Jalousie



(

Bonsoir, excusez nous pour cette absence, avec les cours qui reprennent nous n'avons plus trop de temps pour écrire. Sincèrement désolé, mais nous sommes de retour ! )

Point de vue Gabriel :

Alors que l'on slalomaient entre les tentes à la recherche des nôtres, on tomba nez à nez avec un jeune homme d'à peu près seize ou dix-sept ans ivre mort. Il ne portait qu'un bernuda neige, et il avait tout le corps peint en vert. Je devinais qu'il était déguisé en Hulk. Le maquillage vert comme les feuilles de printemps dont il était couvert s'estompait par endroit, dévoilant une peau blanche comme le lait.

Il essaya de nous dire bonjour mais il n'en eu pas le temps : il vomit tout le contenu de son estomac sur une tente bleue, avant de s'affaler la tête la première dans l'herbe humide.

Avec l'aide d'Alya je le relevais et je l'asseyais au milieu d'une rangée de tentes.

- Ça te rappelle de bons souvenirs Aly ? me moquais-je en souriant.

Elle m'envoya un regard si noir que je cessais de sourire. J'adorais lui donner ce petit surnom : Aly. Je trouvais cela mignon, et il faut dire qu'en effet ça lui allait comme un gant. "Hulk" se leva du mieux qu'il le put, fébrile.

- Ça va ? lui demanda gentiment Alya en lui tapotant le dos.

Il hocha la tête.

- Comment tu t'appelles ? le questionna-t-elle.

- Sa...Samuel, bégaya-t-il. Mais tout le monde m'appelle Sami.

Ses cheveux blonds clairs, presque blancs, rebiquaient sur son front rouge, dépourvu de peinture, et dont la peau souffrait d'un coup de soleil. Il m'inspirait de la pitié, mais je dois dire j'appréciais déjà ce garçon qui semblait très gentil.

- Et tu as quel âge Sami ? continua Alya en s'accroupissant à côté de lui.

- Dix-huit ans, nous informa-t-il en relevant son visage vers nous.

Il faisait vraiment plus jeune que son âge, et je fut surprit lorsqu'il nous annonça qu'il avait dix-huit ans. Je m'asseyais à mon tour à côté de lui, en lui souriant avec chaleur.

- C'est ton premier festival ? l'interrogeais-je, désireux d'en savoir plus sur ce curieux personnage.

- Non, j'ai déjà fait un autre festival, nous apprit-il en toussant un bon coup. Mais celui là est carrément dément !

Je souriais en jetant un coup d'œil rapide à Alya, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

- Oui, je suis d'accord, ce festival est "carrément dément". Où sont tes amis ? reprit-t-elle en calant une de ses boucles blondes derrière son oreille.

- Je ne sais pas, lâcha-t-il en soupirant. On était entre potes et on a commencé à boire et à fumer, seulement à la fin on a fini tellement défoncés qu'on c'est éparpillés un peu partout, et je les ai perdus de vue... La moitié sont entrain de tirer leur coup avec des filles qu'ils ne connaissent même pas pendant que moi je vomis mes tripes aux milieux des tentes. Je n'arrive même plus à trouver la mienne, nous raconta-t-il, perdu.

- Tu veux venir avec nous ? s'enquit Alya en l'aidant à se relever.

Il nous lança un regard plein d'espoir, et je foudroyais Alya des yeux. Aider un pauvre mec bourré à vomir et lui tapoter le dos, passe encore, mais l'héberger avec nous ? On ne le connaissait même pas ! Qui me dit qu'il n'était pas cleptomane ?

- Je... Si ça vous dérange pas j'aimerai... J'aimerai bien, souffla-t-il avec une mine abattue.

Alors que j'allais protester, je croisais le regard tendre et suppliant d'Alya et de Sami. Je grognais et je faisait signe de me suivre. Sami sauta de joie, et je put m'empêcher de me dire qu'il débordait d'une folle et attendrissante énergie.

Si j'avais eu un petit frère, j'aurais voulu qu'il ressemble à ça plutôt qu'à Dylan, cet égoïste fini. Mais que voulez vous, on ne choisit pas sa famille...

