Chapitre 8

Akileha tressait ses longs cheveux roux pendant que Tarann replaçait les cuirasses sur ses avant-bras et ses tibias.

— On ne va pas se battre aujourd'hui, tu sais ?

— Oui, confirma la jeune elfe, mais on n'est jamais trop prêt.

Akileha haussa les épaules et termina sa coiffure, puis elle suivit son amie à l'extérieur de la chambre. Il faisait gris ce jour-là, et la pluie ne tarderait sans doute pas à tomber.

— Merci pour tout ce que tu m'as appris hier soir, déclara la rouquine à son amie. Je devrais t'appeler le livre ambulant, maintenant !

Tarann rit, puis corrigea :

— La bibliothèque ambulante, oui ! Je cache beaucoup plus d'histoires qu'il n'y parait, ma chère.

— Je te crois, avoua la princesse en retrouvant un air sérieux.

À ce moment précis, un messager en toge rose clair entra dans la pièce sans même y demander l'accès, et d'une voix juvénile invita les jeunes elfes :

— La séance va débuter, veuillez me suivre.

Il portait dans ses mains fines un ouvrage qui semblait lourd, et Akileha fut impressionnée par sa taille. Elle comprit pourquoi il était si gros lorsqu'elle découvrit son titre : Dilaulen et la guerre, intégrale. Le messager accompagna donc les elfes jusqu'à une grande salle au plafond voûté. Des gardes étaient postés régulièrement le long des colonnes, droits et sévères. Au fond, une large table de chêne verni semblait être vieille de nombreux siècles, mais en bon état. Les régents y siégeaient, impériaux, et quelques autres personnalités importantes étaient présentes. Tous tournèrent le regard pour observer les nouvelles venues. Le messager leur demanda de s'asseoir aux chaises libres et il alla déposer le livre sur un lutrin, avant de repartir. Akileha observa alors ceux qui l'entouraient. Il y avait deux femmes qui semblaient être jumelles, un homme à la peau sombre dont la forte mâchoire était mangée par une courte barbe, un elfe aux traits enfantins, et quelques autres. Le regard de la princesse buta lorsqu'elle aperçut Erewen. Elle ne comprit pas ce qu'il faisait là, mais lui paraissait plutôt au courant de la venue d'Akileha.

— Sujets, bras droits, et autres, bienvenue, clama Serendil en se levant, faisant taire les bavardages.

Ses paroles coupèrent net les pensées d'Akileha, qui prêta toute son attention à sa mère.

— Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour la soixante-troisième séance de guerre de l'an. Aujourd'hui je vous demanderais de vous concentrer sur les recherches de solutions pour gagner cette guerre dont nous voulons nous débarrasser, ou de nous faire parvenir celles que vous avez en tête.

La reine se rassit en lissant sa robe de mousseline couleur de glace, et Arthen se leva.

— Nous accueillons deux invitées un peu particulières pour cette séance : Akileha Daerin, notre fille retrouvée il y a quelques jours et dont vous avez très certainement entendu parler, et Tarann Ësil, probablement futur soldat.

L'une des jumelles observa l'elfe aux cheveux rouges avec dégoût, puis sans en avoir l'autorisation pesta :

— Que fait-elle ici alors ? A t-elle un titre spécial ? Une bonne raison pour prendre part à cette séance ? Les simples soldats n'y sont pas autorisés, alors pourquoi un futur soldat le pourrait-il ? On ne sait même pas si elle est digne de confiance. D'où vient-elle d'ailleurs ?

Arthen, faisant preuve d'un sang-froid magistral, répondit :

— Cette jeune elfe prometteuse est ici pour apprendre. Si elle était chez nous depuis plus longtemps, elle aurait eu un enseignement sur les guerres de Dilaulen et tout ce qui va avec, et elle serait déjà apprenti soldat depuis au moins deux ans. Je crois qu'il est juste qu'elle participe à cette séance. Qu'elle soit digne de confiance ou non, par contre, n'est pas important. Elle est toujours près d'Akileha ou d'un autre membre du palais, et elle ne pourrait ni s'enfuir, ni communiquer une quelconque information.

— Et si elle tente de tuer la princesse ?

— Elle n'en fera rien. Maintenant, passons au sujet qui nous rassemble autour de cette table ancestrale, je vous prie.

