Cours à la fac
Point de vue Alya :
Bip Bip, Bip Bip, Bip Bip.
J'envoyais ma main valser au hasard en grognant de mécontentement, espérant atteindre mon fichu réveil. Je tâtais du bout des doigts cet objet de malheur mais ne parvint pas à trouver l'emplacement du bouton qui stopperait ce bruit affreux qui agressait mes oreilles de si bon matin.
Au bout de maintes tentatives échouées pendant lesquelles la sonnerie continuais de me péter les tympans, je m'énervais et commençais à frapper du plat de la main cet engin maléfique. Je gémissais de frustration dans mes coussins en constatant que mes actions n'avaient aucun effet sur ce maudis réveil, toujours ensevelie sous une masse conséquente de couette.
Bip Bip, Bip Bip, Bip Bip.
Je laissais tomber en grommelant et ramenais ma main vers moi, me mettant en position fœtale dans mon lit. Mes draps m'enveloppaient comme un cocon protecteur, me protégeant du froid extérieur. C'était comme si je flottais au milieu d'un océan fait de nuages.
J'aurais voulu rester pour toujours ici, à profiter de la douceur suprême des draps. Je jetais un rapide coup d'œil à mon réveil afin de consulter l'heure : 6h04. Des souvenirs merveilleux et intenses du festival passèrent dans mon esprit. Seulement, cette parenthèse magique passée au festival était terminée, et aujourd'hui, j'avais cours à la fac, comme n'importe quel jour normal.
Bip Bip, Bip Bip, Bip Bip.
- Rahaaaahaaa ! beuglais-je soudain dans ma chambre en me redressant comme une furie, m'arrachant au confort parfait de mon lit.
Sans résister une minute de plus j'attrapais ledit réveil et le jetais avec une force insoupçonnée au travers la pièce en poussant un cris de rage incomparable. Il alla s'écraser lamentablement sur une pile de vêtement sales abandonnés dans un coin de la pièce. Bien évidement, cela ne stoppa en rien la sonnerie qu'il produisait, et le son crispant continua à se diffuser dans toute ma chambre, comme pour me narguer.
Bip Bip, Bip Bip, Bip Bip.
En colère comme jamais, guidée par mon envie furieuse de voir ce réveil qui me pourrissait la vie chaque matin réduit en miette, je m'en saisit et le balançais contre le mur en hurlant. Il s'explosa sur la cloison bétonnée dans un grand vacarme.
Le bruit cessa, et alors que je me rendais peu à peu compte que je venais de casser mon réveil, je me précipitais vers sa carcasse métallique en m'insultant de tous les noms. Je me laissais choir sur le sol de ma petite chambre et une envie de tout laisser tomber s'imposa à moi alors que je fixais les débris de mon réveil.
Michael accourut, bientôt suivit d'Alex. À moitié endormis ils accoururent vers moi, inquiets au possible.
- Aly ! Qu'est-ce qui se passe ? Tout vas bien ? s'exclama Michael en s'agenouillant auprès de moi.
- Pousse toi sale moche ! s'exaspéra Alex en le poussant sans ménagement. Ça va Aly ? me dit-elle doucement en me touchant l'épaule.
- Oui les gars vous inquiétez pas, tout est ok, soufflais-je en me relevant.
Gabriel se pointa à ce moment là dans la pièce, une mine d'incompréhension totale flottant sur son visage. Il avait les yeux plissés comme si il luttait contre lui même pour ne pas sombrer à nouveau dans le sommeil.
- Attend c'est ton réveil le truc tout démoli qui est par terre ? m'interrogea Gabriel avec des yeux ronds comme des soucoupes. Une vraie guerrière dès le matin à ce que je constate, poursuivit-il d'une voix ensommeillée.
Je grognais pour toute réponse et me dirigeais d'un pas morne vers la cuisine. Je déjeunais une pomme et une tartine au beurre, fonçais dans la salle de bains me brosser les dents et allais m'habiller en quatrième vitesse. Alex prit le volant, alors que je somnolais sur le siège passager.
