Balade en voiture
Point de vue Gabriel :
J'appuyais sur l'accélérateur, et la voiture partit dans un vrombissement de moteur, quittant enfin cet affreux parking en terre sèche. Je jetais un coup d'œil à Alya sur le fauteuil, emmitouflée dans ma couverture, laissant apparaître ses clavicules prononcées. Je ne pouvais malheureusement plus voir sa poitrine halée, et un sourire apparu sur mes lèvres à ce délicieux souvenir.
- Enlève ce sourire pervers de ta bouche Gabriel, je sais à quoi tu penses, soupira-t-elle en ajustant le plaid sur ses épaules.
Sa remarque ne me fit qu'agrandir un peu plus mon sourire.
- Qu'est-ce qui vous est arrivées au juste ? demandais-je, curieux.
- C'est une longue histoire, marmonna-t-elle en dardant son regard intense sur moi.
Je pense que je ne cesserais jamais de m'extasier devant ses magnifiques yeux limpides, anormalement clairs. Ses iris d'un bleu glacial, presque translucide m'hypnotisaient chaque fois un peu plus. Ses longs cils noirs se recourbaient autour de ses yeux si particuliers, d'une couleur si peu commune. Ils étaient perturbants. Déroutants.
- Alors heureusement qu'on a tout notre temps devant nous, souriais-je en reportant mon regard sur la route.
- C'est toi qui l'aura voulu, souffla-t-elle avant de s'exécuter à contre cœur. Bon, je vais te la faire courte : j'étais énervée, et j'ai voulu sortir prendre l'air. Alex à choisit au hasard une destination, et c'est comme ça qu'on a décidé de venir à la forêt des Escourtines.
J'attendais impatiemment la suite, ayant bien du mal à me concentrer sur la route avec cette sublime créature à mes côtés. Je ne pu m'empêcher de penser qu'elle était vraiment belle, les cheveux à moitiés ébouriffés, ses longues anglaises retombant dans tous les sens sur ses épaules. Je me la ferais bien d'ailleurs. En pensant à ça je détachais mon regard de la route un instant pour suivre des yeux ses courbes sensuelles. Un jour je te mettrais dans mon lit chérie, et tu finira en bas de la liste de mes anciennes conquêtes.
- Après, on s'est perdues, et un écureuil nous a flanqué la pire frousse de notre vie. On a atterrit au beau milieu d'une prairie, j'ai failli manger un papillon et je me suis tordue la cheville. Et pour finir on a passé la nuit sur une plage magnifique, termina-t-elle d'une traite.
J'éclatais de rire, ne pouvant plus me contenir plus longtemps.
- Un papillon ? m'esclaffais-je.
- Sans commentaire Gab, rajouta-t-elle en levant les yeux au ciel.
Je fixais à nouveau son visage, et je me rendis compte qu'elle avait l'air épuisée. On aurait dit qu'elle avait passé la nuit à faire la fête. Des cernes soulignaient ses yeux fatigués, et elle bailla en mettant sa main devant sa bouche.
- On dirait que t'a passé la nuit à gambader dans les champs avec bambi, me moquais-je en tournant le volant pour prendre l'autoroute. T'as une sale tête.
Elle déglutit en se tournant vers la fenêtre, avant de masser ses tempes, comme si elle avait la migraine.
- C'est presque ça, dit-elle en fermant les yeux.
- Attend t'a mal à la tête ? la questionnais-je, perplexe.
- Ça se pourrait bien... me répondit-elle en fouillant dans la boîte à gant.
- Eh ! Te gêne surtout pas ! m'écriais-je. Tu cherches quoi au juste ?
- Du doliprane... Ou bien de l'aspirine je sais pas, bougonna-t-elle en continuant ses recherches.
- C'est pas là dedans que tu trouveras quoi que ce soit, ricanais-je méchamment.
- Eh merde ! grommela-t-elle en se prenant la tête entre les mains.
Le lien se fit dans mon esprit : vu sa tête, elle ne pouvait qu'avoir la gueule de bois. Mais comment avaient-elles fait pour se procurer de l'alcool en pleine forêt ? Je secouais la tête, en songeant que ces deux filles là étaient les filles les plus bizarres et les plus folles que j'avais jamais rencontré.
- Vodka ou rhum ? la questionnais-je avec le petit sourire du mec qui a tout compris.
