À la cafétéria

Point de vue Michael :

Après cet épisode, nous nous étions tous rendus à la fac, afin de suivre nos cours de la matinée. Nous nous trouvions à présent assis à une table dans la grande salle de la cafétéria. Un brouhaha infernal résonnait dans la pièce, fruit de toutes les conversations des étudiants mangeant tranquillement, savourant leur pause. Gabriel et moi avions réussis à convaincre les filles de déjeuner avec nous. Alors que nous discutions tous les quatre tranquillement, trois personnes virent perturber notre agréable conversation.

- Yo les mecs ! Comment ça va Mich ? Et toi Gab mon pote ? nous coupa ainsi Boniface.

Boniface et ses deux acolytes étaient des amis à nous. Enfin, par "amis", je veux dire que ses deux camarades étaient nos amis, mis à part Boniface, qui s'incrustait souvent avec nous. Boniface étaient vraiment lourd des fois, mais il traînait constamment avec nos deux autres "véritables" amis. De plus, on était bien obligés de l'accepter avec nous, car on le connaissait depuis le bac à sable. Cela peut paraître drôle, mais c'est un peu grâce à lui que l'on c'est rencontrés avec Gabriel. On lui doit une fière chandelle, et c'est bien la seule raison pour laquelle on le tolère avec nous.

Ça et le fait qu'il nous incrustait souvent à des soirées de malade chez lui. Le genre de fête énorme, dans une baraque énorme, avec une piscine énorme. Sans compter l'alcool gratuit et les tonnes de filles qui se trouvaient à ces soirées là. Nos trois collègues organisaient les fêtes à ne manquer.

Ces trois mecs là étaient encore plus friqués que Gabriel et moi, leur parents leur donnant de l'argent sans compter dès qu'ils leur faisaient les yeux doux. Gabriel et moi avions décidés de gagner notre vie par nos propres moyens, souhaitant nous émanciper de la coupe de nos parents. Si je dois devenir riche un jour, je souhaite y parvenir par moi même, et non grâce à l'argent de papa et maman.

- Bien, soupirais-je en me décalant pour lui laisser une place.

- Mais qui vois-je ! s'exclama soudain Boniface en couvant du regard Alya et Alex.

Je fronçais les sourcils, surpris. Ils se connaissent ?

- Ah... Salut Boniface, grimaça Alya.

- Salut les filles ! Ça fait tellement longtemps qu'on c'est pas vu ! dit-il en prenant Alya et Alex dans ses bras avec un excès d'enthousiasme.

Elles avaient l'air gênées, et j'en déduisait que Boniface avait déjà du tenter de les draguer, comme il sait si mal le faire avec toutes les filles qu'il croise.

- Vous êtes encore plus belles que dans mon souvenir ! s'émerveilla-t-il en s'asseyant en face d'Alex, calant son menton dans sa main. Vous savez quoi ?

- Boniface je pense que ça ira... commençais-je avant qu'il ne m'interrompe.

- Je devrais appeler la police, affirma-t-il avec un sourire éblouissant.

- Quoi ? dirent Alex et Alya d'une même voix, dans l'incompréhension.

- Boniface, essaya de le retenir Gabriel en se passant une main sur le visage, pressentant ce qui allait arriver.

- Ils devraient vous arrêter pour excès de beauté sur la voie publique, acheva Boniface en rapprochant sa main de celle d'Alya.

Elle retira vivement sa main en la ramenant vers son corps, une grimace peinte sur le visage. Gabriel grogna doucement, et enleva d'un geste sec le bras de Boniface de la table rectangulaire. Il a choisi les mauvaises filles à draguer celui-là... Si il s'approche d'Alex je ne sais pas si j'arriverais à me retenir de le frapper. C'est chasse gardée.

- Merci Boniface pour ce si joli compliment, lui répondit sarcastiquement Alex.

- Mais de rien les filles, tout le plaisir est pour moi, leur assura-t-il en secouant une mèche rousse oublié sur son front.

- On a pas fait les présentations je crois ? susurra Alya d'une vois suave en direction de nos deux autres amis. Enchantée, Alya, se présenta-t-elle avec une petit sourire.