Les immeubles vitrés s'élevaient dans les nuages poudreux, et une atmosphère pluvieuse caractérisait le paysage. Les taxis jaunes se détachaient des autres voitures en majorité grises, noires et blanches. La voiture passa à proximité d'un fleuve dont l'eau semblait aussi sombre que le ciel était grisâtre. Mon regard se perdit sur cette étendue d'eau plane polie.
Nous arrivâmes à la fac pile a l'heure, sous un ciel gris chargé de nuages cendrés. L'air etait lourd et humide, épais, et je présageais de la pluie à venir pour les prochaines heures.
Je me tapais un sprint en compagnie d'Alex jusqu'à l'amphithéâtre A-6, ou se déroulerait notre premier cours matinal : sociologie. Alex se précipita à l'intérieur de l'amphithéâtre, et alors que j'allais rentrer à sa suite par la grande porte, je sentis qu'on m'agrippais le bras. Coupée dans mon élan, je me stoppais net et me retournais vers... Boniface, qui s'accrochait toujours à mon bras comme un enfant. Oh non c'est pas vrai ! Pas lui ! Manquait plus que ça !
Ses cheveux roux flamboyaient à la surface de son crâne, et sa minuscule bouche s'étira en un fin sourire. Comme à son habitude, il portait des vêtements de marque, et il balançait son corps gringalet sur ses deux pieds.
- Ah... Boniface, quelle bonne surprise, lui souriais-je faussement en me défaisant de sa prise.
- Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir Alya, me répondit-il en s'essuyant le nez avec la main. Toujours aussi ravissante à ce que je constate.
J'ai pas le temps pour ça... Je grimaçais et tentais de m'éclipser discrètement.
- Bon et bien voilà... J'ai été ravie de te revoir Boniface. À plus ! m'exclamais-je en essayant à nouveau de pénétrer dans l'amphithéâtre.
Il me retint à nouveau par le poignet, et le contact de ses mains moites sur ma peau me fit grimacer.
- Attend Alya ! s'écria-t-il.
Je soupirais bruyamment et m'empressais de retirer sa main posée sur mon avant bras. Boniface était vraiment l'archétype du mec lourd.
- Quoi encore, soufflais-je tout en me composant un sourire de façade. Je vais vraiment être en retard Boniface, si tu veux on se reparle après.
Je me retournais, espérant en avoir fini avec lui. Seigneur, faite qu'il me laisse en paix. Peine perdue, il couru se mettre face à moi, me barrant la route. Putain de merde. Je vais encore être en retard. Énervée je me décidais à l'écouter. Après tout, il me laissera peut être tranquille si je le laisse me parler.
- Fait vite, grognais-je.
- En fait, j'ai grandement besoin de toi Aly, commença-t-il. Je peux t'appeler Aly ?
Je fermais le yeux et lui fit un signe de main pour qu'il poursuive. Je le sens pas. Je croisais mes bras sur ma poitrine en attendant qu'il décide de se lancer. Il prit une grande inspiration et soudain il se saisit de mes deux mains. J'écarquillais les yeux, surprise.
- Écoute, je suis perdu, Alya, lâcha-t-il brutalement.
C'est tout ? Il n'est pas capable de regarder sur un plan ? Je trouvais bizarre le fait qu'il ne connaisse pas encore l'emplacement de ses cours alors que nous serions bientôt à la fin du premier semestre.
- Tu cherches quel amphithéâtre Boniface ? lui demandais-je en me pinçant l'arrête du nez, en proie à une violente migraine.
- Tu ne m'a pas laissé finir Alya... Je suis perdu et... Pourrais-tu m'indiquer le chemin de ton coeur ? me déclara-t-il en se rapprochant de moi.
Quoi ?! J'avais autant envie de rire que de partir en courant. La seconde option l'emporta.
