Sur la plage

Point de vue d'Alex :

Je crois que ça fait maintenant plus d'une heure qu'Alya est en train de résumer tous les défauts des hommes qu'elle a connus, avalant entre chaque insulte une gorgée de vodka. C'est palpitant de la voir s'énerver, c'est toujours à ce moment là qu'elle se lâche.

Ses lèvres tremblaient timidement et ses cheveux volaient autour de son visage durcit par la colère. Ses boucles blondes étaient souples, retombant en sublimes anglaises autour de sa tête. La nuit noire assombrissait ses yeux, d'ordinaire d'un bleu presque translucide. Ce soir, ils brillaient de milles feux, réfléchissant toutes étoiles du firmament. Son visage fin était éclairé par la douce lumière blanche que diffusait la lune.

J'attrapais la bouteille alors qu'elle énumérer les sales coups d'un énième homme lui ayant brisé le cœur, savourant le liquide coulant dans ma gorge, brûlant ma langue. Une chaleur s'installa dans le creux de mon ventre et ne manqua pas de me donner quelques frissons au passage. C'est toujours un plaisir de boire en compagnie de Alya ! songais-je en lui tendant la bouteille.

J'avais terriblement chaud depuis quelques minutes, malheureusement j'avais déjà enlevé tous mes habits.

- Non mais ce connard avait carrément accepté un rendez-vous avec une fille ! Alors qu'on sortait ensemble ! s'écria-t-elle folle de rage.

- Aly, au lieu de hurler vient avec moi ! criais-je dans un élan d'ardeur.

Des bouffées de chaleur m'agressaient de plus en plus et je ne pouvais plus rester assise dans le sable à mourir de chaud. Une idée prit place dans mon esprit. J'attrapais Alya par le bras et l'emmenais avec moi jusqu'à l'eau clapotant doucement sur le bord.

- On va se baigner Aly ! ajoutais-je en courant dans le sable humide.

Un cri de joie sortit de sa bouche et elle retira son tee shirt pour plonger dans l'eau froide avec moi. L'eau était glaciale. Dès que mon corps fut en contact avec le liquide salé, un frisson envahit tout mon corps. Je me sentais terriblement libre. Les mouvements que je faisait dans l'eau me détendait tout le corps, et l'eau qui glissait sur ma peau raffermissait mes muscles endoloris par notre marche effrénée dans la forêt.

- Wouaaaw ! cria Alya, nageant pour se rapprocher de moi.

- C'est merveilleux putain ! criais-je à mon tour euphorique.

La nuit était tombée, il faisait noir et l'eau reflétait le ciel étoilé. J'avais l'impression de nager dans l'espace et avec le taux d'alcool que j'avais ingéré, mes mouvements me semblaient accélérés. Je battais des pieds dans l'eau, ayant l'impression de voler. C'est comme si j'étais entrain de me baigner dans le cosmos, pensais-je, alors que je brassais l'eau de cette galaxie inconnue. Je fixais les petits points lumineux à la surface de l'eau, admirant la répercussion du ciel à la surface de la grande étendue liquide. Je portais mon regard sur la lune, me sentant libre comme jamais je ne l'avais été auparavant. Libre.

- Aly je m'éclate là ! hurlais-je pour troubler le silence de la nuit. J'adore les Escourtines !

En guise de réponse elle s'aggripa à mon cou pour me déposer un baiser fougueux sur la joue, me coulant à moitié dans le fluide glacial.

- Moi aussiiii ! déclara t-elle, détruisant tous mes tympans au passage. Vive les Escourtines !

Je commençais à avoir super froid, mais l'eau me faisait tellement de bien que je n'avais pas envie de sortir. Me rappelant ensuite que la bouteille de vodka sur la plage n'était pas finie, je trouvais la force de nager jusqu'à la berge. Alya me suivait de près, elle avait dû penser à la même chose que moi !

