Alexander

Je l'ai encore vu. Il marchait tête baissé dans la rue. Pour la première fois, j'ai croisé son regard. Un coup de foudre? Non! C'était un ouragan, une tempête de sentiments. Je pensais à lui  à chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde.

Il me fascinait... Par contre, j'ai pu voir la tristesse dans ses yeux lorsque nos pupilles se sont rencontrées. Mais comment un garçon si spécial pouvait être si malheureux? Je ne le savais pas...
Je l'ai observé en cours. Il avait la mauvaise manie de se ronger les ongles lorsqu'il était stressé. Il se passait lentement la main dans les cheveux quand il était indécis. Il tapais calmement des doigts lorsque le professeur était ennuyeux.

C'était lui.

Je lui ai parlé. Enfin, j'ai plutôt bafouillé; Un jour, je longeais le sombre couloir de la bibliothèque, et tranquillement, j'ai tourné au coin. Ma tête a percuté quelque chose. Était-ce son torse? Je ne le saurais jamais. Mais, pour une deuxième fois, j'ai rencontré ses yeux d'émeraude. Je jurerais avoir vu une lueur dans ses yeux.
Ses mèches blondes étaient désordonnés sur son front. Il paraissait étrangement faible.
Suite à notre collision, je lui ai dis un truc dans le genre"d-d-dé-s-s-olé" et il m'a répondu d'un hochement de tête et un petit sourire gêné. J'ai littéralement fondue pour une deuxième fois.
Je devais lui parler! Un vrai dialogue! C'était décidé depuis peu dans ma tête; Le lendemain, j'allais aller le voir et m'excuser une deuxième fois pour notre petit incident de la veille, en espérant qu'il engage la conversation entre nous deux. 
Malheureusement, ça ne s'est pas passé exactement comme je l'avais prévu.
En rentrant dans la classe comme je le fais habituellement, je me suis dirigé vers son bureau. Sa tête était penché sur quelque chose qu'il semblait écrire. Lorsqu'il a pu apercevoir ma silhouette à 90 degrés, ses yeux perçants m'ont détaillés de la tête aux pieds. Je me sentais transpercé par son regard.
Si cet idiot de Brandon ne s'était pas mêlé de nos affaires en pleine classe, je me serais fort probablement évanouie. Laissez-moi vous expliquer;
Suite à l'échange de regards entre moi et le jeune garçon séduisant, Brandon, un garçon pas très intelligent qui ne manque pas une occasion pour nous humilier, c'est adressé à toute la classe en disant:" Voilà que la petite coincée s'est trouvé un copain. Si t'avais envie de quelque chose de mieux que cette petite chochotte comme petit ami tu aurais dû me contacter."
Bien sûr, ça à fait rire tout le monde.
Moi qui m'attendais à ce que le jeune silencieux qui se trouvais devant moi se taise et retourne à son écriture, eh bien j'ai eu une bonne surprise car suite à la pique de Brandon, il a immédiatement répliqué la tête haute: "Elle n'est pas coincée! La preuve, elle s'adresse à moi, elle, au lieu de m'ignorer et de s'attaquer au plus faible."
J'étais complètement sous le choc, c'était la première fois que je l'entendais parler. Sa voie était sublime. Pas rauque, comme la plupart des garçons, ou plutôt des hommes, de notre âge, mais claire et déterminée.

Parfaite.

Suite à sa réplique singlante, la cloche à sonné, obligeant chaque élève à se rasseoir à sa place. Le cours a peu à peu commencé puis, rendu à la dernière demi-heure de classe, la personne assise derrière moi m'a passé un petit bout de papier plier en quatre sous son bureau en pointant du doigt mon jeune défenseur de tout-à-l'heure qui écrivait encore dans son cahier.
Je tremblais de partout. Pourquoi m'envoyait-il un petit mot? J'ai lentement ouvert la note, puis je l'ai lu:

"Tu sais qu'ils ne vont pas arrêter de nous agacer avec ça maintenant?

