Premier jour au festival
Point de vue de Gabriel :
Je secouais durement Alya, qui sortit du sommeil dans un sursaut. Alex, appuyée contre Alya, se réveilla du même coup, se tapant la tête contre la vitre. Elle grimaça en se frottant l'arrière du crâne, et je rigolais en voyant sa mine ensommeillée.
- On est arrivés ! criais-je dans le petit habitacle.
Ni une ni deux Alya et Alex se ruèrent dehors, m'écrasant au passage.
- Du calme les filles on est encore dans le parking, m'amusais-je en les observant courir partout.
- C'est le rêve de ma vie ! hurla Alya en sautillant sur place.
Ses yeux limpides, frétillants, impatients me fixaient intensément.
- Allez, aidez nous à sortir les valises, plus vite se sera fait plus vite on pourra aller s'amuser, les informa Alexeï en sortant à son tour de la voiture.
- On arrive ! s'écria Alex, maintenant tout à fait réveillée.
Une masse incalculable de voitures s'entassaient dans l'énorme parking. L'après midi touchait à sa fin, et je me forçais à mémoriser l'endroit exact où on était garés, afin de retrouver notre voiture au moment voulu.
- Les filles, vous porterez les tentes, les sacs de couchages et les matelas gonflables, nous ordonna Michael d'une voix inflexible. Alexeï, tu t'occupera des valises des filles, et toi Gab, tu te chargera de nos trois sacs à do. Je prendrais les sacs de nourriture et tout ce qui reste.
Les filles avait fait l'erreur de prendre des valises pour aller à un festival. Alexeï, Michael et moi n'avions prit que le strict nécessaire, toutes nos affaires rentrant dans trois petits sacs à dos.
Le buste d'Alya était moulé dans un débardeur noir, et son short en jean laissé apparaître ses jambes dorées par le soleil. Une veste aux motifs psychédéliques était enroulée autour de sa taille fine, et elle portait de hautes bottes en caoutchouc avec de grossières fleurs peintes dessus. Je j'observais du coin de l'œil nouer un bandana noir orné de spirales blanches autour de sa fine tête. Contre toute attente, le résultat était plutôt pas mal.
Alors qu'elle parlait avec Alexeï et Michael, toute excitée, j'admirais ses joues rosies et ses boucles souples retomber avec grâce sur ses frêles épaules. Elle avait enlevé cette affreuse tresse qui emprisonnait ses si beaux cheveux. Ses yeux semblaient encore plus clairs que de coutume.
Chacun s'attela à la tâche, et on traîna nos valises jusqu'à un immense espace où poussaient déjà une prairie de tentes colorés. On marcha un bon bout de temps avant de trouver un endroit libre où on pourrait monter nos tentes tranquillement.
On passa près d'une heure à installer tout notre attirail. Michael, Alexeï et moi partagerions une grande tente verte, et Alex et Alya dormiraient ensemble dans une petite tente orange vive. Dès lors qu'on eut fini de tout mettre en place, on se dirigea tous, nos pass en main, vers l'entrée. Le festival se déroulerait sur plusieurs hectares de terrains. La foule se pressait contre les barrières, les corps chauds et transpirants se collant les uns aux autres. Des agents de sécurité vérifièrent nos pas et nous fouillèrent rapidement.
L'homme d'une vingtaine d'années qui s'occupait de la fouille attarda ses mains sur le corps d'Alya et d'Alex beaucoup trop longtemps à mon goût. Il darda sur elles un regard envieux et désireux qu'elles ne semblèrent pas remarquer. Je serrais les poings. Ce n'était pas le moment de faire une scène, et je voulais qu'Alya passe un week-end parfait. Lorsque mon tour vint je pris bien soin de lancer un regard noir à cet homme. Je lui écrasais fortement le pied, l'air de rien, m'excusant par la suite, feignant de ne l'avoir pas vu. Il grogna en me laissant passer, et je me retournais pour le foudroyer une dernière fois des yeux.
Après ce passage désagréable, on opta pour aller voir le concert d'un artiste très en vogue. On se rua tous les cinq vers le lieu où aurait lieu la représentation. On joua des coudes et on poussa les gens pour se faire une place plus en avant. Des milliers de personnes se bousculaient alors que le chanteur arrivaient sur scène. Certaines personnes portaient des costumes insolites, allant du Schtroumpfs à Superman, en passant par Dark Vador.