J'arrivais finalement à nos deux tentes, traînant derrière moi mes deux compagnons. Là se trouvait Alex et Alexeï, entrain de rigoler assis à l'entrée de la tente orange des filles. Ils batifolaient passivement en parlant de la pluie et du beau temps. Je fronçais les sourcils en ne voyant pas Michael.

- Vous n'avez pas vu Michael ? leur demandais-je, interrompant leur conversation.

Alex soupira en se grattant l'arrière de la tête, et Alexeï eut l'air gêné.

- Je sais pas, on l'a perdu de vue pendant le concert, et on est arrivés ici les premiers, nous expliqua-t-il. On discutait tranquillement avec Alex et d'un coup il s'est pointé. On lui a dit de venir avec nous mais il ne nous a même pas calculés et il est partit. Il avait l'air en colère, dit-il avec une moue d'incompréhension affichée sur le visage. Je n'ai pas comprit pourquoi.

Il est con où il le fait exprès ? Michael était très possessif, et il était tout simplement d'une jalousie maladive. Il n'aimait pas qu'on touche à ce qu'il appréciait. Il n'avait pas du supporter le fait qu'Alexeï et Alex se tapent des délires ensemble. Cela fait à peu près deux mois qu'il assistait à ce genre de scènes, et je comprenais que ça avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

- Je reviens vite, je vais le chercher, annonçais-je en plantant là tout le monde.

Je partais à grandes enjambées, ignorant totalement les protestations des autres. Je me questionnais : où pouvait-il bien être ? Je n'en avait absolument aucune idée. Je me mit donc à marcher, et au bout d'une heure de recherche je finit par le trouver, seul, ruminant sur un banc avec une bière à la main.

- Mec qu'est-ce qui t'arrive sérieux ? soufflais-je en prenant place à côté de lui. Ça va faire une heure que je te cherche.

Le bois peint en jaune du banc craqua sous mon poids, et je fixais Michael qui soupira en se tournant vers moi. Voir mon ami ainsi attristé me fit beaucoup de peine. Il m'avait toujours soutenu, même dans les pires moments. Il m'avait accompagné dans tous mes coups foireux lors du divorce de mes parents, et je savais que c'était la seule personne, avec ma sœur, à qui je pouvais faire confiance.

Je lui confierais ma vie les yeux fermés. Alors, j'essayais toujours de l'aider dès que je le pouvais, dans la mesure du possible. Si je pouvais soulager, ne serait ce qu'un peu ce qui le tracasse je le ferai volontiers.

- Tu sais très bien ce que j'ai, marmonna-t-il en buvant quelques gorgées de sa bière.

- N'en fait pas tout un plat, m'exaspérais-je. Alex se rendra bien vite compte que tu est mille fois plus intéressant qu'Alexeï.

- À chaque fois que je les vois ensemble, j'ai vraiment l'impression qu'ils sont fait l'un pour l'autre. Ça saute aux yeux, lâcha-t-il.

- Arrête de dire n'importe quoi ! m'exclamais-je. Ils sont potes, c'est tout.

Il avait l'air de ne pas m'avoir écouté, et il se remit à grogner dans sa barbe.

- Même leurs prénoms vont à merveille ensemble, remarqua-t-il en se tenant les cheveux de sa main libre. Ils s'appellent quasiment pareil. Alex et Alexeï, et leur gosse s'appellera... Alexis ou bien... J'en sais rien moi, un truc qui commence par Alex.

- Ça suffit les conneries Mick, lui lançais-je en calant mon dos confortablement contre le dossier du banc. Tu sais très bien qu'Alex est bien plus attiré par toi que par ce stupide Alexeï.

Je m'en voulait un peu de cracher sur mon ami, mais le plus important, c'était Michael.

- C'est toi qui le dit, pas moi, ni Alex, se lamenta-t-il en terminant sa bière.

Il jeta la bouteille en verre vide par terre, et elle roula jusqu'à rejoindre un autre cadavre de bouteille abandonné sur le bas côté du chemin terreux. Je ne répliquais rien mais me massait les tempes, fatigué.

