Chapitre 7

Cela devait bien faire trois heures qu'Akileha et Tarann écoutaient les chefs de guerre lorsque Naram leur dit que c'était tout, et qu'elles devaient maintenant accompagner Adjil au front. Zyad avait gardé un air sévère durant toute la leçon, et celui-ci se durcit encore lorsqu'Adjil se redressa, faisant craquer son dos musclé, pour sortir. Il demanda aux jeunes elfes de le suivre. Sur le chemin, il leur donna des ordres avec sévérité :

— Nous sommes ici pour regarder uniquement, et je serai on ne peut plus intransigeant sur ce point. Pas question de se faire remarquer, nous observerons le déroulement d'un combat pour que vous puissiez en prendre de la graine, mais c'est tout. Pas d'intervention.

L'homme marchait d'un pas vif et rapide, et les adolescentes devaient presser le pas pour tenir la cadence. À chaque fois qu'ils croisaient des gardes ou autres militaires, Adjil levait une main en signe de salut. Enfin ils passèrent la porte du château, et le chef de guerre se tourna vers Tarann et Akileha.

— J'espère que vous savez monter à cheval ? demanda t-il avec une ombre de malice sur le visage.

Il n'attendit pas la réponse des rouquines pour se diriger vers les écuries, dans lesquelles il entra.

— Attendez-moi ici, ordonna t-il, sur le seuil, avec un geste de la main.

Les jeunes elfes obéirent, et attendirent qu'Adjil revienne, deux minutes après, trois longes en main. Les chevaux qui marchaient au bout des cordes étaient grands et imposants, musclés, à la robe propre. Ils étaient tous sellés, il n'y avait plus qu'à monter.

— Voici Fàffnir, pour toi, dit le chef de guerre en tendant un étalon couleur de terre à Tarann. Toi tu monteras Sëy'ran, et je prendrai Gloria.

Akileha avait appris à monter à cheval, mais elle n'appréciait pas trop le faire. Elle utilisait comme excuse le fait que si les elfes avaient des jambes ce n'étaient pas pour rien, que s'ils n'allaient pas aussi vite que ces animaux, c'était pour une bonne raison, et que les chevaux n'avaient pas été créés pour qu'on leur monte sur le dos. Aujourd'hui, la rouquine savait qu'elle n'avait pas le choix, alors ce fut avec une brève excuse à l'attention de Sëy'ran qu'elle monta en selle puis le hua pour suivre Tarann et Adjil. Ils galopèrent peu de temps avant d'entendre les clameurs des premiers combats. Dans cette partie du continent, rattachée à la mer, des orques déferlaient depuis la plage de sable sombre, attaquant les elfes métamorphes avec force et brutalité. Les sonneries des cors résonnaient ici et là, et les protestations d'agonies ainsi que les tintements des armes en fer emplissaient l'air. Dans les arbres, des archers elfes faisaient des ravages parmi les troupes ennemies, mais cela n'avait pas l'air de suffir. Adjil ordonna aux adolescentes d'arrêter leurs chevaux sur la petite crête surplombant la scène, puis il descendit de selle.

— Ne vous approchez pas trop près, ou alors on vous repérera.

Lorsque Tarann aperçut la bataille sanglante et les orques en majorité, elle poussa un petit cri de désespoir mêlé de peur.

— Je croyais que nous avions le dessus sur l'ennemi ! couina t-elle avec une voix qu'Akileha ne lui reconnut pas.

— Ce n'est qu'une bataille parmi les dizaines d'autres qui se déroulent sur le continent, et nous ne sommes pas surpassés partout. Mais je dois bien admettre que sur plus des trois-quarts, nous faiblissons dangereusement.

Avec un coup d'œil à Akileha, le chef de guerre ajouta :

— Espérons que tu aies une idée digne d'un génie pour changer cela.

✧✧✧

Adjil n'avait laissé ses "apprenties" observer les combats qu'une petite heure, jusqu'au retour de la relève. Ensuite, il les avait ramenées au palais, et comme le soir tombait avait demandé au serviteur de leur faire un repas. Ensuite, elles étaient allées se coucher tôt, Adjil prétextant que le matin suivant elles partiraient au front. Tarann était excitée quant à cette nouvelle, mais Akileha sentait la peur la ronger de l'intérieur. Elle ne savait que piètrement se battre à l'épée, et on n'emmène pas des archers au front, ils restent à l'arrière. Pourtant elle plongea rapidement dans un sommeil profond et dépourvu de rêve, et lorsqu'elle se réveilla, cette fois-ci avant son amie, l'aube grignotait le ciel pâle. La rouquine s'habilla en vitesse puis sortit sans bruit des appartements, préférant laisser encore quelques minutes de sommeil à Tarann. Dans les couloirs, sa mère l'intercepta avant même qu'elle n'ait pu faire un pas.