- Christian, déclara notre ami en se saisissant de sa main. Ravis de faire votre connaissance.

Main par ailleurs très convoitée en cette chaude journée d'été. Eh bah dis donc, voilà qui ne va pas plaire à Gabriel. Celui-ci avait une mine renfrognée, et il suivait la scène attentivement les bras croisés sur son torse. Une lueur dangereuse brûlait dans ses prunelles vertes.

- Attention tu vas avoir de la concurrence, lui murmurais-je en rigolant.

Il crispa ses mains sur ses bras en me lançant un regard noir, avant de regarder une nouvelle fois d'un mauvais oeil Christian et Alya, qui échangeaient des banalités. Le jeune homme aux cheveux noirs de jais et aux yeux délicieusement bleu était en effet un adversaire à prendre au sérieux. Tout comme notre troisième et dernier ami, un beau brun aux iris gris.

Ces deux garçons étaient des séducteurs compulsifs, très doués pour embobiner les filles. Leur technique d'approche était beaucoup plus fine et recherchée que celle de Boniface, qui était complètement ridicule. Et gênant. Ils se servaient et les jetaient après utilisation, ayant des centaines brisés à leur actif. Quoique je ne pouvais pas vraiment parler sur ce sujet, faisant exactement la même chose qu'eux.

- Et moi c'est Nicolas, dit à son tour le brun aux yeux gris avec un sourire en coin.

- Alex, dix neuf ans, célibataire, formula-t-elle d'une traite, très réceptive à l'approche de mon ami.

Ce fut à mon tour de perdre mon sourire.

- Ah ! C'est intéressant tout ça ! s'exclama-t-il en lui disant bonjour.

J'assistais, sidéré, à cet échange. Alors qu'ils faisaient tous la conversation en s'amusant et rigolant à n'importe qu'elle occasion, se draguant devant nos yeux, Gabriel et moi restions à l'écart, sans piper mot. Comme si nous n'étions pas là. Dites-le si on vous dérange.

Je vais devoir avoir une petite entrevue amicale avec Nicolas. Nicolas et Alex parlaient maintenant d'anciennes anecdotes, partant en fou rire à chaque fin de phrase. Je grinçais des dents, les observant d'un oeil impuissant. Boniface essayait tant bien que mal de participer à la conversation, sans succès. Mais il n'abandonnait pas et re-tentait sa chance chaque fois. Ce mec était vraiment d'une lourdeur. Or, pour la première fois de ma vie je l'apprécie réellement, car il interrompait constamment Alex et Nicolas.

De l'autre côté, Alya et Christian plaisantaient également ensemble, ce qui ne plaisait pas non plus à Gabriel, qui dardait ledit Christian d'un regard meurtrier. Ne pouvant plus supporter cette mascarade, je me levais, les muscles tendus.

- Il est l'heure d'y aller les filles ! Vous nous accompagnez ? Je crois qu'il reste encore des restes de pâtes à vous dans notre frigo, les informais-je pathétiquement.

Personne à part Boniface et Gabriel, qui s'était levé avec moi, ne m'avait entendu. Super, j'adore parler dans le vide.

- Les filles ? Il reste des trucs à vous dans notre frigo, répétais-je à nouveau, agacé.

Les muscles bandés j'étais près à égorger Nicolas. C'était mon pote mais là il abusait clairement de ce statut. Il pouvait draguer et coucher avec n'importe quelle fille. Mais pas Alex.

- C'est pas grave Michou, en tant qu'amis vous pouvez les garder, répliqua Alex d'une voix distraite, omnibulée par Nicolas.

Je soufflais, énervé au possible. "En tant qu'amis". Et moi qui croyais avoir avancé dans ma conquête d'Alex. Je pensais qu'on s'étaient un peu plus rapprochés avec la soirée chez nous hier. Visiblement, je m'étais fourvoyé. Nicolas stoppa son monologue, et se tourna vers moi, le sourire aux lèvres.

- Te fatigue pas Michael, on allait partir avec Christian, s'amusa-t-il en glissant son regard vers Alex.

