Réveil difficile

Point de vue de Alex :

Je sortais doucement du sommeil, réveillée par le pressement douloureux d'une surface dure contre ma joue. J'ouvris péniblement les yeux en posant ma main sur mon visage, à l'endroit où la douleur martelais ma peau. Tâtonnant du bout des doigts l'espace autour de moi, je découvris une surface chaude et môle sous moi.

Je pris peu à peu conscience du fait que je me trouvais allongée sur un pouf, à moitié étalée par terre, enroulée dans une couverture qui sentait les lessives hors de prix des laveries trop chères. Je tournais la tête pour apercevoir Alya, étendue sur le canapé gris de nos voisins, les pieds en pleins sur la figure de Gabriel.

Je me redressais sur mes coudes et vis la pièce où je me trouvais : un immense salon éclairé par une lumière crue sortant des interminables baies vitrées, donnant sur les rues ensoleillées de la ville. Les immeubles de la métropole étaient doucement éclairés par les premiers rayons de soleil de la journée. La lumière naissante se reflétait dans les vitres des bâtiments, aveuglant un peu plus tout ceux qui les observaient en ce moment. La lumière était chaleureuse et agréable, m'aidant à sortir peu à peu de mon état comateux.

Une odeur de viennoiseries tout juste sorties du four occupait la pièce luxueuse, composée de meubles design, tous en accord de couleur. Sur un canapé qui empestait le cuir était allongé Gabriel torse nu, les jambes d'Alya y ayant élu domocile. Ses bras pendaient dans le vide. Bras très musclés d'ailleurs. De fines veines coloraient ses avant-bras et se prolongeaient jusqu'à ses mains. Son torse se soulevait doucement au rythme de sa respiration. Quelle belle vision matinale, songeais-je en délassant les muscles douloureux de mon dos.

Les pieds d'Alya étaient en plein milieu du visage de ce charmant spécimen. Apparemment, on s'était endormies chez nos voisins après la soirée passée en leur compagnie. Enfin, plus précisément après s'être auto invitées chez eux, faute de nourriture.

Alya bougea d'un coup, manquant de me frapper le visage, et ouvrit les yeux brusquement. Elle se redressa violemment, examinant la pièce d'un air complétement perdu, avant de se souvenir qu'elle se trouvait chez nos nouveaux voisins.

- Putain Alex, on vient vraiment de passer la nuit chez nos voisins qu'on connaît depuis même pas un jour ? grogna-t-elle en se prenant la tête entre les mains.

Ses paroles venaient de réveiller Gabriel sur le canapé qui releva nonchalamment la tête vers Alya. Elle toucha sa tête brune du bout de son orteil, comme si elle voulait voir si il était potentiellement dangereux. Il attrapa son pied nu au vol, et l'écarta de son visage en grimaçant.

- Salut les filles, gazouilla-t-il d'une voix grave, si vous aimez me regarder dormir je comprends, je suis vachement sexy quand je dors.

- Tais-toi un peu, ronchonna Alya en remettant ses cheveux en place.

À l'autre bout de la pièce un bruit de métal retentit. Je me levais brusquement et aperçu notre deuxième voisin, qui portait une chemise ouverte avec les manches repliées jusqu'à ses coudes, en train de faire cuire quelque chose. Oubliez tout ce que j'ai dit sur Gabriel, Michael était carrément plus craquant. Du genre à faire tomber toutes les filles en un clin d'oeil. Sa chemise à moitié ouverte dévoilait un torse saillant pourvu d'une parfaite rangée d'abdos. Le résultat était très sexy.

Sa mâchoire était prononcée, et semblait un peu crispée. Un sourire éclatant se plaqua sur son visage en voyant que j'étais réveillée. Un semblant de barbe parcourait ses joues, et des boucles châtains s'éparpillaient un peu partout sur le haut de son visage. Cela donnait un résultat plus que canon.

Ses yeux noisettes me fixaient intensément et les veines de son cou tambourinaient à l'allure des battement de son coeur. Je mordillais ma lèvre inférieure en gardant mon regard sur lui. Il pouvait rendre folle des centaines de filles, c'était certain. Il avait dû briser plus d'un coeur. Je tournais la tête vers Alya qui détaillait un par un les recoins de cet appartement géant.

- Vous avez pas trop mal dormis ? nous demanda Michael depuis la cuisine avec une voix douce.

- Ça va ne t'inquiète pas, soupirais-je en m'étirant.

En me mettant debout une violente crampe assaillit ma cuisse droite et je perdis l'équilibre. Alya se leva et me rattrapa par la taille avant que je ne m'étale littéralement sur le sol. Je ne m'étonnais pas de cette crampe, vu dans quelle position inconfortable j'avais dormis dans ce minuscule et ridicule pouf.

- Tu veux que je t'aide à marcher Alex ? me demanda sensuellement Michael.

- Non ça va aller, répondis-je avec une voix mielleuse.

Ce qui parut amuser Michael, qui me fit un sourire en coin. Mais pas Alya, qui me soutenais péniblement. Michael s'avança vers nous d'une démarche féline, nous tendant deux assiettes remplies de crêpes, avec deux verres de jus d'orange.

- Euh... Et bah merci, dis-je, gênée, en me grattant l'arrière de la tête.