Pendant de longues minutes et à tour de rôle, chacun proposa une solution, mais aucune n'inspirait les régents. Il y avait toujours une faille. Au bout d'un moment, tout le monde se mit à parler n'importe quand, et ce fut un chahut digne d'un débat qui tourne mal. Serendil ramena pourtant très vite le calme, et Akileha en profita pour proposer une idée.

— Ça ne vaut peut-être rien, commença t-elle avec une légère pointe de timidité, mais Tarann m'a parlé hier soir des elfes Nordiques.

À la mention du nom de l'elfe aux cheveux rouges, la jumelle qui avait pris la parole en début de séance renifla avec désapprobation, mais n'ajouta rien.

— Je me disais alors qu'on pourrait leur demander de l'aide. Vous ne croyez pas ?

Tous les membres présents s'entre regardèrent, puis Arthen trancha :

— Nous avons déjà essayé une fois, mais ils n'ont pas voulu. Malgré tout, et si la reine Serendil est de mon avis, je pense que leur rendre une nouvelle petite visite serait judicieux. Nous connaissons cette fois-ci leurs arguments et pourront les contrer facilement.

Serendil hocha la tête :

— Nous n'y perdons rien, de toute manière.

— On pourrait même demander aux elfes de Valarwen ! proposa la princesse avec soudainement plus d'entrain.

Cependant, son enthousiasme fut de courte durée.

— Non, prononça lentement le roi. Les elfes de Valarwen sont naïfs, et de mauvais combattants. La preuve : en ayant vécu avec eux pendant dix-sept ans, tu n'as jamais appris à te servir correctement d'une épée.

Quelques cris horrifiés vinrent couronner l'argument d'Arthen, qui expliqua avec plus de pédagogie :

— Les elfes de Valarwen ne sont pas aptes à nous aider. Certains ne nous connaissent même pas, et leur armée est bien piètre, car personne ne leur a jamais voulu la guerre. Ils refuseront, et ce n'est même pas la peine d'essayer.

Akileha se sentit bête d'avoir proposé une telle chose, car son père avait entièrement raison. Elle avait proposé cette idée sur un coup de tête dû à l'adrénaline, et elle se sentait maintenant stupide sous le regard accusateur de certains membres de la séance.

— Bien, finit par clore la reine en se levant une nouvelle fois. À présent qu'une lueur d'espoir s'est allumée dans vos yeux, comment allons-nous la fêter ?

Un sourire s'ébaucha sur les visages de beaucoup, et Serendil sourit à son tour.

✧✧✧

Un petit festin avait été préparé pour tous les membres du palais. Plusieurs tables avaient été disposées dans la plus grande salle du château. Les murs de marbre blanc scintillait presque à la lueur des candélabres. Une piste de danse avait même été aménagée, et comme une nouvelle fois, Akileha se dit que sa mère n'avait pas vraiment les mêmes notions qu'elle lorsqu'elle parlait de "petit festin".

Après avoir mangé le repas et bavardé pendant de longues minutes, Arthen prévint sa fille qu'elle devait préparer ses bagages, car le voyage commencerait tôt le lendemain. Elle sortit alors de table et, sous les instructions de son père, écrivit une liste de vêtements et autres objets à emporter. La rouquine prépara ses affaires en silence, dans les appartements qu'elle partageait avec Tarann. Celle-ci ne tarda d'ailleurs pas à apparaître, souriante et l'air victorieux.

— Je viens avec toi, déclara t-elle sans détour, une pointe d'excitation dans la voix.

— Comment ça ?

— Tes parents, le roi Arthen et la reine Serendil, m'ont autorisé à t'accompagner dans ta quête vers les elfes Nordiques.

— Vraiment ? demanda Akileha en sachant déjà que son amie allait répondre oui.

La rouquine trouvait que Tarann était vraiment bien tombée en la rencontrant. Ce n'est pas tous les jours que l'on se lie d'amitié avec une princesse oubliée qui risque de sauver un continent, et qu'on a ensuite la permission de la suivre dans chacune de ses actions. De plus, Tarann profitait de tous les loisirs des habitants du palais. Si Akileha n'avait pas été la fille des régents et que son amie aux cheveux rouges n'était pas aussi utile et agréable à la compagnie, elle aurait trouvé cela très injuste. Sans doute l'était-ce, en fait.

— Si je te le dis... ! Tu me passes ta liste, que je puisse préparer un baluchon ?

