraiment de sentiment envers moi.
-Qui est ton père?
Je sais que si je fais des recherches, je trouverai sûrement la réponse, mais s'il est au moins capable de me le dire, j'en serais soulagée.
Il a un petit rictus aux lèvres, le premier semblant de sourire depuis que je suis arrivée.
-Ça me surprend que tu ne sois pas déjà au courant. J'aurais crue qu'en voyant ma mère, tu te souviendrais.
Souviendrais de quoi? Sa mère m'a bien causé un sentiment de déjà-vu, mais je n'ai pas réussis à mettre le doigt dessus. Et pour ce qui est de son père, avec tous les devoirs et les travaux que j'avais à faire, je n'ai guerre eu le temps d'y songer.
Il hausse les épaules doucement. Il ouvre la bouche et un stresse me prend le ventre.
-Christopher Nicholas Anderson. Autrefois appelé le président des Etats-Unis d'Amérique.
***
-Vous en voulez encore, mademoiselle?
Laura me tend le plateau rempli de beignes, gâteaux et autres pâtisseries réconfortantes.
Je secoue la tête, la bouche pleine en me tapotant le ventre. Je n'ai plus faim du tout.
-Merchi, je tente d'articuler.
Elle secoue la tête en rigolant et s'éloigne avec le plateau, me laissant seule dans la cuisine.
Ça alors... Comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte plus tôt? Ethan est le fils du président! Ou du moins de l'ancien. Je devais avoir trois ou quatre ans lorsqu'il était à la tête du pouvoir. Il était littéralement l'homme le plus puissant au monde!
J'ai d'abord pensé que c'était une plaisanterie. Il devait se moquer de moi, c'était tellement improbable que je n'en croyais pas un mot.
Puis je me suis à l'évidence, Ethan Anderson est le fils de Christopher Nicholas Anderson.
Bordel.
En ce moment, Ethan est dans la douche. Pavel trouvait plus sûr qu'il reste ici pour la nuit. Moi, je n'étais pas sûre que ce soit nécessaire, par contre, là-dessus, mon opinion n'avait absolument aucune importance. Il reste, un point c'est tout, m'a dit Pavel.
Mon père s'est fait enlever. On dirait que je suis en train de faire un cauchemar. Je ne réalise pas toute l'ampleur de la situation. Demain, quand la nouvelle sera dans tous les journaux et que tout le monde me regardera avec de la pitié dans les yeux, je comprendrai mieux, j'ai l'impression.
Quand Ethan m'a annoncé pourquoi tous les gardes étaient sur la panique, j'ai manqué d'air. Encore une fois, aucune particule ne pénétrait mes poumons. Mes jambes se sont pliées et je me suis retrouvé sur le plancher. Ethan s'est accroupi à côté de moi, cherchant quoi faire pour aider. Tout ce qu'il a trouvé est un verre d'eau qui m'a alors lancé au visage –l'eau, pas le verre. La surprise m'a permis de respirer un peu, pas beaucoup, mais un peu.
-Merde, Alex, ça va? m'a-t-il demandé inquiet.
Je n'ai pas répondue sur le champ. J'ai d'abord pris le temps d'absorber la nouvelle. Mon cœur fragile s'en est remis et je me suis mise sur pied.
Il s'est passé une main dans les cheveux et a soupiré un bon coup.
-Je déteste quand tu fais tes crises. J'ai toujours l'impression que tu vas me crever dans les bras.
Je n'avais pas la tête à rire, je ne l'ai toujours pas d'ailleurs.
-Que s'est-il passé? je me suis contentée de demander.
Il a ouvert la bouche pour m'expliquer le peu qu'il savait, mais Pavel est entré et l'a interrompu.
Maintenant que je suis seule, je laisse les larmes coulés. C'est horrible. Ce sentiment dans mon estomac, comme si j'allais exploser d'une minute à l'autre, le fait de voir mes mains tremblés d'anxiété et le fait de ne pas savoir où il est et comment il va.
Mais le pire c'est ce sentiment d'inutilité. Je ne peux rien faire pour aider et ça me tue.
Je me lève de ma chaise en m'essuyant les yeux. Il est presque trois heures du matin, il est temps que j'aille me mettre au lit, même s'il est clair que je ne dormirai pas.
Je monte à ma salle de bain, j'attrape mon peignoir et saute dans la douche. Une fois sortie, je ne prends même pas la peine de me sécher les cheveux. Heureusement, demain je n'ai pas cours, je vais pouvoir me lever tard et prendre la journée pour digéré cette nouvelle, même si je ne pense pas que ce soit possible.
Je m'allonge dans mon lit, me blottit dans mes couvertures et mes oreillers de soies et de plumes. Je ferme les yeux, mais après une nouvelle pareille, aucune personne ne pourrait s'endormir, aussi fatiguée soit-elle.
Je fais comme si je dormais quand Ethan vient s'allonger à côté de moi dans mon lit. Je sais qu'il m'observe et je sais qu'il sait que je ne dors pas. Il passe un bras autour de ma taille et me donne un baiser sur le front. Son corps contre le mien me réchauffe et je me sens tout de suite un peu mieux.
Je pense rêver quand je l'entends murmurer :
-Je t'aime.
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Et voilà la suite! Le chapitre 57! Enfin! Ouff, écrire me manquait et je suis tellement heureuse d'avoir pu finir ce chapitre ce soir! Bonne nouvelle : je suis en vacance pour 10 jours et je compte bien écrire :D Merci d'avoir lu et d'avoir été aussi patients, je vous aime fort xxx
Et je voulais savoir...
Vous êtes TeamAustin ou TeamEthan? ;)
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