Promesses autour d'un cocktail

Point de vue Alya :

Je savais très bien que Gabriel était un connard qui mettait dans son lit tout ce qui bougeait, se moquant éperdument de briser des cœurs au passage. C'était le profil type du genre de mec avec lesquels je me faisait à chaque fois avoir. Il séduisait les filles, et s'en servait comme on se sert d'un mouchoir, qu'on jette après utilisation.

Je le rendrais accro à moi, complètement fou de désir, et après, je le jetterais comme je me suis si souvent fait jeter. Mon orgueil avait trop souffert.

Cela me permettrait de me venger de tous ces mecs qui m'avaient fait souffrir, et je montrerais bien à ce petit con de Gabriel qu'on ne se sert pas des filles sans conséquences.

Néanmoins, je me confortais dans mon idée de faire attention lors de cette "conquête de Gabriel". On est jamais trop prudent. De toute façon, je me connaissais, je ne me laissais jamais emporter par mes sentiments. J'étais comme une boîte hermétique, et je fermais mon coeur à tous les hommes.

Seulement, au final, je finissais toujours par ouvrir mon coeur, et j'avais espoir, espoir de rencontrer une personne bien. De vivre une histoire comme dans les livres. De réellement tomber amoureuse, et que ce soit réciproque.

Mais après cette succession d'échecs amoureux et cette accumulation de déceptions, j'avais tout bonnement perdu la foi.

Depuis que mon père nous avait abandonnées ma mère et moi, j'avais cessé de croire en l'amour, en ce sentiment futile qui pouvais nous faire accomplir toutes les folies. J'avais érigé de hautes barrières autour de mon coeur, et il était presque impossible de franchir ce mur.

En réalité, j'étais faible, je le savais. Je me refusais à ressentir tout sentiment trop fort, et dès que c'était le cas, je fuyais. J'avais trop peur d'avoir mal, et de ne pas pourvoir m'en remettre.

J'avais peur d'être abandonnée à nouveau.

Avec Gabriel, je me sentais bien, je me sentais vivante, je m'autorisais à ressentir des émotions. Je sentais qu'avec lui les choses pourraient être différentes. Tout comme elles pouvaient êtres pires. Je jouais à un jeu trop dangereux pour moi.

Car oui, Gabriel avait du charme, il était beau à se damner et il était drôle, même si il était aussi très chiant et trop sûr de lui.

Je remporterais ce pari, et Gabriel céderais le premier. Je mettrais tout en œuvre pour ça.

- Tadam ! tonna tout à coup la voix grave de Gabriel derrière moi.

Je me retournais, et rigolais en tapant des mains comme une enfant lorsque je le vit arriver avec un plateau remplit de cocktails multicolores. Il s'assit à côté de moi et posa le plateau au milieu de nous.

- Où t'as eu tout ça ? dis-je en observant de près un cocktail rouge et bleu qui paraissait particulièrement bon.

- Oh, tu sais, je me débrouille toujours quand il s'agit de dénicher de l'alcool, me répondît-il avec un geste dédaigneux. Alors, par lequel tu commence ? me demanda-t-il en laissant ses mains planer au dessus du plateau.

- Mmmh... Laisse moi réfléchir, lui dis-je en intense réflexion. Le rouge ou le orange ?

- Pars sur le rouge, je prend le orange, m'assura-t-il en me passant le fameux cocktail rouge-bleu.

- Ok, celui qui finit le plus vite son cocktail sera catalogué officiellement comme celui qui a la meilleure descente, m'expliqua-t-il en me lançant un regard en coin.

- T'a aucune chance ! répliquais-je, amusée qu'il puisse ne serait-ce que penser à me battre.

- T'es vraiment sûre ? me dit-il avec une lueur de défi dans le regard. À trois, deux, un... Maintenant !

On se jeta sur nos cocktails avidement, et, au final, on finit de les vider en même temps. La saveur de ce cocktail mêlant sucré et alcool me conquit totalement.

- Ex æquo, trancha Gabriel en reposant son verre vide à côté de sa cuisse musclée.