- Tu penses qu'ils ont déjà couchés ensemble ? me demanda-t-il en prenant sa tête entre ses mains.

Je déglutit, ne sachant pas trop quoi lui dire. Je n'en savais rien. Je savais juste qu'à la soirée de Christian il y a deux mois Alexeï avait dormit dans le canapé chez les filles. Quant à ce qu'avait fait Alex et Alexeï avant mon arrivée avec Alya, je ne voulais pas le savoir.

- Est-ce qu'ils sont déjà sortis ensemble ? s'interrogea-t-il à nouveau.

Je rigolais franchement face à l'intense et pathétique réflexion de mon ami.

- Depuis quand tu te soucies de trucs pareil toi ? D'habitude tu séduit et tu couches, et puis tu passes à autre chose en moins de deux jours. Mais par contre, avec ta petite Alex, c'est autre chose, me moquais-je en lui donnant une tape vigoureuse dans le dos.

- Ta gueule Gab, c'est juste que... Je déteste qu'on me prenne ce qui est à moi, gronda-t-il. Et Alex est à moi, c'est chasse gardée. Et puis tu peux parler toi, dès qu'Alya est dans les parages tu devient pire qu'un Bisounours. Attention, tu pourrais finir par tomber amoureux, ricana-t-il méchamment.

Je restais silencieux, songeant à ses paroles. Il était vrai qu'une douce torpeur s'emparait toujours de moi en la présence d'Alya, et je me sentais... Bien, tout simplement, lorsque j'étais avec elle. Je l'appréciais énormément, mais je ne l'avouerais pour rien au monde.

Je ne me l'avouais même pas à moi-même, préférant croire que la carapace solide que je m'étais construite était toujours intacte. Aucun sentiment ne pouvait franchir la barrière de mon coeur, et même si tel était le cas, je ne me risquerais pas à ressentir à nouveau de l'amour pour quelqu'un. C'est bien trop douloureux, et le risque n'en vaut pas la peine.

Je secouais la tête en regardant mon ami de travers. Moi, tomber amoureux ? Laissez moi rire. Je n'éprouvais qu'un désir inédit et puissant pour elle, mais ça s'arrêtait là. Oui, voilà, c'est tout. Du désir, de l'attirance, et de l'amitié, point.

- Non mais ça va pas toi ? lui dis-je en riant. Tu sais très bien que je veux juste la mettre dans mon lit. Et puis je me suis fait la promesse de ne plus jamais tomber amoureux : sache que je tiens toujours mes promesses.

Même si j'avais toujours pour projet de la séduire afin qu'elle tombe dans mes bras et qu'elle passe par mon lit, je comptais, après lui avoir expliqué que je ne recherchait pas de relation sérieuse, la garder auprès de moi en tant qu'amie.

Comme ça, je ne la désirerais plus aussi fort, et je ne serais plus perturbé par sa proximité ni par ses grands yeux bleus. De plus, je pourrais toujours rester avec elle, mais en "ami". Néanmoins, je m'étais rendu compte, pendant ses deux mois passés à ses côtés, qu'elle m'était devenue indispensable. Je ne pouvais plus me passer d'elle, de ses gamineries, de sa gaucherie, et de son humour subtil.

- J'avais oublié que monsieur n'avait plus de coeur, rit-il en collant son épaule à la mienne. Joue pas trop au dur à cuire, ça te vas vraiment pas.

Je souriais en me relevant, et on se remit joyeusement en route. Une fois arrivés, on finit par jouer au Uno sous notre grande tente verte, tous les six : Sami restait avec nous. L'atmosphère était détendu et calme, bien qu'on entendait des gens crier au loin.

On se partagea des paquets de chips aux goûts divers et des Oreo, nous passant mutuellement une bouteille de Coca. La boisson n'avait plus de bulles et était écœurement chaude, ayant très mal supporté la chaleur infernale qu'il avait fait aujourd'hui.

Nos rires résonnaient dans la chaude moiteur de cette douce nuit d'été, et je me dis que ce week-end au festival s'annonçait particulièrement fabuleux.

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