Akileha lui tendis le morceau de parchemin, puis demanda :

— Tu sais qui nous accompagne ?

— Non. J'ai beau être une bibliothèque ambulante, je ne sais pas tout !

Tarann rit, et Akileha se joignit à elle :

— Ah bon ? Il me semblait que tu étais toujours au courant de choses dont même moi j'ignorais l'existence.

À ce moment, Serendil fit irruption dans la pièce. Elle avait l'air pressée et sa couronne n'était plus droite sur sa tête.

— Mes chères, pour votre voyage je vous dois quelques explications de dernière minute.

Elle parlait avec empressement et faisait de grands gestes avec ses bras. Akileha lui aurait bien dit de se calmer un peu, mais elle n'était pas sûre que ce soit une bonne idée. Sa mère pouvait être aussi posée qu'un vieil arbre et devenir subitement aussi mouvementée qu'une tornade.

— Tout d'abord le chemin ne durera qu'une journée si vous êtes rapide, inutile donc de préparer des tas de vivres. Ensuite, des adultes vous accompagneront, évidemment. J'ai demandé à Adjil, que vous connaissez il me semble, de prendre la tête de votre troupe. Il vous demande de le rejoindre demain aux aurores devant le palais. Il vous y attendra.

Les jeunes elfes hochèrent la tête, puis la reine redressa sa tiare avant de dire :

— À présent, si vous le voulez bien, je dois me retirer.

— Nous ne vous retenons pas, Majesté, sourit Tarann.

Serendil lui sourit en retour et repartit d'un pas vif, presque au trot.

✧✧✧

Après un jour de marche sans encombre, la petite troupe, composée de sept elfes royaux, atteignirent le pays Nordique. Contrairement aux autres peuples du continent, celui-ci n'était pas soumis aux régents. Ils avaient leur propre chef et n'obéissaient qu'à lui, alors le titre d'Akileha ou le fait qu'ils soient envoyés par le roi Arthen ne leur serait d'aucune utilité. Cela faisait déjà un argument en moins, impossible d'utilisation. Pendant tout le trajet, la princesse avait cherché divers idées d'arguments, et avait demandé conseil à Adjil, qui était déjà venu quelques années auparavant lors de la première "mission".

— Arrêtez-vous, intima le chef de guerre à sa troupe. Nous sommes ici en bordure du territoire Nordique. Une fois à l'intérieur, aucun retour en arrière n'est possible. Nous devons les convaincre, car ils pourraient bien être la clé de la victoire.

Il laissa planer un silence bien senti, puis, voyant que le message était passé, leur fit signe de le suivre discrètement. Ils ne firent pas de bruit, sans chercher non plus à se cacher, pour bien montrer qu'ils ne comptaient pas leur tendre une embuscade, ou qu'ils n'étaient pas des orques. Mais ils ne croisèrent personne au début, et finirent par arriver devant une épaisse chaîne de montagnes. Adjil désigna l'une d'elles et expliqua à sa troupe :

— Nous devons grimper au sommet de cette montagne, puis je sonnerai un cor. C'est notre signal de venue en paix. Ainsi ils enverront une escorte nous chercher, car si nous décidions d'entrer dans l'un de leurs villages fortifiés, nous n'y survivrions pas.

C'est ainsi que l'ascension débuta, couronnée par le silence des ces alpinistes de fortune. Adjil ouvrait le chemin, sachant apparemment mieux s'y prendre qu'aucun autre soldat ici présent. Le sommet semblait trancher une nappe de nuages filandreux, et sa pointe effilée paraissait inatteignable. Pourtant, la durée de la montée ne fut que d'une petite heure, sans doute car l'ascension n'était pas très compliquée. Adjil trouva une corniche assez large pour laisser se reposer tous les hommes de la marche, et il sortit de son baluchon un cor qui provenait probablement d'une corne de vache Nordique, vu sa taille. Il souffla avec puissance à l'intérieur, et ce ne fut pas, comme se l'était imaginé Akileha, un son bas et retenu qui en sortit, mais une note claire qui résonna autour du sommet, semblant descendre lentement vers la vallée en contrebas.

— À présent il faut attendre. Ils seront là dans deux petites heures, peut-être un peu moins si une patrouille est proche.