- Ah non, je suis désolé de te décevoir, mais j'ai gagné, assurais-je en lui tapotant l'épaule. Le cocktail rouge fait au mois deux fois la taille du orange.

- Quoi ! C'est totalement faux ! s'écria-t-il en reprenant un verre empli de liquide rouge ambré et un autre rempli d'une liqueur orange opaque.

Il compara les deux cocktails, et je vit très clairement que les deux verres contenait exactement la même dose de liquide.

- Ah tu vois ! s'écria-t-il, tout heureux de sa preuve.

Je fis la sourde oreille.

- Ouais, moi je dit surtout qu'il faut un autre round pour nous départager, assénais-je d'un ton qui n'admettait pas de réponse.

- Je suis partant ! acquiesça-t-il.

- Tu tiendras le coup tu crois ? lui demandais-je en rigolant, l'alcool coulant déjà dans mon sang.

- Eh ! C'est plutôt à toi qu'il faut dire ça !répliqua-t-il en partant dans un fou rire monstre.

Je le narguais du regard et portais un autre cocktail à mes lèvres, bientôt imité par Gabriel.

Une heure plus tard :

- Mais nooon ! T'avais pas le droit ! hurla Gabriel en essayant de me frapper l'épaule.

Je dis bien essayer, parce qu'il dû s'y reprendre à deux fois avant d'arriver à toucher mon épaule, étant trop soûl pour arriver à y voir clair.

- Oh que si ! La fille meurt à la fin, tuée par... Je me souviens plus trop. Je crois qu'elle... Qu'elle saute du haut d'une falaise parce que son mec l'a trompée avec sa sœur. Ou avec sa cousine. Enfin t'a compris l'idée, bégayais-je en hochant de la tête.

- C'est pas vrai ! J'ai toujours voulu... Voir ce putain de film ! C'est dégueulasse de faire ça ! se lamenta-t-il en passant une main dans ces cheveux.

- Trop trad, ricanais-je en me rasseyant en tailleur sur le béton froid.

Après avoir avalés je ne sais plus combien de cocktails, Gabriel et moi nous étions enfuit en rigolant comme des enfants sur le parking à l'arrière de la maison de Christian. L'alcool ayant fait son effet, nous étions complètement éméchés, assis au beau milieu des voitures alignées le long du parking.

- Je te déteste, cracha-t-il en secouant sa tête, dépité.

- Tout ça pour te dire une chose : les mecs, vous êtes tous des connards ! C'est un fait, une réalité, une fatalité ! La fille ne se serait jamais suicidé si son mec avait su garder ce qu'il a entre les jambes là où il faut. Enfin voilà, vous les mecs, on peut pas vous faire confiance, dis-je tragiquement me laissant tomber contre Gabriel.

- Hey, c'est pas vrai ! Bon, je reconnais que... Des fois... On peut être vraiment des salauds. Mais quand on est amoureux, je veux dire vraiment amoureux... Plus rien à part la personne qu'on aime ne compte, murmura-t-il en s'allongeant par terre.

Il m'entraîna avec lui, et il posa délicatement ma tête tout contre son cou. Il glissa sa main dans ma tignasse bouclée, et il se mit à fixer les étoiles intensément, comme perdu dans ses souvenirs.

- Tu ferrais n'importe quoi pour cette personne. Tu ne souhaites qu'une chose : l'embrasser à longueur de temps, la serrer dans tes bras, entendre son rire, la voir sourire... énuméra-t-il en caressant ma tête doucement. La voir rayonner de bonheur te rend heureux. Ton coeur s'emballe à chaque fois que tu la vois.

Je suivais son discours attentivement, émerveillée. Était-il seulement possible de ressentir tout ça pour une personne ? Il semblait parler en connaissance de cause, et je me demandais quelle fille avait bien pu conquérir le coeur de l'arrogant Gabriel. J'aimerais bien être aimée et aimer à mon tour comme cela.

- C'est... Mais merde, pourquoi je te raconte tout ça moi ! s'écria-t-il soudain en enlevant sa main de mes cheveux. Je te jure que si tu racontes ça à qui que ce soit, tu peut dire adieu à ta vie, grogna-t-il en dardant un regard menaçant sur moi.

