Première soirée entre voisins

Point de vue Alya :

Michael darda sur nous un regard inquisiteur, et Alex posa son dos contre le mur de l'entrée, attendant visiblement qu'il poursuive son interrogatoire. Son débardeur rouge se démarquait fortement sur le papier peint couvert de fleurs bleues.

- Vous arrivez d'où comme ça, nous questionna Michael, curieux.

Je n'aimais pas vraiment les gens curieux, ils pouvaient déterrer avec un peu de détermination vos plus noirs secrets. De vrais fouineurs ceux-là, avides de savoir toujours plus.

Exactement comme moi, songeais-je en grimaçant. J'étais la pire de tous à ce jeu là, battant à plate couture toutes les autres personnes dans ce domaine.

- Oh, un petit village paumé à deux heures de route, vous connaissez pas, lâcha Alex en les détaillant du regard.

Je regardais Alex, la faim au ventre, et on se comprit d'un seul regard, comme d'habitude.

- Bon, on vous fait pas visiter, c'est tout petit et pas installé chez nous, commençais-je, avant d'être interrompu par le mètre quatre-vingt dix qui me bouscula pour rentrer dans l'appartement malgré mon (inutile) intervention. Hé ! Je vous interdit de faire un pas de plus ! dis-je à leur adresse.

Ils m'ignorèrent superbement. Je trouvais cette rencontre un peu bizarre, car je n'avais pas pour habitude de recevoir chez moi des inconnus. Mais qu'importe, j'étais bien trop fatiguée pour protester. Et puis le proprio de notre apart nous avait bien assuré que c'était de chics types.

- On ne se connaît même pas ! m'énervais-je dans un dernier sursaut.

Michael entra à son tour dans le minuscule salon. Je laissais tomber en soupirant. J'étais épuisée et finalement je n'avais pas tant que ça envie de me chamailler avec nos nouveaux voisins.

Il serait problématique d'être en mauvais termes avec eux, et cela compromettrait nos plans pour ce soir avec Alex.

On a vraiment touché le fond, marmonnais-je intérieurement. Mais je me refusais à reprendre nos anciens moyens illicites de gagner de l'argent.

Même si je devais bien avouer que je n'avais jamais connu pareil frisson que lorsqu'on faisait cela.

- Il va falloir rectifier tout ça, il faut bien se connaître entre voisins, affirma Michael en passant une main dans sa tignasse sauvage.

- Vous disposez d'un bel espace les voisines, je suis sûr que vous en ferez quelque chose de beau, commença Gabriel en se saisissant d'un de mes livres abandonné sur le sol.

Je m'approchais de lui à grands pas et lui arrachait mon bouquin des mains.

- Pas touche à mes livres le voisin, grognais-je férocement. C'est interdit.

Il rigola et leva les mains en signe de paix. Je reposais soigneusement mon livre contre un mur du salon, juste au dessus d'une pile déjà constituée, tout en fixant d'un œil mauvais les nouveaux arrivants.

- Vous avez pas encore déballé vos cartons ? Si vous voulez on pourra passer vous aider un de ces quatre, nous proposa Gabriel.

- Non merci ça ira parfaitement, assénais-je, agacée par leur présence.

- Ça pourrait devenir sympa ici, mais vous aurez besoin d'hommes forts pour monter tous vos meubles, hors fort heureusement vous avez de sublimes spécimens comme voisins qui seraient ravis de vous filer un petit coup de main. Entre voisins on s'entraide non ? continua Gabriel tout en poursuivant son inspection.

- On s'en passera volontier, soupira Alex en saisissant son pull abandonné sur le canapé.

Je poussais gentiment les garçons dehors et attrapais les clés de l'appartement, Alex sur mes pas. Une fois tous hors de notre petit soixante-dix mètres carré, je fermais la porte à double tour.

- Euh, puis-je te demander ce que vous êtes entrain de faire ? nous demanda Gabriel en nous dévisageant comme si Alex et moi avions deux têtes.