- Heu... À plus Boniface ! m'exclamais-je en partant en courant vers l'amphithéâtre.
- Alya attend ! Passe le bonjour à Alex ! s'écria-t-il d'une voix suppliante.
Je poussais les portes et les lui fermaient au nez. Je soupirais en posant ma tête contre le mur, les mains posées à plat sur celui-ci. C'était moins une.
J'entendais le professeur parler en fond sonore pour tenter d'expliquer à ses élèves son analyse des ressources humaines, dans un silence complet de la part des étudiants. Comme prévu, j'étais arrivée en retard, et je n'avais qu'une envie : aller frapper Boniface qui en était responsable. Du moins, responsable en partie.
Je cherchais des yeux Alex dans l'amphithéâtre, et je finis par la voir qui me faisait signe depuis la rangée de siège à droite de la grande salle. Je la rejoignis au pas course, ignorants tous les regards inquisiteurs et dédaigneux des étudiants présents (qui étaient arrivés à l'heure, eux).
Alors que j'allais enfin arriver à elle, je me cognais la hanche sur un siège en effectuant un virage trop serrer entre deux rangées de fauteuils.
- Aïe ! Putain ! m'écriais-je tandis qu'une douleur aiguë se diffusait le long de ma hanche.
Je serrais les dents et poursuivais ma route jusqu'à Alex, ne prenant pas en compte les regards cette fois-ci méprisants et rieurs de mes com pairs. En bonne amie, Alex m'avait gardé une place juste à côté d'elle. Je m'assis rapidement tout en sortant mon ordinateur portable de ma vielle sacoche en cuir marron usée jusqu'à la trame.
Je commençais à prêter une oreille distraite au dires de mon professeur, souhaitant me concentrer sur le cours déjà bien entamé, ignorant délibérément le regard insistant qu'Alex posait sur moi. Au bout d'un moment interminable je craquais et lui balançais seulement un mot qui lui ferait comprendre exactement la raison de mon retard.
- Boniface, soupirais-je pour seule explication.
Elle ne répondit rien mais eu un regard compatissant à mon égard, sachant pertinemment, pour en avoir fait les frais, à quel point ce mec pouvait être lourd et ringard.
- Au fait, il te passe le bonjour, ne puis-je m'empêcher de rajouter en rigolant.
Elle esquissa une grimace de dégoût et se mit à rire avec moi. Cependant, je me remis bien vite à écouter, car je ne voulais pas encore une fois demander à mes quelques amis qui suivaient les mêmes cours que moi de me passer leurs notes. J'avais l'impression de les solliciter pour leurs notes presque tout le temps. Mon taux de concentration actuel était quasi nul. Il fait dire que je n'avais pas vraiment la tête à ça en ce moment. Pourtant, si je veux réussir, il faudrait vraiment que je commence à m'impliquer à cent pour cent dans mon travail.
Mes pensées dérivèrent automatiquement vers Gabriel : vers le festival, vers notre défi, vers le pari qu'Alex et moi avions passés, vers les baisers que j'avais échangés avec lui. Vers le fait que je ne voulais plus de défi, plus de pari. Je le voulais, juste lui. Cette simple constatation suffit à me faire paniquer. Je m'étais pourtant mise en garde contre lui.
Alya, arrête toi. Tu fais tout ça pour le pari, c'est tout. Pour le pari, pour le pari, pour le pari, répétais-je en boucle comme un mantra. Un peu comme si j'essayais moi aussi de m'en convaincre. Mon esprit s'embrouillait, et je décidais de chasser de ma tête tout ce qui le concernait. Peine perdue.
Deux heures plus tard, je rassemblais mes affaires et quittais l'enceinte de l'amphithéâtre en compagnie d'Alex. Alors que nous discutions passivement tout en gagnant le chemin qui menait à la cafétaria, une personne que je m'étais juré de faire payer si je la recroisais nous barra le chemin.
Nicolas.
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