Instant trouble
Point de vue Alex :
Je n'avais absolument pas dormi de la nuit, et depuis cinq heures du matin j'étais appuyée contre la rembarde froide en fer du balcon, vêtue d'un simple tee-shirt ample en guise pyjama. Je fixais les grattes-ciels alignés, admirant les premiers rayons de soleil qui frappaient doucement leurs façades en béton. Un doux filet d'air vint caresser ma joue et passa délicatement dans mes cheveux, les secouant légèrement.
Je soupirais, tout en sortant une cigarette de mon paquet avant de l'allumer machinalement. Hier, j'avais redécouvert le plaisir des courses de voiture, et c'était sensationnel. La veille, à l'instant même ou j'étais montée dans notre voiture tout m'était revenu. Les odeurs de cuir, la sensation qui s'empare de notre corps lorsque la voiture accélère, le coeur qui s'emballe à chaque virage.
Mais une chose me contrariais : nous n'avions pas eu l'argent de la course, et le mec qui nous devait l'argent ne nous avait toujours pas contactées. Je me rappelais soudain d'une chose. Je sortis mon téléphone et composait le numéro de la prison.
- Allô madame Parks ? demandais-je à travers le combiné.
- Oh, bonjour Alex ! répondit la secrétaire au bout du fil. Tu veux parler à ton père ?
- Oui, mais j'appelais pour savoir si il avait eu sa permission de sortie pour le week-end, demandais-je, anxieuse, en frottant mes mains moites contre le tissus de mon tee-shirt.
- Figures toi que ton père s'est battu hier avec un autre détenu. Il ne peut donc pas sortir ce week-end. Désolé Alex, souffla madame Parks à travers mon téléphone.
- Il s'est battu... Je ne peux pas lui parler du coup ? demandais-je, agacée par le compertement de mon père.
- Si, il n'a pas utilisé son appel de la semaine. Ne bouges pas, je vais te transférer au téléphone de sa cellule. Bonne journée ma belle ! me dit amicalement la secrétaire.
Un bip sonore se fit entendre et le silence se fit dans le combiné. Je savais qu'avant d'être en contact avec lui j'allais devoir attendre quelques minutes. Il s'était encore battu... Son comportement ne s'était pas amélioré et il avait l'air de ne pas s'en soucier. Une voix venue d'en haut m'interpella soudain, et j'eu un mouvement de sursaut, surprise.
- Oh mais que vois-je ! Ma super voisine est seule sur son balcon ! me cria Michael depuis sa superbe terrasse.
- Et la super voisine est occupée mon chou ! m'écriais-je en retour, tout en essayant de me concentrer sur mon appel, guettant le moindre signe de la voix de mon père.
Je ne voyais pas Michael, mais lui pouvait aisément m'obsever depuis sa terrasse. Je ne savais pas ce qu'il faisait et cela me déstabilisais.
- Allô ? entendis-je tout à coup à l'autre bout du fil.
Je fit signe à Michael d'arrêter de parler avant de répondre sèchement à mon géniteur :
- Allô papa, soupirais-je en me passant une main sur le visage.
- C'est toi Alex ! Comment tu vas ma fille ? demanda-t-il sans grande joie.
- Bien. Qu'est ce qui t'a encore pris ? lui demandais-je violemment en plantant mes ongles dans la paume de ma main. T'as grillé ta permission de sortie, tu t'en rends compte ?
Je ne savais pas si Michael était toujours là et je priais pour qu'il n'entende pas ma conversation. Ce n'était pas ces oignons, et je ne voulais pas rentrer à l'intérieur, et risquer de réveiller Alya qui dormait encore. Elle avait tout défoncé hier à la course, alors je me disais bien qu'elle avait au moins le droit de profiter d'un bon sommeil réparateur.
- Alex, le mec qui partage de ma cellule a insulté ta mère, ce fils de pute avait besoin d'un bon poing dans la gueule, cracha-t-il.
- C'est toujours pareil papa, les mecs de la prison insulte maman et tu perds tes moyens, dis-je en retenant mes larmes.
Je me mordais la lèvre pour éviter d'éclater en sanglots, même si j'en avait très envie. Les gars de la prison étaient tous au courant que la mort de ma mère avait profondément touché mon père, et ils ne se privaient pas de s'en servir pour provoquer mon père.