Je regardais autour de moi point bien faire attention à ne pas perdre mes amis des yeux. Trop tard.
Il ne restait plus qu'Alya et moi au milieu de tous ses corps compressés les uns contre les autres. Elle me regarda en haussant les épaules, et alors que les premières notes de musiques s'égrenait dans l'air, un homme déguisé en martien la poussa, et elle se retrouva plaqué contre moi. Décidément, le sort joue en ma faveur en ce moment, pensais-je en souriant.
Elle se décolla de mon torse en riant et se remit à sauter dans tous les sens. Les gens envoyaient leurs bras, leurs mains et leurs jambes au hasard dans la foule, totalement décomplexés. Les odeurs de terre sèche et de sueurs mêlées me parvenait alors que je me lâchais à mon tour, dansant comme si j'avais attendu ce moment toute ma vie.
Les fortes lumières des projecteurs m'aveuglaient, déplaçant leurs faisceaux au hasard sur les gens enfiévrés. Il faisait une chaleur infernale. Je sautais dans tous les sens avec Alya, qui monta sans prévenir sur mon dos. Je la tenais fermement par les jambes, et elle tendit les bras en l'air en hurlant. Elle finit par redescendre et je la reposais doucement au sol, regrettant le contact de sa peau contre la mienne.
Alya criais les paroles sans s'arrêter, rouge comme un coquelicot à force de sauter et de se faire écraser les pieds. Féroce, elle n'hésitait pas à repousser tous ceux qui la gênait dans sa danse folle. Elle avait l'air de ne se préoccuper de rien, uniquement concentrée à chanter avec application en même temps que l'artiste.
La foule en liesse se comprimait toujours plus en direction de la scène où se produisait le chanteur, et un sentiment d'euphorie et d'allégresse régnait dans l'immense espace où les gens hurlaient.
Une fois le concert finit, plusieurs heures plus tard, je pris Alya par la main pour la tirer vers la sortie. Ses pommettes étaient rougies par l'effort fournit, et elle semblait ailleurs, comme si elle se trouvait encore dans la foule en délire. J'étais épuisé, tenant à peine sur debout sur mes jambes. Mon regard se fixa sur ses lèvres charnues, mon désir pour elle s'éveillant à nouveau.
- Alors ? Ça te plaît ? lui demandais-je en souriant.
Elle eut l'air de se rappeler que j'existais, et alors que je ne m'y attendais pas, elle me sauta au cou brutalement.
- Merci Gabi, c'est... C'est vraiment... Merveilleux, s'extasia-t-elle contre mon cou. J'arrive toujours pas à y croire.
J'enroulais mes bras autour d'elle, heureux. J'ai vraiment envie d'elle putain. Je me demandais à quel moment j'arriverais à enfin la mettre dans mon lit. Je n'en pouvais plus. À chaque fois que je posais mon regard sur elle j'avais l'impression d'imploser. Elle se dégagea de mon étreinte et me planta un baiser sur la joue.
- Merci pour tout, murmura-t-elle en commençant à partir.
Je ne la suivais pas, restant bloqué sur place. Elle venait vraiment de me faire un bisous sur la joue ? Je fit une danse de la joie mentalement, avant de me mette à courir vers elle. Si je continuais à ce rythme là, elle finirai vite par tomber sous mon charme.
On partit en route vers les tentes, espérant retrouver nos amis là-bas. On marchait côte à côte en parlant de tout et de rien, shootant au passage dans les verres en plastiques vides abandonnés dans la terre desséché.
Je m'arrêtais en remarquant un stand qui distribuait des bières. Je me mit dans la file d'attente avec Alya, et après un long moment ce fut enfin à notre tour de réclamer nos boissons. Une femme aux cheveux roses qui mâchait bruyamment un chewing-gum et qui portait un gilet jaune fluo nous servit nos bières, et on la remercia brièvement avant de dévier de notre trajectoire initiale.
On atterrit sur une petite place joviale qui n'était pas bondée de monde. Des guirlandes lumineuses pendaient au dessus de nos têtes, et des tapis orientaux était disposés par ci et par là. Un homme jouait agréablement de la guitare dans un coin, entouré d'un petit groupe de personne qui l'écoutait attentivement.