Alexander"

Alexander? C'était son nom?Alexander... Ça sonnait bien...
Eh bien Alexander, si tu croyais que j'allais me soucier de ce que ces imbéciles allaient raconter de peu orthodoxe sur moi tu te trompais, car je m'en fichais.
Suite à ma lecture, j'ai écrit un petit message, remplissant l'espace qui restait sur le papier blanc. Un petit mémo court, mais qui va droit au but:

"Cher Alexander

J'aimerais seulement faire connaissance avec toi, et je me fiche de ce qu'en pensent les autres."

Mon message terminé, je l'ai passé au même garçon de tantôt. Celui-ci paraissait découragé de jouer le pigeons voyageurs comme cela en français, mais il a quand même donné le mémo à mon jeune sauveur. Ce-dernier, en ouvrant la mini-feuille, m'a envoyé un petit clin d'œil discret et subtil. Le rouge me montait aux joues, ce qui le fit sourire.
Il ne m'a pas renvoyé de petites notes du reste de la journée...
Le lendemain, j'avais plein d'attentes, vous savez, toutes les femmes se font des petits scénarios dans leur tête pour illustrer les dix-milles façon qu'un garçon les aborde... Eh bien j'avais tout imaginer la veille au soir, lorsque le sommeil ne voulait pas m'emporter.
Peut-être qu'Alexander attendait seulement qu'on soit seul pour se parler...ou peut-être qu'il est présentement debout face à mon casier en attendant que j'apparaisse dans son champ de vision...je ne savait absolument pas.

La première cloche a sonné, je me suis dépêchée de prendre mes cahiers et d'aller en cours. Lorsque la classe à commencé, j'ai regarder le bureau en diagonal au mien, où Alexander est supposé être.

Personne! Mais où était-il?

La journée a passé lentement, très lentement, et Alexander n'a pas pointé le bout de son nez.
Le lendemain, j'avais encore plus d'espoir de le retrouver, mais le même scénario c'est reproduit, il n'y avait personne à sa place... Cela a duré une semaine, une semaine complète où je me suis faite des idées: peut-être qu'il était mort, il avait peut-être un accident, sa grand-mère avait peut-être un problème de santé et il devait rester à ses côtés, je ne le savait pas...

Il a finalement repointé le bout de son nez une semaine plus tard, comme si de rien était, en histoire, où son bureau est situé directement à côté du mien. Personne n'a semblé le remarquer...

Mais moi, je ne pensais qu'à ça!

Il occupait encore plus de place dans mon esprit qu'auparavant. Des milliers de questions m'assaillaient de toute part. Mais où était-il pendant tout ce temps?

Bref, lorsque je l'ai enfin vu rentrer en classe après une semaine d'attente, il semblait étrangement heureux. Dès qu'il avait franchit la porte, Alexander s'était immédiatement dirigé vers mon bureau, où il s'était délibérément assis sans gêne, comme si nous étions amis depuis une éternité.

Étions-nous amis?

Peu importe, à ce moment, la seule chose qui m'occupait l'esprit était le fait qu'il était présentement devant moi, en chair et en os, et qu'il semblait heureux, pour une fois. Je n'ai pas pu m'empêcher de bafouiller:

- Hum, salut?

Il m'a tout de suite dit (tout confiant et sans trop répondre à ma question):

- Je t'invite à sortir ce soir, tu veux ou tu veux pas?

J'étais obnubilé; lui, le garçon que j'aimais, me demandais de sortir un soir en sa compagnie! J'ai immédiatement répondu (sans penser aux conséquences qu'engendreraient cette décision prise sur un coup de tête, surtout pour ce qui en est de mes parents):

- Oui, j'aimerais ça!

Un sourire s'élargit sur son visage. C'était la bonne réponse!

- Alors je viens te chercher chez toi ce soir? Il me demande, tout heureux.
- D'accord, hum, tu sais c'est où? Je dis calmement.
- Je vais me débrouiller. Il répond, mais sans toutefois quitter mon bureau.

Ce n'est que lorsque la cloche annonçant le début du cours a sonné qu'il a été forcé de se déplacer jusqu'à sa place, qui était, je dois le repréciser, juste à côté de la mienne.

Pendant tout le cours, nous n'avons pas pu nous empêcher de nous envoyer de petits messages. Comme pour nous remémorer notre première "conversation".

J'étais heureuse.

Comme ce soir où il est venu me chercher pour m'emmener au cinéma, déclenchant la colère de mon père, mais les faveurs de ma mère, qui l'appréciait beaucoup il faut dire.