— Tu es déjà réveillée ? Mais c'est une bonne nouvelle ! Tu voudrais manger quelque chose ?

— Heu, hum, oui, volontiers, bégaya la princesse.

Sans plus attendre, la reine lui prit le bras pour l'emmener dans un petit salon coquet et intime. Les grandes baies vitrées au fond de la pièce donnaient vue sur la ville, que le palais surplombait. Le soleil montait doucement depuis l'horizon, l'océan que l'on voyait loin à l'est. Ses reflets orangés sur l'eau projetaient une lumière dorée scintillante, sublime écho de la beauté de l'astre. Akileha détourna le regard de de lever de soleil inédit et s'assit sur un canapé carolé en rouge et blanc. Les murs de la pièce étaient boisés ce qui lui conférait une petite odeur fort agréable, à laquelle vint très vite s'ajouter celle du petit-déjeuner. Isos l'apporta suivit d'un autre serviteur qui montrait le chemin à Tarann. Dans les mains du premier reposait un grand plateau garni d'œufs au lard, de charcuterie et de fromages divers, ainsi que du pain, des brioches, et diverses pâtes à tartiner et confitures. Tarann poussa un petit cri d'émerveillement en apercevant par-dessus l'épaule d'Isos le repas. Elle alla très vite s'asseoir près de son amie, un large sourire suspendu aux lèvres.

— Cela fait longtemps que je n'ai pas mangé aussi bien au petit-déjeuner, lui murmura t-elle à l'oreille.

Akileha ricana :

— Ma mère va encore te dire que "ce n'est pas grand chose" !

Tarann rit aussi, la bouche pleine de brioche. Serendil assise face à elles et dos à la porte, sursauta lorsque celle-ci s'ouvrit dans un fracas incontrôlé. Arthen apparut en s'excusant du vacarme, et grommelant qu'il ne s'habituerait jamais à ces portes légères de dernière génération. La reine lui fit une petite place sur le fauteuil qu'elle occupait, et, finissant son œuf mollet, annonça :

— Mes chères, comme Adjil vous l'a probablement dit, aujourd'hui vous nous accompagnerez au front. Nous irons à la bataille de l'est, qui est plus... intime, si je puis me permettre ce terme un peu hors contexte. Disons qu'elle est plus petite pour manque de place dans la combe, ainsi vous pourrez facilement vous battre. Nous resterons près de vous pour vous protéger bien entendu.

Akileha se mordit la lèvre tandis que Tarann paraissait prête à trancher des montagnes. Elle fit alors part à ses parents de ce qui la tourmentait :

— Par contre il y a un problème...

— Nous t'écoutons, affirma Arthen en se penchant un peu en avant par-dessus la table, les coudes sur les genoux.

— Je ne sais pas me battre à l'épée.

Les régents s'entre-regardèrent avec effroi puis une once de pitié.

— Nous allons y remédier, adjugea Serendil en passant une main au-dessus de la table pour la poser sur l'épaule de sa fille en un geste qui se voulait réconfortant. Cet après-midi, tu iras à la salle d'armes, pour apprendre à manier l'épée. Nos maîtres sont excellents, et d'ici une petite semaine tu sera capable de te démener facilement contre plusieurs adversaires.

La rouquine hocha la tête, un drôle de goût en travers de la gorge, mêlé à de l'excitation.

✧✧✧

Le champ de bataille était brûlé par endroit, et des immenses lances-pierres surmontaient les falaises d'une trentaine de mètres de haut. Ici, les elfes avaient le dessus sur les orques, qui, en minorité, ne devait avoir que rarement des relèves. Ils avaient l'air affaiblis, leurs armures étaient aussi cabossées que s'ils étaient tombés de la falaise. La plupart de leurs armes, brisées, avaient été rafistolées avec les moyens du bord, et même leur vivacité ordinaire en avait pris un coup.

— Voilà qui fait plaisir à voir ! sourit joyeusement Tarann en observant l'évidente supériorité des elfes. On y va ?

Pour l'instant en haut de la combe, Arthen, Serendil, et les jeunes filles avaient le regard rivé sur le combat en contrebas.