- Non, répliquais-je sèchement.

Mais Alex mit un point d'honneur à leur révéler nos plans.

- Maintenant si vous voulez vraiment nous aider, faites nous à manger dans votre super appart, sourit Alex jusqu'aux dents. Vous avez bien visité notre appartement, je ne vois donc pas pourquoi Alya et moi n'aurions pas le droit d'en profiter à notre tour. Ça ne marche pas que dans un sens.

- Ah d'accord je vois vous êtes du genre sans aucune gêne c'est ça ? dit Gabriel, incrédule.

- Non, après tout c'est vous qui nous avez si galamment proposer de l'aide. Et puis, entre voisin on s'entraide après tout, pas vrai ? repris-je avec un sourire sarcastique. Après tout vous ne vous êtes pas gênés non plus pour rentrer dans notre appartement. Et puis on est momentanément en panne de nourriture...

- Donc vous voulez vous incruster chez nous, grogna Michael en soupirant.

- C'est ça ! Vous avez tout compris, s'extasia faussement Alex en battant des mains.

- Pfff, pourquoi pas, on avait rien de prévu ce soir, marmonna Gabriel en avançant dans le couloir.

- Si tu savais comme ça me fais plaisir, certifiais-je à son égard.

- On pourra faire plus ample connaissance comme ça, commenta Gabriel avec un sourire plaqué sur le visage.

Les deux garçons se sourirent, un air de victoire affiché sur leur traits.

- Allez, et maintenant direction votre duplex les gars ! les pressais-je en les poussant dans le couloir.

- On y va, on y va, rigola Michael. T'entends ça Gab ? Les deux voisines ne peuvent déjà plus se passer de nous, rajouta-t-il ensuite.

- C'est l'effet qu'on fait aux femmes que veut-tu, soupira son ami en haussant les épaules.

Je ricanais méchamment avec Alex. On est juste là pour la bouffe bande d'abrutis. Au bout du couloir carrelé de beige, ils montèrent les escaliers menant au dernier étage de l'immeuble.

Une fois arrivés en haut, ils ouvrirent la porte de leur appartement. Enfin, si on pouvais appeler ça un appartement.

Je fus éblouie par la beauté des lieux. Un style très masculin, épuré et moderne caractérisait l'endroit.

Une grande cuisine ouverte avec un comptoir et des chaises hautes donnait sur un salon immense, avec un écran plat, plusieurs canapés en cuir blanc et une table basse en verre.

De l'autre côté du salon trônait fièrement deux canapés rouges. De grandes lampes sophistiquées brillantes comme de la poudre d'or étaient suspendues au plafond et le sol était couvert de parquet en bois clair.

Cet appartement sentait le luxe a plein nez. De grandes baies vitrés montant sur les deux étages de leur duplex offraient un panorama de la ville à couper le souffle.

Je m'en approchais, et observais les immeubles et les grattes ciels dans la nuit noire, découpant le ciel obscur de leurs pointes aiguisées.

Des meubles noirs lustrés étaient posés contre le mur de l'entrée, croulant sous le poids de divers bibelots. Un immense escalier à la balustrade en verre devait sûrement permettre d'accéder à un étage avec, je supposais, leurs chambres et leur salle de bain. Ou pourquoi pas carrément une salle de jeu ou une autre connerie du genre. Est-ce qu'ils avaient une piscine intérieure ? Ils devaient vraiment avoir de sacrés moyens pour pouvoir se permettre de vivre ici et dans ses conditions.

- Waouw, s'exclama Alex en sautant partout.

- Je sens qu'on va bien s'apprécier entre voisins, on viendra vous rendre visite souvent, souriais-je en laissant courir mon regard un peu partout.

Il se regardèrent en panique, comprenant qu'ils n'en auraient pas fini de sitôt avec nous. Vous savez pas sur qui vous êtes tombés les gars, pensais-je. Finalement, on les força à nous cuisiner des pâtes. Ah, rien de tel que de bonnes pâtes au beurre pour nouer des liens.