Comme la première fois où nous nous sommes embrassé, dans la nuit, sous les lumières réfléchissantes des lampadaires du parc de notre village.

Comme la fois où mon père à finalement commencé à apprécier Alexander, et l'a avoué sans gêne à ce-dernier.

Et enfin, comme la fois où il m'a finalement demandé si nous pouvions formé un couple, et que j'avais répondu, toute émue, par l'affirmative.

J'étais heureuse. Et c'était partagé.

Malheureusement. Cela n'a pas pu durer. C'était trop beau pour être vrai. Trop beau.

Lors d'un matin tranquille en compagnie de mon bel Alexander, j'ai pensé à toute notre histoire, comment nous avions tranquillement évolués avec le temps, comment nous avons vécu ces derniers mois comme les meilleurs de toute notre vie et comment nous avons surmontés certains obstacles à l'école autant qu'à la maison...

Mais une chose me restait en tête.

Que c'était-il passer la semaine où Alexander avait manqué de l'école? Cette question m'était venu à l'esprit de nombreuses fois, mais jamais je n'avais osé lui demander.

Cela paraissait si...personnel.

Si il ne m'en avait pas parler avant, c'est qu'il y avait probablement une raison.

Alors ce matin là, je m'étais décidé à lui en toucher un mot; Alors qu'il dormait encore, je l'ai réveillé de la manière qu'il préférait; en lui distribuant des milliers de bisous dans le cou.

Je l'ai regardé dans les yeux, puis, en remarquant mon léger malaise, il m'a tout de suite demandé de sa voix douce et apaisante:

- Ça ne va pas? Qu'est ce qu'il se passe.

Il y avait un léger trémolo dans sa voix, témoignant son inquiétude. Je lui ai immédiatement dit, en évitant son regard:

- Je me demandais encore une fois ce qu'il s'était passer il y a deux mois, lorsque tu avais raté des cours d'école pendant une semaine complète. Jamais tu ne m'en a parler, et tes parents ont toujours évité le sujet...

Il m'avait relevé calmement le menton, afin de sceller nos orbites ensemble.

- Tu veux vraiment le savoir?

Mais bien sûr que je voulais le savoir! J'ai tellement pensé souvent à ce qu'il y avait bien pu se passer, mais je ne l'avais jamais su...

- J'y tiens beaucoup, si ça ne te dérange pas. Je m'étais tellement fait du sang d'encre à ton égard lors de cette semaine!

Maintenant, c'était à lui de fuir mon regard. Je sentais qu'il voulait éviter la conversation, mais moi, je voulais entendre l'histoire, la suite de mes réflexions incessantes...

- Je... Eh bien... Il y a quelques moi, j'ai commencé à avoir une sorte de grippe...je toussais, je ne me sentais pas bien, je pleurais pour rien, j'avais constamment la nausée et je vomissais régulièrement...

Il s'était arrêté un moment, puis il avait continué:

- Je suis allé à l'hôpital, puis ils m'ont dit que j'avais contracté une maladie qui devenait de plus en plus courante chez les jeunes.

Une autre pause...

- Et alors? J'ai demandé, inquiète.
- Et alors il me l'ont annoncé, la triste nouvelle... J'avais la leucémie... Et je l'ai encore... La chimiothérapie a bien fonctionné cette semaine là où j'étais absent, mais la mort est inévitable, et elle viendra cogné à ma porte un jour ou l'autre. Ça pourrait être aujourd'hui, comme dans un mois, ou un an... Mais la maladie n'est pas partie, et elle ne partira jamais...

Il pleurait maintenant, et moi aussi, sous le choc de la nouvelle...

Mais cela ne m'a pas tant affecté.

Cela ne faisait qu'embellir encore plus les moments que je passais avec lui. Je profitais de chaque instants avec Alexander. Pendant un an, nous avons profité de la vie.

Et un jour, inévitablement, ce moment tant rejeté est enfin apparu, et mon bien aimé nous a quitté, trop faible pour continué de vivre. Je l'avais aimé du mieux que j'avais pu... Mais malheureusement, nous ne pouvions rien faire.

Alexander, jamais je ne t'oublierai...

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