9) Ours et Loup
Depuis cette soirée. Depuis cette nuit. Rien n'était pareil. Je le savais. Je le sentais . Parce que moi aussi j'avais changé. Il y avait eu ce petit espoir. Ces mots dits. Il y avait eu ce tressautement. Au fond de moi. Il y avait eu ces souvenirs. D'il y a quelques années. Souvenirs de ressentis. Souvenirs d'émotions. Souvenirs d'interdits.
Et pourtant, je ne me lançais pas. A cause de ses pleurs. À cause de ma peur. À cause de cette nuit. Encore une fois. Je l'ai laissé porter cette responsabilité. Plus par lâcheté qu'autre chose. Mais rien ne vint. Ni signe. Ni message de sa part. Il était tout bonnement silencieux. Je me dis qu'il avait peut-être besoin de temps. D'espace. Après ce moment bien trop intime. Mais je ne me croyais pas moi-même.
Alors je toquais à sa porte. Ce n'était que peu après que j'entendis une mélodie. Des accords. Des essais. Une guitare. Puis une voix. Ténor. Magnifique. Mais tout s'arrêtait. De temps en temps. Pour écrire sur une feuille des modifications. Et la musique reprenait. Le chant peu après. Et le tout jusqu'à arriver au refrain. La voix n'eut aucune hésitation. Lâchait des phrases dans un anglais approximatif. Mais ajoutait tant de tristesse que d'espoir. Elle s'époumonait. Allongeait joliment les voyelles. Faisait vibrer mon cœur et mon corps comme elle seule savait le faire. Le dos contre la porte, un frisson me parcourait. Évidemment que j'allais lui dire quelque chose.
Je toquais. Une nouvelle fois. Plus fort. La voix s'arrêta tout comme la mélodie. Un bruit sourd m'indiquait qu'il approchait. Et la porte s'ouvrit.
« I have something to say to you. »
C'était sorti tout seul. Il n'eut même pas le temps d'être surpris que je l'amenais avec douceur à l'intérieur. Après avoir fermé la porte, j'inspirais. Et nous inventais un discours. Mieux que tout autres. Plus honnête. Plus moi. Il sortait du cœur.
« Je te connaissais Woojin. Tu étais un garçon enjoué de tout. Admiratif du travail des autres. Compatissant avec tes paires. C'est pour cela que tu m'impressionnais. Tu blaguais toujours. Mais tu étais respectable. Aimable . Je crois que je n'ai jamais regretté de t'avoir découvert. Et. Aujourd'hui. Je te connais. Tu es différent. Plus morne. Plus triste. Mais tu rayonnes tout autant. Dans tes rares sourires. Dans tes magnifiques fou-rires. Tu es toujours si attentif. Un peu trop attentif aux autres. Je ne te connais pas aussi bien. Cependant, je sais que tu as toujours trop de souvenirs en toi. C'est pour cela Woojin. C'est pour cela que j'aimerais beaucoup te connaître. Connaître celui que tu deviendras. Connaître tes défauts et tes qualités. Connaître le chemin que tu auras parcouru. J'aimerais connaître tout de toi. Quitte à nous brûler les ailes. »
Je m'arrête. Ne sachant pas comment finir cette tirade.
« Est ce que tu me laisserais aller plus loin. »
Sa voix, à présent hésitante, retentie dans le silence. J'ose relever les yeux vers les siens. Il baisse la tête. Mais parvient tout de même à soutenir mon regard. Ses pupilles noires brilles de larmes et de joies. Il cache son sourire derrière un pincement des lèvres. Ses bras autour de lui, comme une protection. Oui. Bien sûr qu'il peut.
Alors il se rapprocha. Doucement. Sa tête se posa d'abord dans mon cou. Ses cheveux caressants ma clavicule. Son odeur imprégnant mes narines. Avant de remonter tranquillement vers mes lèvres. Sa chaleur si près de moi. Il attendait encore mon approbation. Ses mains toujours gardées avec lui. Dans une entente mutuelle, on se rapprocha. Et brisa cet interdit.
Un simple contact. Qui représentait pourtant tant de chose.
Avant qu'il n'ait eu le temps de nous séparer. D'inventer une quelconque excuse. Je l'attirais à moi. Le blotti dans mes bras.