— Oui, déclara Arthen en tirant son épée longiligne d'un fourreau.

Sans plus de détails, il sauta lestement et se laissa glisser le long de la falaise en pente douce. Dès qu'il atteint le sol, il trancha la tête d'un ennemi avant d'enfoncer son arme dans le ventre d'un autre. Il courut se jeter dans la mêlée, et les trois femmes le perdirent de vue. Tarann n'hésita alors pas et se jeta à sa suite, poussant un cri de rage guerrier. Serendil regarda alors sa fille, qui tenait un splendide arc d'excellente facture Dilaulenienne.

— En joue, sourit la reine avant de se jeter à son tour dans la combe.

Akileha plissa les yeux, et avec un sourire démoniaque encocha une flèche. Elle s'approcha du bord de la falaise, visa, et lâcha. L'arme se ficha en plein centre de sa cible : l'œil d'un orque vert. Elle encocha une autre flèche à pointe de métal, visa, et alors qu'elle allait lâcher la corde une nouvelle fois, se ravisa de justesse. Venait de passer devant sa cible une silhouette vêtue de violet. Peau pâle et longs cheveux noirs. C'est tout ce qu'elle avait vu de cette forme mouvante, qui était probablement un elfe. Mais pourquoi un elfe non armée viendrait sur le champ de bataille ? Akileha l'ignorait, et décida de repousser cette question au fond de son esprit. Elle se remit alors à son travail : le tir à l'arc.

Jusqu'à ce que la relève arrive, la princesse avait tiré de nombreuses flèches, celles-ci atteignant toujours leur cible à l'exact endroit où elle avait visé. Ses parents l'avaient félicité, proclamant presque des éloges quant à son talent. Ils avaient aussi complimenté Tarann, qui se débrouillait vraiment bien.

— Si l'on ne meurt pas avant, décida Arthen, tu pourras si tu le souhaites passer les tests pour devenir l'un de nos soldats. C'est avec un immense plaisir que nous t'accueillerons.

— Tout le plaisir sera pour moi, formula avec une petite émotion la métamorphe.

Soudain les régents s'arrêtèrent net, et les jeunes elfes, qui n'avaient pas vu, durent revenir sur leurs pas.

— Voici la salle d'armes, expliqua la reine à sa fille. Adjil t'y attends. Il a personnellement voulu te prendre en charge, et nous lui avons accordé cette mission. Nous pensons qu'il est très bien placé pour ça.

Akileha sourit en remerciant ses parents, et poussa les portes de chênes pour se glisser dans la pièce. Enfin, ce n'était pas tellement une pièce, car elle était à ciel ouvert, simplement couverte de grillages. Le sol était tapissé de sable tassé, et l'enceinte était vaste.

— Ça ne doit pas être pratique lorsqu'il pleut, imagina t-elle.

— Nous avons une technique, avoua Adjil, qui apparemment se tenait tout proche de l'entrée.

En premier lieu, la jeune elfe sursauta, puis écouta ce qu'avait à dire le chef de guerre et maître d'armes.

— Lorsque le temps se gâte, nous tournons cette manivelle, juste là, et un toit de tuiles accrochées ensemble par une technique spéciale vient recouvrir le grillage. Ainsi, le sol, les apprentis et les maîtres sont protégés des intempéries. C'est surtout pour le sol, je ne vais pas te mentir. Si ça ne tenait qu'à nous autres maîtres d'arme, nous ferions travailler les novices même sous la neige et la grêle.

Il rit rauquement et toussota, puis voyant qu'il venait de laisser un blanc, se gratta le bras avant de le tendre vers la piste.

— Bon alors. On attends quoi ?

Il abandonna Akileha pour s'approcher d'une large armoire ouverte qui proposait une panelle de différentes épées. Il en choisit une qu'il fit tourner vaguement dans sa main avant de revenir vers la princesse. Ensuite il lui expliqua comment bien tenir son arme, puis comment se mettre en garde. Pour éviter toute blessure grave, la lame était recouverte d'une fourre en cuir, comme celle d'Adjil. L'entraînement dura une heure et demie, durant laquelle Akileha réalisa un progrès considérable. Après cette courte séance, elle pouvait déjà esquiver toutes les attaques de son professeur, et parer ses coups.

— Je dois m'en aller, confessa alors Adjil en baissant son arme et jetant un regard à la grande horloge au mur. Une affaire personnelle à régler. J'espère te revoir à la séance de guerre, demain.

