Emménagement

Point de vue Alya :

Je posais le dernier carton sur le sol, et me relevais essoufflée, satisfaite de moi. Je venais de monter douze étages d'escaliers en portant un carton d'environ vingt-six kilos, et je peux vous dire que ça n'a pas été une partie de plaisir avec mes bras à la musculature non existante. J'ai bien cru que je n'y arriverais jamais.

Je m'affalais sur le canapé à côté d'Alex, rouge comme une pivoine, et enlevais une mèche de cheveux collée sur mon front en sueur. Satané immeuble sans ascenseur, songeais-je en soufflant bruyamment.

Alex, pour faire court, c'est ma meilleure amie, on ne se quitte pratiquement jamais. À vrai dire, on s'est connues en primaire, et on a tout de suite compris qu'on étaient faites pour s'entendre. C'était le coup de foudre amical.

Notre rencontre à été pour le moins volcanique. En réalité, c'est juste après s'être violemment roulées dans la terre sèche de la vielle cour de l'école en s'arrachant les cheveux pour une histoire de feutre rouge qu'on est devenues amies.

Depuis notre plus tendre enfance, âge ou l'on est normalement encore innocent et sage, on fait les pires coups ensembles, et les pires conneries imaginables.

On constitue un duo infernal. On s'est beaucoup rapprochées l'une de l'autre au cours d'une certaine période, se soutenant mutuellement dans nos malheurs.

On est liées par notre désir de se prendre le plus de cuites possibles, et notre envie commune de voyager, de visiter un maximum d'endroits durant notre misérable vie de débauche.

Nous avons toutes les deux une passion pour la lecture, mais surtout, nous partageons un besoin de vivre notre vie pleinement, de nous amuser le plus possible, pour ne rien regretter lorsqu'on sera plus âgées et que l'on ne pourra plus faire ce qu'on veut quand on le veut.

On essaie de profiter autant que l'on peut de chaque instant. Il faut dire que la vie n'a pas toujours été tendre avec nous.

- J'ai faim, dit subitement Alex en se tournant vers moi.

Elle renversa sa tête en arrière sur le vieux canapé miteux en soufflant de frustration.

- T'es pas la seule. Bouges pas, je vais voir ce qu'on a, lui répondis-je, complètement épuisée par cette journée à monter des cartons.

Aujourd'hui, c'est un peu le jour qu'on attendait depuis toujours. On emménage enfin ensemble, dans un charmant appartement de soixante-dix mètres carrés, aux murs d'une délicieuse couleur jaune-verte. Notez l'ironie.

Cela ne fit que me rappeler la quantité monumentale de travail qu'il nous restait à abattre pour rendre cet appartement sublime.

Mes doigts me démangeaient d'arracher l'immonde papier peint dans l'entrée, bleu avec des motifs à fleurs, à moitié décollé dans les angles. Je me levais en étirant mon dos douloureux à cause des trop nombreux poids portés aujourd'hui. Foutus escaliers...

Une fois debout, je me rendis compte qu'on avait tout simplement pas de nourriture. Je regardais dépitée la mer de cartons qui nous entourait, chacun à moitié ouvert.

Plus tôt en ce jour de septembre, j'avais mis un point d'honneur à déballer tous mes livres, qui formaient de grosses piles dans un coin de notre nouveau salon. Mes essentiels.

J'avais dû monter une bonne dizaine de cartons contenant tous mes précieux ouvrages, et je me suis quand même détestée à ce moment là d'avoir voulu emporter toute ma bibliothèque.

Mais il était inconcevable pour moi de partir sans tout ça. "Tout ça", c'est des années passées à rêver depuis mon lit dans la petite chambre de chez ma mère.

Un moyen de m'évader et de voyager avec tous les héros de mes histoires, loin de la routine monotone et insupportable. Tout ce que je ne peux pas vivre, je le vis à travers toutes ses histoires.

Je comble mon manque d'aventure et mes projets de voyage irréalisés comme je le peux. Mon estomac gargouillant me ramena brutalement à la réalité.

Je me laissais tomber une nouvelle fois à la renverse sur l'antique canapé, faisant grincer les vieux ressorts.

- Bah qu'est-ce que tu fou ? me questionna Alex, le regard interrogatif.

- J'ai le regret de t'informer qu'on a... comment dire... pas de frigidaire pour le moment, parce qu'on est complètement fauchées. Autrement dit, on a pas acheté de bouffe, soufflais-je en fermant les yeux.

- Maintenant ça me revient, avant qu'on parte ta mère nous avais dit qu'il ne fallait surtout pas qu'on oublie d'aller faire les courses en arrivant, confirma-t-elle en se passant la main sur le visage, exaspérée.

Eh merde, tous les centres commerciaux et autres supérettes sont fermés à cette heure. Et toujours pas de nourriture. Et surtout pas encore assez d'argent pour se commander chinois ou se faire un petit restaurant. Super.

On avait à peine de quoi payer le loyer de l'appartement, et cela me fit penser au fait qu'il fallait que l'on retrouve très rapidement du travail.

Alors que je m'apitoyais sur ma vie terriblement tragique, la sonnette de la porte d'entrée sonna. Je grognais de frustration en entendant l'horrible bruit strident que produisait cette sonnette merdique.

Je détestais cet affreux sifflement, et je su à cet instant précis que j'aurais beaucoup de mal à m'y faire. Alex sauta brusquement de la vielle relique qui nous servait de canapé, les yeux plissés.

Je ne bougeais pas de ma place, tapant du pied, énervée d'être dérangée en cette soirée qui commençait très mal.

- J'espère que c'est pas nos putains de voisins qui viennent déjà nous faire chier, jurais-je entre mes dents.