Je courrais, pieds nus et presque à poil sur le sable avant de m'affaler près de nos affaires. Je tendis le bras et attrapais la bouteille laissée seule sur la plage. Je déposais mes lèvres sur le bord du gouleau et fit couler la vodka dans ma bouche. Toujours aussi bon, pensais-je en dégustant l'alcool.

- Heureusement que j'ai pensé à la vodka Alex ! Je suis géniale ! hurla Alya, accourant vers moi en tapant des mains.

- T'es pire que géniale ! lui répondis-je, comblée de joie.

Je m'allongeais sur le dos dans le sable humide pour observer le ciel. Depuis que la nuit était tombée j'étais subjuguée par la beauté de la voûte céleste au-dessus de ma tête.

Cette journée était pas mal finalement, pensais-je. D'abord l'écran plat des voisins, ensuite la visite de la mère d'Alya. Elle était adorable, un peu comme ma mère. Non, elle ne remplacerait jamais ma vraie mère, mais elle faisait partit des personnes qui comptent beaucoup pour moi. Et la voir si épuisée m'avait brisé le coeur. Mais je pensais à Alya qui avait du être heureuse de la voir pour son anniversaire, ce qui me rassura un peu. Ses yeux brillaient lorsqu'elle parlait de sa mère, quand elle la voyait ou l'appelait. C'était merveilleux.

Avec le temps, je me rendais compte que le visage de ma mère devenait de plus en plus fou dans mon esprit, un peu comme si son souvenir tenter de s'effacer peu à peu. Cela me terrifiait. Au moins, son sourire, sa douce odeur de lavande et son rire étaient imprégnés en moi pour toujours. Mon cœur se comprima douloureusement. Elle me manquait tant... Je donnerais tout pour la revoir, ne serait-ce qu'une fois. Mes yeux devinrent humide, et je chassais les fantômes de mon passé, me rembobinant le fil de la journée.

Cette excursion en forêt était réussie. J'avais atterrit sur cette plage magnifique, avec un ciel époustouflant et une vodka délicieuse. De plus, j'étais avec Alya. Que demander de mieux ?

Alya vint poser sa tête délicatement sur mon épaule, et comme si son contact m'avait automatiquement apaisé, je fermais les yeux. Je finis par m'endormir sur la plage, dans l'atmosphère moite et chaude de cette belle nuit d'été.

• • • • • •

Une bourrasque de vent fit valser quelques feuilles déposées au sol, et un tourbillon de sable les accompagna. Cela faisait une bonne demi heure que j'étais réveillée, assise au bord de l'eau, un migraine atroce. Les pieds dans l'eau froide, je profitais du calme, laissant mon regard courir sur l'horizon. La chaleur de la nuit avait cédé la place à la fraîcheur de l'aube, et je soupirais en attachant mes cheveux en une queue haute. Les cendres du feu que l'on avait allumé avec mon briquet alors qu'on était complètement hier virevoltaient à cause de la légère brise.

Alya dormait encore, et je ne voulais pas la réveiller immédiatement. Mes habits étaient trempés d'hier soir, et je n'avais absolument pas de pull pour me couvrir. Un coup à tomber malade. Ma mère m'aurait répété qu'il fallait toujours se couvrir afin d'éviter d'attraper mal. Ma mère... Je chassais ces pensées d'un mouvement de bras et fixais maintenant mes mains crispées.

Je me décidais à réveiller Alya, j'avais beaucoup trop froid et je ne pouvais plus rester ici. Il fallait se remettre en route. Notre meilleure chance était de dénicher un endroit ou on capterais du réseau afin de prévenir nos voisins, seuls individus que l'on connaissait plus ou moins bien dans cette nouvelle ville. Je secouais doucement son épaule pour la tirer du sommeil.

- Alya, c'est le matin. Faudrait partir maintenant, chuchotais-je d'une voix douce.

- Oh non... marmonna t-elle repoussant les quelques mèches de cheveux collées à son visage.