— La séance de guerre ? demanda Akileha avec un air interrogateur.

Le maître n'ajouta pourtant rien et se dirigea simplement vers la sortie, emportant au passage un polisseur pour son épée. La princesse grommela, puis décida qu'elle n'avait plus qu'à s'entraîner seule. Elle se rendit donc dans une autre partie de la salle, où des mannequins en bois étaient rassemblés de manière aléatoire. Un peu plus loin, des jeunes gens tiraient à la sagaie. L'œil de la rouquine fut attirée immédiatement par cette discipline, qu'elle n'avait observée que chez les chasseurs vagabonds. Auparavant, elle ne se serait pas douté qu'elle s'utilisait aussi à la guerre. Elle resta un moment à regarder les elfes tirer, puis elle se détourna de la scène pour frapper un mannequin de son épée, avant de remarquer qu'un jeune elfe se dressait entre le morceau de bois et elle. Elle stoppa son geste avec précision, puis se fâcha.

— Mais bon sang ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Ça ne va pas de se tenir comme ça entre une cible et quelqu'un ?

Le nouveau venu, qui paraissait avoir à peu près le même âge que la princesse, la fixa avec incompréhension.

— Excuse-moi, tenta t-il, mais je croyais que ta cible était ce mannequin-ci, étant donné que tu étais tournée vers lui.

Il désigna une autre sculpture de bois en piteux état, et Akileha se défendit.

— Toutes ses cibles sont miennes, ce n'est pas parce qu'elle se situe dans mon dos qu'elle est inoffensive.

Elle fronça le nez, relevant le menton pour paraître plus fière. Elle trouvait sa réplique royale, et espérait avoir le dernier mot sur l'elfe. Celui-ci fit un discret mouvement de la tête et repoussa une mèche de ses cheveux sombres en broussaille. Sa peau était comme tannée par le soleil, et la princesse n'aurait pas été étonnée s'il disait provenir des champs. Une vive brûlure lui fit pivoter la tête vers son avant-bras, qu'elle remarqua rougit. Elle se gratta avec véhémence, mais l'elfe en face d'elle retint son bras.

— À ta place, j'éviterais, la tança t-il avec un air sévère.

— Pourquoi ça ?

Relevant sa manche, il laissa apparaître de grossières marques sur ses avant-bras. Elles se fondaient un peu sur sa peau café au lait, mais elles se démarquaient tout de même.

— Parce que c'en sont les conséquences.

Il reprit soudain un air souriant, remit sa manche en place puis tira d'une patère une sagaie.

— Tu m'as l'air intéressée par cette pratique, je me trompe ? interrogea t-il avec un léger sourire.

Devant le silence d'Akileha, il reprit.

— Au fait, je m'appelle Erewen. Je suis cueilleur de champignons, aussi dit champignonneur.

— C'est un métier ça ? demanda la princesse en rigolant légèrement.

— Bien sûr ! Très utile, tu verras...

Un blanc s'installa, et Erewen demanda :

— Tu voudrais apprendre ? À tirer à la sagaie ?

— Oh, bah... Oui, pourquoi pas.

Erewen s'approcha alors des autres qui s'entraînaient, puis montra les bons gestes à Akileha. Après, il lui tendit la sagaie, et la rouquine la prit. Elle se mit en position de lancement, et, tendant son bras gauche pour devant elle pour viser, elle fit abstraction d'Erewen et se concentra. Lorsqu'elle fut certaine de viser le centre de la cible, elle lança de toutes ses forces l'arme de tir, qui ne finit non pas sa course sur dans le mille, mais à deux mètres devant elle, planté dans le sol de sable. Erewen rigola.

— Tu n'écoutes pas ce que je dis, en fait !

Il reprit son sérieux puis alla rechercher la sagaie, ensuite il l'emmena vers d'autres cibles.

— Voici des cibles en cuir de veau, très pratiques pour apprendre à tirer, car elles sont souples et qu'au début les apprentis n'ont pas beaucoup de force. Je pensais que tu parviendrais à atteindre les cibles ordinaires, mais il faut croire que je t'ai surestimé.

— Quelle est la différence entre les différentes peau ?

— Si la peau est trop épaisse et la flèche lancée avec faiblesse, elle rebondira.

Akileha grogna mais regarda Erewen lui expliquer la bonne manière de tirer à la sagaie.