- Écoute ma fille, je sais que tu n'aimes pas quand je suis violent, mais je vais me calmer, dit-il d'une voix assurée.
- Tu dis toujours la même chose... soufflais-je en fermant les yeux. Bon, je te laisse papa.
- Passe une bonne journée ma fille. Dit moi, à ma prochaine permission de sortie, j'aimerais bien te voir. Tu serais d'accord ? demanda t-il avec une once de tristesse.
Un hoquet de surprise sortit de ma bouche et je resserais un peu plus ma main autour de la toile élimée de mon pyjama. Depuis au moins six ans je n'avais pas vu mon père, et l'envie ne m'étais jamais venue.
- Tu... Je... Je te rappellerai pour voir ça, articulais-je entre mes lèvres.
- J'ai besoin de ta réponse maintenant Alex, exigea-t-il dans un soupir.
- Je... Oui... D'accord, répondis-je alors qu'une larme coulait sur la joue. Do svidania papa.
Je raccrochais sans lui laisser le temps de me répondre. Je sortit une autre cigarette que j'allumais instantanément, tirant dessus avec amertume. Pourquoi voulait-il me voir tout à coup ? Pendant six ans il ne s'était pas manifesté, et c'était moi qui prenais toujours des initiatives pour l'appeler en prison. Alors pourquoi avait-il besoin de me voir après six ans d'absence ?
Parler à nouveau russe m'avait fait l'effet d'une douche froide mais ces mots étaient instantanément sortis de la bouche.
Je me rappelais soudain que Michael était sur sa terrasse, sûrement entrain de m'observer. Je me penchais pour l'apercevoir fixer le paysage matinal, une clope à la main.
- Je peux monter ? lui demandais-je soudain.
Il baissa les yeux vers moi et me souris chaleureusement, avant de me répondre par un simple oui entre deux bouffées de fumée. Je sortis doucement de l'appartement pour ne pas réveiller Alya qui dormait dans sa chambre.
Une fois arrivée devant chez aux, je toquais à la porte du duplex et quelques secondes après, Gabriel vint m'ouvrir, un air endormi peint sur le visage. Je lui fit un sourire éclatant avant de le pousser pour aller en direction de la terrasse où se trouvait Michael. Je refermais la porte-fenêtre derrière moi, et je vis sa silhouette accoudée à la balustrade.
- Pourquoi tu voulais monter ? me demanda-t-il sans détacher son regard du paysage.
- J'ai plus de cigarette, mentis-je en souriant.
- Tu viens juste pour me taxer une clope ? dit-il en arquant un sourcil.
Son regard dévia vers moi et il me tendit une cigarette en observant ma tenue légère.
- T'as pas froid ? finit-il par me demander.
- Si un peu, avouais-je, mais tu vas gentillement me prêter un sweat pas vrai ? rajoutais-je, un sourire espiègle sur le visage.
Il soupira et enleva son pull avant de me le jeter à la figure avec un clin d'oeil.
- C'est juste parce que je veux pas que tu sois malade. Si on reste ensemble, tu vas me contaminer, ajouta t-il en rigolant.
Je m'approchais de lui pour m'accouder à la rembarde, mon épaule touchant la sienne. Il respira bruyamment avant de tourner la tête vers nos deux épaules collées. Je ne bougeais plus et fixais les immeubles qui maintenant étaient totalement éclairés par le soleil levant. L'aube était d'une splendeur à couper le souffle. On aurait dit que quelqu'un s'était amusé à verser un pot de peinture multicolore dans le ciel. Les nuages mi rose mi gris étaient étalés sur un fond bleu-vert. Un orange pâle entourait la cime des immeubles, s'accordant à merveille avec le jaune cru de soleil levant.
Soudain, la main de Michael glissa doucement sous mon tee-shirt, se calant sur ma taille. Je retenais mon souffle, et une sensation de chaleur naquit bientôt sous le toucher brûlant de sa main, réchauffant ma peau froide. Un frisson courut sous ma peau, et une chaleur nouvelle vint s'installer entre mes seins. J'allumais ma cigarette, et avec prudence je m'approchais un peu plus de lui. Qu'est ce que tu fou Alex ?