- On va trouver du réseau et appeler les garçons. Allez lève toi ! lui dis-je en la secouant encore une fois.

Elle fini par se lever et fixer la mer longuement à côté de moi. Elle épousseta sa joue pleine de sable, et se releva avec difficulté à cause de sa cheville enflée.

- Merde... se lamenta-t-elle. Et tu sais ou est passé mon tee-shirt ? rajouta-t-elle en le cherchant des yeux.

Je grimaçais, me rappelant soudain qu'on s'était servit de son haut pour allumer le feu la veille.

- Comment dire... Ton tee-shirt est... On l'a utilisé pour faire le feu, tu te souviens ? Il a cramé, lui annonçais-je sobrement.

- C'est pas possible ! grogna-t-elle, dépitée. Putain je me rappelle c'était mon idée en plus...

Elle secoua la tête, et se releva, son soutien-gorge noir en dentelle pour seul vêtement. elle renfila ses bottes, et je chaussais mes baskets, prête à repartir.

- C'est si beau, souffla t-elle, émue, en regardant une dernière fois le paysage.

Je fixais moi aussi l'horizon, gravant chaque détail dans ma mémoire, avant de prendre le sac d'Alya et de le porter à sa place.

- Bon on y va, j'ai super froid ! lançais-je avant de me mettre à marcher.

On se mit toutes les deux en route en espérant trouver un endroit avec du réseau pas très loin. Alya arrivait à marcher en boitant, logeant le bord de l'eau en avançant pas à pas dans le sable fin. Mais c'était peine perdue, à chaque pas j'avais l'impression de me perdre encore plus loin de la civilisation. Je marchais nochalement avec mon téléphone à la main quand mon téléphone afficha une barre de réseau.

- Aly j'ai du réseau ! Du réseau ! m'écriais-je en brandissant mon téléphone en l'air.

- Appele les garçons pour qu'ils viennent nous chercher ! Dépêche toi ! cria Alya exaspérée de ma lenteur.

Je m'empressais d'appeler Michael qui répondit à la seconde où j'avais appuyé sur son numéro.

- Allô ? demanda t-il fébrile.

- Michael ! Venez nous chercher s'il vous plait ! m'exclamais-je à travers le combiné.

- Putain mais qu'est ce qui vous est arrivé ? On a dû garder votre chat pendant toute la nuit c'était l'horreur ! me cria t-il énervé. C'est un vrai démon la nuit ! Il courait partout et il a fait ses griffes sur le canapé en cuir ! Vous vous êtes bien fichu de nous hein !

- Tes commentaires tu vas te les garder Michael on s'est perdues ! Alors venez à la forêt des Escourtines ! renchéris-je pour qu'il la ferme. On a du passer la nuit perdues en pleine nature ! On avait carrément la trouille !

- Pardon ? Vous vous êtes perdues en forêt ? Et vous n'avez pas appelé ? demanda t-il perplexe. Comment vous vous êtes débrouillées pour vous perdre ? rajouta-t-il en rigolant.

- Mais t'es con ? On n'avait pas de réseau figure toi ! S'il te plait dépêche toi je meurs de froid merde ! Alya c'est fait mal au pied et on a rien bouffé depuis des heures alors ramenais vous tout de suite ! dis-je en raccrochant sèchement.

Alya me fixait soucieuse, puis s'écria :

- Faudrait récupérer notre voiture aussi !

- On verra ça quand il seront là, moi j'en peux plus, répondis-je épuisée.

Au moins une heure plus tard nous avions trouvé un petit sentier, et c'est en jubilant qu'on le rejoignit. Il nous conduit à une route, et par chance c'était celle qui amenait au parking de la forêt. On sauta dans les bras l'une de l'autre, épuisées. On allait pas crever dans cette forêt finalement ! Là-bas notre voiture était toujours garée, et je reconnu l'Audi blanche de nos deux voisins. Décidément, ils étaient toujours là pour nous sauver ceux là.

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