Découverte de la fac

Point de vue Alex :

Cette voiture était affreusement vielle, mais au moins on l'avait obtenue à prix d'or. On s'en était acheté une pour deux, mettant des mois d'économies en commun. J'adorais cette bagnole, elle était tout simplement géniale, mais elle n'égalerais jamais tous les bolides que j'avais eu l'occasion de conduire au cours de années passées.

- Monte dans la voiture, criais-je à Alya, on est déjà en retard !

Ce matin, c'est elle qui conduisait. Habituée, elle pris le contrôle du véhicule et fit un demi-tour avec une aisance et une rapidité déconcertante. Elle s'engagea sur la route, roulant à toute vitesse. Les habitudes on la vie dure, et nous n'avions jamais perdu nos réflexes qui nous étaient toujours utiles au volant.

Elle dépassait toujours d'au moins minimum cinquante kilomètres heures la limitation de vitesse. Au vu de nos anciennes activités nocturnes, il était dur pour nous de ne pas foncer tête baissée sur la grande bande d'asphalte grise. Même si à l'époque nous faisions cela par nécessité, cela me manquait affreusement.

J'allumais la radio et montais le volume au maximum en entendant une musique de l'été. Je me mis à danser, hurlant les paroles, bientôt accompagnée d'Alya, qui gardait une main sur le volant. Toutes vitres ouvertes, nos cheveux virevoltaient dans le minuscule habitacle.

Alya accéléra pour rattraper le temps perdu, et je chantais de plus en plus fort dans la voiture, essayant de profiter de la maigre vitesse. Encore une fois, ce n'était pas comparable à ce que j'avais déjà vécu. Emportée par notre élan, Alya se mit à hurler les paroles dans le petit habitacle comme une dégénérée.

Farfouillant dans son sac pour chercher je ne sais quoi, Alya détourna quelques secondes son attention de la route, et faillit rentrer de peu dans une voiture. Et pas n'importe quelle voiture. Une Mercedes rouge, qui brillait plus que des néons publicitaires. Mais ce véhicule ne m'impressionnait nullement, ayant vu et conduit des véritables bijoux dont le prix aurait fait tourner la tête de n'importe qui.

Elle freina brusquement et tourna le volant violemment pour partir à droite. Heureusement qu'elle était une vraie as du volant, sinon je pense qu'on aurait pas pu éviter l'accident. Accrochée à la porte pour ne pas partir en avant, je reprenais mon souffle, me remettant de cette petite frayeur. J'avais connu bien pire, et cette petite scène me rappela de mauvais souvenirs.

Mon coeur battait rapidement, tambourinant dans ma tête. Je passais mes mains sur mon visage et soufflais doucement. Alya coinça ses cheveux ébouriffés derrière ses oreilles et soupira avant de sourire.

- Parfait, on est à l'heure, dit-elle en sortant de la voiture toute contente.

Une tête rousse sortit tout à coup de la Mercedes, et un mec énervé s'avança vers nous avec une envie de nous casser les jambes, un regard assassin volant sur son visage. Mais quand il arriva vers nous il ralentit le pas en plissant les yeux, avant de se mettre brusquement à nous sourire avec insistance. Un sourire bien lourd que nous avions l'habitude de recevoir avec Alya. À croire que c'était une manie chez les hommes.

Il ressemblait aux mecs qu'on peut trouver parfois sur les paquets de céréales, avec des bras gonflés et un tee shirt rayé bien trop grand pour lui. Seulement, il ne portait pas un vieux tee-shirt à rayures jaunes et vertes, mais bien un polo de marque. Son visage n'était pas fin non plus et il avait les cheveux qui flanchaient irrémédiablement vers le roux.

Son visage semblait difforme mais étrangement calme. Il y avait un mélange de gris et de bleu dans ses yeux, rappelant l'association de nuances d'une pierre dépolie et du fond d'un lagon marin. Des tâches de rousseur venaient s'ajouter à son portrait.

Mais le problème était l'air séducteur qu'il se donnait en marchant. On voyait bien à sa démarche et son expression que c'était tout sauf naturel. Je n'avais qu'une envie, qu'il ne vienne pas nous parler. Malheureusement, c'est ce qu'il fit.

- Salut les demoiselles, dit-il à notre adresse avec une voix qui se voulait sensuelle. J'avais grave envie de vous casser la gueule mais quand j'ai vu vos visages d'anges j'ai eu une irrésistible envie de vous pardonner. Vous êtes nouvelles non ? C'est toujours les nouvelles les plus jolies.

Je réprimais une grimace et lui tendis la main, répugnée par cet être pathétique. Il avait les mains moites et je m'empressais de retirer ma main de la sienne avant de l'essuyer sur mon jean.

- Alex. Et elle c'est Alya, dis-je précipitamment.

Alya lui sourit rapidement et détourna les yeux.

- Super, moi c'est Boniface, dit-il en faisant un clin d'œil à Alya.

Je manquais d'éclater de rire et vu comme Alya se tenait les côtes, elle aussi trouvait ça drôle. Non sérieusement ? Boniface ? Tout était ringard chez lui. Même si bien entendu je respecte les personnes qui s'appellent Boniface.

- Ne vous fiez pas à mon prénom les filles, il est ridicule mais cache un homme merveilleux, rajouta-il comme pour se justifier.