- Vodka... maugréa-t-elle dans sa barbe.
Je rigolais franchement, ne sachant que trop bien les ravages que pouvaient causer une bonne vielle bouteille de vodka.
- Et comment t'a fait pour avoir de la vodka au beau milieu de nul part ? l'interrogeais-je, toujours aussi intrigué par la question.
- J'ai toujours une bouteille sur moi, en cas d'urgence, élucida-t-elle, ce qui ne manqua pas de me faire rire.
Elle cala ses pieds sur le tableau de bord flambant neuf, se mettant à son aise. C'est pas vrai, pensais-je en assistant à la scène. Gardant une main sur le volant, je poussait ses pieds confortablement installés sur la surface polie.
- Dégage tes sales pattes de là, m'énervais-je. Cette voiture est neuve, et il a quelques jours à peine t'a déjà failli bousiller les sièges en cuir avec ton Nutella, je pense que t'en a assez fait.
- C'est bon, c'est bon, râla-t-elle en ramenant ses jambes contre elle. Déride toi un peu ton bébé n'a rien.
Je soupirais en accélérant un peu afin de doubler la Porsche bleu métallique devant nous. J'aimais ce frisson qui me traversait à chaque fois que j'appuyais sur la pédale. Il courait sous ma peau, me traversant de part en part, m'électrisant. Plus que quelques jours à tenir, songeais-je en me délectant de cette sensation.
Michael et moi participions à des courses de voitures illégales. Le vainqueur recevait la voiture du perdant comme récompense, et remportait en prime une grosse somme liquide. C'était terriblement dangereux, et les flics finissaient toujours par débarquer à l'improviste au cœur de ces rassemblements clandestins constitués d'ex mafieux, de jeunes riches et d'anciens taulards, en passant par les petits dealer de drogues.
J'aimais sentir le volant sous mes mains, ressentir cette adrénaline qui me transperçait de part en part lorsque j'accélérais. J'aimais la vitesse. J'aimais aller à toute allure, traverser la route en ligne droite comme une flèche, toujours plus rapidement. J'aimais être envahit par cette émotion grisante. Si je participais à ces courses, c'était avant tout pour ressentir ce frisson exquis, cette adrénaline enivrante, cette myriades de sensations inconnues qui me saisissaient à chaque fois que je prenais de la vitesse. Je sursautais lorsqu'Alya s'adressa à moi.
- Gabriel ? Ça va ? T'a l'air ailleurs, dit-elle de sa douce voix.
Ce n'est pas le moment de penser à ça ! Je chassais rapidement mes pensées, concentrant toute mon attention sur la fille à côté de moi.
- Quoi ? lui demandais-je en fronçant les sourcils, n'ayant pas comprit un traître mot de ce qu'elle avait dit.
- Ça va ? me redemanda-t-elle, en plissant ses yeux, m'observant attentivement, comme si elle pouvait lire dans les profondeurs de mon âme mes plus noirs secrets.
- Euh... Oui, ne t'en fait pas. Je pensais à la finale du match de foot qui passera demain à la télé, lui répondis-je hâtivement.
- Mouais... rétorqua-t-elle, une moue dubitative collée sur le visage.
- Et pourquoi est-ce que tu était énervée ? C'est de là que tout est partit après tout, recommençais-je, voulant satisfaire toujours un peu plus mon insatiable curiosité.
Je souhaitais surtout changer le plus rapidement de sujet.
- Pour rien, chuchota-t-elle en observant le paysage défiler par la fenêtre.
Intrigué, je détaillais son visage, qui c'était subitement assombrit. Elle tourna la tête vers la fenêtre, resserrant les pans de la couverture à carreaux autour de ses épaules. Ses mains se crispèrent et elle remit nerveusement une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
- Rien ? Alors c'est pour rien que tu nous as refilé ton chat avant de partir te perdre au fin fond de nul part pour noyer ta tristesse dans l'alcool ? dis-je, sceptique.
- Je t'ai dit que c'était rien, me stoppa-t-elle.
- Mais... commençais-je, avant d'être interrompu.
- Je viens de te dire que c'était rien, asséna-t-elle violemment en me faisant face, les joues soudain rougies par la colère.