Je serrais les poings, me retenant de toutes mes forces de ne pas lui coller une droite. Gabriel était dans le même état que moi. À quoi jouaient-ils tous ? Entre Nicolas et Christian , nos sois-disant "amis", qui draguaient nos "chasses gardées", et Alex et Alya qui se laissaient prendre au jeu, je ne savais plus quoi penser.

- Et avec moi aussi ! rajouta Boniface.

- Bon, on se reverra les filles, dit Christian en quittant sa place à côté d'Alya. D'ailleurs, venez à ma soirée, ce week-end. J'organise ça Lundi soir, puisque Mardi il n'y a pas cours exceptionnellement. Les profs font une réunion pour parler de l'année à venir ou un truc du genre. Venez vers vingt deux heures, on vous attendra. Et n'oubliez pas vos maillots de bains !

C'est une putain de blague. Il n'avait pas osé tout de même. Si ?

- Avec plaisir Christian ! s'empressa d'accepter Alya, bientôt suivie d'Alex.

- Je serais là aussi, ajouta Nicolas avec un sourire charmeur à l'adresse d'Alex.

- Passez nous vos numéros, on vous donnera toutes les informations, proposa Christian.

- Oui, attend bouge pas, acquiesça Alya, en fouillant dans son sac, imitée par Alex.

Ils échangèrent leur numéros, et je tapais du pied, attendant avec impatiente la fin de cette comédie, mes poings me démangeants.

- Bon, à plus les filles, caqueta Nicolas, faisant un petit clin d'oeil à Alex avant de partir.

Je vais tuer ce mec, pensais-je en me crispant instantanément à la vue de ce clin d'oeil très révélateur. Christian et lui quittèrent la salle en même temps.

- Les gars on vous laisse, on a cours cet après-midi, au cas ou vous l'auriez oublié, nous informa Alya en réunissant ses affaires.

- On mange ensemble ce soir ? leur demanda Gabriel, les muscles encore tendus.

- Non, désoler, on travaille, répliqua Alex en se dirigeant vers la sortie.

- Samedi alors ? tentais-je une dernière fois.

- On se repose demain. Vous inquiétez pas on se reverra bientôt les mecs. Il faut savoir se faire désirer quant on est une femme ! cria Alya en sortant. On se voit après demain soir à la fête de Christian !

On passe pour de pauvres mecs en manque d'amour. Bien sûr qu'on était invités à cette soirée, Nicolas et Christian étant sensés être, à la base, nos amis. Nous n'avions pas cours cet après-midi, contrairement aux filles. Quelques minutes plus tard, les mains posées sur le volant en cuir, je repensais au déroulement de cette journée. Décidément, ces filles nous rendaient accros. Elles étaient bien les seules à nous résister autant. Elles finiraient par céder, j'en étais certain.

À la soirée, je comptais bien mettre de côté Alex, et me trouver une jolie fille à entourlouper avec qui finir la soirée. Alex était bien plus difficile à mettre dans mon lit que je ne pensais. Il fallait que j'oublie pour un temps cette fille, elle occupait une place beaucoup trop importante dans mes pensées. Ça n'allait plus du tout.

Après avoir pris cette décision de passer à autre chose pendant un moment, de faire un "break" de séduction, je fixais le paysage au travers du pare brise. Je la mettrais bien un jour ou l'autre dans mon lit, et mon désir pour elle disparaîtrait. Je m'octroierais juste une petite pause bienvenue.

                               •  •  •  •  •  •

L'après-midi était maintenant passé, et alors que la fin de journée approchait doucement, un paysage d'une rare beauté se présentait à moi. Appuyé à la rambarde, une clope à main, je laissais mes yeux vagabonder sur les grattes ciels. Un ciel écarlate ourlait les nuages de rouge, et cette chaude lumière se propageait dans la ville, se reflétant de vitre en vitre, créant un nouveau monde. Ses jeux de lumières et de miroirs me fascinaient, et j'écrasais ma cigarette dans un cendrier, plus décidé que jamais à séduire Alex.

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