Le proprio de notre appart nous avait mis au parfum : on avait désormais comme voisins deux colocataires richissimes, vivant dans un immense duplex juste au dessus de nous.

Cet immeuble avait pour particularité de proposer aux gens un large panel d'appartements, allant du studio au duplex.

D'après notre proprio, nos deux voisins étaient des types tout à fait réglo, et il nous avait même conseillé d'aller nous en remettre à eux en cas de pépin. On avait rien à craindre.

Je m'enfonçais encore plus dans les recoins du canapé, et regardais du coin de l'œil Alex aller ouvrir la porte.

- Bonjour, avança un bel inconnu aux cheveux bruns, bouclant légèrement sur les bords.

Je fus subjuguée par son regard vert profond, tirant vers l'émeraude sur le rebord de l'iris. Il nous servit un sourire d'une blancheur éclatante, le même sourire dont seules les femmes dans les pubs pour dentifrice possède le secret.

Il était pourvu d'une mâchoire carré, d'un joli petit visage bien symétrique, d'un nez fin et droit, d'épais sourcils noirs et... d'une bouche pulpeuse rose comme la belle au dormant qui devait faire rêver plus d'une fille.

De puissants bras sortaient de son tee-shirt blanc, moulant de près son corps, ce qui ne laissait pas vraiment de place à l'imagination. On devinait facilement une musculature développée sous ce fin tissus en coton blanc.

Il semblait posséder un charme naturel et un certain charisme, et détenais une prestance digne d'un mannequin pour magazine. En résumé, il était carrément beau, inutile de le nier. J'en ferais bien mon quatre heure, pensais-je en me léchant la lèvre.

J'admirais de loin ce bel apollon sortit de nul part, toujours affalée comme une merde sur le canapé, n'ayant aucune envie de me lever en survet sale et en débardeur multicolore.

Je descendis mon regard sur la courbe sensuelle de ses lèvres, et arrêtais finalement mon regard sur ses énormes bras musclés, observant les veines saillantes qui les parcouraient.

Il croisa mon regard sans arrêter de sourire. Prise en flagrant délit, mes joues s'empourprèrent légèrement.

- C'est bonsoir, il est neuf heure du soir, signalais-je depuis mon poste d'observation.

- Quelle amabilité, sourit-il encore plus.

Je pensais sérieusement qu'il allait finir par s'arracher la gueule si il persistait à vouloir sourire toujours plus. Non mais sérieusement, il devait avoir les joues élastiques pour pouvoir remonter les coins de sa bouche aussi haut sur son visage.

Il n'empêche, sourire lui conférait une attitude innocente. J'aperçu des fossettes terriblement sexy sur ces joues, où on pouvait voir l'ombre d'une barbe repousser. Je soupirais et me levais de mauvais cœur, rejoignant Alex à la porte.

Derrière le mec brun que je cataloguais déjà comme une potentielle source d'énervement à venir, se trouvait un autre jeune homme du même âge, tout aussi canon : cheveux châtains bouclés (dans le genre vraiment bouclés), une bouche charnue colorée, nez fin, yeux noisettes (proche de la couleur du Nutella sur le pourtour de l'iris), barbe de deux jours, une mâchoire carrée, des traits volontaires, tout aussi musclé que son charmant acolyte.

Ils me faisaient penser aux pompiers dans les calendriers que tout le monde achète chaque année. Ces mecs là devaient passer leur vie dans des salles de sport.

- Bonsoir à vous aussi, lança Alex, polie.

- On voulez juste vous souhaiter la bienvenue, dit le mec aux cheveux châtains d'une voix grave.

- Et vous êtes ? continua calmement Alex.

- Vos voisins, répondit-il gaiment.

- Mmmmm... Intéressant, murmurais-je.

Bon, c'était pas des vieux pervers, et ils avaient l'air normaux, possédant une confiance en soi typique des mecs qui se prennent pour le nombril du monde. Une idée germa dans mon esprit, et je me mis soudain à sourire à nos nouveaux voisins de façon chaleureuse.

- Et donc, vous venez d'où ? les questionnais-je d'une voix amicale.

Le jeune homme brun aux yeux verts, qui m'attirait beaucoup plus que son copain aux yeux marrons, s'appuya sur le chambranle de la porte avec nonchalence, laissant courir son regard sur ma peau.

Ma peau me picotait, mais je me renfrognais lorsque je vis son regard s'attarder un peu plus que nécessaire sur ma poitrine généreuse. Je croissais les bras sur mon torse, et plantais mon regard dans le sien.

- Oh, pour ma part j'ai vécu dans pleins d'endroits différents : Miami, Paris, Manhattan, Japon, et puis...

Il est vachement plus beau quand il la ferme par contre.

- Ok d'accord d'accord, abrégeais-je son petit discours. Vous avez quel âge ?

Il rigola (encore), et j'eu envie de lui effacer du visage le petit rictus satisfait qui traînait sur ses lèvres.

- Je t'aime bien toi, susurra-t-il avec un sourire un brin séducteur. J'ai dix-neuf ans, vingt ans dans deux mois, et je m'appelle Gabriel.

Je me retins de lever les yeux au ciel, attendant que notre deuxième voisin se présente à son tour.

- Et moi c'est Michael, finit par dire "cheveux bouclés", alias Michael. J'ai déjà vingt ans.

- Moi c'est Alex, dix-neuf ans, se présenta ma meilleure amie, amusée par la situation.

- Alya, dix-huit ans aussi, bientôt dix-neuf, dis-je en levant la main.

Cette rencontre promettait d'être intéressante, et je souriais en croisant le regard vert de Gabriel. Il sourit à son tour, dévoilant deux petites fossettes sur chaque coin de ses joues. En effet, cette rencontre semblait très prometteuse.

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