Le soleil s'était couché de puis longtemps maintenant, et des étoiles commençaient à poindre dans le ciel noir. Une odeur d'herbe coupée et de poussière assailli mes narines. On s'assit à part, dans un coin tranquille, à même le sol.
- Et donc ? Tu ne m'as jamais parlé de ta famille, commença Alya en sirotant sa bière.
Le sujet était délicat, et je me raclais la gorge, ne sachant pas trop si je devait me livrer à elle ou non. Je choisis, en voyant sa mine avenante, de lui confier vérité.
- À vrai dire, mes parents sont divorcés, expliquais-je en fixant le bout de mes chaussure. Mon père et ma mère, lorsqu'ils étaient encore ensemble, ne faisaient que se tromper mutuellement. Tantôt avec la secrétaire, tantôt avec la prof de pilate pour mon père. Quant à ma mère, c'était un coup le meilleur ami, un coup le jardinier, un autre jour le collègue de bureau. Ils semblaient bien vivre avec ça, fermant les yeux sur leurs tromperies. Ma petite sœur et moi vivions au milieu, et pour tout te dire, c'était assez affreux de supporter tout ça.
Je marquais une pause, et Alya me fixais, les yeux écarquillés.
- Tu as une sœur ? me questionna-t-elle, surprise.
- Oui, elle s'appelle Amélia, et elle a quinze ans, lui répondis-je en souriant.
Ma sœur était une fanfare à elle seule. Je l'adorais, et c'était la femme la plus importante à mes yeux. Elle avait constamment les yeux rêveurs qu'ont tous les adolescents, quant ils croient encore que tout est possible. Amélia possédait ce brin d'insouciance qui la rendait belle et pure. Elle était tout pour moi, et elle me manquait terriblement.
Je crispais mes mains sur mon jean, en me demandant comment j'allais bien pouvoir lui annoncer la suite. Il se trouvait que j'avais un demi-frère de mon âge.
Ce demi-frère n'était autre que... Dylan, son ex. Apprendre qu'ils étaient sortis m'avait rendu fou de rage.
Je n'aimais pas, Dylan, et il ne m'aimais pas non plus. On se détestait, et on ne pouvait pas se voir en peinture. Une compétition s'était très rapidement installée entre nous, et on faisait tout pour se rendre l'un l'autre jaloux. On se méprisait farouchement, et je me rappelle encore le regard satisfait que Dylan arborait lorsque j'ai appris qu'il était déjà sortit avec Alya. Je le haïssais, et je savais que c'était réciproque.
Moi, je le détestait parce qu'il était le fruit d'une tromperie de mon père, et qu'il était la cause du divorce de mes parents, mais également parce que dès le début de notre cohabitation forcé il a commencé à vouloir avoir tout ce qui m'appartenait. Dont ma copine, Sophia, avec qui j'étais resté pendant plus de quatre ans et dont j'étais follement amoureux. Il me l'a prise, et je le déteste chaque jour un peu plus pour ça.
Sophia, ma Sophia, m'a trompé avec mon demi-frère, qui a tout mit en œuvre pour qu'elle finisse dans son lit. De voyage aux îles Canari en déclaration d'amour enflammés, il a finit par la séduire, et elle s'est laissée faire bien volontiers. Et le pire dans tout ça, c'était que j'étais persuadé qu'elle ne pourrait jamais me trahir, aveuglé par l'amour que je lui vouais.
Et cette garce sans scrupule que je croyais sincère tirait profit de la situation, jouant sur deux tableaux à la fois.
En plus, je suis sûr que ce bâtard de Dylan était encore avec Alya lorsqu'il a commencé à entamer une relation secrète avec mon ancienne petite amie.
Lui, me détestait parce que j'avais vécu sereinement durant toute mon adolescence entouré d'une famille qu'il croyait parfaite, mais surtout parce que j'étais le fils légitime, alors que lui était resté caché dans l'ombre toute son enfance.
Je me lançais, soufflant un bon coup avant de reprendre là où je m'étais arrêté.
- Mais lorsque la mère a apprit que mon père avait eu un fils avec une de ses maîtresses il y a des années de cela, elle a prit la décision de divorcer une bonne fois pour toute, lâchais-je en me grattant l'arrière de la tête, gêné de lui raconter tout ça.