Je levais les mains au ciel en signe de paix. Visiblement, le sujet était sensible, et mieux valait ne pas l'aborder tout de suite. Il ne se serait jamais confié à moi de la sorte si il avait été sobre. Je mènerait mon enquête plus tard, et je décidais de dévier légèrement de sujet.

- Il n'empêche, amoureux ou pas, vous les mecs, vous ne savez pas tenir votre parole, soufflais-je en levant les yeux au ciel, bien que personne ne put me voir.

Je savais bien que je faisais de quelques cas une généralité, tous les hommes n'étaient évidement pas des connards sans coeur incapables de tenir une promesse, mais cela me faisait du bien de relâcher un peu la colère qui m'habitait. J'étais certaine qu'il y avait des tas de mecs bien, seulement je tombais toujours sur les mauvais.

- Ah ouais ? Demande moi un truc, et tu verras bien que je suis tout à fait apte à tenir parole ! Non mais je te jure, c'est quoi ces préjugés de merde ! me répondit-il, indigné.

Je me redressais, bientôt imitée par Gabriel.

- Depuis toute petite, je rêve d'aller à un festival de musique. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai toujours souhaité assister à un de ses rassemblements au moins une fois dans ma vie, chuchotais-je à son attention.

J'étais quelque peu gênée de lui dévoiler ce petit bout de moi, et je rougis légèrement.

- Heureusement qu'il fait nuit sinon tu m'aurait vu devenir toute rouge, pouffais-je a voix haute.

Merde.

- T'as rien entendu Gab, ajoutais-je rapidement en fermant les yeux.

Lorsque j'ouvris les yeux, je le trouvais entrain de m'observer attentivement. Il planta durant un long moment son regard dans le mien, et au bout de quelques secondes, il se racla la gorge.

- Je te promet, Alya, que je t'emmènerais à un festival, dit-il solennellement.

En guise de réponse, je lui plantait un baiser sur la joue, avant de me remettre confortablement sur le sol. Je le vis sourire, et un sourire s'étala à mon tour sur mon visage.

- Mais, reprit-il, tu me sera redevable. Parce que moi, qu'est-ce qui me dit que les femmes savent tenir une promesse ? Vous êtes toutes pareilles : perfides, intéressées, et...

- Ça me va, le coupais-je.

- Tu es sûre ? s'enquit-il en souriant.

- Oui, tout ce que tu voudras, acceptais-je.

Je vis un sourire pervers se dessiner sur ses lèvres.

- Tout ce que je veux ? dit-il sournoisement avec un petit sourire en coin.

Je soupirais, désespérée.

- Roh, arrête un peu ! Rien de sexuel, rien de trop con non plus. Du genre : jette toi d'un pont ou balade toi en culotte toute la journée dans la rue, lui répondît-je, comme si c'était une évidence.

- C'est dommage... J'aurais bien aimé te voir en culotte, s'esclaffa-t-il.

- Haha, dommage pour toi, parce que ça n'arrivera jamais, répliquais-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

- C'est toi qui le dit, moi je suis certain qu'un jour ou l'autre je te verrais carrément sans culotte, me contredit-il

- Non mais tu t'entend ? m'offusquais-je en lui tapant l'arrière de la tête. Arrête de prendre tes rêves pour la réalité.

- Du calme Alya, je plaisante, s'amusa-t-il en se frottant l'arrière de la tête en grimaçant. Pour en revenir à notre conversation, toi aussi tu me devra un service.

Je rigolais en m'appuyant contre lui.

- Ça marche, affirmais-je une nouvelle fois en hochant énergiquement ma tête.

On se serra la main, comme on conclut un pacte ou un marché. On se mit à parler agréablement, l'alcool nous faisant rire à la moindre occasion. Au bout d'un certain temps, je calais ma tête contre son torse sculpté, et, profitant pleinement du sentiment de plénitude qui m'envahissait, je sombrais brusquement entre les bras de Morphée, m'endormant sous une pluie d'étoiles aux côtés de Gabriel.

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