Il dû le sentir car sa main se resserra sur mes côtes, et sa respiration se fit plus bruyante encore. Je ne savais absolument ce qu'il se passait en ce moment. Cela devait être à cause de l'appel de mon père. Oui, j'étais chamboulée et je cherchais du réconfort auprès de Michael. Sa paume de main chaude toujours posée sur mon corps, il la descendis lentement vers le bas de mon dos, collant son torse contre moi. Mon corps réclamais plus, je le sentais, et ma respiration se fit erratique. Il glissait sa main lentement contre mon ventre, et l'arrêta sur la chute de mes reins.
Tous mes sens aiguisés, je sentais mes poils se hérisser. Je profitais de ce contact, mon bas ventre fourmillant agréablement. Tout à coup je me rendis de ce qu'il se passait, et je m'éloignais de quelques centimètres. Il enleva rapidement sa main avant de se racler la gorge. Un frisson parcouru ma colonne vertébrale lorsque sa peau quitta la mienne. Je voulais à nouveau sentir sa peau calleuse contre la mienne, et mon corps attendait désespérément de sentir à nouveau cette douce chaleur.
- Je vais redescendre, Alya va se demander où je suis, articulais-je doucement en lançant un regard dérouté dans sa direction.
- Tu pourrais aussi bien lui envoyer un message, dit-il en plantant ses yeux dans les miens.
L'intensité de son regard noisette me figea sur place, et je détournais les yeux.
- Oui, mais je préfère redescendre, acquieçais-je en me mordant la lèvre.
Il vit mon geste nerveux et fixa longuement mes lèvres avec un regard brillant dans les yeux. J'avais envie de me replacer contre lui, comme je l'étais quelques minutes avant. Mais qu'est ce que je raconte. Bon il vallait mieux que je descende pour aller voir Alya, au risque de ne plus pouvoir me contrôler.
- J'y vais, à plus, lançais-je brusquement à Michael en tournant les talons.
Sa main frôla ma cuisse couverte de son pull et il lâcha un salut étouffé avant de se replacer contre la barre de fer de la terrasse. J'étais complètement perdue. Je courrais presque dans les escaliers, arrivant devant la porte de mon appartement en espérant qu'Alya dormait encore. En ouvrant la porte, je perçus un silence envoûtant régner dans l'appartement. Ce qui signifiait qu'elle dormait encore. Il n'étais que neuf heures et nous n'avions pas cours ce matin.
Soleil d'avril s'approcha de moi et frotta ses poils soyeux contre mon molet gelé. Je la pris dans mes bras et alla m'installer sur le canapé tout en la caressant. Je revins à la réalité en réalisant que nous n'avions toujours pas l'argent de notre course et qu'il fallait le récupérer. J'attrapais mon téléphone pour composer le numéro d'Evan.
- Alex ? me questionna-t-il dès que l'appel commença.
- Ouais, c'est moi. Ça va ? chuchotais-je doucement tout en gratouillant le cou de Soleil d'Avril.
- Oui, et toi ? Pourquoi tu m'appelles ? s'empressa-t-il de répondre.
- La prochaine course c'est quand ? demandais-je à mon tour.
- Ce soir, vous voulez refaire une course ? Énorme ! s'écria t-il avec une voix excité.
- Non, on va venir récupérer notre fric, dis-je dans un sifflement.
- Ce connard vous a pas payé ? gronda-t-il d'un voix grave.
- Faut croire que non, soupirais-je en penchant ma tête en arrière.
- Ok, je dis à Dylan que vous passerez ce soir. Il y a des nouveaux vous pourrez rester un peu, dit-il. Et je serais content de te voir, ajouta t-il.
À travers le téléphone je sentis un sourire dans sa voix.
- À ce soir Evan, moi aussi je serais contente de te voir, murmurais-je en raccrochant.
Evan était le pote le plus proche de Dylan. Tous les deux étaient super gentils et Evan me tournait autour depuis quelques mois. Il était pas mal et j'aimais bien être avec lui. À une soirée nous avions même couchés ensemble mais je n'avais pas voulu plus.
- À qui tu téléphonais ? demanda Alya derrière moi.
- À Evan, je lui ai dit qu'on passera récupérer notre argent ce soir, lui expliquais-je en me levant, délaissant Soleil d'Avril à moitié endormie sur le canapé.