— Cette fois écoute-moi. Ton bras doit être bien horizontal, sauf si ta sagaie doit couvrir une longue distance, auquel cas il serait légèrement diagonalisé vers le haut.

Tout en parlant, il se plaçait en lui montrant des exemples.

— Ensuite, il ne faut pas essayer de mettre trop de force tout de suite, car les débutants – comme toi – ont tendance à pencher leur bras vers l'avant en lançant, alors la sagaie part vers le bas. Exactement comme tu l'as fait avant. Donc il faut que le bras soit toujours bien droit. Compris ?

La rouquine hocha la tête puis mit en place les conseils du champignonneur. Elle tendit son bras vers l'arrière et mit une puissance contrôlée, se rappelant que l'horizontalité devait primer. Cette fois-ci, sa sagaie parcourut une plus longue distance et se ficha avec précision juste à côté du cercle rouge au centre de la cible.

— Bien mieux ! la félicita Erewen en trottant pour aller récupérer son arme. Tu vois, quand tu m'écoutes...!

Akileha rigola malgré elle, puis s'excusa :

— Je pense que je vais y aller. Tarann, mon... amie, va s'inquiéter.

Dire tout haut ce que valait Tarann à ses yeux lui parut étrange. Elle ne savait même pas comment elle avait pu mettre autant de confiance en cette guerrière farouche, alors qu'au début elle imaginait en elle une traîtresse infidèle et narcissique.

— Au plaisir de te revoir... Comment t'appelles-tu, au juste ?

— Akileha. Akileha Daerin, je suis la fille d'Arthen et Serendil. Je viens de Valarwen, mais tout cela est une longue histoire.

— Oui, je crois. Et bien, à très vite, Akileha !

Erewen lui fit un signe de la main alors qu'elle repartait, puis il se remit à sa sagaie. "Je crois que je viens de me faire un nouvel allié... ou ami." songea pensivement la princesse alors qu'elle refermait la porte de la salle d'armes. Lorsqu'elle se retourna, elle tomba nez à nez avec Tarann qui, tout sourire, se tenait droite les mains dans le dos.

— Enfin ! Ça fait depuis qu'Adjil est sorti que je poireaute ici ! s'exclama l'elfe aux longs cheveux rouges.

— Ravie de te voir aussi, Tarann, sourit la princesse en prenant le chemin de la salle à manger.

— L'entraînement s'est bien passé ?

— À merveille. J'ai même appris à tirer à la sagaie.

— Je parie que tu t'es mangé le sol au premier essai.

— Pas moi, ma flèche. Pourquoi ? Tu es vraiment tombée lorsque tu as essayé pour la première fois de lancer une sagaie ? demanda, suspicieuse et dans l'attente d'un fou rire, la rouquine.

— Non, je parlais justement de ta flèche, en employant le "tu". Mais ce n'était pas très précis, je te l'accorde. Mais pour ton information personnelle, oui, ma flèche aussi s'est mangée le sol lors de mon premier tir. En fait, même les dix suivants, car personne n'était là pour m'apprendre, j'ai dû comprendre par moi-même ce qui clochait, et je suis un peu longue à la détente, parfois !

Taranna pouffa, et Akileha lâcha elle aussi quelques rires. Elles atteignirent la salle à manger un instant après, et s'y engouffrèrent. Isos leur souhaita la bienvenue en leur proposant le repas du jour, puis un messager entra. Tarann sursauta et il lui sourit avec bienveillance.

— Bonjour mesdemoiselles. Vos parents m'envoient, princesse, pour vous informer que demain matin vous devez vous rendre à dix heures tapantes à la salle du Conseil. Une séance de guerre s'y tiendra, et les régents souhaitent à tout prix vous y convier.

— Suis-je invitée moi aussi ? demanda Tarann avec excitation.

— Malheureusement non, mademoiselle Ësil. C'est une séance très confidentielle, et seules les plus proches connaissances du roi et de la reine peuvent y participer.

Le messager repartit et Akileha réconforta comme elle le put son amie désespérée, puis elle retournèrent dans leurs appartements pour dormir. Dans son lit, la princesse peinait à trouver le sommeil, et vit que Tarann nageait dans le même bain qu'elle. Les tourments l'oppressaient, et les questions se bousculaient sans relâche dans sa tête, si bien qu'elle finit par demander à son amie de lui raconter tout ce qu'elle savait sur Dilaulen. La jeune elfe se retourna dans son propre lit pour être face à Akileha et sourit, avant d'entamer son récit d'une voix imposante et sage.

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