Je laissais tomber, et un silence désagréable s'installa entre nous. Pour briser la glace, j'ouvris la bouche, m'apprêtant à sortir une blague merdique afin de détendre l'atmosphère. Elle leva la main, m'arrêtant avant même que j'ai pu prononcer un mot.
- Te fatigues pas Gabriel, je suis épuisée, je vais essayer de dormir, murmura-t-elle en se calant confortablement dans le fauteuil.
Elle ferma les yeux, et quelques minutes plus tard à peine, elle tomba dans les bras de Morphée. Une mèche folle s'échappa de sa tignasse sauvage, se parant de reflets dorés dus au soleil ardent tapant au travers de la fenêtre. Je ne résistais pas plus longtemps, et replaçais sa boucle soyeuse derrière son oreille, caressant sa joue du dos de la main au passage. Mais qu'est-ce que je fou bordel ? percutais-je soudain en retirant ma main d'un coup sec. La dentelle noire de son soutien-gorge dépassais de la couverture, qui glissait lentement contre sa peau douce, dévoilant peu à peu sa poitrine aux formes généreuses. Je soupirais en détournant les yeux, remontant sous son menton le plaid écossai. Ses lèvres charnues colorées d'un rose pourpre étaient la tentation du diable.
Je serrais mes mains sur le volant, avalant douloureusement ma salive, essayant de concentrer toute mon attention sur la voiture verte devant moi. Les arbres se firent plus rares, tandis que le soleil déclinais lentement dans le ciel d'été. C'est à ce moment là que je me rendis compte d'une chose. Je ne devais plus approcher de trop près Alya. A trop jouer avec le feu, je risquais de me brûler les ailes.
Mon cœur avait déjà beaucoup trop souffert, et j'avais fini par en piétiner les morceaux brisés, me faisant la promesse de ne plus jamais tomber amoureux. Je me contentais à présent de coucher avec le plus de filles possibles, les laissant venir à moi toutes seules, sans qu'aucun sentiment ne viennent me déranger.
C'était comme ça désormais, je m'envoyais en l'air autant que je le pouvais, bannissant les relations et autres conneries de ce genre. Je n'avais plus confiance en la gente féminine. Toutes les femmes que j'avais connues étaient fourbes, intéressées, ne pensant qu'à leur propre plaisir. C'était ce que je faisais désormais, je n'étais plus qu'un égoïste fini qui ne songeait qu'à répondre à tous ses désirs, peut importe si je faisais souffrir des gens au passage.
Alya avait l'air différente, elle avait quelque chose de différent, de rafraichissant, elle semblait pure, sans artifices, et c'était la première fois depuis longtemps que je croisais une telle fille. La première fois depuis Sophia. Mes mains se contractèrent d'elles mêmes autour du volant en cuir souple à la mention de son prénom. Alya tomba sur mon épaule alors que je tournais vivement à droite. Perturbé par ce contact, je dégageais délicatement sa tête, la reposant sur le dossier de son fauteuil.
Je reconcentrais toute mon attention sur ce petit bout de femme. Elle m'attirait, elle m'intriguais, elle me faisait rire. Elle constituait à elle seule une énigme que je mourrais d'envie de deviner. Je la connaissais depuis à peine quelques semaines mais elle avait réussi à retenir toute mon attention.
Cependant je me méfiais, son innocence ne pouvait être qu'une façade, cachant peu être une garce sans scrupule. J'en avait connu des filles comme elle, qui semblaient gentilles et douces à première vue. Mais sous ce vernis se cachait souvent bien des choses plus noires, de sombres secrets enfouis tout au fond de leurs âmes corrompues, enterrés là dans l'espoir de les faire disparaître à tout jamais. Je m'étais rendu compte trop tard que la plupart d'entre elles ne couraient qu'après mon argent. Je me demandais bien face à quel mystère je me retrouvais confronté. Je la baiserai et puis c'est tout, assénais-je, lasse de mes états d'âmes.
Je ne conclus qu'une chose de tout cela, et je me fixais une règle à laquelle je ne devrais jamais déroger. Ne jamais me laisser envoûter par cette fille aux boucles dorées et aux yeux d'hiver. Par contre, je me réservais le droit de la séduire afin de la mettre dans mon lit, pour qu'elle arrête enfin d'obséder toutes mes pensées. Après avoir obtenu ce que désirais, je la délaisserais comme exactement toutes les autres. Et oui princesse, tu finira par succomber toi aussi.
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