- C'est ce que j'étais en train de me dire, soupira t-elle en attrapant un verre d'eau dans la cuisine.
Je la rejoignis et fixais intensément la corbeille de fruit, me demandant lequel j'allais manger.
- Tu sais, je penses que Evan est carrément sur toi ! ajouta-t-elle avec un petit sourire en coin.
- Je penses aussi, et ça me dérange pas tu vois. Il est gentil et assez bon au lit, dis-je avec un clin d'oeil. Et super canon.
Alya éclata de rire avant de se laisser tomber sur le canapé, et je retournais m'asseoir dessus, à côté d'elle, faisant partir Soleil d'Avril.
- J'ai appelé la prison, soupirais-je, et devines quoi ?
- Ton père s'est battu ?
C'était une question rhétorique.
- Oui. Mais c'est pas ça le problème, soufflais-je en fermant les yeux.
- Ah merde, qu'est ce qu'il a fait encore ? demanda-t-elle inquiète.
- À sa prochaine permission de sortie il veut me voir. Ce con veut me voir après six ans d'absence ! m'écriais-je en fronçant les sourcils.
- Tu as dit oui ? articula-t-elle doucement.
- J'ai dit oui. Je veux le voir, dis-je en soupirant.
- Si tu en as besoin, je t'accompagnerais, hein, déclara-t-elle en souriant.
- Non ne t'inquiète pas j'irai seule, j'ai des choses à lui dire, affirmais-je.
- Si ce con fait quoique ce soit de travers je vais le tuer de mes mains ! cria t-elle.
J'éclatais de rire avant de la prendre dans mes bras. Elle déposa un baiser sur ma joue et je posais ma tête sur son épaule. Soleil d'Avril revint s'allonger sur nous, comme pour parfaire un peu plus le tableau.
• • • • • •
Nous étions, Alya et moi, sur la route en direction du lieu où se déroulerait la course de ce soir. J'avais mis un jean noir avec un débardeur blanc accompagné de mes cuissardes de la veille. Alya s'était vêtue d'un jean bleu, et un joli crop top vert émeraude enserrais son buste.
Je roulais sur les routes désertes en direction des quartiers sombres de la ville. La route ne dura pas longtemps avant que nous arrivions sur un parking remplit de monde, qui attendait impatiemment la course. Quelques personnes nous virent descendre de la voiture et deux gars qui géraient la sécurité vinrent nous accueillir.
- Salut les filles, vous êtes ? nous demanda l'un d'eux, une grande tige aux cheveux noirs de jais attachés en un petit chignon.
- Alex et Alya, répondit mon amie d'un ton sec.
- Pardon, allez y, dit-il en souriant d'un air lubrique tout en louchant sur nos décolletés.
Je soupirais et le poussais pour me diriger vers Dylan et Evan.
- Salut beauté ! s'écria celui-ci en m'attrapant par la taille.
Je déposais un baiser sur sa joue où une barbe naissante assombrissait sa mâchoire, et je lançais un signe de main à Dylan.
- Où est le mec que nous avons écrasé hier ? demanda Alya.
- Il va concourir tout à l'heure, à la fin de la course vous irez lui parler, nous informa Dylan en souriant à Alya. On vous accompagnera si vous voulez.
Evan ressera ses doigts sur ma taille et m'entraîna vers le bord de la route où deux voitures attendaient leurs conducteurs.
- Alors comment ça va ce soir, me souffla t-il au creux de l'oreille.
- Pas si mal et toi, répondis-je en posant ma main sur son épaule.
Il sourit et me montra du menton deux mecs qui entraient dans une des voitures. Je ne distinguais pas bien leur visage, trop loin d'eux pour en avoir les détails. Bientôt un homme entra dans l'autre voiture. Je le reconnu facilement. C'était le con qui nous devait de l'argent. Je lui lançais un regard noir qu'il ne perçut pas en entrant dans son bolide, le même que la veille.
La course commença et Evan ne lâchait toujours pas ma taille. Son bras puissants entouraient mon corps fin et les mèches de mes cheveux flottaient autour de son épaule. Les deux voitures partirent dans un grondement de moteur, de la fumée sortant des pots d'échappement.
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