Quelques membres hochèrent la tête puis déballèrent leurs affaires, prêts à attendre le temps qu'il faudrait. Akileha ne posa rien au sol et fit lentement le tour de la corniche. Lorsqu'elle se retrouva un peu plus loin, au calme et seule, elle s'assit les pieds dans le vide. Le soleil finissait gentiment sa course dans le ciel, et déjà il frôlait presque l'horizon. "Espérons que les Nordiques ne tardent pas trop, sinon nous devrons descendre dans le noir", pensa t-elle avec agacement.

Cela faisait plusieurs minutes que la princesse patientait sur la corniche, lorsqu'à nouveau, une silhouette se laissa apercevoir. Cette fois-ci Akileha pu détailler sa forme tout à fait elfique et sa peau qui paraissait grise. "Très étrange", se la jeune elfe en se levant pour suivre la silhouette. Malheureusement, celle-ci disparut derrière un piton rocheux comme si elle s'était téléportée. Une forte odeur de sapin et de brûlé ainsi que de la fumée vert pâle témoignait d'un événement étrange, et la rouquine ne sut si elle devait mener l'enquête ou laisser ça de côté.

Des voix se firent entendre depuis le campement de fortune de la troupe, et la princesse ramassa son baluchon en vitesse avant de rejoindre Adjil, Tarann, et les autres. Une petite escorte de Nordiques arrivaient gentiment au sommet, et les premiers saluaient déjà Adjil comme s'ils le connaissaient de longue date, ce qui était probablement le cas. Lorsque la princesse apparut, personne ne sembla le remarquer, et elle se fondit parmi la petite troupe pour accueillir les elfes Nordiques. Ceux-ci parlèrent un instant à Adjil avant de saluer brièvement les autres elfes.

— Bien. Suivez-nous, demanda un homme à la forte et haute carrure.

Il était vêtu de fourrure des pieds à la tête. Ses bottes, son manteau, et sa sorte de bonnet étrange. Le reste des ses vêtements était en cuir ou en métal, comme un plastron ou sa ceinture. Sa peau était pâle et ses cheveux ébènes lui tombaient sur les épaules en une masse épaisse et propre. L'un de ses yeux était d'un bleu glace enivrant, alors que l'autre, aveugle, n'avait pas pupille et reflétait un vert très clair.

Il marcha alors vers un stalagmite étrange et posa sa main sur sa façade lisse. Des traits bleutés se mirent alors à se dessiner sur la pierre, partant en zig-zag. Il entourèrent le petit piton rocheux, et l'elfe Nordique retira sa main. Tout de suite après, la roche commença à s'enfoncer dans le sol, et une ouverture apparut juste devant eux, dans le sommet de la montagne.

— Un raccourci, sourit le Nordique avec un regard doux.

Une fois la surprise passée, les elfes royaux suivirent leurs cousins du nord dans l'ouverture, dont la porte se referma derrière eux avec un léger claquement. Alors qu'il faisait noir, des torches s'allumèrent les unes après les autres des deux côtés du tunnel. Les parois étaient lisses et bien découpées, tout comme le sentier qui descendait en pente douce. Le plafond, plutôt bas, était arrondi.

— Faites attention, le sol peut être glissant, prévint une elfe Nordique qui dérapa au même moment, se retenant de justesse au mur.

Quelques elfes du pays ricanèrent, la taquinant, mais elle les ignora, faisant comme si de rien n'était.

Akileha se rapprocha d'Adjil et lui demanda discrètement :

— Qui est cet elfe, là-devant ?

— C'est le chef. Enfin, l'un de leurs chefs. Disons que c'est le maire d'un des principaux villages du pays Nordique, un ami de longue date, aussi. Son nom est Delwenn, et c'est un guerrier aguerri, même s'il est meilleur à la chasse.

— Tu lui a déjà avoué nos desseins ?

Adjil pinça les lèvres, comme hésitant.

— Non. Pas vraiment, enfin... Comment dire... Dans les grandes lignes. Je sais que Delwenn n'apprécies pas vraiment nos demandes d'entrée en guerre, car nous n'avons jamais de contact avec son pays et qu'il n'est donc pas impliqué, mais d'un autre côté, cette guerre l'empêche de faire beaucoup de marchandage étrangé et autres interactions avec les différents peuples de Dilaulen. En vérité, je pense que si je lui avais dit tout de suite la raison de notre venue, il nous aurait renvoyé chez nous. Par ailleurs, je suis certain qu'il à sa petite idée, même s'il ne le montre pas. Dans tous les cas, c'est déjà un bon pas en avant, le fait que nous marchions dans ce tunnel.