Après avoir échangés sur nos vies respectives, les garçons nous sortirent des bières. Malgré le fait qu'ils possédaient un ego surdimensionné, ils étaient drôles.

On allait à la même fac qu'eux, ils avaient déjà réussis à passer leur première année. Nous étions tous inscris à une fac réputée, et j'en profitais avec Alex pour leur demander quelques conseils pour l'année à venir.

Alors qu'ils rigolaient ensemble, je m'éclipsais lentement, prétextant une envie de boire de l'eau. Je farfouillais dans les placards de leur cuisine, cherchant de quoi manger en dessert. J'ouvris un placard et tombait nez à nez avec une rangée de bouteilles d'alcool savamment alignés. Intéressant à savoir... Je refermais le placard, rangeant l'information dans un coin de ma tête. Je me saisi d'une tablette de chocolat, commençant à la grignoter tandis que je revenais m'avachir dans le sofa à côté d'Alex.

- À part la fac, vous faites quoi dans la vie  au juste ? les questionnais-je en avalant un petit carré délicieusement sucré.

Ils échangèrent un long regard, partageant un échange muet. Je ne savais que trop bien lorsque les gens cachaient quelque chose, pour avoir moi même pratiquer ce sport durant presque toute ma vie. Je les regardais, essayant de deviner quels mystères ils pouvaient bien dissimuler derrière leur belles gueules d'anges. Une piste à creuser pour plus tard... Ma curiosité était désormais piqué à vif.

- Oh, rien de bien palpitant, déclara Gabriel avec une indifférence feinte. On sort un peu, on voit des potes... Tu connais la chanson.

- Mouais, répliquais-je en plissant les yeux, absolument pas convaincus.

- Et vous alors ? enchaîna Gabriel en posant ses coudes sur ses genoux, se penchant vers moi.

Je lançais un petit regard à Alex, communiquant à mon tour silencieusement avec mon amie. Nos agissements illégaux remontaient à plus d'un an maintenant. Cela appartenait au passé désormais, et il n'était jamais bon de se remémorer des temps révolus. Mais combien de temps encore tiendrons nous ainsi avec nos maigres économies, soupirais-je mentalement.

- Rien de bien merveilleux non plus, certifiais-je en enfilant un masque impassible. Faudra bientôt qu'on se trouve un nouveau job.

La discussion se poursuivit, et je commençais à bien apprécier ses voisins. Outre leur façon exaspérante de se jeter des fleurs constamment, ils étaient plutôt sympas, et je sentais qu'on pourrait plutôt bien s'entendre, si bien sûr j'arrivais à supporter leur égo démesuré.

On termina la soirée devant un match de foot, finissant nos quelques bières en criant à chaque fois que notre équipe marquait un but. Contre toute attente, cette soirée passée accompagnée de nos charmants voisins n'avait pas été trop ennuyante.

Le temps continua à s'écouler rapidement, ponctué d'éclats de rire. Après plusieurs heures à discuter, Gabriel commençait doucement à s'endormir sur le canapé à côté de moi. Les images d'un film choisit au hasard se succédaient sur l'immense écran plat, et Michael et Alex parlaient tranquillement, à moitié assoupis.

J'avais les jambes engourdies, et je décidais de les poser en plein sur Gabriel, profitant du fait qu'il soit à présent plongé dans un sommeil profond. Il ne bougea pas d'un poil, son torse se soulevant au rythme régulier de sa respiration. L'air sentait la cannelle et le cuir neuf, et les lumières changeantes de la ville au travers de la baie vitré étaient semblables à des étoiles venues d'ailleurs.

Je sombrais à mon tour dans l'inconscience, me laissant aller au calme qui régnait dans la pièce, bercée par la semi obscurité régnant en maître dans le gigantesque salon.

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