Rien que ça... Je lui adressais un léger sourire et le poussais sans ménagement pour partir.

- On va en cours Boniface, merci. Bonne continuation, lui répondis-je en le laissant planter là.

Alya me suivit et à une distance assez éloignée de lui, nous nous arrêtâmes avant d'éclater de rire.

- J'espère qu'il n'y aura pas des Boniface à Mercedes partout dans cette fac sinon je m'enferme dans notre soixante dix mètres carré ! s'exclaffa-t-elle.

J'inclinais ma tête en arrière pour éclater à nouveau de rire. Une fois arrivées, nous nous arrêtâmes à l'accueil, ou une femme tirée à quatre épingles engoncée dans tailleur trop étroit nous remis les horaires. Je repartais avec Alya, tous les documents en mains à la recherche de l'amphithéâtre A-3.

La fac où j'allais passer mon année était très réputée (elle est très prisée proposant un large panel d'étude), et le terrain comprenait une partie ancienne et une partie récente, à la pointe de la technologie, où se trouvaient les laboratoires et autres.

Dans la nouvelle partie se trouvaient des bâtisses au dallage noir et aux murs blancs, mêlées de structures en verre, la plupart possédant même de larges baies vitrées offrant une sublime vue sur la mer bleu sombre au loin, le tout dans un style très épuré avec une architecture moderne, dégageant une impression de netteté époustouflante.

Quant à la partie ancienne, elle était composée de vieux bâtiments en pierre, magnifiques, avec de la vigne s'étalant sur presque tous les murs de haut en bas, créant un décor digne d'un film.

L'université voisine possédait aussi un terrain de basket, avec une équipe très connue et très supportée dans les environs. Une cafétéria assez grande était située en plein centre de la faculté. La fac avait trois amphithéâtres dispatchés de part et d'autre du terrain.

Une sorte de parc naturel était situé proche de la cafétéria, et la fac possédait une immense bibliothèque dans laquelle on pouvait allé réviser dans une atmosphère de calme et de tranquillité incroyable, ou alors permettant tout simplement de venir se réfugier loin de toute l'agitation permanente régnant dans toute l'infrastructure. J'étais sous le charme de cet endroit.

On perdit un temps fou à rechercher l'endroit ou se trouvait ce fichu amphithéâtre. Comme si on avait le temps. Alya soupira de soulagement en s'arrêtant devant l'amphithéâtre A-3, ou aurait lieu notre premier cours. Je n'avais aucune envie de rentrer là dedans, un amphi rempli d'étudiants sûrement aussi insupportables que Boniface. Mais je suivais mon amie et entrais dans l'immense salle sombre, cherchant des yeux une place libre.

Une atmosphère lourde et soporifique semblait régner au sein de cet immense amphithéâtre. Les rangées de sièges étaient impeccablement alignés, et les étudiants fraîchement arrivés s'installaient passivement sur les fauteuils en se lamentant sur la dure année d'études qui les attendaient.

À notre entrée, quelques personnes se retournèrent et nous jetèrent un rapide coup d'oeil. Un gars nous sourit, puis son ami à côté, puis d'autres encore suivirent.

Je crois que partout où j'allais, on me regardais tout le temps. C'était une simple constatation, et je ne voulais en aucun cas me vanter ou un truc du genre.

Étant petite, on me voyais comme la fille qui avait perdue sa mère et qui vivait avec un enfoiré de père qui se tapait plus de femmes que n'importe quel homme.

En grandissant, on m'a regardé comme la fille bien foutue du collège ou du lycée à qui on ne parlait pas mais qu'on admirait secrètement.

J'étais le genre de fille qui accrochait les regards. Mais j'en avais pris l'habitude et toute cette attention m'avait donné confiance en moi lorsque j'en avait le plus besoin. Je m'étais réfugiée dans cette apparence de fille populaire après la mort de ma mère, cachant ma tristesse derrière cette façade fade et insipide. J'aimais me sentir observée, vue et admirée. Quelque part, cela me rassurais. Je me sentais exister.

Alya repéra une place et s'assit loin des autres étudiants. Je m'installais à côté d'elle, prête à commencer mon premier cours en fac.

Quelqu'un vint s'asseoir à côté de moi, et je tournais la tête pour apercevoir Michael, tout sourire. Il était vraiment grand, je pense un peu moins d'un mètre quatre vingt-quinze, presque pareil que Gabriel. Son regard s'attarda sur la peau de mon cou puis sur mes lèvres.

Je déglutis, mal à l'aise d'être ainsi détaillée du regard par mon nouveau et très charmant voisin.

- Comme ça vous avez aussi choisis les cours de psychologie humaine ? constata-t-il en levant un sourcil.

- Oui puisque nous sommes là, lui répondis-je en rigolant, sortant d'un même mouvement mon ordinateur portable.

Un jeune homme blond comme les blés devant nous se retourna et nous demanda de nous taire. Je levais les yeux au ciel, croisais mes jambes et penchais la tête en arrière dans un soupir.

Du coin de l'oeil je voyais que Michael m'observais, mais je fis semblant de ne pas m'en rendre compte et je continuais à découvrir avec curiosité les alentours avant de commencer à réellement écouter mon cours.
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