Akileha rigola légèrement.

— La fin est proche ? demanda t-elle en retrouvant son sérieux.

Adjil ne comprit pas tout de suite qu'elle parlait du tunnel, et l'incompréhension s'afficha nettement sur son visage, ainsi que du trouble. Lorsqu'il saisi le véritable sens de la question, il parut soulagé et hocha la tête :

— Bientôt. Regarde, le chemin tourne.

En effet, le sentier dans la roche pivotait lentement sur la gauche, et très vite le sol lisse fut remplacé par des escaliers aux fines marches légèrement creuses, qu'Akileha jugea tout de suite de mortelles. Le couloir se fit plus étroit, et la troupe dut marcher les un derrière les autres pour éviter d'être compressés contre les murs. Il faisait également plus sombre, les torches étant plus espacées. La rouquine manqua plusieurs fois de tomber à la renverse, mais les murs serrés la sauvèrent à chaque fois. Finalement, le tunnel prit fin, débouchant sur une vaste salle circulaire. Des cavités avaient été creusées dans les murs, et de petites statues y reposaient. Aucun meuble ne venait égayer cette pièce, et d'autres tunnels en débouchaient.

Soudainement, le sol se mit à émettre un bruit de pierre frôlant la pierre, et le sol trembla d'un coup sec, si fort qu'Akileha bascula en avant, et se tapant le nez sur le sol froid. Elle poussa un petit cri de douleur, et Tarann lui demanda si elle ne s'était pas fait trop mal, avant de l'aider à se relever. Entre-temps, le sol s'était mis à descendre.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? questionna la rouquine lorsqu'elle eut retrouvé ses esprits.

— Nous appelons cette plateforme un ascenseur, mais si vous demandez à la tribu qui vit juste un peu plus à l'est, et qui l'emploie aussi, ils vous répondront que c'est un ascendant. Depuis des siècles qu'elle est là, nous n'arrivons toujours pas à nous mettre d'accord sur le nom, expliqua Delwenn.

— Au moins vous êtes d'accord sur le fait que l'appellation correspond à l'action de monter, et non pas de descendre ! rit Tarann en haussant légèrement les épaules.

Adjil haussa les sourcils, surpris des paroles de la jeune elfe, mais sourit. Delwenn se permit un sourire lui aussi, puis la plateforme se stoppa avec brusquerie et il la délaissa pour pénétrer dans la pièce qui s'ouvrait devant eux. C'était une grotte tout ce qu'il y a de plus normal, sombre. Au bout, une ouverture donnait sur l'extérieur. Delwenn mena la troupe jusque là, puis sortit à l'air frais. Le ciel était maintenant obscur et il était difficile de voir plus loin que deux mètres devant soi. Le chef de tribu alluma alors une torche et rassura les étrangers :

— Le chemin ne dure que deux petites minutes, jusqu'au village. Faites attention où vous mettez les pieds, la neige est fourbe par ici.

✧✧✧

La petite troupe arriva peu après au village. Entouré d'une muraille de pierre enneigée, on ne pouvait voir à l'intérieur. La neige tombait à gros flocons lorsque Delwenn les emmena près de la porte, puis donna un mot de passe aux gardes. La porte s'ouvrit alors, et derrière, aucun village ne s'y trouvait. Surprise, Akileha ne put s'empêcher de lever un sourcil interrogateur. "Que nous réserve encore Delwenn ? Ce peuple est ma fois bien étrange..."

Le chef avança alors de quelques pas, et la rouquine se rendit alors compte qu'ils se tenaient sur un promontoire, et qu'en dessous, dans la vallée, se situait le village. Au creux des montagnes, niché dans la glace et la neige. Disposé en rond, les maisons en bois semblaient être à leur place exacte ici, dans une large plateforme dont la vue débouchait sur le soleil couchant. Des torches brûlaient ça et là en contrebas, illuminant le hameau.

— Je vais vous accompagner jusque dans ma hutte. Vous pourrez manger et me faire part de votre requête.

Ainsi, Delwenn, empruntant un escalier verglacé, les emmena au cœur de ce village des neiges. 

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