En exécutant ce geste je me rendis compte horrifiée que mes cheveux étaient dans un état affreux. Je ne pouvais même plus passer mes doigts à travers tant il y avait de nœuds. Un peu plus et on pourrait croire que j'ai des dreadlocks.

- Mangez, il faudrait aller à la fac dans trente minutes si vous ne voulez pas être en retard le premier jour. Et on pourra vous accompagner, rajouta-t-il avec un clin d'oeil.

Oh merde ! J'avais complètement oublié la fac ! m'affolais-je intérieurement.

- Alex sans déconner faut aller à l'appartement se préparer, dis-je en emportant l'assiette de crêpes avec moi tout en me dirigeant vers la porte.

- Vas-y ! me lança-t-elle, avant d'avaler d'une traite son verre, cherchant des yeux ses chaussures.

Je me saisis de ma veste qui pendait sur une chaise haute dans la cuisine en priant pour que mes clés soient dedans. Avant de partir j'attrapais une crêpe de plus en lançant un clin d'oeil enjôleur à Michael, puis je me dirigeais vers Alya en la suivant jusqu'à la porte. On descendis les escaliers menant à notre appartement en courant.

- Sérieux Alex quand je me suis réveillée j'avais les pieds sur la tête de notre voisin super sexy. Mais c'est quoi notre problème ? avança-t-elle, désespérée. On les connais même pas depuis vingt quatre heures et on passe la nuit chez eux.

- Ça va c'est pas si dramatique. On va bien, et au moins on a pas finis bourrées cette fois, soupirais-je en me massant les tempes.

- Bon, on n'a pas le temps de parler de ça on va être en retard, asséna-t-elle soudainement.

En effet, dans moins de vingt minutes les cours commençaient et nous n'étions pas du tout prêtes. Super pour un premier jour... Nous n'allions pas déroger à notre règle principale : être en retard. En entrant dans l'appartement, le jaune-vert placardé aux murs me brûla les yeux.

- Aly si on ne repeint pas ces murs de merde je vais sacrément devenir folle, maugréais-je.

- Parce que moi non peut-être ? grommela-t-elle avec frustration.

J'éclatais de rire et elle soupira avant de se précipiter vers un carton pour en sortir quelques habits. Elle ouvrit un des cartons qui m'appartenait contenant quelques affaires à moi, avant d'en tirer une tenue composée d'un bas et d'un haut qu'elle me lança. Je les attrapais et observais d'un œil critique le jean sobre en toile basique et le débardeur noir qu'elle m'avait envoyés.

Je me ruais à la salle de bain pour prendre une douche. Une fois rentrée j'allumais l'eau chaude qui coula doucement sur ma peau. C'était un délice. Comme si cette douche lavait tout ce que je ressentait de mauvais au fond de moi pendant quelques instants.

Le léger ruissellement d'eau suffisait à détendre les muscles de mon dos et de mes bras, encore souffrant des allers-retours à porter les cartons hier.

J'attrapais une serviette et l'entourais autour de moi, avant de sortir et de m'affaler sur le canapé, seul meuble présent dans notre appartement. J'attrapais un des livres d'Alya. Elle adorait lire, et j'adorais lire aussi. J'aimais piocher dans sa collection pour me perdre entre les mots, les histoires et m'enfuir dans un monde utopique.

- On a pas le temps Alex ! s'exaspéra-t-elle en me voyant.

Ah oui c'est vrai... Je soufflais bruyamment, dépitée. J'enfilais rapidement mes vêtements et attrapais un sac, fourrant à l'intérieur mon ordinateur, mon téléphone, quelques feuilles et un stylo avant d'ouvrir la porte, suivie de près de ma meilleure amie.

- Alex tu penses qu'on aura le temps d'ouvrir tous les cartons avant ce week-end ? me questionna-t-elle en se mordant la lèvre inférieure.

- Euh, je ne crois pas... lui répondis-je en fronçant les sourcils.

- Moi non plus je ne pense pas, affirma-t-elle dans un soupir lasse.

- T'en fais pas, dans deux semaines c'est bouclé, assénais-je.

Sans perdre un instant de plus, Alya sortit de l'appartement la première et je refermais la porte à clé derrière moi. Je dévalais tous les étages d'escaliers au pas de course, collée aux basques de ma meilleure amie.

Une fois arrivées en bas, je vis nos deux voisins sortir de l'immeuble avec une aisance parfaite, se dirigeant vers nous. Ils souriaient tous les deux, s'en était presque mignon. Deux gueules d'anges. J'étais sûre et certaine qu'ils cachaient quelque chose derrière leur attitude décontractée. Un lourd passé, des moments difficiles, un noir secret ou bien encore autre chose.

- On vous amène ? nous demanda Gabriel, tout sourire.

- Absolument pas, on a notre voiture. Merci, répondit Alya en se dirigeant vers le parking en bas de notre immense immeuble.

- Alors à tout à l'heure, lui répondit Gabriel tout en la fixant du regard, un sourire amusé ourlant ses lèvres.

Michael nous adressa un signe de la main et fit tourner ses clés autour de son doigt en sifflant. On les suivis du regard, attendant qu'ils disparaissent de notre champs de vision, avant de soudain partir en courant comme des folles vers notre petite voiture noire. Ce n'était pas le moment d'être en retard.
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