Course illégale (2)

Point de vue Alya :

Angelo s'avança légèrement vers nous, son corps massif obstruant la lumière de la lune qui tentait vaillamment de traverser les baies vitrées sales.

- Ah... Alex et Alya, grogna-t-il d'une voix d'outre-tombe. Ça faisait longtemps. Je ne pensais pas vous revoir de si tôt. Même si je dois bien reconnaître que j'étais sûr que vous reviendrez tôt ou tard.

- Bonjour Angelo, dis-je en m'approchant sensiblement. À ce que je vois, les affaires marchent plutôt bien.

Il observait la foule se pressant dans la rue, qui attendait impatiemment que la course démarre enfin. Je repérais les voitures déjà alignés sur la route, et en conclut qu'il fallait agir vite. Il ne nous restait plus beaucoup de temps.

- Je ne passerais pas par quatre chemins : Alex et moi voulons refaire quelques courses, exposais-je d'une voix ferme.

- Nous avons besoin d'argent, rajouta Alex, qui vont se poster à mes côtés.

Silence.

- C'est d'accord, nous répondit Angelo après un instant de réflexion. Je vous acceptes, vous ferez le nombre de courses que vous voudrez. Après tout, les filles qui participent aux courses sont tellement rares que les gens sont captivés dès d'une d'entre elles monte dans une voiture. Les paris se multiplient, et la course n'en devint que plus intéressante.

Nouveau blanc.

- Je ne peut que être gagnant dans cette histoire, paracheva-t-il en se retournant vers la baie vitrée, croisant ses mains dans son dos. Plus de paris égal plus de bénéfices. De plus, je ne peux pas non plus oublier le fait que vous êtes d'excellentes pilotes.

- Merci Angelo, dit Alex en hochant la tête dans sa direction.

- Merci, répondis-je à mon tour.

- Faites vite si vous ne voulez pas rater le départ de ce soir, gronda-t-il sans un regard dans notre direction.

Je descendais les étages à fond, avalant les mètres d'escaliers au pas de course, suivit par ma petite troupe. J'allais récupérer la voiture, et me plaçais derrière le volant, Alex s'installant sur le siège passager. J'assurerais la course d'aujourd'hui, et Alex conduirais la prochaine fois. On fonctionnais comme ça avant : une fois sur deux.

- Bonne chance les filles, nous souhaita gentiment Dylan avant que je ne démarre.

- On a pas besoin de chance mon chou, dis-je avec un sourire espiègle sur les lèvres.

J'allais placer ma voiture derrière celle de nos concurrents. Nous allions concourir contre quatre mecs que nous ne connaissions pas. L'un possédait une Mercedes bleue électrique, et un autre avait la chance de conduire une magnifique Ferrari blanche. Un jeune garçon âgé d'à peine quatorze ou quinze ans entra dans une Bugatti veyron noire, au gentes oranges fluo. Le dernier était un homme d'environ vingt-cinq ans, et il s'installa dans une superbe Koenigsegg Agera R rouge pétante. Ils avaient tous l'air plutôt confiant.

Un fille avec un décolleté vertigineux vint brièvement nous expliquer le parcours à suivre, et je fit craquer mes doigts, le sang bourdonnant dans mes oreilles. Alex nota le chemin à prendre, et je mémorisais succinctement la route à emprunter. Une fausse blonde ramena son derrière moulé d'une mini jupe en cuir sur la piste, un foulard rouge en main. Je posais mes mains sur le volant en cuir dur, ajustant une dernière fois mes cheveux pour ne pas être déranger durant la course. Je croisais le regard d'Alex.

- On va tous les défoncer Alya, sourit-elle en me regardant avec confiance. Comme au bon vieux temps. Cette voiture n'a plus de secret pour nous, et on s'est entraînées plus de fois qu'on ne peut le compter dans tous les types de terrains possibles et imaginables. Tu vas assurer.

Je hochais la tête, rassurée, mais surtout déterminée. Je serrais mes mains sur le cuir, mon coeur tambourinant à toute allure dans ma poitrine. Alors que le foulard s'abaissait, c'est comme si le temps s'était soudain suspendu. J'entendais les pulsations de mon coeur dans mes oreilles en arrière plan, et la respiration courte d'Alex se mua en un long soupir. Le temps s'écoulait au ralentit. Les bruits m'environnant s'évanouirent, et il ne resta plus que le faible écho de mon propre souffle. Ça et la route. Plus rien à part la bande d'asphalte grise se déroulant devant mes yeux ne comptait à présent.

Lorsque le foulard eut touché terre, le temps reprit son court normal. Je ne perdais pas un millième de secondes et enlevais le frein à main, démarrant sur les chapeaux de roues. Toutes les voitures partirent dans un grand brouhaha d'acclamations enthousiastes de la part des spectateurs. J'enfonçais au maximum la pédale de l'accélérateur, jetant un bref coup d'oeil au compteur qui affichait déjà les cent soixante dix kilomètres heures. Ce n'est pas assez.

Je me délectais de toutes ces sensations enivrantes, grisée par la vitesse. Mon coeur tambourinait sauvagement dans ma cage thoracique, prêt à exploser. Deux cent vingt kilomètres heures. Je dépassais aisément la Bugatti veyron, et j'en conclut que le jeune homme aperçut plus tôt n'était qu'un novice, qui n'en était sûrement qu'à première course. Restait trois voitures à dépasser.

Je continuais d'accélérer. Toujours plus vite. J'arrivais juste derrière la Ferrari blanche, qui me bloquait la route. Nous roulions dans une étroite ruelle, de hauts immeubles entourant la sombre route pavée de pierre. Je réduisait ma vitesse, ne prenant pas le risque de glisser sur la chaussée mouillée. La faible lueur des lampadaires éclairait le chemin réduit. La rue s'étréci encore, pour finalement déboucher sur une route de campagne, toujours aussi serrée. Les immeubles laissèrent bientôt place aux arbres.

