Let's start over again
James courrait dans le couloir sans faire attention au monde autour de lui. Il était en retard. C'était souvent le cas, mais cette fois-ci, c'était bien la dernière chose qu'il souhaitait. Il zigzagua entre les élèves qui le regardaient passer, pas le moins du monde troublés par son agitation soudaine. Ils avaient l'habitude, James était comme ça.
Le jeune sorcier accéléra. Il maudit Sirius de lui avoir renversé un seau d'eau sur la tête. Il maudit le professeur McGonagall de l'avoir collé parce qu'il avait voulu se venger de son meilleur ami. Il maudit le concierge qui avait fait exprès de rallonger son heure de retenue.
Le garçon lâcha une flopée de jurons en bousculant une petite Serdaigle qui en fit tomber la pile de parchemin qu'elle tenait dans les bras. Il s'excusa rapidement, ramassa les papiers et les lui fourra dans les mains avant de reprendre sa course.
Arrivé devant le portrait de la grosse dame, il ne fit même pas de pause pour reprendre son souffle, se contentant de dire le mot de passe avec impatience. Le passage n'était pas encore totalement ouvert qu'il s'engouffrait déjà à l'intérieur. Ses yeux survolèrent rapidement la salle commune avant de finalement s'arrêter sur la chevelure rousse flamboyante qu'il cherchait. Lily.
La jeune fille était assise sur le canapé, devant un grand feu de cheminée. Les bras croisés sur sa poitrine et les sourcils froncés, elle attendait plus ou moins patiemment la seule personne qu'elle ne voulait pas voir. Mais elle n'avait pas eu le choix, le professeur Slughorn lui avait demandé de lui donner des cours particuliers. Elle regarda l'heure. Il avait une demi-heure de retard. Elle se décida à ne pas attendre plus et commença à se lever quand une voix retentit près de son oreille :
- C'est moi que tu attends, Evans ? demanda James tout en sachant pertinemment la réponse.
Le garçon avait le souffle court, du fait de sa course dans le château, mais il retrouva assez vite une respiration normale. La pratique intensive de Quidditch y était sûrement pour quelque chose.
Cependant, quand Lily se retourna pour lui faire face, il eut de nouveau le souffle coupé. Ses yeux d'une couleur incomparable brillaient d'une lueur farouche et ses cheveux créaient comme un halo de feu autour de son visage. James aimait quand la jeune fille s'énervait, la colère la rendait encore plus belle qu'elle ne l'était déjà à son goût.
Le poursuiveur se rappela de respirer quand elle prit la parole.
- Tu es en retard Potter, dit-elle froidement.
- Que veux-tu, il faut parfois savoir se faire désirer, répondit le jeune homme avec un sourire malicieux plaqué sur le visage.
Lily détestait ce stupide sourire arrogant. Elle détestait la prestance qui se dégageait du garçon. Elle détestait sa façon d'agir comme s'il était au-dessus de tout. Elle détestait James Potter, tout simplement.
Il avait tout pour lui : un corps de rêve, un don pour la magie, une grande intelligence, alors pourquoi avait-il fallu qu'il soit si arrogant et si imbu de lui-même ? Tout le monde semblait l'admirer et quand il disait quelque chose, on l'écoutait et on lui obéissait. Lily ne comprenait pas comment on pouvait vouloir le suivre lui, cet idiot uniquement bon à se faire coller. Elle ne comprenait pas et ne pensait pas comprendre un jour.
Elle soupira. Puisqu'il était finalement arrivé, elle allait devoir faire ce pourquoi elle lui avait donné rendez-vous. Elle le contourna et se dirigea vers la sortie en disant :
- Dépêche-toi Potter, on va à la bibliothèque. Tu es arrivé trente minutes en retard, il nous reste donc une demi-heure de cours à faire.
Une lueur de soulagement traversa le regard du garçon. Il avait cru qu'elle refuserait de l'aider à cause de son retard, mais apparemment, ce n'était pas le cas. Il la rattrapa en quelques enjambées et marcha en silence à côté d'elle. Il n'avait pas particulièrement envie de parler potions avec Lily, mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour que la jeune fille accepte de lui parler. Il avait donc demandé au professeur Slughorn de l'aide, et comme prévu, celui-ci l'avait envoyé vers sa meilleure élève, c'est-à-dire Lily. Il n'avait pas mentit, il avait vraiment du mal en potion. Simplement, il avait su tirer parti de la situation pour la tirer à son avantage.