Elle était suspendue à mes lèvres, attendant impatiemment la suite.
- En réalité, j'ai appris il y a seulement cinq ans, lors du divorce de mes parents, que j'avais un demi-frère. Il a mon âge, pour tout te dire, continuais-je.
- Attend, tu as aussi un demi-frère ? s'écria-t-elle. Et tu ne m'as jamais rien dit ?
- Hey ! Je te signale que toi non plus tu ne m'as jamais parlé de ta famille, lui fis-je remarquer en lui poussant gentiment l'épaule.
Je portais ma bouteille de bière à ma bouche, avalant une gorgée de bière. Alya sembla un instant perdue, puis elle se racla la gorge et en revint à notre discussion. Étrange.
- Et il s'appelle comment ? me demanda-t-elle en observant le musicien qui enchaînait les morceaux de guitare.
- Euh... Il s'appelle... Enfin, bégayais-je en arrachant frénétiquement les brins d'herbe autour de moi.
Je n'allais quand même pas lui balancer ça comme ça ? Coucou Alya, c'est juste pour te dire que ton ex, tu sais, Dylan, le mec qui t'a sûrement fait souffrir, et bien en fait c'est mon demi-frère. Allez salut !
- Attend, me dit pas que tu ne sait pas comment il s'appelle quand même ? s'outragea-t-elle en reportant son attention sur moi.
Non, je ne pouvais définitivement pas lui dire, et je n'en avait pas non plus envie. Elle avait ses secrets, tout comme j'avais les miens. Et je défendrais bec et ongle le mien. Elle savait déjà que je faisais des courses de voitures illégales, et j'étais entrain de lui révéler une bonne partie de ma vie, alors qu'elle restait très mystérieuse quant à sa vie à elle. Je pense que ça va suffire pour aujourd'hui.
- Il s'appelle Camille, mentis-je en la regardant droit dans les yeux. Il a ton âge.
Elle plissa légèrement les yeux, comme si elle pouvait sentir que quelque chose clochait.
- Je t'en prie, continue, ça m'intéresse, m'encouragea-t-elle avec un petit signe de main rassurant.
- Donc, après le divorce, mon père c'est immédiatement remarié avec la jeune mère de... Camille. Ils vivent tous les trois heureux comme une famille dans une super grande baraque. Ma mère n'a pas mit longtemps non plus à se remarier avec un riche et vieux banquier, terminais-je en passant ma main dans mes cheveux.
- Wow, dit Alya en fixant le vide. C'est une sacrée histoire. J'espère vraiment que toi et ta sœur vous n'avez pas trop souffert.
Je souriais en entendant sa dernière remarque. Trop mignon.
- Moi ça va, il a fallut que je tienne trois ans avant de pouvoir me casser, lui dis-je en regardant la guirlande lumineuse. Je l'ai néanmoins très mal vécu : je ne travaillais plus au lycée, et je passais mes journées à sécher les cours avec Michael. Je me battais constamment, avec n'importe qui pour à peu près n'importe quoi. Mais c'est surtout ma sœur qui fait les frais de ce divorce : elle jongle entre les deux nouvelles maisons de mon père et de ma mère, et elle est bien courageuse d'arriver à supporter tout ça.
- J'aimerai la rencontrer, me dit soudain Alya en vrillant son regard dans le mien. Elle a l'air d'être une personne très forte et très courageuse.
Un sentiment de fierté s'empara de moi alors qu'elle parlait de ma sœur. Justement, moi aussi j'aimerai bien qu'Alya rencontre ma sœur. Ce sont deux personnes fortes et courageuses, qui pourraient bien s'entendre.
- Un jour, je te la présenterais, lui promis-je.
Elle sourit de toutes ses dents avant de se lever et de me prendre par la main. Elle me releva sans ménagement.
- Ça me fait plaisir que tu me fasses assez confiance pour m'avoir tout raconté, me sourit-elle chaleureusement. Maintenant, allons retrouver les autres à la tente, ils doivent être morts d'inquiétude.
Un sentiment de culpabilité me traversa de part en part, mais je le chassais et me mit en route vers le gigantesque champ où était plantés nos tentes.
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