« Ne pars pas à nouveau. S'il te plaît. »
Et il me rendit mon étreinte.
Les semaines suivantes furent mouvementées. Tant par les projets de groupes que par nos rencontres. Nous avions gardé notre rythme. Pour ne pas éveiller les soupçons. Pour s'habituer. Pour prendre notre temps. Je n'osais encore rien dire au groupe. Et n'étais pas particulièrement pressé. Mais avec l'accord de Woojin. Je leur racontais certaines parties de mes visites. Certains secrets qu'il dévoilait parfois. Ils étaient heureux comme ça.
Et nous aussi.
Il était encore lointain parfois. Esquivant des questions. Souriant a l'envers. Mais il ne manquait jamais de me montrer l'affection qu'il me portait. Par des gestes tendres. Ou des mots attentifs. Il n'allait jamais loin. Mais ses timides agissements me suffisaient. Cependant, il en décida autrement.
J'avais déjà imaginer cette scène. Pas forcément consciemment. Mais je l'avais déjà vu. Tard le soir. Dans mon studio. Dans mon lit. Avant de l'avoir retrouver. Après que nous nous soyons rapprochés. Elle me réconfortait. Me donnait le courage d'avancer. Bien que je la pensais irréalisable. J'avais déjà vu son corps dépourvu de tissus. Ondulant. J'avais déjà sentis ses longs doigts dans mes cheveux. Tendre. J'avais déjà goûté à ses lèvres. Musquées. J'avais déjà entendus ses soupires. Chauds. J'avais déjà sentis son odeur. Mélangée à la mienne.
Pourtant jamais je n'avais pensé à cette situation. A cette configuration. Lui. Prenant le contrôle. Me guidant. Faisant attention à chaque geste. A chaque parole. Son corps recouvrant le miens avec une douceur infinie. Mais maintenant que cela arrivait, j'étais heureux. Je ne voulais pas que cela ce passe autrement à ce moment là. Je voulais qu'il prenne soin de moi. Comme je l'ai fais avec les autres. Je voulais qu'il m'accompagne dans cette première fois.
Cela avait commencé par un câlin. Plus riche. Plus profond que les autres. Et alors, il m'avait posé la question.
« Puis-je. »
Cela aurait pu passer pour une question banale. Parce que rien ne reflétait son désir. Parce que rien ne prouvait son impatience. Mais je sus tout de suite de quoi il voulais parler. Des mains sous nos t-shirts. Des doux baisées sur nos peaux. Nous n'étions jamais allé plus loin. Parce qu'il avait eu besoin de temps. Parce que nous avions eu besoin de temps. Pourtant, cette fois-ci, il avait amorcé le mouvement. Ses pupilles noires étaient déterminées. Et cela me plus énormément. Je laissais donc faire jusqu'à ce qu'il allonge mon corps sur le matelas.
Les draps froids réveilla de nouvelles envies en moi. Ce fus pareille de son côté. S'il avait été hésitant. Timide. Il était à présent sûr de lui. Entreprenant. Sans pour autant de pas être attentif. A mes désirs. A mes accords. A mes douleurs. Chacun de ses gestes était une preuve d'amour. De même de mon côté. Car, s'il guidait, je n'hésitais pas non plus a prendre des initiatives. M'imposer lorsque je le devais. Prendre les devant. Lui faire plaisir.
Si nous allions doucement. La petite chambre que nous avions décoré ensemble était loin d'être silencieuse. Remplie de nos chuchotements. De nos soupirs. De nos gémissements. Elle était aussi d'une douce chaleur. Chaque brise enveloppait nos corps nus avec plaisir. Chaque vague brûlante s'élevant d'eux emplissait la pièce avec douceur. Nous étions si bien. Ses lèvres sur mon corps. Mes mains sur le sien. Nos murmures d'amour. Sa chaire contre la mienne. Et nos plaisir partagés.
Lorsqu'il me déposa sur son lit. Lorsqu'il m'enlaça pour la dernière fois de cette soirée. Lorsqu'il ferma les yeux a mes côtés. Il me chuchota quelques mots. Quelques mots qui continuaient à m'amuser autant qu'ils me berçaient.
« You are youtiful. »
7 février 2024
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