La sorcière marchait en regardant loin devant elle. Elle sentait le poids du regard de James posé sur elle et se faisait violence pour ne pas le regarder. Elle voulait lui parler le moins possible, et uniquement au sujet du cours de potions. Ces derniers temps, elle avait passé beaucoup trop de temps auprès de lui à son goût. Ses amies avaient commencé à traîner avec la bande des maraudeurs, et elle avait été forcée d'en faire de même. Au début elle restait avec Remus, le seul d'entre eux qu'elle appréciait et aussi le plus censé des quatre. Et puis au fur et à mesure, elle avait commencé à parler de plus en plus avec les trois autres, liant une sorte d'amitié étrange avec Sirius et se rapprochant involontairement de James. Elle avait même commencé à l'apprécier. C'était en réalisant cela qu'elle avait décidé de prendre des distances. Elle ne pouvait pas, à son sens, apprécier Potter. Elle qui l'avait toujours détesté et qui se vantait d'être insensible à son charme, voilà qu'elle commençait à devenir comme les groupies qui lui tournaient sans cesse autours. Le mur qui avait commencé à se fissurer entre eux avait alors été reconstruit, plus grand et plus infranchissable encore. Il était James Potter, un insupportable idiot dont l'égo n'égalait que son arrogance, et elle était Lily Evans, meilleure sorcière de sa génération et la seule à détester le maraudeur.
James n'avait pas compris ce soudain éloignement. Alors qu'ils semblaient s'être enfin rapprochés, voilà que tout d'un coup, la jeune rousse paraissait encore plus inatteignable. Lui qui avait l'impression de faire du sur-place avant marchait désormais à reculons sans savoir comment s'arrêter. Jamais de sa vie il n'avait été aussi frustré. Il avait tout essayé pour que Lily l'apprécie. Il avait réduit de moitié le nombre de blagues visant Servilus et les Serpentard, il n'était presque plus en retard, il avait de moins en moins d'heures de colles, et pourtant, ça ne semblait pas suffire. Rien ne semblait suffire. Il avait voulu lui montrer tous ses bons côtés, il avait voulu lui montrer qu'il pouvait être une bonne personne, mais elle n'avait rien voulu voir. Il avait songé à abandonner. Il avait même essayé, en vain. Il était incapable de la sortir de son esprit, c'était presque comme si elle l'avait envouté. Mais il savait que ce n'était pas le cas. Il savait que la seule raison pour laquelle il ne parvenait pas à l'oublier était parce que lui, James Potter, était amoureux de Lily Evans. Depuis tellement longtemps que ça en devenait même inquiétant.
Assis dans la bibliothèque, un livre devant elle, la Gryffondor essayait sans résultat de faire comprendre à son camarade quelques astuces simples pour réussir ses potions. En face d'elle, le poursuiveur semblait subjugué par elle. Il n'avait pas l'air d'écouter un traitre mot de ce qu'elle disait, et elle savait que c'était surement le cas. Pourtant, elle continuait d'expliquer, tentant de faire abstraction de ses yeux qui ne la lâchaient pas. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, elle redressa la tête et planta son regard dans le sien. Elle n'y lut que tendresse et admiration. Le garçon l'observait avec tant d'amour qu'elle se sentit rougir. Elle se traita d'idiote intérieurement. James ne pouvait pas être amoureux d'elle. Et quand bien même c'était le cas, elle ne devait pas réagir. Elle détourna les yeux, essayant de faire disparaitre le rouge qui s'était emparé de ses joues.
Le sorcier l'observa, mi amusé mi blessé. Son cœur s'accéléra dans sa poitrine. Il aimait l'effet qu'il avait sur elle, mais son refus d'accepter qu'il lui faisait de l'effet lui donnait envie de pleurer. Il esquissa un léger sourire dénué de mauvaises intentions et demanda :
- Evans ? Veux-tu être ma cavalière pour le bal ?