Une forêt longeait maintenant la route abîmée, et je me préparais à faire une manœuvre qui me permettrais de doubler la Ferrari et son propriétaire. J'appuyais un peu plus sur la pédale de l'accélérateur, et tournais d'un coup sec le volant, déportant la voiture vers la droite. Je roulais à moitié dans la terre boueuse, frôlant de près les troncs épais. La voiture s'ébranla, les pneus butant contre de nombreuses brindilles et autres obstacles. Gagnant en rapidité, je dépassais la voiture d'un blanc immaculé, avant de donner un nouveau coup de volant, cette fois-ci vers la gauche.

Je regagnais ainsi la route principale, me trouvant à présent devant la Ferrari. Encore deux voiture à doubler. Trois cent kilomètres heures. J'avais personnellement modifié le moteur sous le capot, et ce petit bijoux pouvait donc atteindre une vitesse ahurissante. Je soufflais bruyamment, et la route sinueuse se divisa bientôt en deux petits chemins distincts.

- À gauche ! hurla Alex, le cheveux aux vent.

Elle devait avoir ouvert sa vitre, mais j'étais tellement absorbée par la route que je ne m'en était même pas rendue compte. Le sentiment de puissance que l'on ressentait lorsqu'on était au volant d'une voiture telle que celle là était incomparable. L'adrénaline coulait à flot dans mes veines, et tous mes sens étaient aux abois. Je tournais à gauche, suivant du même mouvement les deux voitures devant moi. Je mettais un regard dans le rétroviseur afin de voir si la Ferrari et la Bugatti veyron ne me préparaient pas un sale coup. Tout était bon, je les distançais toujours de quelques mètres.

Je cherchais en vain un moyen de dépasser la Mercedes bleu. La route était bien trop fine pour permettre une quelconque manoeuvre. C'était une route à sens unique. Je jurais entre mes dents. Je devais à tout prix gagner cette course.

- Alya, il y a peut être un moyen ! cria Alex de façon à ce que je puisse l'entendre malgré l'air s'engouffrant dans le petit habitacle.

- Toutes les idées sont à prendre ! lui répondis-je à l'affut.

- Ok, dès qu'on sortira de cette putain de route de campagne tu suivra mes instructions, asséna-t-elle en se préparant.

La route pleine de nid de poules céda de nouveau la place à la ville. Je suivais la ligne lisse, faisant attention à ne pas me faire doubler par la Ferrari, car maintenant qu'il y avait deux routes l'homme pouvait donc me dépasser en se déportant sur la voie à contre sens. Le trafic à cette heure de la nuit était très peu dense, et nous doublions à toute allure les rares voitures qui se trouvaient sur l'artère principale. Je réduisais ma vitesse, me trouvant dans une zone ou des civils conduisaient. La Mercedes devant moi me donnait du fil à retorde, et je n'arrivais à la devancer.

- D'accord, tu voit la petite sortie qu'il y a juste là bas à droite ? me questionna-t-elle d'une voix forte. Tout au bout ?

- Oui, affirmais-je en me concentrant bien sur le chemin à prendre.

- Tu y vas, et tu fonce au maximum. C'est une petite ruelle parallèle, m'expliqua-t-elle. Tu reprendra ensuite la brettelle qui conduit à la route du circuit initial. Si tu ne vas pas assez vite, retour à la case départ, la Ferrari et la Bugatti nous doublerons. Dans le meilleur des cas, tu dépassera la Koenigsegg Agera R et la Mercedes.

Je hochais la tête en guise réponse et envoyer d'un coup sec le volant vers la droite. Une fois dans la rue parallèle à l'artère principale, j'enfonçais la pédale de l'accélérateur de toutes mes forces. J'atteignais ma vitesse de pointe, et le paysage défilant à travers les vitres devint flou. Mon corps était plaqué contre le siège en cuir, et je luttais pour garder mes mains sur le volant. Je m'engouffrais dans le passage pour rejoindre la route centrale. Je retenais ma respiration.

J'arrivais devant les quatre autres voitures.

- Eh oui ! s'écria Alex, me perçant les tympans au passage.

Un sourire étira mes lèvres. Je ne perdrais pas la première place. Finalement, j'arrivais enfin à la ligne d'arrivée, sous les cris des spectateur attendant avec impatiente l'arrivée des coureurs. Je franchis cette putain de ligne d'arrivée la première. Je sortais sous une pluie d'applaudissement, la pression redescendant doucement. Cette course avait était intense en émotions. Je ne me rendais compte que maintenant à quel point cela m'avait manqué.

Les hommes que nous avions battus nous payèrent ce qu'ils nous devaient, acceptant leur défaite. Seul le conducteur de la Mercedes nous donna l'argent d'une main crispée, nous foudroyant d'un regard malsain. L'homme qui possédait la Ferrari blanche quant à lui nous dit qu'il nous appellerai demain. Il n'avait pas l'argent, et il nous promis en bégayant qu'il nous remettrais en main propre la somme exigée après nous avoir passé un coup de fil.

Après avoir dit au revoir à tout le monde, Alex pris le volant pour ramener notre voiture chez Dylan. De là elle repris notre vieux véhicule noir, avant de prendre la route pour rentrer chez nous. Je somnolais la face à moitié écrasée contre la vitre de notre bonne vielle auto.

Je m'écroulais sur mon lit, sans même prendre la peine de me déshabiller. Je n'eu pas le temps de rentrer dans les draps que je sombrais déjà dans un profond sommeil sans rêves.

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