6) Crier

Le contraste était impressionnant. Lui. Avec eux. Avec leur soutient. Ensemble. Moi. Sans personne. Sans appuis. Seul. Lui. Surpris. Souriant. Moi. Stressé. Tendu. Lui. Tout vêtu de noir. Des chaînes au coups. Magnifique. Moi. Habillé en blanc. Avec trop peu de tissus. Ridicule.

« Pourquoi t'es encore là »

Après avoir toqué, j'aurais voulu courir. Partir loin de lui. Mais la porte s'est ouverte. Et je ne pouvais rien faire d'autre que l'observer. Si ses cheveux étaient passé en vermeille. Tout le reste n'avait pas changé. Son adorable nez. Sa mâchoire bien formée. Ses bras musclés. Il avait un peu grandit. Me rattrapait presque. Cependant, c'était toujours le même Chan qui était devant moi. Comme c'est le même Chan qui m'envoya un message le soir venu.

Pas d'appel. Pas de message vocal. Juste un simple "bonsoir". Je le vis immédiatement. Avant qu'il ne le retire. Mais j'attendais quelques minutes avant de lui répondre. J'hésitais. J'avais besoin de parler. Et il était encore la personne avec qui j'étais la plus proche. Mais lorsqu'il me demanda comment j'allais réellement, je me braquais. Je ne pouvais répondre. Du moins pas par messages. Ils étaient trop nombreux à épier. Je mentirais. Ils pourraient tout dévoiler. Je voulais qu'il sache la vérité. Je ne voulais pas lui infliger cela.

Alors je lui proposais une heure. Il me proposa un endroit. Et la journée du lendemain passa très le lentement. Entre les réunions et les entraînements. Entre les occupations et les pensées noires. Je ne cessais d'imaginer toutes possibilités de cette rencontre. De la dispute jusqu'aux confessions. Je faisais face aux pires et meilleurs situations. Celles où il me traite aussi bien que les personnes sur internet. Celles où il me prend dans les bras. Celles où un fan nous reconnaît. Celles où nous sommes seuls quelques heures.

« Va pourrir en tôle »

Cependant, rien ne me préparait a cela. À une nouvelle étreinte. Bien plus chaleureuse. Bien plus puissante. Sa peau nu sur mon pull. Son parfum apaisant. Sa main sur ma tête. Comme un enfant que l'on berce. Et cela dans une ruelle verdoyante de Séoul. Le soleil pressait entre les nuages. Caressant nos visages couverts. C'était beau. Agréable. Familier.

« Viens. »

Il me lâcha doucement. Pour venir me prendre la main. Il me regarda. Espiègle derrière son masque et sa casquette. Et ce mis à courir. Je le suivis. Appréciant qu'il se retourne de temps en temps. On pouvait deviner qu'il souriait. A la manière dont ses yeux se fermaient. Avec ses fossettes qui se montraient. A la façon dont il me serrait la main.

Il ralentie. Avant de bifurquer à droite, il se retourne.

« Do you want a cup of tea. »

Son anglais parfait me fait remonter de nombreux souvenirs. Des fous rires. Avec Felix et les autres. Des moments d'hésitations. De doutes. Mais aussi du stress et de la pression. Tant de rappel à cette vie d'avant. Mais tous aussi chaleureux que ces doigts sur ma peau.

« Yes, sure.

- Come. »

Et il m'emmène à nouveau. Nos pas résonnent sur le béton. Entre ces ruelles désertes. Jusqu'à un petit café. Trois chaises sont installés dehors. Pas beaucoup plus à l'intérieur. L'odeur de pâtisserie imprègne l'air. Nous nous asseyons au soleil alors que la seule employée vient nous déposer nos boissons. Nous nous autorisons enfin à nous dévoiler. Pour nous regarder mutuellement. Cela fait si longtemps. Je détaille ses traits. Bien plus naturel que hier. Il est beau. C'est indéniable.

« C'est à toi de te faire enculer maintenant »

J'aurais pu rester là. À le contemplé. S'il n'avait pas ouvert la bouche. S'il n'avait pas prononcé ces mots.

« Raconte moi maintenant. S'il te plaît. »

Je le comprenais. Il voulait savoir. Il voulait être sûr. Mais je ne pouvais pas encore tout dire. Alors je détournais les yeux. Fixais le mur de briques. Du lierres l'envahissait. Profitais des derniers rayons de soleil. Au loin, on entendait le claxon des voitures. Même ici, la ville nous rattrapait. Je laissais un blanc. Triturais mes doigts. Pris de grandes inspirations. Il fallait que je commence. Que je dise quelque chose. Que je le rassure.

« Je ne savais pas que vous alliez performer. »

Je m'arrête là. Parce que je sais que ce n'est pas ce qu'il veut.

« Tu ne serai pas venu sinon. »

Sa voix calme me réchauffa. Si. Je serai venu. Parce que j'en avais besoin. Parce que j'aurais voulu les voir.

« Je me sens seul. Je ne rencontre que peu de gens. Mais cette solitude me va. C'est mieux que toutes ces controverses et ces théories. C'est mieux que les critiques et les jugements. Alors peut-être que je ne serai pas venu. Peut-être que si. Je ne peux pas le dire. »

J'hésite. Cependant, je sens que c'est important que je lui dise.

« Vous me manquiez. »

Et il sourit de nouveau. Un sourire triste. Les yeux brillants de larmes. Il se cache derrière ses cheveux. Murmure quelques mots que je ne peux saisir. Avant que je n'ai pu lui demander ce qu'il voulait dire, il me questionna. Sur mon départ. Sur les vidéos. Sur mon ressenti. Sur mes musiques. Il voulait en savoir plus. Me connaître a nouveau.

« Tu mérites pas de respirer le même air qu'eux »

Mais je ne pouvais avouer tout cela. Je paniquais. M'inventais une excuse sur le tas. Et je le quittais. Je savais qu'il n'est pas satisfait. Mais je n'étais pas encore prêt. Pas prêt à lui révéler ce qu'il s'est passé. Pas prêt à lui faire part de mes sentiments. Pas prêt à lui dire tout ce que j'ai subis. Malgré cette émotion, je m'en voulais. De ne pas être prêt. De ne pas avoir osé. De cacher une fois de plus ce que je ressentais.

Dans la nuit noir, je pleure de mes erreurs. Je pleure de ma lâcheté. Je pleure de colère. De colère envers moi même. Alors je cours. J'extériorise. Ma capuche vole. Mes jambes me fond mal. Mes poumons se contractent. Je m'arrête. Épuisé. Reprend mon souffle sur ce pont. Les larmes roulent sur mes joues. M'empêchent de voir le reflet de la lune sur l'eau. De voir la beauté de ce paysage. Alors j'inspire. Et au dessus de l'eau trouble, je cris. Un cris puissant dans le silence de la nuit. Un cris qui s'éteint dans le brouhaha de la ville. Un cri silencieux qui fera peut-être réagir quelqu'un.

Je m'accroche à la barrière. La tiens comme si elle était son corps. Comme s'il pouvait me supporter. Mais le froid me rappelle où je suis. Et je rentre doucement chez moi.

« Va t'acheter une vie en fait »

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