La jeune fille le regarda, surprise. Les années précédentes, James passait son temps à lui demander de sortir avec lui, mais pour une mystérieuse raison, il ne le lui avait pas encore demandé une seule fois depuis le début de l'année. Lily aurait dû être soulagée qu'il arrête enfin, mais au lieu de cela, elle s'était sentit peinée, sans vraiment savoir pourquoi. Et maintenant, il l'invitait au bal.
La surprise de la jeune fille se mua en colère.
- Et pourquoi est-ce que je ferai ça ? Je te déteste, au cas où tu l'aurais oublié. Tu n'es qu'un idiot, un crétin, et je n'ai aucune envie que mon nom vienne s'ajouter à la liste des filles que tu as fait tomber dans tes bras.
James sentit comme un couteau s'enfoncer dans sa poitrine. Il avait beau s'y attendre, les paroles violentes de la jeune fille lui brisaient le cœur.
Devant son absence de réponse, la jeune fille se leva, rassembla ses affaires et s'éloigna sans un mot. Le sorcier se leva et courut pour la rattraper.
- Lily attend ! cria-t-il.
La préfète frissonna. Il ne l'appelait jamais par son prénom. Tous les deux, ils s'étaient toujours appelés par leur nom de famille, et ça lui allait très bien puisque ça instaurait une sorte de distance entre eux. Entendre son prénom sortir de la bouche du jeune homme lui parut donc bizarre mais étrangement, elle se surprit à aimer cela. Une nouvelle fois, elle se réprimanda intérieurement. Son pas n'était pas aussi ferme qu'elle le souhaitait, mais au moins elle continuait d'avancer.
James la rattrapa rapidement et se plaça devant elle pour l'empêcher de passer. Il faisait bien une tête de plus qu'elle et la jeune fille était forcée de lever la tête pour le regarder. Si un regard pouvait tuer, il serait mort depuis longtemps. Elle tenta de le contourner, mais il l'en empêcha.
- Evans attend, dit-il, laisse-moi parler avant de décider quoi que ce soit !
La jeune fille soupira.
- Tu as une minute.
Le garçon passa nerveusement une main dans ces cheveux. Il ne savait pas quoi dire pour faire changer d'avis la rousse qui lui faisait face. Finalement, il se lança :
- Si je t'invite à venir au bal avec moi, ce n'est pas parce que j'ai envie de t'ajouter à mon tableau de chasse ou je ne sais quoi, c'est parce que j'ai envie d'y aller avec toi. Tu es la seule personne qui m'intéresse et ce depuis la première fois que je t'ai vu. Je me fiche des autres filles, puisque la seule que je veux c'est toi. Je ne suis jamais sorti avec personne, je n'ai fait que te courir après. Depuis la rentrée de première année, je te cours après, et je récolte les petites traces d'affection que tu me laisses. Je les conserve comme mes plus beaux trésors. J'essaye par tous les moyens d'attirer ton attention, j'essaye de te montrer qui je suis en dehors de ce que tu vois, mais je ne t'ai jamais forcé la main. Je t'ai toujours respectée, je n'ai jamais franchi la limite que tu as instaurée. J'aurai pu tu sais, mais je ne l'ai pas fait. Maintenant si tu as envie de me voir comme un idiot indigne de toi, libre à toi. Je suis fatigué de te pourchasser sans cesse. Fatigué de te voir te rapprocher puis t'éloigner inlassablement. Alors je te le demande une dernière fois, veux-tu venir au bal avec moi ? Si tu refuses, je te laisserai tranquille. Je te le promets. Et je tiens toujours parole.
Sa tirade terminée, James retint son souffle, sondant du regard la seule fille a avoir jamais fait battre son cœur. Les secondes s'écoulèrent lentement dans un silence pesant. Elles firent bientôt place aux minutes. Le garçon soupira. Il passa une main dans ses cheveux et lança un dernier regard empli de regrets à la jeune fille avant de s'éloigner.
Sur le chemin vers la tour Gryffondor, il croisa un petit Poufsouffle en larmes. Il s'approcha et s'accroupit devant lui.
- Pourquoi tu pleures ? lui demanda-t-il.
- Ma... ma maman et mon papa sont morts, bégaya le première année entre deux sanglots, c'est... c'est des mange... des mangemorts qui les ont tués.
James regarda avec tristesse le pauvre garçon devenu orphelin à seulement onze ans. La guerre était terrible. Elle faisait des ravages et avait des conséquences même au sein de l'école de magie. Il avait beau faire des blagues avec ces meilleurs amis pour essayer de détendre l'atmosphère et faire oublier la guerre qui faisait rage hors des murs du château, la réalité finissait toujours par les rattraper.
D'une main, il essuya les larmes du Poufsouffle et sortit une tablette de chocolat de sa poche de l'autre. Il la tendit à l'enfant.
- Tiens, lui dit-il, mon ami dit qu'il n'y a rien de mieux que du chocolat pour effacer la tristesse de son cœur. Tu sais, tes parents n'ont pas complétement disparus. Certes, tu ne les reverras plus, mais ils sont toujours là, tout près de toi. Ils t'observent, ils te félicitent et ils t'aiment. Et si un jour tu te sens mal comme aujourd'hui, sache qu'ils ont toujours présents, là et là, ajouta-il en donnant un léger coup de poing au niveau du cœur du garçon puis sur son front.
La cascade de larmes du Poufsouffle se tarie peu à peu. Les yeux rouges, il croqua un morceau de chocolat, puis un autre.
- Voilà, c'est ça, dit James. Maintenant, file rejoindre tes camarades.
Le petit garçon hocha la tête puis partit en courant en direction de sa maison.
James se redressa. Des enfants comme ce garçon, il y en avait des milliers. La guerre était un vaste carnage et personne ne méritait de mourir ainsi, ou de voir ses proches mourir. Il serra le poing. Il fallait que cette guerre s'arrête. Et il serait celui qui y mettrait fin.
Un peu plus loin derrière, Lily avait observé toute la scène. Les larmes lui montèrent aux yeux. Pendant un temps, ces pensées suivirent le même fil que celles de James, puis elles dérivèrent vers le garçon en question. Lily songea qu'elle l'avait peut-être mal jugé. Son discours l'avait forcée à réfléchir et la scène à laquelle elle venait d'assister avait bouleversé son cœur. Elle ne savait plus quoi penser. Elle avait toujours pris James pour un désagréable idiot imbu de sa personne, mais elle songea que finalement, il était peut-être plus que ça.
Le soir, lors du repas, un oiseau en papier traversa la grande salle et vint se poser devant James. Ce dernier le déplia et lu les quelques mots inscrits dessus.
J'accepte d'être ta cavalière,
L.
Un immense sourire de joie fendit le visage du garçon qui se tourna vers Lily pour obtenir confirmation. Elle hocha la tête avec un petit sourire et, lorsque le visage du garçon s'éclaira de bonheur, elle sut qu'elle avait prit la bonne décision.
Elle allait lui laisser sa chance. Les choses allaient changer, il n'y avait plus de retour en arrière possibles.
Elle avait dit oui.
~*~
2498 mots ! Incroyable, ça passe tout juste pour le concours !
Bonjour tout le monde !
Comment allez-vous ?
Aujourd'hui, c'est un texte sur l'époque des maraudeurs que je vous poste, un Jily (James + Lily) pour être plus précise. Je l'ai écrit dans le cadre du concours de NosCinqIdeaux, ça faisait un moment que l'idée me trottait dans la tête et du coup, je l'ai écrit relativement vite (environ 3h).
Je vais pas vous mentir, Jily est un de mes ship préférés de tous les temps, alors je suis désolée pour ceux qui préfèrent Severus et Lily ou je ne sais qu'elle autre ship, mais pour moi, Lily et James c'est juste waw.
Enfin, bref, donc la scène que vous venez de lire est tout droit sortie de mon esprit, et elle marque le moment où Lily décide de s'ouvrir à James, pour mieux apprendre à le connaitre. Ce moment, je l'imagine de plein de manières différentes, et celle-ci n'est qu'une parmi tant d'autres. C'est l'avantage de ne pas avoir de canon précis sur leur histoire, on peut l'imaginer comme on veut. Bon, je cracherai pas sur une série, un film ou des livres relatant l'époque des Maraudeurs selon J.K.Rowling, mais pouvoir imaginer soi-même ou découvrir des fanfiction différentes, je trouve ça quand même génial.
Cette note est super longue ! Je suis d'humeur bavarde apparemment ;)
Bref, j'espère que ça vous aura plu, n'hésitez pas à donner votre vis.
Gros bisous et prenez soin de vous !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top